mardi 4 octobre 2011

Le gouvernement de la rumeur


Pas un jour ne se passe sans que les médias nous ressassent à satiété l'état des marchés dans le monde. Les indicateurs associés à ces derniers fluctuent sans cesse. Un jour ils sont à la hausse et le lendemain c'est la panique sur les marchés, ils sont en chute libre. Le « yoyo boursier » ne semble obéir qu'à une seule et unique cause : la rumeur. Des rumeurs indiquent que la zone Euro va imploser et voilà les marchés en folie... On a même vu cet été une fiction politique parue dans le journal français « Le Monde » provoquer l'affolement des bourses à la suite de la transformation en rumeur, par les médias internationaux, du contenu de cette nouvelle qui relatait les supposées difficultés d'une grande banque française...

Si l'on se penche sur le problème de la Grèce, on observe que, depuis plusieurs mois, voire depuis plus longtemps encore, chaque jour les médias nous prédisent le pire : la Grèce va faire défaut, elle va sortir de l'Euro, l'Union Européenne va éclater, l'Euro va disparaître.... Et pourtant rien de cela n'est encore arrivé. Mais les marchés, eux, continuent sans fin à s'alarmer de la moindre rumeur jour après jour....

Cela devient usant pour le public et produit un effet de perte totale de crédibilité envers les soi-disants experts de la finance et de l'économie.

Pourtant qu'est ce qu'une rumeur ? Le petit Robert la défini comme "une nouvelle qui se répand dans le public" sans plus. Rien ne dit donc qu'une rumeur soit véridique ! C'est même la définition implicite de celle-ci de n'être pas validée. Autrement dit, les fameux marchés qui nous gouvernent et qui jouent un rôle si important dans notre vie (pensons par exemple à l'effet de la bourse sur le montant des retraites ou sur le fonctionnement des banques...) Ces marchés obéissent aveuglément à des rumeurs dont ils sont incapables de vérifier la validité... Le voilà le modèle néo libéral qui nous est donné en exemple par les experts de tous bords et par la plupart de nos responsables politiques. Il est consternant de constater qu'à une époque où l'information circule aussi facilement, où l'on dispose d'outils technologiques toujours plus performants pour traiter et analyser l'information, que nous soyons encore à ce stade infantile …

Est-il imaginable que notre vie quotidienne soit, à l'image des marchés, manipulée par la rumeur ? Ainsi, on apprendrait par la rumeur que notre voisin est un bandit et nous accepterions cette nouvelle sans plus de preuve ? Mais alors il serait facile d'imaginer dans quel état de délabrement, de confusion et de dérèglement serait placée notre vie quotidienne. La vie deviendrait impossible faute de cohérence dans les comportements de chacun. Nous ne serions pas loin d'un retour à l'âge de pierre, à une période de l'humanité où les connaissances étaient rares et où l'être humain était la proie des croyances venues de partout faute d'explications rationnelles. C'est pourtant ce qui, aujourd'hui au 21e siècle, nous est proposé comme mode de vie...

Il est temps d'en finir avec ce néo libéralisme dont la fonction essentielle, mais malheureusement pas toujours explicite, est de permettre l'enrichissement forcené de quelques uns au détriment de la plus grande masse de citoyens...