mercredi 31 mars 2010

A propos de laïcité

La question de la laïcité est aujourd’hui dans l’actualité de plusieurs pays. Le débat semble pourtant assez confus entre les partisants de plus ou moins de rigueur en cette matière. Si l’on revient à la définition, la laïcité est fondée sur le principe de séparation juridique des Eglises et de l'Etat (loi de 1905 en France), en particulier en matière d'enseignement.
Cette séparation entraine :
• une garantie apportée par l'Etat dans le domaine de la liberté de conscience et du droit d'exprimer ses convictions (droit de croire ou de ne pas croire, de changer de religion, d'assister ou pas aux cérémonies religieuses).
• La neutralité de l'État en matière religieuse. Aucune religion n'est privilégiée; il n'y a pas de hiérarchie entre les croyances ou entre croyance et non-croyance.

On constate donc que la laïcité n’interdit pas la ou les religions. On pourrait imaginer deux situations extrèmes : la première étant un “Etat totalement laïque”, soit un Etat qui garantirait une entière liberté sur le plan religieux, qui n’interviendrait jamais en matière de religion. Dans un tel Etat, les risques de conflits religieux seraient importants puisque les différentes religions en présence devraient s’auto-discipliner et faire preuve de tolérance devant l’expression des autres croyances; la seconde serait un “Etat religieux” pour lequel une religion deviendrait religion d’Etat. Ici ce serait à l’Etat de contrôler voire de réprimer toutes les expressions religieuses.

Le “curseur de la laïcité d’un Etat” peut être placé quelque part entre ces deux positions extrèmes. Dès lors, il m’apparaît normal que le débat soit continuel entre ceux qui souhaitent placer ce curseur plus vers le “côté laïque” de l’échelle et ceux qui seraient partisants de le déplacer plus vers le “côté religieux”. La seule solution susceptible de calmer ce débat serait que l'Etat parvienne à établir un consensus en ce domaine dans la population du pays...

lundi 22 mars 2010

A propos de la tragédie haïtienne

Le récent tremblement de terre qui a frappé durement la République d’Haïti ne doit pas être analysé comme la disparition du pays. Cette catastrophe a décimé une partie du peuple et des infrastructure du pays mais, il ne faut pas en déduire que le pays est menacé de disparition. Le peuple haïtien a survécut à bien d’autres fléaux et, notamment à des dictatures féroces qui avaient, elles aussi, fait régner la terreur et la mort au sein de la population.

En conséquence, il convient de relativiser les propositions qui, suscitées par les meilleures intentions du monde, semblent considérer qu’il faut maintenant refonder ou reconstruire le pays en partant du postulat de base qu’il doit, en quelque sorte, être mis sous tutelle, la reconstruction devant être dirigée par des éléments extérieurs au pays. On a même pu lire dans la presse qu’il fallait attribuer la responsabilité de la reconstruction à un “Consortium d’Etats et de Gouvernements” qui aurait pu être coordonné par l’actuelle Gouverneure générale du Canada….

Trois éléments me paraissent devoir être mis en exergue :
- La reconstruction doit, avant tout être le fait des haïtiens eux-mêmes.
- L’aide internationale devra apporter des ressources en appui à cette reconstruction et favoriser la mobilisation des haïtiens en contribuant à les motiver dans cette phase cruciale de leur histoire.
- Il faut profiter de ces circonstances malheureuses pour redonner au pays un projet d’avenir qui soit plus que la seule reconstruction.

Concernant la méthode à suivre, il me paraît essentiel d’insister sur la formation (de base, supérieure et continue) qui contribuera à redonner l’espoir et les moyens humains de la reconstruction. Dans ce domaine, la priorité devrait être donnée aux formations courtes susceptibles de procurer rapidement des ressources qualifiées. Par ailleurs, les disciplines de gestion, administration et l’entrepreneuriat devraient être favorisées car elles sont de nature à produire des impacts positifs pour la mise en oeuvre de la reconstruction. L’initiative locale doit être encouragée. L’économie sociale doit aussi être privilégiée avec l’idée de transformer progressivement le secteur informel en secteur formel de l’économie.

Sur le plan culturel, la mise en valeur du patrimoine devra être développée et les formations artistiques encouragées à tous les niveaux. La mise en valeur du patrimoine ne devrait pas ralentir au prétexte de la situation mais bien au contraire être encouragée, contribuant ainsi au renforcement de l’espoir dans la population.

La Francophonie, pourraît jouer un rôle important dans la phase actuelle. En effet, Haïti est membre de l’OIF et cette dernière aurait là l’occasion de coordonner les aides multiples en provenance des différents pays de la Francophonie politique. La question identitaire, ne peut être ignorée dans cette opération de reconstruction. Les haïtiens ne doivent pas avoir le sentiment dêtre dépossédés de leur pays car le remède serait alors plus nocif que le mal. Au coeur de l’identité réside la langue. Il est clair que le respect de l’identité du pays ne pourra se réaliser si l’on ne priorise pas les deux langues de culture du pays à savoir le créole et le français. La culture haïtienne devra être mieux insérée dans l’ensemble francophone, elle devraît pouvoir bénéficier de l’aide de ses réseaux C’est aussi là une raison pour laquelle la Francophonie aurait un rôle important à jouer. D’autre part, les diasporas haïtiennes qui se sont massivement mobilisées pour aider leurs concitoyens restés au pays, pourraient appuyer concrètement les efforts déployés par la communauté internationale. Cependant, pour pouvoir être efficace, leur action necessiterait d’être coordonnée et la Francophonie pourrait, là aussi, être utile.

lundi 15 mars 2010

Petits calculs électoraux

Les commentateurs relèvent épisodiquement les faibles taux de satisfaction qui affectent tel ou telle politicien(e) en exercice. Des exemples récents concernent le Premier ministre du Quebec, dont le dernier sondage exhibe un taux d'insatisfaction de 70%, ou encore le President de la République française pour lequel un récent sondage IFOP indiquait un taux de 62% d’opinions négatives.
Les journalistes laissent souvent entendre au travers de leurs commentaires que cette situation pourrait nuire aux politiciens concernés. En fait, ces sondages ne me paraîssent pas devoir inquieter grandement ces politiciens. En effet, dans les démocraties occidentales il n'est pas rare de voir des taux d'abstention aux élections qui avoisinent 60%. Ainsi, on observa environ 60% d’abstention aux élections européennes de juin 2009. Lors du récent premier tour des élections régionales en France, la moyenne nationale du taux d’abstention s’est élevée à près de 54%. Lors des élections municipales de 2009 à Montréal, le taux d’abstention a été de près de 60%... Ceci signifie que généralement, seulement environ 40% du corps électoral participe aux élections dans les démocraties de type occidental.
Si l'on se donne, pour fixer les idees, une population d'électeurs de 100000 personnes, cela signifie qu'environ 40000 personnes expriment réellement leur vote. Considérons le cas d'une élection concernant un candidat X. Il est facile de comprendre que, parmi ces 40000 votants, une majorité sera favorable à X. En effet, généralement, les abstentionnistes sont plutôt des électeurs défavorables au candidat, ou encore des personnes qui ne croient pas à l’intérêt du processus électoral. Supposons que 55% des votants soient favorables a la reélection de X. C'est une hypothèse optimiste car on note peu de cas dans la réalité où un candidat est élu avec autant de voix. En géneral les majorités observées tournent autour de 51%. Donc X serait élu avec 22000 voix. Si maintenant, on rapporte ce chiffre à la totalité du corps électoral de 100000 personnes, la réalite des choses montre que ce sont seulement 22000/100000, soit 22% du corps électoral, qui a voté effectivement en faveur de l’élection de X. Autrement dit, même avec 78% d'électeurs défavorables, X a toutes les chances d'être élu..... On peut des lors comprendre la serénité des politiciens face a ces sondages d’opinion défavorables....
Que peut-on faire pour redonner un sens au processus électoral dans nos démocraties ? Evidemment toute action qui viserait à redonner aux électeurs le goût d’aller aux urnes serait bienvenue. Mais au delà, ne devrait t-on pas sanctionner les politiciens qui attireraient trop peu d’électeurs ? Après tout, en France par exemple, les partis politiques qui n’obtiennent pas suffisement de voix lors d’une élection sont sanctionnés financièrement par le Gouvernement…