lundi 27 juin 2011

L'étrange loi dite « spéciale »


Une différence culturelle essentielle entre le Canada, le Quebec, l'Amérique du Nord, d'une part et la France, voire l'Europe, d'autre part, se manifeste au travers de l'attitude des citoyens par rapport à la grève dans un cadre professionnel.

Le Français qui arrive au Québec est surpris par la façon dont la grève est conduite ici. Quelques grévistes munis de pancartes défilent calmement sur le trottoir devant leur lieu de travail, en prenant bien soin de ne déranger personne. Déjà il y a là une différence de taille, lorsqu'on pense aux cortèges bruyants, aux occupations de locaux et, parfois, aux blocages de la circulation qui sont fréquemment observés dans ce contexte en France par exemple. Mais la différence ne se limite pas à cette observation. En effet, au Canada il est possible pour l'employeur de forcer les travailleurs à reprendre le travail en faisant voter, par le parlement, une loi dite « spéciale » qui ordonne aux travailleurs de reprendre leur activité. Une fois cette loi votée, tous les travailleurs reprennent le travail sans tarder alors même s'ils ne sont pas d'accord avec les termes de l'accord qui leur est imposé... Il y a encore un autre comportement qui peut surprendre un Européen. En effet, pendant toute la durée de la grève, seuls les travailleurs concernés sont mobilisés. Il n'y a, généralement, aucune solidarité qui se manifeste de la part des autres travailleurs appartenant à d'autres branches professionnelles. Ce fut le cas récemment encore dans le cas de la grève des postiers au Canada.

On imagine mal certains gouvernements européens mettre fin aux mouvements de grève en faisant voter une simple loi par le parlement. S'il en était ainsi les gouvernements grecs et espagnol, par exemple, n'auraient pas manqué de procéder de cette façon.... Il est clair que la culture est partout et qu'elle peut entrainer des différences comportementales qui peuvent surprendre...

jeudi 23 juin 2011

L'illusion québécoise


Il semble exister un grave paradoxe au Québec en terme de projet de développement futur de la « belle province ». Le débat politique est dans l'impasse à cause d'une hypothèse, généralement admise, qui m'apparaît fondamentalement fausse : il serait possible de gérer le Quebec en faisant comme si le Canada n'existait pas. Cette position est partagée aujourd'hui par la plupart des partis politiques à base électorale provinciale : le PQ (Parti Québécois), l'ADQ (Action Démocratique du Québec), QS (Québec Solidaire) et même la future coalition politique autour de François Legault. Tous font comme si le véritable pouvoir se situait au niveau provincial et pas au fédéral. Cette douce illusion a conduit à l'échec toutes les politiques mises en oeuvre au cours des dernières années. Les partis qui ont occupé le pouvoir au Quebec, fussent ils indépendantistes, le savent bien, eux qui ont dépensé beaucoup d'énergie en négociations avec le pouvoir fédéral. Je suis surpris de constater qu'aujourd'hui encore, les programmes des partis politiques sont centrés sur des problématiques uniquement québécoises et ne prévoient rien pour l'évolution de la fédération canadienne. C'est un peu, la même situation en Europe où certains partis politiques fondent le projet politique pour leur Etat-nation, uniquement en fonction des problèmes de cet Etat, en ignorant les questions liées à l'évolution de l'Union Européenne dont ils font pourtant partie intégrante. Il est légitime de penser que, si la composante européenne avait été mieux prise en compte au cours des différentes élections nationales, la crise que traverse actuellement l'Union européenne aurait, sans doute, été moins dure car il y aurait déjà eu une certaine harmonisation des politiques sociales, fiscales...

Il me semble qu'au Québec, deux positions sont possibles : soit on est pour l'indépendance du Québec et alors le projet politique doit être centré avant tout sur la séparation et non sur la gestion de la province. Soit on est fédéraliste et donc pan canadien, et alors le projet politique doit viser à mieux intégrer la province au sein de l'ensemble fédéral. En dehors de ces deux positions il ne me semble n'y avoir qu'illusion vouée a l'échec... Les dernières élections fédérales qui ont vu les citoyens québécois voter en masse pour le Nouveau Parti Démocratique (NPD), un parti qui se situe au plan fédéral, et qui ont vu l'effondrement du Bloc Québécois (BQ), un parti à base provinciale, semblent bien confirmer la justesse de cette analyse.

mardi 21 juin 2011

Des cursus tout en anglais : une obligation ?


On ne peut qu'être surpris, sinon inquiet, de lire ( La Recherche n° 453, p. 81-83 ) l'avis du professeur Jean-Yves Chemin affirmant la nécessité impérieuse pour les universités françaises, si elles veulent exister à l'international, de proposer des cursus tout en anglais. Fort heureusement, ce point de vue est contrebalancé par celui du professeur Claude Truchot qui rappelle notamment que l'enseignement en anglais abaisse le niveau des formations.

Que la pratique de l’anglais soit actuellement mondialement répandue, en particulier dans les activités financières et commerciales, est un fait. Si permettre la communication internationale est évidemment indispensable dans les sciences, faut-il obligatoirement le faire avec une langue unique, au prix d'approximations (l'anglais ne peut suffire dans toutes les sciences à représenter l'ensemble des concepts) et d'un effet logique d'économie de moyens : la disparition à terme dans les systèmes éducatifs de nombreuses autres langues et des cultures qui leur sont intimement liées ?

L’anglais comme langue internationale unique n’est pourtant pas la seule solution. Pour notre part, nous avons montré qu’une autre approche était concevable : si, par exemple, chaque élève apprenait deux ou trois langues, librement choisies par lui parmi une dizaine enseignées, la probabilité qu’une fois adultes deux interlocuteurs pris au hasard aient une langue commune ( pas obligatoirement l’anglais ) serait alors de l’ordre de 80 % ( «Un modèle probabiliste pour la diversité linguistique : le cas de la romanité dialogale » dans « L'intercompréhension et les nouveaux défis pour les langues romanes », Editions de l'Union Latine / Agence universitaire de la Francophonie, Paris, 2011 ). L'expertise et les outils d'apprentissage précoce, sur objectifs spécifiques et multilingues existent et sont largement expérimentés, notamment dans les universités françaises souvent en pointe dans ce domaine. Une telle politique linguistique éducative pourrait favoriser une réelle capacité de communication internationale ainsi que les mobilités les plus diversifiées tout en valorisant une nécessaire diversité des répertoires linguistiques scientifiques des étudiants et des enseignants. La croyance au caractère incontournable de l’anglais est donc un a priori non fondé.

ps : ce texte a été élaboré conjointement par le responsable du blogue et deux autres collègues universitaires : André Rouillon (informaticien) et Patrick Chardenet (linguiste)

mardi 14 juin 2011

L'évolution probable des flux migratoires internationaux

Il est bien connu aujourd'hui qu'un des problèmes majeurs du monde contemporain réside dans la pression migratoire exercée par les populations en provenance des pays les plus pauvres sur les pays développés. Cette situation se traduit par différentes conséquences, parmi lesquelles, une des plus spectaculaire est la construction de barrages physiques aux frontières de certains Etats afin de tenter de se protéger de cette « invasion ». Ainsi, les Etats-unis d'Amérique construisent un mûr de 4,5 mètres de haut sur 1200 kilomètres de leur frontière avec le Mexique. On imagine aisément le coût important de cette édification. On connaît aussi le cas du mûr en béton construit par Israël pour se protéger des palestiniens. D'autres pays comme, par exemple, les Etats membres de l'Union européenne, dépensent beaucoup d'argent à surveiller leurs frontières et à produire des règlementations contraignantes destinées, notamment, à permettre le renvoi dans leur pays d'origine des migrants illégaux. En général, ces dispositions ou dispositifs sont loin d'être efficaces à 100% et la pression migratoire reste forte comme on a pu le voir, encore récemment, lorsque les Tunisiens ont fuit leur pays vers l'Italie et l'Europe.

Une autre donnée de ce problème est que la pression migratoire s'exerce presque exclusivement sur quelques pays riches à savoir : les Etats-unis d'Amérique, l'Union européenne, le Canada, l'Australie, la Suisse... Les pays d'origine de ces mouvements démographiques sont, eux, bien plus nombreux et sont situés en Afrique, en Asie, au Moyen orient,...

L'arrivée sur la scène internationale des nouveaux pays émergents (les BRICs) vient attirer une faible partie des flux migratoires vers leurs territoires. Cependant, ces pays doivent, en priorité, résoudre leurs propres problèmes de développement avant de pouvoir accueillir un nombre significatif d'émigrants.

Si maintenant on se penche sur l'évolution économique des pays d'accueil habituels, il n'est pas difficile de constater que ces pays traversent actuellement une crise profonde qui diminue considérablement leurs possibilités d'accueil. La plupart de ces pays sont frappés par le chômage, le sur endettement, les délocalisation des emplois, l'augmentation du coût de la vie etc. Tout cela freine beaucoup leur volonté d'accueillir de nouveaux émigrants, d'autant plus que leurs propres citoyens s'élèvent de plus en plus contre ces nouveaux arrivants. Dans plusieurs de ces pays, on a même pu voir s'exprimer des dérives droitières au niveau politique. Ce rejet de l'émigration alimente, en effet, l'argumentaire des partis politiques les plus extrémistes et permet aux gouvernements concernés de justifier leurs décisions de fermer les vannes de l'immigration par tous les moyens.

Ainsi, si on extrapole cette évolution, on peut penser que dans les années qui viennent il sera de plus en plus difficile pour les populations les plus démunies d'émigrer vers les quelques pays les plus riches, alors même que ceux-ci iraient en s'appauvrissant. Cette difficulté risque de devenir de plus en plus grande si l'on considère que les délocalisations des emplois vont se poursuivre du Nord vers le Sud et que, dans le même temps, la mauvaise gouvernance en place dans les pays pauvres ne permettra guère d'envisager un développement accéléré de ces pays. La pression migratoire pourrait, cependant, diminuer si une amélioration de la gouvernance des pays du Sud venait à permettre à leurs citoyens de mieux profiter des délocalisations en contribuant à la diminution du chômage et en favorisant l'accroissement de la richesse de la classe moyenne.

Il apparaît donc qu'une clé de la question des migrations internationales est située dans l'amélioration de la gouvernance des pays d'origine des migrants. Une évolution dans cette direction pourrait, en outre, faciliter les délocalisation d'emplois vers les régions les plus démunies et donc contribuer à l'amélioration de l'équilibre économique entre le Nord et le Sud.

Si, dans la même période, les pays riches actuellement en difficulté, parviennent à contrôler la crise et à en sortir en relançant leur économie, notamment en renforçant et en re équilibrant les échanges entre les régions les plus riches et en investissant dans la recherche et l'innovation, le monde se trouverait alors dans une situation bien meilleure, avec une pression migratoire en diminution... Il deviendra alors possible d'envisager, pour l'avenir, un développement plus harmonieux de la mondialisation.

vendredi 10 juin 2011

Panne éthique au Parti Québécois (PQ)


Les récents évènements lies au projet d'amphithéâtre de Québec ont partiellement décrédibilisé le PQ. En effet, ce parti et sa chef Pauline Marois, notamment, se targuaient, dans leur propagande, de mieux gérer la province s'ils venaient à prendre le pouvoir aux prochaines élections provinciales. P. Marois, dans une conférence de presse, consacrée à l'assainissement des moeurs politiques au Québec, en décembre 2010 indiquait : « Jean Charest et son gouvernement sont responsables au premier chef de l’atmosphère qui règne au Québec. Le manque de transparence en matière d’éthique et d’intégrité de ce gouvernement a contribué, dans une large part, à alimenter le cynisme de la population envers nos institutions démocratiques. Il est temps que cela change. ». En portant le projet de "Colisée" de la ville de Québec dans des conditions aussi contestables : pas d'appel d'offre, pas de consultation des membres du parti, pas de respect de l'argent public etc, ce parti a perdu beaucoup de sa crédibilité comme bon gestionnaire des fonds publics. Si on prend en compte le fait que la souveraineté a été mise au second plan par ce parti on peut s'interroger sur les raisons qui pourraient encore motiver les citoyens à voter pour le PQ ?

jeudi 9 juin 2011

Le remède empoisonné

Les mesures d'austérité préconisées en Union Européenne (UE) en vue de tenter de juguler la crise actuelle (déficit public et endettement important) risquent d'achever le malade plutôt que de le guérir. Déjà, les observateurs notent la contraction significative de l'économie grecque sous l'effet des mesures d'austérité imposées à ce pays par le FMI et l'UE notamment. Les solutions misent en avant pour que ce pays puisse rembourser les 90 milliards d'euros de dettes à ses créanciers privés (banques allemandes et françaises majoritairement) dans les trois ans à venir, reposent principalement sur les privatisations de grands secteurs économiques et sur le licenciement de fonctionnaires. La crise s'est produite, essentiellement à cause du manque de réglementation de la spéculation financière. Or le remède préconisé recommande encore moins de règlements, moins d'Etat et de fonctionnaires.... Les cas du Portugal, de l'Espagne, de l'Irlande en attendant, peut être, d'autres pays (Etats-unis d'Amérique,...), se distinguent peu du schéma ci-dessus.

Il y a cependant un paradoxe qui n'est guère signalé par les commentateurs : la crise actuelle trouve son origine surtout dans le comportement des financiers (banques...) qui se sont permis de spéculer à tout crin, entrainant le monde dans une spirale d'endettement infernale. Or, aujourd'hui ce sont sur ces mêmes responsables financiers que l'on s'appuie pour gérer la sortie de crise! Le remboursement de la dette à tous prix, tout comme le refinancement des banques au moment de la crise déclenchée en 2007 par les grandes banques des Etats Unis d'Amérique, sont avant tout destinés à sauvegarder le secteur bancaire. Tout se passe comme si, on avait déjà oublié les méthodes dont sont capables ces « requins de la finance ».

Les créanciers qui ont poussé au surendettement devrait logiquement assumer une partie des efforts en vue de la résolution de la crise au lieu d'être absouts de toute pénalité. En outre, la pénalisation qui leur serait ainsi imposée pourrait contribuer a les faire changer de comportement à l'avenir, s'ils savent qu'il pourrait avoir un prix à payer en cas d'erreur de jugement. Il serait juste d'éviter que les créanciers privés puissent se dégager à bon compte et que les seuls grands perdants dans cette crise soient les malheureux citoyens sur qui reposeraient l'austérité et la rigueur.

On doit, en outre, prendre en compte que la sortie de crise doit aussi permettre de mettre en place des procédures fiables capables d'éviter le renouvellement du même type d'erreur à l'avenir. Autrement dit, cette sortie doit s'accompagner de la production de règlementations et d'un renforcement de l'intégration européenne afin d'éviter, le plus possible, les incohérences et l'affirmation des égoïsmes nationaux en lieu et place de l'exigence de solidarité européenne. Or, tout cela ne pourra se faire que si les Etats nationaux et si l'Europe disposent des ressources humaines pour produire ces règlementations et pour contrôler leur application. Cela nécessitera des fonctionnaires et des services publics.

Un autre aspect est inquiétant est celui du temps imparti aux Etats en difficulté pour résoudre leurs problèmes. Trois ans pour ramener les déficits et les endettements à des niveaux acceptables risquent d'être court pour assurer la réussite. Le redressement, pour qu'il soit durable, requiert du temps car l'économie est une variable dont les temps de réaction sont lents. Plutôt que d'imposer des mesures drastiques sur une période courte, solution brutale qui peut conduire au terrassement du patient ( augmentation du chômage, des faillites, croissance des taxes,...) au lieu de le guérir, il aurait été plus sage de se donner du temps pour pouvoir absorber les efforts requis plus facilement tout en donnant le temps a l'économie de se renforcer progressivement et durablement.

Enfin, on peut s'interroger sur l'idée de remplacer le remboursement de la dette par une forme de restructuration qui manifesterait la solidarité des créanciers privés d'une part, et des Etats et Gouvernements d'autre part, en acceptant d'alléger le fardeau de la dette des Etats en difficulté. Il y aurait là un moyen de contribuer au sauvetage solidaire de l'Union plutôt que de laisser croître les difficultés avec le risque d'effondrement et la perte totale qui pourrait en résulter...

vendredi 3 juin 2011

Contre la bureaucratie

Le « manifeste pour un Québec éduqué » publié récemment par des enseignants du Québec arrive à point pour remettre l'accent sur une dérive observée très souvent dans les sociétés modernes : celle qui consiste à confier les commandes de services d'intérêt général comme la formation des jeunes ou la santé des citoyens à des gestionnaires. Cette dérive est pourtant bien connue elle se nomme « bureaucratie »,...

Les professeurs, étudiants et retraités, signataires de ce manifeste s'élèvent notamment contre une loi du ministère de l'Éducation du Gouvernement du Québec qui oblige les cégeps à fournir un plan stratégique sur une période de plusieurs années, plan qui doit tenir compte, en outre, du plan stratégique que le Ministère élabore lui-même. Or, ce plan doit comporter des objectifs et les moyens que les cégeps mettront en oeuvre pour les réaliser, y compris des cibles chiffrées. Le respect de ces objectifs, imposés d'en haut, amène les enseignants et les directions d'établissements à « forcer la réalité » afin de satisfaire les autorités hiérarchiques. C'est ainsi que des enseignants sont conduits à abaisser leurs exigences pour favoriser l'octroi de diplômes et satisfaire par ce moyen aux objectifs imposés. Ils sont aussi amenés à consacrer plus de temps à la pédagogie (la dernière trouvaille étant la « pédagogie universelle ») qu'à la découverte et à l'amour de leur discipline. Ce phénomène est bien connu des professeurs des universités qui sont, eux aussi, contraints à satisfaire des directives imposées d'en haut au détriment de la formation de leurs étudiants.

Dans un autre domaine, celui de la Santé on peut observer le même genre de dérive. Les médecins, soient les vrais acteurs de la santé, sont souvent aux prises avec des normes comptables et des règlements imposés par la bureaucratie.

Sur le fond, ces méthodes visent à renforcer l'efficience des systèmes de formation ou de santé, ce qui est, en soi, un objectif louable. Dans les faits, on peut douter des résultats obtenus lorsque l'on voit le gâchis auquel peut conduire ce mode de gouvernance. Faut-il rappeler les taux très importants de « décrochage scolaire» qui frappent les jeunes dans nos sociétés ? Est-il besoin d'insister sur les files d'attente qui perdurent dans les urgences des hôpitaux? Les gouvernements, à chaque élection, promettent pourtant de régler rapidement ces difficultés... Il est donc clair que la gestion bureaucratique n'est pas la bonne approche des problèmes.

Les choses sont encore plus catastrophiques lorsque il s'agit de la politique d'un Etat. On sait maintenant que la crise mondiale grave qui a débuté par la récession de l'économie des Etats-Unis d'Amérique en décembre 2007, a, pour partie, son origine dans les mauvaises décisions du Président Bush. Selon l'économiste Joseph E. Stiglitz (voir « Le triomphe de la cupidité », J.E. Stiglitz, Editions Babel, France, 2010, pages 84-85) : « Malgré la montée des pertes d'emplois, malgré une baisse de 24% du Dow Jones depuis janvier 2008, le président Bush et ses conseillers ne cessaient de répéter que la situation n'était pas aussi mauvaise qu'elle en avait l'air. Dans un discours prononcé le 10 octobre 2008, Bush précisa : « Nous savons quels sont les problèmes, nous avons les outils qu'il faut pour les résoudre, et nous travaillons vite » ». Il est certain que les origines de cette crise mondiale sont multiples et que le président Bush ne peut être considéré comme le seul responsable. Néanmoins, le feu vert qu'il a donné aux différents acteurs par son attitude insouciante a contribué grandement à aggraver la situation. La non prise en compte des signaux annonciateurs de la crise, comme, par exemple, les difficultés que subissaient les citoyens, notamment en matière de crédits immobiliers, a beaucoup favorisé la récession.

Que faire alors ? Il me semble que les problèmes doivent être abordés dans un premier temps « par le bas », c'est à dire au niveau des acteurs en cause. En matière de formation, ceux-ci sont les enseignants et les apprenants. Ce serait donc d'abord à eux de fixer les objectifs en matière de pédagogie et de diplôme. Les gestionnaires devraient ensuite prendre le relais afin de mettre en place la réglementation et les ressources propres à permettre l'atteinte de ces objectifs. Pour la Santé, ce sont d'abord les médecins et les infirmières et infirmiers qui devraient déterminer les objectifs. Les services administratifs et de gestions prendraient ensuite le relais pour réaliser ces objectifs. D'une façon générale, il me semble que les gestionnaires doivent être au service des acteurs de la profession et pas l'inverse comme on l'observe malheureusement trop souvent dans les sociétés dites « modernes ». Viendrait-il à l'esprit d'un fabricant d'avion de confier la réalisation des plans d'un appareil au service de gestion de l'entreprise plutôt qu'aux ingénieurs et techniciens ?

L'influence de l'administration doit être constamment modérée par le poids attribué aux acteurs du terrain en mettant en place, dans la gestion des projets, une composante auto gestionnaire non négligeable.