samedi 27 février 2010

A propos des droits de scolarité universitaire au Québec

Je voudrais relever ce qui me paraît etre une faille dans le raisonnement des tenants de l'augmentation des droits de scolarite universitaire. En shématisant, leur raisonnement est le suivant :

Le Québec fait partie des sociétés les plus imposées en Amerique du nord. En conséquence, on ne peut pas envisager le financement des universités par une augmentation des impots. Il faut donc "aller chercher l'argent dans les poches des étudiants" et donc, augmenter les droits de scolarité. Cette facon de penser sous-entend que les étudiants constituent une classe de la population qui est solvable et qui possède donc des revenus en propre. Or, le rôle d'un étudiant universitaire est d'étudier et non pas de gagner sa vie. Préparer un diplôme est une activité à temps plein. Donc, l'accroissement des droits de scolarité ne peut, en réalite, que ponctionner un peu plus les finances des familles qui doivent financer les études de leurs enfants. Augmenter les droits de scolarité serait donc équivalent à une augmentation des impots des familles québecoises. Autrement dit, les deux approches conduiraient aux mêmes effets pour les familles et l'augmentation des droits de scolarité ne peut être considérée comme une solution si l'on veut conserver la pression fiscale sur les familles au niveau actuel.

mercredi 24 février 2010

A propos de l'Institut Victor-Hugo

Le journal “Le Monde” du 21-22 février 2010 consacre plusieurs articles à la mise en place par le Gouvernement français d’un nouvel instrument dans le domaine culturel, l’Institut Victor-Hugo. Il s’agit, en réalité, de rassembler les plus de 150 “Centres et Instituts culturels français” sous une bannière unique à l’image du “Goethe Institut” des allemands ou de “l’Institut Cervantes” espagnol ou encore du “British Council” de Grande-Bretagne. Dans le même temps, on connait les difficultés financières de la France, celles-ci conduisant à des réductions importantes des moyens consacrés à l’action culturelle. C’est ainsi qu’environ un tiers des Centres culturels et Instituts français ont été fermés depuis l’an 2000. Ces difficultés financières n’affectent pas la seule France. Bien des pays connaissent aujourd’hui des déficits importants dans leur budget. Les exemples récents de la Grèce, de l’Espagne, des Etats-Unis d’Amérique etc sont là pour en attester. Etant donné que le nouvel Institut Victor-Hugo a comme ambition de faire rayonner, non seulement la culture française, mais aussi la culture francophone en général (dont celle des pays du Sud notamment), il nous semblerait normal que ce nouvel instrument ne soit pas seulement supporté par la République française mais par l’ensemble de la Francophonie politique. Celle-ci, rappelons le, rassemble aujourd’hui 56 pays parmi lesquels des pays développés et des pays en émergence. Un certain nombre d’outils existent déjà. Ils ont été mis en place par différents pays et Gouvernements francophones parmi lesquels on peut citer, sans être exhaustif, la France, la Belgique, le Canada et le Québec, etc. Ces éléments pourraient être renforcés et étendus par leur mutualisation. Je pense, outre les Centres culturels et Instituts, aux Lycées français, aux Alliances françaises, aux Départements d’études québécoises, aux Département universitaires d’études françaises, aux Filières universitaires francophones et aux Instituts de la Francophonie gérés par l’AUF, à certaines bourses de mobilités francophones etc…
Les ressources financières, actuellement insuffisantes, se trouveraient multipliées par la mutualisation et des ressources supplémentaires pourraient même être trouvées. Il suffirait, par exemple, que chaque Etat ou Gouvernement membre de l’OIF contribue à l’Organisation, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui puisque seuls quelques pays du Nord le font.

lundi 22 février 2010

La dialectique diversité-identité dans le contexte de la mondialisation

La diversité est une donnée intrinsèque à la nature et à l’être humain en particulier. On note régulièrement dans les médias la crainte de la disparition des espèces animales et végétales, des langues, des cultures etc…. A l'initiative du Président de la République Française, monsieur Jacques Chirac, une conférence internationale réunit à Paris en janvier 2005, responsables politiques et experts scientifiques. La capitale française accueillit en grande pompe, au siège de l'Unesco, les participants venus débattre autour du thème «Biodiversité : science et gouvernance». Le voeu officiel de cette manifestation, porté par Jacques Chirac, est de faire en sorte que la science se traduise vite en gouvernance. Cependant, il est très rare que les médias fassent état de la création simultanément d’une certaine diversité. La mesure de la création simultanée de nouveaux éléments de cette diversité devrait aussi constituer une phase du traitement raisonné de la question. Faute de procéder à cette double mesure, les décideurs risquent de baser leur action sur un socle peu réaliste et en déduire des politiques inefficaces. Il n’est pas fréquent, par exemple, de noter que la disparition de langues se produit en même temps que l’apparition de nouvelles langues, de nouveaux moyens d’expression (argots des banlieux, languages spécifiques des SMS, des courriels, apparition de nouveaux créoles (globish, spanglish,…). De même, dans la nature, de nouveaux virus font leur apparition, des espèces mutent. Les mutations spontanées, généralement rares et aléatoires, constituent la principale source de diversité génétique, le moteur de l'évolution.…. La diversité existe également au plan sociologique : les conflits ethniques ou religieux qui menacent le monde contemporain, peuvent aussi être interprétés comme des manifestations de résistance des êtres humains aux supposées tentatives d’hégémonie de tel ou tel autre groupe culturel ou religieux. La question de la place de l’individu dans la société fait aussi apparaître des différences évidentes de point de vue. La question importante me semble plutôt relever de l’établissement d’un certain équilibre entre la disparition et l’apparition des éléments caractéristiques de la diversité mondiale. Il est certain qu’atténuer la vitesse de disparition de la biodiversité est une façon efficace de maintenir la diversité. De façon plus générale, la diversité est une donnée de base de notre monde. Elle est présente aux plans ethnique et linguistique, environnemental, philosophique, institutionnel, économique, culturel, sociologique, etc. Toutes ces constatations, si elles ne viennent pas faire disparaître totalement la menace de disparition de la diversité dans le monde, m’apparaissent comme des témoignages de l’importance fondamentale de la diversité pour la nature et pour les humains.

En conséquence, définir l’identité d’un humain ou d’une collectivité humaine comme unique ou déterminée de façon univoque, nous apparaît comme une erreur fondamentale.
Il est d’ailleurs tout aussi erroné de vouloir bâtir le monde sur le modèle d’un système politique unique qui serait la démocratie occidentale. L’uniformité en cette matière ne fonctionne pas comme le prouve toute l’histoire du monde contemporain et notamment les tentatives de copier, dans pays anciennement colonisés, le modèle démocratique occidental. Dans ce domaine, la diversité est aussi une nécessité. La France, elle-même, au travers des adaptations rendues possibles par la réglementation instituée au profit des collectivités territoriales, permet d’introduire une certaine dose de diversité au sein de l’unité de la République. Le débat récent qui précèda la consultation sur l’évolution statutaire dans certains Départements d’Outre-mer (Martinique, Guyane,…) est un témoignage de cette évolution.
En outre, la mondialisation accélérée dans laquelle la planète se trouve actuellement ne peut que catalyser la formation de ces identités multiples ou plurielles qui sont, naturellement, celle des êtres humains.
Les politiciens contemporains ne semblent pas encore avoir intégré cette donnée dans leurs programmes. Ainsi, il est clair que tout projet politique qui aujourd’hui serait fondé sur une simple définition univoque de l’identité me semble voué à l’échec. Le problème de l’intégration des émigrés et, notamment des musulmans, au sein des communautés fondées sur d’autres religions est un exercice délicat. Le communautarisme qui juxtapose les identités, tout comme son opposé, l’assimilationnisme qui vise à fondre les identités en une seule sont condamnés à l’échec. La premiere approche, parce qu’elle créee des « murs identitaires » qui ne permettent pas la création d’une identité commune plurielle, la seconde approche, elle, nie les identités particulières pour imposer une identité étrangère… L’identité plurielle doit pouvoir être choisie librement par les individus et, pour cela, ceux-ci doivent être placés dans un environnement qui permet, à tous les égards (politique, sociologique, culturel, religieux,…), une certaine liberté de choix. Il est clair que le réglage fin de cette liberté est complexe. En effet, le « curseur de la liberté» ne peut être poussé trop loin sous peine de déboucher sur le communautarisme, ni pas assez loin sous peine de ne permettre que l’assimilation…

mardi 16 février 2010

Valeurs et sociétés

Les commentateurs de Radio-Canada évoquaient, ce 16 février en matinée, la relative clémence de la justice canadienne dans la condamnation du financier Earl Jones. En réponse à ce commentaire, certains juristes indiquaient que cette condamnation est pourtant bien conforme aux textes de lois canadiens et que, pour pouvoir renforcer la peine dans ce genre d'affaire il serait necéssaire de changer la loi. La législation d’un pays est le reflet de la société qui la promulgue. Elle est donc la conséquence des valeurs portées par cette société. Dès lors, faut-il s'étonner de la clémence relative de la justice dans ces affaires financières alors que l'argent a été érigé en valeur fondamentale?. Plus encore, dans nos sociétés occidentales les valeurs humanistes (intéret général, solidarité, tolérance,....), étaient portées par des groupements humains (partis politiques, syndicats, religions,...) qui ont tous dépéris et qui, aujourd hui, se trouvent généralement en difficulté comme le prouve la désaffection des syndicats et des églises, l’abstention électorale,… Le désinterêt général pour les valeurs humanistes et le repli sur l'individualisme et, notamment sur la réussite financière individuelle, va de pair avec le désengagement dans la promotion des valeurs collectives dans nos sociétés. Remettre à la mode les valeurs humanistes, ne pourraît se faire qu'en redonnant aux gens le goût de l'engagement dans des regroupements porteurs de ces valeurs. Ces regroupements étaient souhaités à une époque où les individus avaient besoin de s’unir pour faire face aux attaques dont ils étaient victimes de la part des “ennemis de classe” qui dirigeaient alors les sociétés. Le capitalisme a, pendant une période de quelques dizaines d’années, donné aux gens le sentiment que la réussite individuelle était possible et donc, que le recours au ciel ou aux regroupements défensifs n’était plus utile, ce qui peut expliquer leur étiolement. Aujourd’hui cependant, les situations socio-économiques notamment, des individus se trouvent remises en cause par les “coups de boutoirs” de la mondialisation. Ces dégradations ont pour noms : chomage, attaques contre les systèmes de retraites, contre les systèmes de santé, contre les systèmes éducatifs,…. Il me semble que le temps de nouvelles prises de conscience autour de la necéssité de l’union des êtres humains n’est plus très éloigné.

samedi 13 février 2010

Ouverture des JO de Vancouver

La belle cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Vancouver du 12 février m’inspire les quelques réflexions suivantes :

- La grande diversité quant à la taille des délégations d’athlètes (depuis un seul pour certaines délégations jusqu’à plus de deux cent pour d’autres) me semble introduire un certain déséquilibre au moment où sera fait le bilan traditionnel des médailles par pays. On ne peut certainement pas accorder le même poids à x médailles obtenues par une forte délégation par rapport à la situation qui verrait ces mêmes médailles acquises par une petite délégation d’athlètes. Ne serait-il pas plus normal de diviser le nombre de médailles par le nombre d’athlètes présents ou par un chiffre représentatif de la population ?

- Le contenu “culturel” de la cérémonie m’a semblé faire référence que très partiellement à l’histoire et à l’avenir du Canada. En effet, en dehors du rappel de l’existence des premières nations, il n’y eu pas grande évocation sur le reste de l’histoire de cette nation. Les peuples fondateurs du Canada et la nation québécoise, elle même pourtant reconnue officiellement, n’a pas été mentionnée. L’histoire du Canada ne peut se limiter à la seule période des premières nations, surtout lorsque l’on connaît le peu de cas qui a été accordé par la suite à ces mêmes premières nations…. Il aurait sans doute été plus judicieux de limiter la cérémonie à l’évocation artistique des saisons et des beautés naturelles du pays. Le symbole des quatre totems accueillants le monde pourrait paraître un peu anachronique lorsque l’on se réfère à la période de la colonisation de l’Amérique du nord par les européens.

- La question linguistique ne me semble pas avoir été traitée équitablement même si des efforts ont été faits pour introduire un peu de français. Je n’ai noté qu’un chant de variété en français alors que tous les autres le furent en anglais. Les interventions orales étaient quasiment toutes en anglais sous-titrées en français.

vendredi 12 février 2010

Bilan de la Consultation en Martinique

Le resultat négatif de la consultation du 10 janvier en Martinique, relativement à une évolution du statut de ces Départements d’Outre-mer vers un peu plus d’autonomie, est la conséquence de trois faits principaux :

- il est d'abord dû à la peur de la population que soit remis en cause les avantages sociaux obtenus dans la cadre de la départementalisation. Les transferts financiers opérés par la métropole ont, en outre, l'effet de favoriser l'assistanat de toute une partie de la population pour qui, il est souvent plus profitable de percevoir les aides de l'Etat plutôt que de se mettre au travail.

- la seconde raison me paraît être liée a l'incapacité des politiciens a favoriser la prise de responsabilité des martiniquais. Les Présidents du Conseil général et du Conseil regional notamment, n'ont pas su mettre en place une relève alors qu'eux mêmes sont en place depuis longtemps et sont en âge de prendre leur retraite.

- Enfin, la campagne, tant pour le oui que pour le non, a été d'une grande confusion. Pour schématiser on peut dire que les partisans du non refusaient tout changement de statut tout en promettant la "troisieme voie vers l'autonomie" pour plus tard. Les partisans du oui eux, prônaient le changement de statut tout en affirmant qu'ils ne voulaient rien perdre des avantages actuels.

Identité nationale France

Ce débat est à mon avis dépassé. En effet, quelle valeur accorder à une telle discussion alors même que les nations sont pratiquement toutes engagées dans des processus d’intégration au sein d’ensembles supra-nationaux? La France notamment, est maintenant bien insérée dans la construction de l’Union Européenne et l’on connait les conséquences, souvent décriées, des abandons de souveraineté qui s’en suivent. Cette insertion progressive des nations au sein d’ensemble plus vastes est une donnée historique qui concerne quasiment la totalité des pays du monde contemporain. Citons, sans prétendre être exhaustif, l’Union Africaine, l’Accord de Libre Échange Nord Américain, l’Union des Républiques Arabes, l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est, etc… Parallèlement à ces mouvements intégrationnistes, la mondialisation produit un renforcement des flux migratoires essentiellement des pays les plus pauvres vers les plus riches. Ces mouvements viennent à leur tour affaiblir les identités nationales en renforçant les pôles culturels au sein des pays. Le phénomène de « différentiation » des communautés culturelles émigrantes au sein des pays d’accueil leur pose aujourd’hui de plus en plus de problèmes, d’autant plus que par ailleurs, ils traversent souvent une crise économique plus ou moins sévère. Le « mal des banlieues » en France, le grand déballage auquel ont donné lieu les audiences publiques de la Commission mise en place par le Gouvernement du Québec afin d’établir un rapport sur la question des « accommodements raisonnables » (sorte de compromis réglementaire destiné à adapter le droit québécois à la demande spécifique d’un membre d’une communauté culturelle), le renforcement des protections aux frontières du Sud des USA ou aux frontières de l’Union européenne, l’affaire des caricatures de Mahomet au Danemark, les refus français et néerlandais du Traité constitutionnel européen… Tous ces exemples témoignent des conséquences de cette différenciation.

Tout cela me conduit à penser que les problèmes contemporains sont de nature plus culturelle qu’identitaire. Bien entendu, ces deux aspects, identitaire et culturel, sont très liés mais en traitant la question sous l’angle de la culture on risque moins la crispation et le réflexe de « défense identitaire ». Il me semble d’ailleurs significatif que l’UNESCO ait adopté, le 21 octobre 2005, par 146 voix sur 154 présents, la « Convention internationale sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles ». Ce document stipule que les États et Gouvernements des pays signataires se doivent de mettre en place toutes les dispositions susceptibles de permettre à leurs propres cultures de continuer à se développer. Ils doivent simultanément se garder de renforcer les « murs identitaires » et ne pas oublier, comme l’écrit Joëlle Farchy dans le Journal « Le Monde » en date du 29 mai 2007 que « chaque individu est porteur d’identités multiples qui ne peuvent être réductibles à l’identité nationale… De plus, les identités collectives sont mouvantes ; en France, pas plus qu’ailleurs, il n’y a de valeurs établies une fois pour toute dans lesquelles chaque nouvel arrivant est sommé de se fondre. Grâce à un processus d’échanges interactifs, les identités évoluent. Le vrai défi est de parvenir à un juste équilibre, afin de respecter les identités existantes, et de leur permettre de s’enrichir par l’ouverture aux autres cultures du monde ». Le vrai défi de notre temps réside dans la découverte d’approches, aussi consensuelles que possible, susceptibles de permettre de donner une existence concrète à la diversité culturelle qui concerne la totalité de notre monde contemporain.

L’examen de la question à cet éclairage doit conduire à détecter les valeurs qui solidifient et valorisent non pas directement notre identité nationale mais plutôt notre identité culturelle. Celle-ci se fonde notamment sur la langue française et elle devrait être mieux considérée par les responsables et décideurs. Son abandon quasi systématique au bénéfice de l’anglo-américain, tel qu’il est trop souvent prôné au nom d’une soi-disant efficacité, devrait être remplacé par sa valorisation dans l’enseignement, la recherche et dans le monde du travail principalement. N’oublions pas que la langue est aussi un facteur d’intégration culturelle et que la France, ainsi que tout l’espace francophone mondial, pourrait s’appuyer sur elle pour mettre en place un environnement culturel, social et économique plus harmonieux. Promouvoir le français ne doit pas être perçu comme une déclaration de guerre aux autres langues, mais bien comme une reconnaissance de l’égalité entre les langues du monde, chaque pays mettant en place non seulement les moyens de faire rayonner sa propre langue mais aussi de développer l’apprentissage d’autres langues du monde d’intérêt pour lui. Nous avons nous-même démontré mathématiquement[1], qu’un processus d’apprentissage ouvert aux langues du monde et ne privilégiant pas la seule langue anglaise, pouvait permettre aux êtres humains de communiquer dans une langue partagée avec une probabilité de l’ordre de 80%. D’une façon plus générale, toutes les industries de la culture et de la communication devraient être mises à profit pour favoriser la diffusion de la langue et de la culture. La télévision et le cinéma sont sur ce plan deux outils clés à ne pas négliger. Compte-tenu des coûts afférents, il serait opportun de mutualiser ceux-ci en rassemblant les ressources des pays francophones autour de projets culturels et linguistiques communs. La Francophonie politique devrait s’emparer de cette question avec détermination. La diversité culturelle est, en effet, une réalité tangible de l’ensemble francophone mondial (200 millions de locuteurs environ; le français est la langue officielle de 32 États; le français est la 9e langue la plus utilisée dans le monde; le français est la 2è langue la plus apprise dans le monde (85 millions d'apprenants); le français est la seule langue, avec l'anglais, parlée sur les 5 continents; la Francophonie politique est une organisation politique multilatérale qui rassemble aujourd’hui 70 États et Gouvernements dont 56 comme membres à part entière et 14 en tant qu'États observateurs).

Bien entendu, la diversité culturelle devrait être mieux valorisée sur le territoire français lui-même. Cette question a déjà fait l’objet de larges débats au plan national et tout ce qui va dans le sens d’un renforcement de la prise en compte de cette diversité nationale doit être encouragé. Je voudrais cependant aborder ici un aspect particulier de cette question relative à la place des populations françaises des outre-mers au sein de la Francophonie. En considérant les Départements d’outre-mer (Martinique, Guadeloupe, Guyane, Réunion), les Collectivités d’outre-mer (Mayotte, Polynésie française, Saint-Pierre et Miquelon, Wallis et Futuna), la Nouvelle-Calédonie et les Terres australes et antarctiques françaises, ce sont environ 2 300 000 personnes qui sont concernées. Ces territoires se singularisent de la métropole tant par leur situation géographique excentrée, que par leur peuplement. Ce sont des laboratoires exemplaires de la diversité culturelle et linguistique. Comme l’écrit Dominique Wolton (« L’autre mondialisation », Ed. Flammarion, 2003) en page 123 : « Si ces outre-mers n’existaient pas, on rêverait qu’ils puissent exister. Ils existent, et la France au lieu d’en être fière, oscille entre la culpabilité de l’ancienne puissance coloniale et la sympathie pour ces racines mondiales ». Actuellement, ces communautés francophones ne jouissent d’aucune ou d’une très faible visibilité en France, mais aussi en Francophonie. Or, leur statut particulier devrait, selon moi, être valorisé au sein de l’espace francophone, espace qui revendique haut et fort la mise en application de la diversité culturelle et linguistique. Nous pensons que la présence de la France au sein des institutions de la Francophonie pourrait bénéficier de l’apport de représentants de ces collectivités d’outre-mer. La Francophonie a pourtant déjà procédé à la reconnaissance de telles spécificités en permettant au Canada d’être accompagné du Québec et du Nouveau-Brunswick.



[1] JP Asselin de Beauville, Un modèle probabiliste simple pour le multilinguisme, 78è Congrès de l’ACFAS, Université de Montréal (Québec-Canada), 10-14 mai 2010.