lundi 28 février 2011

Derrière le futile en politique


On ne peut qu'être surpris par le fait que certains ministres puissent perdre leur poste sur le simple constat d'une erreur de parcours plus ou moins réfléchie, comme c'est le cas de l'ex ministre des Affaires Etrangères Michèle Alliot-Marie en France, alors que des erreurs qui paraissent plus fondamentales ne les conduisent pas hors du sérail gouvernemental. Avoir lancé un débat sur l'identité nationale au risque de raviver des difficultés internes à la France n'a pas couté son poste de ministre à Eric Besson... Le fait d'avoir permis au dictateur Libyen, Mouammar Kadhafi, de planter sa tente à proximité du Palais de l'Elysée, n'a pas entrainé la chute du président de la République française. Le choix de G. Bush d'attaquer l'Irak ne l'a pas conduit à la démission...

Tout se passe donc comme si, souvent, le futile prenait plus d'importance que l'essentiel dans le cadre de nos sociétés modernes hyper communicantes.... Dans ces sociétés, l'opinion publique se trouve constamment manipulée par les médias et par les instituts de sondage qui mesurent en permanence les effets de la communication médiatique sur les populations. La gouvernance est donc, en réalité aux mains de ceux qui détiennent les pouvoirs au sein de ce couple infernal. Dès lors, il devient très important de connaître quels sont ceux qui sont cachés derrière les directions de ces instruments médiatiques. Souvent, il s'agit de financiers qui apparaissent donc comme les véritables détenteurs du pouvoir.

Les opérations de concentrations médiatiques ont, certes, des objectifs financiers : il faut accroître les parts de marchés mais, incontestablement, elles ont aussi des répercussions ou des ambitions politiques en terme de pouvoir.

Quelle est la situation en France ?

Arnaud Lagardère, ami intime de l’actuel chef d’état, possède les éditions Hachette, Fayard, Grasset, Hatier, Hazan, Le Masque, Marabout, Pluriel, Stock, Le Livre de Poche, Larousse, Armand Colin, Dalloz et Dunod ; les magasins Relay, et Virgin ; les titres de presse Paris-Match, Elle magazine, le Journal du Dimanche ; les stations radio Europe1, Europe 2, RFM ; les chaînes de télévision Canal J, MCM, Mezzo, Tiji, Match TV, la chaîne météo, CanalSatellite, Planète, Planète Future, Planète Thalassa, Canal Jimmy, Season, CinéCinéma, AlloCinéInfo et EuroChannel .

Martin Bouygues (ami intime de l’actuel chef d’état, parrain d’un de ses fils) et sa famille possèdent les chaînes de télévision TF1, LCI, Odyssée, Eurosport, Histoire, UshuaïaTV, S Star, Cinétoile, Cinéstar, Télétoon, Infosport, Série Club, TF6, TV Breizh ; les sociétés de production de films : Téléma, Film Par Film, TF1 Film Production, les sociétés de distribution de films : TFM, la société d’édition vidéo : TF1 Vidéo, les magazines Tfou Mag, Star Academy, et pour la presse écrite quotidienne gratuite : Métro.


Serge Dassault, proche de l’actuel chef d’état, et sa famille possèdent Le Figaro, L’Express et le Figaro Magazine.


Avec ces 3 personnes nous avons listé notamment le 1er éditeur de France, le 2ème libraire de France, le 1er quotidien de France, la 1ère chaîne de télévision de France si ce n’est d’Europe. Dans ce pays, la plus grande partie des médias est donc détenue par cinq empires financiers : Bouygues, Dassault, Lagardère, Bertelsmann (groupe RTL, M6), Vivendi-Universal (canal+, SFR).

Ajoutons encore Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France, qui fut témoin de mariage de l’actuel chef de l’état et qui possède Les échos. Vincent Bolloré, proche de l’actuel chef de l’état au point de lui prêter son yacht pour les vacances, possède la chaîne de télévision Direct8, les journaux gratuits Direct Soir et Matin Plus, en plus du groupe publicitaire Havas contenant RSCG de Jacques Séguéla.

Qui possède les instituts de sondage en France ?


- CSA est possédé par Vincent Bolloré.
- IFOP est dirigé par Laurence Parisot, par-ailleurs présidente du Medef, organisation dont le frère de Nicolas Sarkozy fut vice-président jusqu’à fin août 2006, et invitée à la petite fête de la victoire de mai 2007 au Fouquet’s.
- IPSOS a pour administrateur notamment Nicolas Bazire, conseiller personnel de Nicolas Sarkozy et témoin de son dernier mariage. Pierre Giacometti, directeur général d’Ipsos France, lui aussi invité du Fouquet’s.
- Opinionway, a été fondé par Hugues de Cazenave.

La SOFRES qui a pour actionnaire les fonds d’investissement américain Fidelity ; LH2 (ex-Louis Harris) qui a été vendu par TNS à deux de ses dirigeants et BVA qui a pour actionnaires les fonds d’investissement Rothschild.

On s’aperçoit que cette concentration est très voisine de l’actuel chef de l’Etat !

La France est loin de se singulariser en la matière....

Ainsi, le taux canadien de concentration concernant la propriété de la presse quotidienne en est un des plus élevés du monde occidental. Entre 1992 et 1999, Southam a vendu ses journaux à Hollinger ce qui fait que le groupe de Conrad Black possède 56,2% des quotidiens canadiens. Dans sept provinces, sur les dix qui constituent la Fédération canadienne, près de 75% de la presse quotidienne appartient à un seul propriétaire. Quant au Québec, Quebecor et Gesca/Power se partagent 97,2% des quotidiens québécois...

On pourrait facilement poursuivre l'énumération pays par pays... Cependant, l'important est de comprendre que, si les médias et les instituts de sondage attirent l'attention de l'opinion publique vers telle ou telle péripétie, c'est, sans doute qu'il y a une raison plus fondamentale de détourner notre regard afin de protéger des intérêts qui sont loin d'être partagés par la majorité des citoyens. L'épisode MAM aura, sans doute, contribué à permettre au président Sarkozy de détourner l'attention du monde de l'attitude conciliante de son gouvernement envers les dictatures dans le monde arabe...



jeudi 24 février 2011

A propos du Manifeste de François Legault


Le Manifeste présenté hier (21 février 2011) par le politicien québécois François Legault a suscité déjà beaucoup d'interrogations et de scepticisme. Ce document se veut une sorte de Charte de la nouvelle Coalition pour l'avenir du Québec, un groupement qui devrait, à plus ou moins long terme, se transformer en un nouveau parti politique.

La plupart des analystes relèvent le peu de nouveautés présentes dans ce texte. Beaucoup craignent que ce document suive la même voie que le Manifeste pour un Québec lucide, que l'ancien Premier ministre Lucien Bouchard avait lancé en octobre 2005, et dont personne n'a plus entendu parler rapidement... En fait, si l'on examine de plus près le texte du récent Manifeste on a du mal à y trouver le moindre projet novateur. Il y est question d'améliorer l'éducation, la santé, de défense de la langue française, de renforcement de l'économie.... Tous ces thèmes sont ceux généralement mis en avant par tous les partis politiques au Québec et, en dehors de quelques petites différences sur les moyens à mettre en oeuvre pour parvenir à ces objectifs, il est difficile de trouver du nouveau dans ce document.

On pourrait ajouter d'ailleurs, que le récent discours inaugural prononcé hier par le Premier ministre Jean Charest devant l'Assemblée nationale du Québec, souffre des mêmes maux. Les cinq priorités définies pour l'action gouvernementale : l'éducation, l'emploi, le développement durable, la maitrise des ressources et la santé ressemble à une litanie qui ne risque pas de faire rêver des citoyens désabusés par la politique... Ceci, d'autant moins que la population sait que ces mêmes priorités ont déjà été mises en avant, sans succès, maintes fois par le passé.

Tout se passe donc comme si les politiciens ne parvenaient plus à sortir des rails traditionnels de la gestion à court ou moyen terme de la Province, comme si leur imagination ne parvenait plus à formuler d'autres projets mobilisateurs que celui de la souveraineté nationale. Ce dernier projet ayant échoué à plusieurs reprises, il est difficile de le relancer actuellement et, dans le même temps, on constate une grande difficulté à formuler une autre idée susceptible de mobiliser la population Québécoise. La vie politique du Québec se trouve comme placée dans une sorte de goulet d'étranglement à l'intérieur duquel il devient de plus en plus difficile, pour les politiciens, de se mouvoir. Les seules marges de manoeuvres sur lesquels ils paraissent pouvoir agir se résument à relancer le projet Souverainiste ou à améliorer la gestion de la Province...

A notre époque, où la mondialisation est partout, où le sentiment d'impuissance des responsables politiques gagne tous les jours des adeptes, il serait nécessaire de proposer aux citoyens un projet politique en rupture avec le passé, un projet ouvert sur le monde capable de redonner de l'espoir aux jeunes notamment, un projet à la hauteur de la nouvelle citoyenneté québécoise forgée au travers de l'émigration, un projet qui intégrerait une part de rêve, une part d'utopie qui pourrait porter le Québec au devant sur la scène internationale...

Bien sûr, je n'ai pas la prétention ici de formuler un tel projet, c'est la responsabilité de ceux tiennent ou de ceux qui postulent à tenir, les rennes du gouvernement. Cependant, à titre d'exemple, je citerai deux idées :

  • La formation d'une coalition provinciale entre le Québec et certaines provinces voisines qui s'entendraient sur un groupe d'objectifs communs en vue d'améliorer la vie quotidienne de leurs citoyens, d'intervenir plus concrètement dans la coopération internationale en faveur de pays en difficulté, de renforcer la diversité culturelle et linguistique...

  • Le rapprochement du Québec avec d'autres pays (de la région ou non) en vue de mettre en oeuvre des objectifs de développement durable et de développement humain...

    Cela ne signifie pas de négliger la gestion provinciale mais plutôt de réaliser cette gestion avec des objectifs plus ouverts sur le monde que sur la seule province. Les nations européennes ont su mettre en avant un grand projet, certes difficile à réaliser, celui de l'Union européenne, la France tente d'impulser une coalition complexe avec l'Union Pour la Méditerranée... Il serait temps que le Québec formule, lui aussi, sa vision de l'avenir dans un monde de plus en plus ouvert et restreint...

dimanche 20 février 2011

Les "glissements" politiques

Depuis un certain temps, on observe une tendance des membres des partis politiques à oublier leurs engagements en faveur de tel ou tel parti pour devenir membre d'un autre parti.

En France, le Président Sarkozy a gagné une relative célébrité en recrutant dans ses gouvernements ou en facilitant l'accès à de hautes fonctions, des membres des partis de gauche et, notamment du Parti socialiste (PS). Le recrutement de l'ex socialiste Eric Besson comme ministre, est encore dans tous les esprits. On pourrait ainsi dénombrer une quinzaine de personnalités de gauche qui ont cédé à la tentation de l'ouverture faite par le Président Français.
Ce phénomène n'est pas spécifique à la France. Il peut s'observer dans bien des pays, en Europe, et est aussi à l'oeuvre en Amérique du Nord et au Québec notamment. L'Histoire du Québec révèle de nombreux "glissements" de ce type. Parmi les plus spectaculaires et les plus récents, on pourrait citer la nomination de la journaliste Michaëlle Jean au poste de Gouverneur Général du Canada par le Premier ministre Libéral Paul Martin. Cette nomination souleva une polémique au Québec du fait des engagements précédents de la journaliste en faveur des souverainistes québécois. Plus récemment encore, un ancien Premier ministre du Québec, membre du Parti Québécois, Lucien Bouchard, vient d'accepter d'être nommé, par le Premier ministre Libéral, à la présidence du Conseil de l'Association pétrolière et gazière du Québec. Une ex ministre "péquiste" (membre du Parti Québécois), Diane Lemieux, vient d'accepter la Direction de la Commission de la Construction du Québec... Aux Etats-unis d'Amérique on se souvient encore de l'achat de certains votes au moment des élections importantes.

Parallèlement, on observe, particulièrement dans l'ensemble des pays les plus riches, une tendance à la désaffection des citoyens à l'égard de la vie politique. Le nombre des adhérents aux partis politiques ou aux syndicats est en baisse, et les citoyens sont de moins en moins nombreux à se définir politiquement par identification à un parti. Enfin, les grandes associations d'obédience politique ou religieuse, notamment les associations de jeunesse, les syndicats, ont vu fondre leurs effectifs. Les programmes des partis politiques sont de moins en moins différentiés de sorte que la "Gauche" et la "Droite" en viennent à se confondre. Il faut aller, de plus en plus, vers les extrémités de l'échiquier politique pour distinguer des différences entre les partis. Ceci peut, d'ailleurs, expliquer, en partie, la montée des partis d'extrême droite observée dans le monde. En ce sens, on peut dire qu'un certain processus de dépolitisation est en cours.
Il est clair que ce phénomène ne peut pas rester sans conséquence sur la vie politique et peut donc, au moins en partie, expliquer les "glissements politiques" dont il a été question plus haut. Les citoyens, quels qu'ils soient, étant moins ancrés au sein de certitudes politiques peuvent plus facilement pratiquer le "zapping politique". D'ailleurs c'est un phénomène bien connu des instituts de sondage : il n'est plus rare de voir des électeurs de gauche reporter leurs votes sur des candidats de droite et réciproquement. Il est d'ailleurs particulièrement signifiant de voir, comme cela a pu être observé en France notamment, des électeurs basculer de l'extrême gauche à l'extrême droite ou l'inverse... Mais de plus en plus, les glissades des politiciens viennent nourrir la dépolitisation populaire.

Ces constatations s'accompagnent, en outre, d'un manque de dirigeants charismatiques, ainsi que d'une absence de mobilisation puissante autour de grands projets. Dans un tel contexte, sans projet à échelle mondiale, sans leader et sans foi, il n'est pas étonnant de voir errer les personnes entre les différentes opportunités politiques qui s'offrent à elles.
De façon plus précise, on connait de grands projets susceptibles de mobiliser le monde. Pour n'en citer que quelques uns : le développement durable, la lutte contre les changements climatiques, le combat pour une répartition plus harmonieuse des richesses, la construction d'ensembles internationaux solidaires, l'abolition des frontières, la gestion des flux migratoires,... Cependant, ces projets ne sont pas encore portés par des groupements ou par des personnes suffisamment charismatiques pour pouvoir rassembler les peuples sur une grande échelle.

Il ne faut pas désespérer pour autant, de voir des changements durables se produire. Les révoltes récentes qui se sont, ou qui sont en cours, produites dans le monde arabe, montrent que, même dans un tel contexte difficile, une amorce de changement reste possible. Les populations lorsqu'elles ont atteint un certain niveau de désespoir, n'ont plus rien à perdre et, alors, la révolte peut éclater à la moindre étincelle. Malheureusement, la révolte, à elle seule, n'est pas garante de l'atteinte des objectifs souhaités et les divisions, lorsque le projet n'est pas clair, peuvent toujours venir obérer l'avenir.

Il me semble donc que ces "glissements politiques" peuvent constituer un bon indicateur du niveau de déliquescence des convictions politiques des citoyens. Ils sont le témoignage d'une perte de confiance en l'avenir ainsi que d'absence de consistance dans le débat politique.

Dans un monde sans idéologies, sans utopies, sans certitudes, l'aventure est toujours au coin du chemin... L'évitement des chemins sans issus ne pourra venir que d'un renforcement de la prise de conscience individuelle des citoyens relativement à l'avenir de notre planète. Une fois chacun d'entre nous convaincu de la voie à suivre, une fois que chaque citoyen aura fait sien un projet d'avenir solidaire pour le monde, alors la prise de conscience collective sera possible et le changement durable à l'horizon...

mercredi 16 février 2011

Gouvernance mondiale et mimétisme des gouvernements

On peut être surpris de voir, d'un coté, les difficultés des gouvernements a établir les règles d'une gouvernance mondiale ou même seulement régionale, comme au sein de l'Union Européenne par exemple, et d'un autre coté, le mimétisme en vigueur parmi ces mêmes gouvernements.

Il est fréquent, en effet, de voir les Etats se copier les uns les autres dans bien des domaines. Pensons, par exemple, à la question du mariage gay ou mariage homosexuel. Ce type d'union a d'abord été refusé par la quasi totalité des gouvernements puis, une fois le mouvement lancé, pendant l'année 2000, par le Royaume des Pays-bas, une grande partie des gouvernements du monde se sont mis a légiférer en la matière. Au 14 février 2011, en plus des Pays-bas, neuf pays ont légalisé ce type de mariage : la Belgique (2003), l'Espagne (2005), le Canada (2005), l'Afrique du Sud (2006), la Norvège (2008), la Suède (2009), le Portugal (2010), l'Islande (2010) et l'Argentine (2010), auxquels s'ajoutent la ville de Mexico, cinq États des Etats-Unis d'Amérique et Washington. On pourrait faire la même observation a propos de bien d'autres sujets : la formation scolaire et universitaire (mise en place du LMD en Europe,...), législation fiscale, la défense du patrimoine, l'apprentissage de l'anglais, le renforcement du libéralisme.... Keynes a montré combien les comportements économiques relèvent du mimétisme pour prévoir la valeur d'une action : il est plus rationnel de chercher à savoir ce que les autres opérateurs du marché vont en penser que de se fier à sa propre intuition. Au delà des marchés économiques, si le NIH (Not Invented Here) existe il est très minoritaire face au "Me too" : mon concurrent a mis en place SAP (Systémes, Applications et Produits de traitements de données), moi aussi. Il centralise pour mieux contrôler ? Moi aussi. La récente crise des subprimes a montré les catastrophes que ce mimétisme irresponsable peut créer.
On parle parfois de "politique de mimétisme" ou de "politique d'imitation" (voir par exemple : "La politique du mimétisme : Les relations civilo-militaires en Europe de l'Est", Revue Etudes internationales, vol. XXXII, n°2, juin 2001).
On comprend cependant que, derrière cette façon de faire, il y a le noble désir de copier ce qui marche ailleurs afin d'améliorer sa propre situation...

Parallèlement, les mêmes gouvernements semblent arque-boutés sur des positions nationalistes. Ce repli peut conduire à défendre des positions réactionnaires. En Allemagne, par exemple, une nouvelle campagne nationaliste a été lancée pour libérer la plus forte économie du continent européen de ses engagements envers l'Europe. Dans son dernier livre, "Sauver notre argent", l’ancien patron de la fédération allemande de l’industrie, Hans-Olaf Henkel, argumente en faveur d’une séparation en deux de la zone euro, avec l’Europe septentrionale (Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche) dans un camp et les pays méridionaux tels l’Espagne, l’Italie et la France dans l’autre. Dans un certain nombre de pays européens, dont l’Italie, l’Autriche, le Danemark, les Pays-Bas et la Hongrie, des partis politiques ultra droitiers et racistes sont, soit déjà au gouvernement, soit jouent un rôle majeur dans la détermination de la politique. En France, le président Sarkozy a cherché à s’approprier les positions du Front national néo-fasciste au moyen de campagnes menées contre les communautés musulmanes, sinti et roms du pays.
(http://wsws.org/francais/News/2010/dec2010/nati-d22.shtml).
Une des raisons majeure qui freine la construction de l'Union Européenne semble bien se trouver liée à ce nationalisme qui agit à rebours des orientations favorables à cette construction.
On pourrait facilement citer d'autres cas de mise en oeuvre de ce nationalisme gouvernemental au sein des cinq continents.

Tout se passe donc comme si l'amélioration de situations nationales pouvait se réaliser en copiant d'autres gouvernements, mais, dans le même temps, une fois acquise une situation, comme si on interdisait aux autres gouvernements d'imiter l'approche qui a permit d'atteindre ce résultat, même si cette position a été acquise par mimétisme. C'est un paradoxe qui en dit long sur le niveau de conscience des gouvernants.... Prenons l'exemple du cinéma : d'un coté, on va proclamer défendre la production nationale et donc valoriser ses caractéristiques cinématographiques et culturelles propres. Mais par ailleurs, on va copier le cinéma hollywoodien (ce qui revient souvent à négliger les valeurs cinématographiques nationales) de façon à, soit disant, gagner des parts de marché....  Ce qui revient a reprendre d'une main ce que donne l'autre main....

Les gouvernements me paraissent empêtrés dans cette contradiction qui les conduit souvent à prendre des décisions incohérentes et inefficaces. La question des langues est, encore une fois, un exemple éclairant. La plupart des pays se disent favorables à la défense de la diversité linguistique dans le monde. Ils ont même presque tous (à l'exception des Etats-unis d'Amériques et d'Israël) signés la Convention de l'Unesco en faveur de la diversité culturelle. Ils sont tous officiellement, au moins, d'ardents défenseurs de leur(s) langue(s) nationale(s). Pourtant, ces mêmes gouvernements conduisent des politiques linguistiques qui visent toutes à favoriser le seul apprentissage de la langue anglaise. Or, il est bien connu aujourd'hui que, si l'anglais devient la langue majoritaire dans le monde, alors elle effacera progressivement toutes les autres langues. Ce phénomène de "bilinguisme asymétrique" est déjà observable et s'est toujours montré défavorable à la langue minoritaire. Ces mêmes gouvernements se préoccupent peu ou pas de valoriser les politiques linguistiques favorables au maintient d'un certain niveau de diversité et pourtant elles existent (voir par exemple : "Un modèle probabiliste pour la diversité linguistique : le cas de la romanité dialogale" dans "L'intercompréhension et les nouveaux défis pour les langues romanes", A paraître aux Editions "Union Latine" et "Agence Universitaire de la Francophonie", 2011).
Il en va de même dans bien des domaines : construction européenne, économie, politiques de gestion des migrations internationales ….

Comment sortir de cette impasse ?
La gouvernance mondiale, tant désirée par de nombreuses personnes, ne pourra se réaliser sans une certaine harmonisation des législations nationales de façon à éviter les incohérences et les contradictions. Il sera nécessaire de s'appuyer sur une forte volonté politique des Etats et gouvernements. Mais celle-ci ne peut être atteinte sans une mobilisation des citoyens du monde en faveur de cette harmonisation. Tant que les peuples resteront sensibles aux thèses nationalistes mises en avant par des responsables inconscients ou malveillants, il sera difficile voire impossible de progresser. Les populations doivent faire pression sur leurs dirigeants pour que cette planète soit enfin perçue par tous comme une seule entité dont nous sommes tous responsables. On ne pourra installer une gouvernance mondiale que lorsque nous cesserons de brandir nos drapeaux nationaux pour affirmer notre qualité de citoyens du monde...

vendredi 11 février 2011

Une typologie simple des régimes politiques

On tente, dans ce court texte, de présenter une typologie simplifiée des différents régimes politiques rencontrés dans le monde.

La démocratie classique

On peut la définir de façon analogue à la mise en œuvre d’une méthode d’analyse informatique ascendante de problèmes, dans laquelle on modélise la résolution d’un cas réel à l’aide d’une arborescence. La racine de l’arbre (niveau le plus haut) représente le pouvoir politique, tandis que les nœuds intermédiaires de l’arbre sont associés à des acteurs intermédiaires et les extrémités terminales (ou feuilles de l'arbre) aux citoyens. En informatique, on s’attache d’abord à la solution du problème au niveau le plus bas avant de remonter progressivement l’arborescence jusqu’à la racine de l’arbre. Dans cette approche, il apparaît que les citoyens s'adressent principalement à leurs responsables les plus proches (ceux cités juste au dessus dans l'arbre) avec l'idée implicite que ces derniers feront remonter les doléances au niveau le plus élevé du pouvoir (racine de l'arbre) lorsque cela est nécessaire.

Cette façon de faire implique une certaine confiance dans les rouages démocratiques (noeuds de l'arbre) pour pouvoir être mise en oeuvre... Elle suppose aussi que les responsables politiques intermédiaires et suprême aient été désignés par de façon consensuelle (consultations, élections libres, sondages,...) et que ces derniers prennent en compte les informations qui leurs sont transmises par les noeuds situés aux niveaux inférieurs de l'arborescence. Ce type de régime est illustré par ceux que l'on a coutume de désigner par démocraties occidentales. A la tête de l'Etat (racine de l'arbre) se trouve le Président de la République ou l'équivalent, tandis que les noeuds intermédiaires sont occupés par les différents élus ou représentants de niveau local, régional et national. Les citoyens sont les feuilles de l'arbre et ce sont eux qui transmettent leurs doléances aux niveaux supérieurs par le biais de différents dispositifs (élections, référendums, sondages, consultations diverses, pétitions,...)

Lorsque ce schéma ne fonctionne pas correctement, notamment lors de la non prise en compte, par les représentants situés dans les niveaux supérieurs de l'arbre, des informations en provenance des niveaux inférieurs de l'arborescence, alors il se produit ce que nous appellerons des dérives démocratiques, soit un blocage de la circulation de l'information vers le haut de l'arbre. Dans ces situations, les citoyens sont souvent amenés à se révolter pour tenter de se faire entendre. Il existe de nombreux exemples de ce type de dérives : Les évènements de mai 1968 en France, les révoltes contre la profitation aux Antilles en 2010, le mouvement d'émancipation des noirs aux Etats-unis d'Amérique ou les grandes marches contre la guerre du Vietnam, dans les pays du Nord, témoignent de ces mobilisations populaires...

Les régimes non démocratiques

Ce type de régime politique pourrait être modélisé par la mise en œuvre, non explicitée, d’une méthode d’analyse informatique descendante de problèmes, par laquelle on recherche la solution d’un problème en circulant de la racine de l'arborescence vers ses extrémités (feuilles). Dans un régime non démocratique, c'est le pouvoir (racine) qui impose à tous les niveaux inférieurs ses décisions. Tout se passe donc comme si l'information, dans ce type de régime, ne circulait que de la racine vers les feuilles.

La méthode qualifiée par B. Cassen de passage par le haut (Le Monde diplomatique, janvier 2001) qui consiste à imposer aux peuples des dispositions légitimées par des Sommets internationaux ou par des institutions internationales, présumées au dessus de la mêlée en raison de leur expertise technique, s'apparente à cette forme de régime. Les dictatures ou les monarchies non parlementaires en sont d'autres exemples. Bien entendu, les citoyens dans ces situations ont tendance à se révolter épisodiquement avec l'espoir de se faire entendre. On pourrait citer nombre de révolte de ce type : la révolte de la place Tian'Anmen en Chine en 1989, la révolte populaire en Ukraine en 2004, la Révolution orange en Thaïlande en 2010, les évènements récents en Tunisie et en Egypte,...

Une des conséquence de ce type de régime est le démobilisation des populations qui, en dehors des périodes de révolte, n'ont ni les moyens, ni la liberté de pouvoir se préparer à assumer des responsabilités politiques notamment. On peut même se demander, à la lumière des récents évènements de Tunisie et d'Egypte, si ces mouvements spontanés ont quelques chances de déboucher sur des modifications durables dans la gouvernance des pays incriminés. Certes, un dictateur s'enfuit mais encore faudra t-il que cette victoire soit capitalisée de façon à amener une amélioration de la vie quotidienne des populations... En l'absence d'une organisation bien structurée, rassemblant des personnes compétentes, dévouées et disciplinées, susceptible de maitriser la suite des évènements, il semble utopique de penser que la mobilisation populaire, à elle seule, puisse mener à son terme le mouvement de réformes. Pire encore, parfois, les seuls groupes qui sont préparés à l'exercice du pouvoir sont des groupuscules extrémistes qui peuvent alors, à la faveur d'une révolte, réussir à s'accaparer du pouvoir et ainsi faire perdurer la dictature... Il existe plusieurs exemples illustratifs de cette situation : l'Algérie à l'issue de la guerre d'indépendance s'est retrouvée dans ce cas; l'Iran après le départ du Shah en est un autre exemple...

La démocratie moderne

Ce régime n'a pas encore d'existence réelle. Il apparaît plus comme une perspective d'avenir, une sorte d'idéal à atteindre pour les régimes politiques.

La démocratie moderne pourrait être schématisée par une arborescence du même type que les précédentes où le pouvoir est représenté par la racine et les citoyens par les feuilles de l'arbre. La différence ici étant que le flux d'information circulerait dans les deux sens : des citoyens vers le pouvoir (de bas en haut) et du pouvoir vers les citoyens (de haut en bas). Ces navettes informationnelles seraient facilitées par les outils technologiques et par Internet notamment.

Ce type de régime suppose une prise de conscience politique supérieure des citoyens de façon à ce que tous les noeuds de l'arborescence agissent de manière responsable et respectueuse. Il suppose un niveau élevé d'éducation et de formation de l'ensemble des citoyens en vue d'éviter les tentatives de mise en place de pouvoir de type personnel. C'est en tous cas, un type de régime qui me paraît susceptible de palier au déficit démocratique rencontré dans la plupart des situations contemporaines. Peut être qu'avec cette évolution la démocratie moderne sera, à l'avenir, capable de permettre aux citoyens d'obtenir plus facilement les transformations sociales, économiques et culturelles qu'ils souhaitent....

lundi 7 février 2011

Pour Edouard Glissant

Comment ne pas saluer la mémoire de cet homme magnifique qu'a été, à plus d'un titre, Edouard Glissant ? Par sa vie et par son oeuvre, il a su incarner toute une époque de l'histoire de notre monde contemporain.

Je me souviens l'avoir rencontré alors que j'étais encore jeune étudiant. Nous étions à Paris pendant les années 60, dans le cadre de manifestations nationalistes antillaises. E. Glissant était déjà un précurseur, un militant politique qui savait montrer le chemin tout en expliquant et en calmant les inquiétudes... Par la suite nous n'avons eu que peu d'occasions de rencontre, mais j'ai suivi avec fierté son parcours d'écrivain engagé, de chantre de la créolisation et du concept de Tout-monde. Une idée forte de l'écrivain, du moins pour ce que j'en ai compris, était que le creuset culturel Caraïbéen pouvait servir de modèle pour la planète en voie de mondialisation... En effet, il a lui-même souvent souligné, que la mondialisation, dont on parle tant aujourd'hui, a été à l'oeuvre dès le 17è siècle dans sa Caraïbe natale.

Glissant a rayonné sur le monde et par là même a contribué, après Aimé Césaire et quelques autres, à faire sortir sa Martinique natale et les Antilles, de l'anonymat mondial. Il a donné leurs lettres de noblesse au métissage et à la diversité en les magnifiant. Sa langue était belle, poétique et profondément enracinée, tel le rhizome, une image qui lui était chère... Sa vie, elle-même, a été en accord avec sa philosophie. Ancrée dans sa minuscule île de la Martinique, il a parcouru le monde, puisant ça et là toute l'énergie et les connaissances utiles à son oeuvre. Glissant est Martiniquais mais plus encore, il est aussi Français, Etats-unien d'Amérique, Japonais, Africain … Il est un homme du monde...

Je ne me sens pas compétent pour analyser son oeuvre poétique et littéraire mais je sais qu'il faudra encore longtemps le lire, le relire, pour se pénétrer de cette philosophie du monde qu'il a engendré... Merci à toi Edouard et bon voyage... Je te retrouverai souvent dans cette petite ville du Diamant que, chacun de notre côté, nous avons choisie pour nous héberger lors de nos retours en Martinique...

jeudi 3 février 2011

Sur la réflexion et l'action

Il est communément reconnu de nos jours que les gens se sentent souvent impuissants face aux évènements qui les affectent. Plus grave encore, les individus semblent penser que les responsables politiques et les autres, sont incapables de régler les problèmes de nos sociétés. En fait, il n'est pas difficile de constater combien les Etats et Gouvernements, eux aussi, sont impuissants ou inefficaces face aux principaux problèmes qui se posent dans nos sociétés. Un exemple : la réalisation de l'Etat de droit dans les sociétés dites démocratiques. Ces dernières devraient aujourd'hui être capables d'assurer à leurs citoyens les droits fondamentaux tels, par exemple, le droit au logement, ou le droit à la nourriture ou encore le droit au travail... Il est pourtant notoire que ces droits sont de moins en moins garantis dans ces sociétés pourtant dites de droit. C'est là une faillite considérable. Pire que tout, certains de ces droits semblent, aujourd'hui, dans un état de régression avancé. Comment expliquer, par exemple, que le nombre de pauvres dans ces sociétés va en augmentant au lieu de diminuer ? Comment justifier que l'écart entre riches et pauvres soit, lui aussi, croissant ? Comment des Gouvernements dits démocratiques peuvent-ils se satisfaire de l'enrichissement toujours plus grand d'une partie de la société, tandis que la frange la moins favorisée s'appauvrit toujours plus ?...

Il semble intéressant de mettre en relation ce sentiment d'impuissance avec la multiplication des réunions, colloques, rassemblements de toute nature consacrés à des sujets de société. Les experts sont systématiquement appelés à se prononcer sur tous les problèmes et ils ne s'en privent pas... Si l'on se donne la peine de dénombrer les réunions, les écrits, les articles, les colloques consacrés à un sujet particulier, il serait facile de démontrer que ce nombre est quasiment inversement proportionnel à l'efficacité à régler le problème en question... Tout semble se passer comme si la multiplication des occasions de réflexion sur un thème s'accompagnait presque toujours d'une diminution de l'action exercée en vue de résoudre les questions concernées... Faut-il en déduire que tous ces Sommets, colloques, rassemblements, ... sont inutiles ? Les réunions sur le réchauffement climatique sont certainement exemplaires à cet égard...

On pourrait s'interroger sur le lien qui existe entre la multiplication des occasions de réflexion et la réalité de l'action exercée ? L'individu en passant trop de temps à débattre, à discuter ou à réfléchir, obère t-il sa capacité à agir ? Il s'agit là d'une question déjà bien étudiée qui pourrait se résumer par : la réflexion est-elle un frein à l'action ? Les individus, inconsciemment, pensent-ils, qu'une fois débattu un problème, il serait déjà en voie de solution ? Ou alors pensent-ils, qu'une fois discutée une question, son règlement concret en revient à d'autres personnes ?

En outre, si l'on y regarde de près, les conclusions des rapports d'experts sont souvent peu clairs, voire même contradictoires. Il n'est pas rare de trouver dans ces rapports des recommandations qui sont opposées. Dès lors, il est normal de ne pas pouvoir les mettre en pratique. La question des 35 heures de travail, en France, en est une illustration : les socialistes, alors qu'ils étaient au pouvoir, ont instaurés cette mesure en la justifiant par un argument qui paraissait imparable lorsque le travail manque, il faut le partager pour que le plus grand nombre puisse en avoir. Le patronat et la droite française, une fois au pouvoir, ont ensuite tout fait pour détruire cette mesure avec une argumentation qui semblait tout autant valable on ne peut pas travailler moins en France alors que partout dans les autres pays concurrents le temps de travail est supérieur. Récemment, (voir le Journal Le Monde du 4 janvier 2010) l'économiste britannique Tim Jackson, professeur et chercheur à l'université de Surrey (Grande-Bretagne) indiquait, dans un entretien avec un journaliste que Le choix (pour combattre le chômage notamment) est donc soit de conserver la croissance de la productivité et d'admettre par conséquent qu'il y aura moins de travail dans l'économie, ce qui signifie la mise en place de politiques de réduction du temps de travail; soit opter pour la fin de la hausse de la productivité, et développer les services sociaux – éducation, aide sociale, maintien des espaces publics, rénovation des bâtiments, etc. Récemment, la polémique a rebondit après la charge du socialiste Français Manuel Valls contre les 35 heures et la réponse faite par Pierre Larrouturou, économiste et pilote des Etats généraux de l'emploi organisés par Europe Ecologie – Les Verts. Pour ce dernier (voir le journal Le Monde du 7 janvier 2010) il n'est pas vrai que l'on travaille moins en France qu'ailleurs : La durée hebdomadaire moyenne du travail pour les personnes ayant un emploi à temps complet est de 41 heures en France.
Alors, qui faut-il croire ?

Un autre aspect de ce problème concerne la transmission des rapports d'experts. Lorsque ceux-ci sont demandés par des autorités identifiées, il est naturel de les transmettre à celles-ci. Cependant, souvent, les initiatives de ces rapports reviennent à des membres de la société civile ou à des experts indépendants et, dans ce cas, il n'est pas facile de repérer les personnes à qui transmettre les conclusions...

Par ailleurs, j'ai déjà eu l'occasion dans des chroniques précédentes (voir notamment celle du 21 août 2010), de me pencher sur la grande dispersion qui règne au sein des circuits de décision. Cette situation ne facilite pas la prise de décision. Il n'est pour s'en convaincre que d'observer le cas de l'Union européenne, empêtrée dans un processus de décision tellement complexe que l'on peut être surpris que, de temps en temps, il puisse en sortir quelque chose de concret....

Comment faire pour corriger la situation ? Il est clair que cette réalité doit être modifiée assez rapidement, faute de quoi, on pourrait se retrouver dans une configuration où le plus fort sera celui qui décide. La loi du plus fort a eu son heure de gloire mais elle ne peut, aujourd'hui, être évoquée comme solution à nos maux...

De nombreux phénomènes viennent de nos jours, contribuer à rendre le citoyen passif : la télévision, notamment, en nous figeant devant un écran, peut atténuer notre capacité à agir. Le marketing exerce une emprise extravagante sur les personnes. Le stress au travail vient épuiser les énergies des personnes...
Face à cette tendance forte, il convient de re apprendre à réfléchir par soi-même, à analyser les évènements à la lumière de son bon sens, de sa propre expérience, de sa vision personnelle des choses... Il faut cultiver l'esprit critique et retrouver ses capacités d'action individuelle. Sans rejeter l'intérêt de la réflexion collective, il convient d'asseoir celle-ci sur un jugement individuel aussi approfondi et assuré que possible...
L'éducation et la formation sont, sans doute, des leviers déterminants pour parvenir à atteindre ces objectifs mais il ne faut sous estimer ni la lecture, ni le temps accordé à la réflexion personnelle...

mercredi 2 février 2011

Les leçons tunisienne et égyptienne

Les récents évènements de Tunisie et d'Egypte nous replongent dans l'histoire des révolutions. Il faut pourtant convenir que ces dernières n'ont pas toujours débouché sur des évolutions positives pour les peuples qui en ont été les acteurs principaux. Certes, il y a eu la révolution française avec les Droits de l'Homme, la République, etc mais généralement, les révolutionnaires sont plus prompts à détruire qu'à construire... D'ailleurs, aujourd'hui encore, certains commentateurs se plaisent à dénombrer des comportements monarchistes au sein de la classe dirigeante en France, apportant là une nouvelle preuve de la difficulté à éradiquer certains comportements profondément enfouis dans l'inconscient des nations. Il y a beaucoup d'autres exemples de grandes révolutions ayant aboutit à une prise de pouvoir par les insurgés : les révolutions anglaise, russe, chinoise, cubaine, vietnamienne, algérienne, etc...

Toutes ont donné naissance à de nouveaux régimes politiques mais beaucoup d'entre elles se retrouvent, aujourd'hui, en difficulté, au point de voir les populations concernées se retourner contre les régimes dictatoriaux qui ont monopolisés le pouvoir après la révolution. Il me semble que plusieurs de ces révolutions se caractérisent, au moins en partie, par le fait que les mouvements révolutionnaires étaient dirigés par des individus de forte personnalité : Lénine, Castro, Mao Tse-Toung, Washington,...

Certains, après la prise du pouvoir, se sont accaparés celui-ci, se comportant alors en véritables dictateurs plus ou moins « éclairés ». Le moment critique de ces mouvements révolutionnaires me paraît se situer dans la façon dont le pouvoir post révolutionnaire est géré. Si ce pouvoir tombe aux mains d'individus tout puissants, sans que des instances démocratiques de contrôle n'aient été mises en place, alors le risque de dérive dictatoriale est réel. On a pu le constater en Algérie, à Cuba, en Union Soviétique, en Chine... Lorsque le mouvement révolutionnaire aboutit à la mise en place d'institutions démocratiques, non dominées par un personnage tout puissant, alors on peut prévoir une issue plus favorable pour les peuples concernés. Cette seconde perspective est plus facile à mettre en oeuvre lorsque le mouvement révolutionnaire n'est pas dirigé par un seul individu comme ce fût le cas, notamment en France, en Angleterre et aux Etats-unis d'Amériques...

Peut-on alors entrevoir des suites positives aux mouvements récents en Tunisie et en Egypte ?