Il est bien connu aujourd'hui qu'un des problèmes majeurs du monde contemporain réside dans la pression migratoire exercée par les populations en provenance des pays les plus pauvres sur les pays développés. Cette situation se traduit par différentes conséquences, parmi lesquelles, une des plus spectaculaire est la construction de barrages physiques aux frontières de certains Etats afin de tenter de se protéger de cette « invasion ». Ainsi, les Etats-unis d'Amérique construisent un mûr de 4,5 mètres de haut sur 1200 kilomètres de leur frontière avec le Mexique. On imagine aisément le coût important de cette édification. On connaît aussi le cas du mûr en béton construit par Israël pour se protéger des palestiniens. D'autres pays comme, par exemple, les Etats membres de l'Union européenne, dépensent beaucoup d'argent à surveiller leurs frontières et à produire des règlementations contraignantes destinées, notamment, à permettre le renvoi dans leur pays d'origine des migrants illégaux. En général, ces dispositions ou dispositifs sont loin d'être efficaces à 100% et la pression migratoire reste forte comme on a pu le voir, encore récemment, lorsque les Tunisiens ont fuit leur pays vers l'Italie et l'Europe.
Une autre donnée de ce problème est que la pression migratoire s'exerce presque exclusivement sur quelques pays riches à savoir : les Etats-unis d'Amérique, l'Union européenne, le Canada, l'Australie, la Suisse... Les pays d'origine de ces mouvements démographiques sont, eux, bien plus nombreux et sont situés en Afrique, en Asie, au Moyen orient,...
L'arrivée sur la scène internationale des nouveaux pays émergents (les BRICs) vient attirer une faible partie des flux migratoires vers leurs territoires. Cependant, ces pays doivent, en priorité, résoudre leurs propres problèmes de développement avant de pouvoir accueillir un nombre significatif d'émigrants.
Si maintenant on se penche sur l'évolution économique des pays d'accueil habituels, il n'est pas difficile de constater que ces pays traversent actuellement une crise profonde qui diminue considérablement leurs possibilités d'accueil. La plupart de ces pays sont frappés par le chômage, le sur endettement, les délocalisation des emplois, l'augmentation du coût de la vie etc. Tout cela freine beaucoup leur volonté d'accueillir de nouveaux émigrants, d'autant plus que leurs propres citoyens s'élèvent de plus en plus contre ces nouveaux arrivants. Dans plusieurs de ces pays, on a même pu voir s'exprimer des dérives droitières au niveau politique. Ce rejet de l'émigration alimente, en effet, l'argumentaire des partis politiques les plus extrémistes et permet aux gouvernements concernés de justifier leurs décisions de fermer les vannes de l'immigration par tous les moyens.
Ainsi, si on extrapole cette évolution, on peut penser que dans les années qui viennent il sera de plus en plus difficile pour les populations les plus démunies d'émigrer vers les quelques pays les plus riches, alors même que ceux-ci iraient en s'appauvrissant. Cette difficulté risque de devenir de plus en plus grande si l'on considère que les délocalisations des emplois vont se poursuivre du Nord vers le Sud et que, dans le même temps, la mauvaise gouvernance en place dans les pays pauvres ne permettra guère d'envisager un développement accéléré de ces pays. La pression migratoire pourrait, cependant, diminuer si une amélioration de la gouvernance des pays du Sud venait à permettre à leurs citoyens de mieux profiter des délocalisations en contribuant à la diminution du chômage et en favorisant l'accroissement de la richesse de la classe moyenne.
Il apparaît donc qu'une clé de la question des migrations internationales est située dans l'amélioration de la gouvernance des pays d'origine des migrants. Une évolution dans cette direction pourrait, en outre, faciliter les délocalisation d'emplois vers les régions les plus démunies et donc contribuer à l'amélioration de l'équilibre économique entre le Nord et le Sud.
Si, dans la même période, les pays riches actuellement en difficulté, parviennent à contrôler la crise et à en sortir en relançant leur économie, notamment en renforçant et en re équilibrant les échanges entre les régions les plus riches et en investissant dans la recherche et l'innovation, le monde se trouverait alors dans une situation bien meilleure, avec une pression migratoire en diminution... Il deviendra alors possible d'envisager, pour l'avenir, un développement plus harmonieux de la mondialisation.