mercredi 7 décembre 2011

Quel fédéralisme pour l'Union européenne?


Le second discours, dit de Toulon, prononcé 1er décembre par le Président français Nicolas Sarkozy se veut un programme pour sauver l'Euro et résoudre, de façon plus ou moins définitive, la question des dettes publiques de l'Union Européenne (UE). En fait, et cela commence aujourd'hui à être une idée répandue, la solution passe par plus d'intégration des Etats au sein de l'UE. Si les marchés financiers ont tant de prise sur les conditions d'emprunt des pays de l'UE c'est, en grande partie, à cause du peu de solidarité qui existe entre ces pays. Au lieu de présenter un front commun, d'être solidaires, ces Etats se présentent en ordre dispersé face aux attaques répétées des spéculateurs. La meilleure preuve que la situation économique d'un pays est peu en cause dans les raisons de ces attaques, c'est l'observation des récentes difficultés de l'Allemagne à emprunter sur les marchés financiers. Aucun membre de l'UE ne sera épargné tant qu'il restera une ouverture pour le profit des spéculateurs de la finance internationale.

Dans ces conditions, il est urgent de solidifier l'Union, de la mettre en position de force face aux attaques dont ses membres sont l'objet. La seule et unique voie pour le faire est de renforcer le fédéralisme de l'Union. Mais il faut être conscient qu'il n'existe pas une voie unique pour le faire. Le fédéralisme actuel est basé sur un gouvernement européen intergouvernemental qui impose l'unanimité des votes pour pouvoir adopter une décision importante. C'est un "fédéralisme faible" qui a montré ses limites dans la crise actuelle. A l'autre extrémité de l'échelle figurerait un "fédéralisme fort" qui serait caractérisé par un gouvernement fédéral européen issu du suffrage universel des nations de l'UE. C'est un fédéralisme du type de celui des Etats Unis d'Amérique. Visiblement ce type de fédéralisme fait peur a beaucoup d'Européens qui craignent d'y perdre leur identité et une part de leur souveraineté... Sur le plan des principes, on voit mal comment il serait possible de construire l'UE sans effectuer des transferts de souveraineté des Etats membres vers la structure gouvernementale européenne. Il ne s'agit pas de « perte de souveraineté », comme on l'entend dire trop souvent, mais bien de transfert de souveraineté. Dans ce dernier cas, il n'y a donc pas de perte mais simplement un transfert vers des responsables placés au niveau de l'Union.

La voie tracée par Nicolas Sarkozy dans son récent discours se situe entre ces deux extrêmes. C'est un "fédéralisme intergouvernemental" dans lequel les décisions ne requièrent plus l'unanimité mais seulement une majorité qualifiée au sein de « l'Intergouvernement ». C'est une voie originale qui semble permettre de gagner sur les deux tableaux : chaque membre de l'UE conserverait son identité en continuant notamment à élire en son sein un responsable politique au plus haut niveau (President de la République, Chancelière,...) pour le représenter et d'autre part, la solidarité entre les membres de l'Union serait renforcée en efficacité par le fait que les décisions de gouvernement serait votées à la simple majorité qualifiée. Il n'en demeure pas moins un problème de taille dans cette approche originale : quelle serait la voix de l'Europe ? Qui serait mandaté pour parler au nom de l'UE ? Le President Sarkozy n'a malheureusement rien dit à ce sujet. Peut-on continuer à utiliser un mécanisme tournant de présidence comme cela est actuellement le cas ? Cette façon de faire semble diminuer le poids de l'Union, sa capacité à se faire entendre. Il me semble qu'une possibilité serait d'élire au suffrage universel, pour une durée conséquente ( 4 ans par exemple), un Président de l'Union, désigné par l'ensemble des citoyens de l'UE et choisi parmi les membres de « l'Intergouvernement ». Des mécanismes appropriés feraient en sorte que cette élection tienne compte des poids démographiques respectifs des pays membres et assureraient une rotation obligatoire, de sorte qu'un pays qui quitterait la présidence de l'Union ne pourrait pas être réélu immédiatement pour plus d'un mandat. Il est, en tous cas urgent que les dirigeants de l'UE s'accordent sur la façon de renforcer la solidité de l'Union afin de pouvoir, enfin, se pencher sur les vrais problèmes des citoyens européens que sont le chômage (celui des jeunes notamment), le pouvoir d'achat, l'éducation, la santé, la culture et les langues....

vendredi 25 novembre 2011

Naissance d'une nouvelle forme de démocratie?


La démocratie occidentale, dite « représentative », est en bien piteux état. C'est un constat que chacun peut faire sans difficulté. Quelques exemples : dans l'Union Européenne, le tandem Sarkozy-Merkel s'arroge, sans en avoir été démocratiquement chargé, la direction de la lutte contre la crise de la dette au mépris des autres Etats de l'Union et des instances européennes; en Russie le tandem Poutine-Medvedev s'attribue en alternance les rôles de Premier ministre et de President, élections après élections; en Grèce les élus du peuple se font cracher dessus à chacune de leur apparition publique; partout dans le monde dit « libre », les taux d'abstention aux différentes élections battent des records; partout la représentativité des partis politiques est en chute libre... Dans les pays les moins riches, la situation de la démocratie est encore plus périlleuse avec, notamment, des chefs d'Etat qui accaparent le pouvoir à vie au profit de leur clan...

Dans le même temps, on observe une montée en puissance des grands mouvements citoyens qui semblent avoir trouvé un moyen d'intervention efficace sur la politique de leur pays, en descendant dans les rues et en manifestant jusqu'à la satisfaction de leurs souhaits. Les récentes révoltes dans le monde arabe en sont une illustration remarquable. On le constate ainsi en Egypte où, après avoir chassé le President Moubarak, et après avoir connu une période d'accalmie, les Egyptiens sont aujourd'hui de nouveau sur la Place Tahrir pour réclamer, cette fois, le départ du pouvoir des militaires, estimant n'avoir pas encore obtenus satisfaction sur les questions essentielles qui ont motivées leur révolte.

Le mouvement transnational des « Indignés » en est un autre exemple. La rue est devenue le lieu privilégié de l'expression citoyenne. La côte des politiciens, telle que révélée par les sondages d'opinion, n'a jamais été aussi basse partout dans les démocraties occidentales.

Souvenons nous : dans la Grèce antique, vers le VIè siècle avant Jésus Christ, les Athéniens créent la « démocratie directe » en permettant la discussion des lois par le peuple sur la place publique, sur « l'Agora ». A Athènes, toutes les décisions politiques étaient prises par la majorité simple dans des assemblées nombreuses jusqu'à plusieurs milliers de citoyens après un débat de quelques heures. C'était une démocratie d'assemblée et non pas parlementaire. Ainsi le rôle de la parole était très important, non

seulement pour discuter les lois, mais aussi au tribunal pour se défendre. Tout devait être publié, oralement ou par écrit. Les assemblées n'étaient pas seulement des organes de décision, mais un forum où un grand nombre de questions étaient portées à la connaissance du plus grand nombre possible de citoyens. Quand les travaux étaient terminés, les discussion se poursuivait à l'Agora et dans les boutiques populaires. l'Agora, édifiée au nord-ouest de l'Acropole, constituait le centre administratif, religieux et commercial de la cité.
La démocratie athénienne était aussi caractérisée par une absence de parti politique.

Imaginons : si demain les responsables politiques faisaient preuve de maturité en acceptant, sans la réprimer dans le sang (comme on peut le voir aujourd'hui, par exemple, en Syrie), l'expression politique des citoyens par des rassemblements de masse dans l'espace public, n'aurions nous pas retrouvé là une forme de démocratie directe ? Cette « nouvelle démocratie » pourrait d'ailleurs, avec profit, être accompagnée de la fin des privilèges exorbitants accordés aujourd'hui aux responsables politiques. En d'autres termes, les politiciens actuels seront-ils assez mûrs pour accepter de perdre une grande partie de leur pouvoir et des avantages qui s'en suivent pour redonner la parole au peuple? Ils peuvent, c'est sûr, se détourner de cette perspective et poursuivre sur la lignée actuelle mais alors, ils prendront le risque d'une remise en cause brutale de leurs prérogatives... Peut-être que nous aurions là un moyen de redonner confiance aux citoyens tout en régénérant la vie politique en lui insufflant un nouveau dynamisme puisé directement à la source du peuple.

lundi 21 novembre 2011

L'indignation... et après ?

Indignez vous! Indignez vous!... Le mot d'ordre fleurit presque partout depuis quelque temps. Certes, il est la manifestation d'une saine révolte contre des situations qui sont souvent injustes, inéquitables, et difficiles a tolérer pour la masse des personnes les moins bien nanties. Cependant, il apparait que ce mot d'ordre ne peut en aucun cas être le mot de la fin. Une fois l'indignation exprimée, et même pendant que cette révolte s'exprime, il faut déjà penser à la phase suivante qui, logiquement, doit envisagée la prise du pouvoir, puis de la reconstruction d'une société plus juste sur la base d'un programme minimal. Faute de cette anticipation il est à craindre de voir le mouvement des citoyens aboutir au mieux à la déliquescence et au pire à l'affrontement interne...

Les exemples récents des révolutions arabes montrent bien qu'une fois tombé le pouvoir en place, le plus difficile reste à faire. Imaginer la suite des choses reste beaucoup plus problématique et nécessite d'avoir avancé sur au moins deux aspects : celui de la mise en place d'une organisation structurée et démocratique pour pouvoir agir efficacement. L'autre point étant l'écriture d'un programme minimal de gouvernement susceptible de rassembler et de répondre aux critiques les plus criantes du mouvement des citoyens... Faute de remplir ces deux points, il est a craindre que l'indignation des peuples ne débouche que sur une crise encore plus grave qu'auparavant.

La question du programme minimal me semble moins difficile qu'il ne pourrait y paraitre a première vue. Il faut que ce programme rétablisse de la justice et de l'équité et qu'il puisse redonner l'espoir a ceux, de plus en plus nombreux, qui sont aujourd'hui désespérés.

Il faut d'abord que la confiance en la politique et en ceux qui la font soit rétablie. Pour cela, il faudrait cesser de considérer la politique comme un métier, lucratif de surcroit. Il faut que les représentants élus ne soient plus politiciens à temps plein, mais qu'ils demeurent actifs dans la vie professionnelle et qu'ils soient simplement déchargés partiellement d'une partie de leurs obligations professionnelles pour pouvoir s'adonner à leurs activités politiques. Leurs revenus ne seraient donc pas différents de ceux qui travaillent dans les mêmes conditions. On devra interdire le cumul des mandats pour permettre au plus grand nombre de citoyens de s'impliquer dans la vie politique. Il est nécessaire d'en finir avec les professionnels de la politique. Il faut laisser la place aux amateurs! L'exemple du sport professionnel qui a été complètement pourri et dévoyé par l'argent devrait pouvoir servir d'exemple...

La culture et la formation des personnes doivent redevenir des priorités et être accessibles au plus grand nombre, ce qui suppose que les frais de scolarité soient réduits, que le système éducatif soit mis en avant au sein des programmes de gouvernement, et que les artistes et les artisants de la culture soient soutenus.

La santé aussi est un domaine qui ne supporte pas d'être négligé. La sécurité sociale devra être offerte à tous et, en priorité, aux moins riches. Le système de santé devra devenir efficace et susceptible de permettre la prévention et pas seulement l'urgence.

Le programme devra également établir un barème plus juste de l'impôt qui soit vraiment progressif et qui taxe proportionnellement les revenus. Il faut cesser de permettre que les plus riches soient moins imposés, en pourcentage, que les plus faibles. Il faudrait aussi prévoir deux limites, inférieure et supérieure, de revenu par personne à ne pas dépasser. Dans notre chronique du 15 juin 2010, nous évoquions la limite supérieure de dix fois le revenu minimum permettant de vivre décemment.

Il faut aussi mettre un terme au pouvoir des spéculateurs financiers en taxant de façon progressive les transactions financières. Il faut redonner aux banques leur rôle social en leur interdisant d'exploiter les plus faibles et en donnant tous les avantages aux plus riches.

Il faut protéger l'emploi local en taxant les différentiels de coût de revient des produits issus de l'extérieur de la zone concernée (Union Européenne par exemple).

Ce programme minimal me semble pouvoir rassembler facilement une majorité de citoyens mais il demeure la question cruciale de savoir quelle organisation pourra porter ce programme pour pouvoir ensuite le mettre en œuvre ?

mardi 15 novembre 2011

Sur les revenus au Québec


On note régulièrement dans les médias du Québec, que les cadres se plaignent de leur déclassement en terme de revenu (salaires ou honoraires) par rapport au reste du Canada ou aux Etats-unis d'Amériques.

Est-il, pour autant, légitime d'aligner les salaires et les honoraires québécois sur ceux les plus élevés d'Amérique du nord? L'argument des tenants de cette thèse tient en une phrase : si on ne le fait pas les meilleurs des cadres québécois iront travailler ailleurs et seront donc perdus pour le Québec. En fait, ce raisonnement peut produire un effet pervers qui, d'ailleurs est déjà perceptible ici ou là. En effet, cette façon de faire a plus de chance d'attirer aux postes de responsabilités les personnes les plus vénales et non les plus engagées. Par exemple, un scientifique passionné par son sujet d'étude travaille rarement pour l'argent mais plus pour le plaisir et l'intérêt de faire aboutir son étude. Il en va souvent de même pour un médecin ou pour un enseignant.... Bien entendu, il faut percevoir des revenus convenables pour vivre à l'abri du besoin mais il n'est point besoin de faire miroiter des revenus extravagants pour intéresser les personnes à leur travail. Le faire, c'est contribuer à donner le pouvoir aux moins motivés aux vénaux, aux cupides, et apparaît donc comme une approche contre productive!

Il n'en reste pas moins vrai que les cadres font souvent entendre leur voix au travers de leurs ordres professionnels ou de leurs syndicats pour réclamer une amélioration de leurs revenus. Ce fut le cas, par exemple, récemment pour les médecins, pour les procureurs?... Il se pourrait que cette observation soit en relation avec l'activisme des personnes les plus vénales qui s'emparent des postes de responsabilités de façon à mieux faire valoir leurs idées... On peut d'ailleurs constater que les effets de cette dérive se font déjà sentir au travers, par exemple, de la question des frais de scolarité universitaires au Québec. Il est étonnant, qu'alors que les responsables universitaires réclament l'augmentation de ces frais afin de combler le déficit budgétaire de leur établissement, il est étonnant de constater que ces mêmes responsables s'octroient des salaires de maharadja ( de l'ordre de 300 000 à 600 000 dollars pour un recteur) en prétextant que cela est nécessaire face à la concurrence des autres universités d'Amérique du nord. Proposer à ces cadres des salaires plus décents aurait peut être permis de recruter sur ces postes des personnes plus motivées par leur engagement au service des étudiants et donc moins portées à réclamer l'augmentation des droits de scolarité...

Un autre effet pervers de cette cupidité ambiante, effet dont on parle très peu dans les universités, est celui qui résulte du montant élevé des droits d'inscription imposé aux étudiants. Cette façon de faire tend à transformer les étudiants en clients de l'université. En conséquence, il devient très difficile pour les enseignants de noter objectivement le travail de leurs étudiants, ceux-ci s'estimant, compte tenu des sommes engagées, en droit d'obtenir leur diplôme. Cette attitude est d'ailleurs renforcée par l'administration universitaire pour qui, perdre un étudiant se traduit en perte financière directe. C'est pourquoi il n'est pas rare de voir l'administration universitaire intervenir auprès des enseignants pour qu'ils remontent leur note de façon à éviter l'échec des étudiants les plus faibles...

Tout cela montre qu'il n'est pas bon de baser le développement sur la cupidité ou la vénalité des personnes, il vaut toujours mieux faire appel à des valeurs plus constructives, plus humanistes, comme la générosité, l'altruisme, la solidarité, la soif de connaissance....

jeudi 10 novembre 2011

L'Allemagne et l'euro


La crise financière de l'euro a révélé plusieurs problèmes liés au gouvernement et surtout à la structure politique et économique de l'Union européenne (UE). Parmi ceux-ci, il apparait désormais flagrant que les égoïsmes nationaux sont une source majeure d'enlisement de cette crise. Les marchés financiers l'ont bien compris et ils spéculent sans vergogne sur cette faiblesse de l'Union. Après avoir attaqué l'Irlande, le Portugal, l'Espagne, La Grèce, voici venu le tour de l'Italie, en attendant la France et la suite.... Il est maintenant évident que l'Union ne pourra pas faire face a ces spéculateurs de façon efficace tant qu'elle ne leur opposera pas un front uni. La solution est pourtant connue : il faut que la Banque centrale européenne (BCE) puisse racheter la dette des Etats de l'Union, ce à quoi s'oppose l'Allemagne jusqu'à présent pour des motifs purement nationaux. Mieux encore, la fusion de toutes les dettes de l'UE en une seule serait un signal évident de la solidarité interne à la zone Euro qui serait susceptible de freiner l'ardeur des spéculateurs.

En fait, l'UE fonctionne sur le principe des vases communicants : pour que certains pays fassent des excédents (Allemagne par exemple) il faut que d'autres pays de l'Union se retrouvent en déficit (Espagne, Italie, France par exemple). Les premiers sont les créditeurs de l'Union, tandis que les autres en sont les débiteurs. L'Allemagne ne voulant pas enregistrer de déficit, elle condamne les autres pays de la zone à ne pas faire d'excédents, sauf à le faire par rapport aux autres pays du monde. La position de force de l'Allemagne (meilleure note des agences de notation) lui permet de contrôler la BCE. Faisant peu de cas des difficultés des autres pays de l'Union, l'Allemagne s'entête à vouloir demeurer la « première de la classe » quitte à entrainer l'Union, et au delà le reste du monde dans une spirale incontrôlable et infernale. Cette attitude risque d'être couteuse à ce pays à long terme. En effet, il doit sa richesse en grande partie à ses échanges avec les membres de l'Union. Il ne serait, dès lors, pas étonnant qu'un jour les pays qui ont souffert des attaques des spéculateurs à cause du blocage opéré par l'Allemagne à la question du rachat de la dette par la BCE, que ces pays fassent payer aux entreprises allemandes cette attitude peu solidaire. Les membres de l'Union devrait toujours avoir en mémoire que la construction européenne entraine des droits mais aussi des devoirs. Une telle union ne peut se faire au seul profit d'un seul pays et au détriment de tous les autres. Pour pouvoir aller plus loin il est non seulement important, mais déterminant, que la solidarité inter gouvernementale prenne le pas sur les attitudes frileuses de défense des seuls intérêts nationaux. Il y va de la survie de l'UE, y compris de celle de l'Allemagne.

mardi 8 novembre 2011

Quel moteur pour le développement humain?


Nous vivons actuellement une crise mondiale dont les commentateurs s'accordent généralement pour en attribuer la cause à la cupidité humaine. Cette dernière est en grande partie la conséquence de l'abandon par les humains des valeurs morales traditionnelles qui étaient, généralement, transmises par l'école, la religion, l'éducation des parents et par diverses organisations (syndicats, partis politiques, associations...). Aujourd'hui le nouveau Dieu devant lequel s'agenouillent les humains est universel et se nomme l'argent. La finance mondiale a pris le dessus sur l'économie, sur la politique, l 'administration et sur le monde... La mondialisation des échanges et la déréglementation mises en place par la plupart des gouvernements néo libéraux ont conduit à donner le pouvoir aux spéculateurs financiers de tous genres.

Sortir des difficultés que nous vivons en ce moment avec la crise de l'Euro, les immenses déficits budgétaires de nombreux pays, la crise mondiale de la dette, l'augmentation du chômage et, singulièrement, de celui des jeunes, l'absence de grands projets à l'échelle des nations et au-delà, l'absence de vision pour l'avenir de notre planète, la raréfaction des ressources naturelles, les changements climatiques, la pollution environnementale …. résoudre ces graves problèmes qui affectent aujourd'hui notre monde, demandera, à coup sûr, la mobilisation de beaucoup d'énergie, l'appui de tous, en un mot un immense effort de solidarité entre les humains. Cette concentration des efforts au service de la sauvegarde de notre environnement, au profit de la résolution de problèmes qui nous paraissent, souvent à tort, éloignés de nos difficultés de vie quotidienne, ne pourra pas se faire à partir de la seule argumentation en faveur de l'enrichissement personnel. Il a fallut beaucoup plus à nos ancêtres pour bâtir les cathédrales, les pyramides d'Egypte ou pour mener à bien les révolutions industrielles ou pour détruire l'ordre établi et mettre en place des régimes socialistes... C'est de foi dont il s'est d'abord agit, de foi religieuse. La Foi chrétienne, par exemple, a permis de construire Notre-Dame de Paris comme un grand vaisseau orienté vers l’Est, côté où le soleil se lève. La cathédrale est aussi en forme de croix pour rappeler celle du Christ qui sauve les hommes et les rassemble tous. Le roi Louis VII, l’Église, les notables de la ville et le peuple tout entier ont participé : les uns offrant de l’argent, les autres leur travail, leur savoir-faire. La première pierre fut posée en 1163 et la construction dura de nombreuses décennies. Autre exemple, le complexe pyramidal de Khéops est marqué par un savoir-faire et une qualité d'exécution remarquable. D'après les calculs de l'égyptologue Iowerth E. S. Edwards, sa construction a nécessité approximativement 2 300 000 pierres, pesant en moyenne 2,5 tonnes. Cela représente un travail considérable. Il a été avancé que ce chantier aurait fait travailler des équipes de 30 000 hommes, à rotation « quadrimestrielle », pendant une vingtaine d'années. Selon l'abbé Jean-Constant-François Delaplanche, auteur de l’ouvrage Le Pèlerin. Voyage en Égypte, en Palestine, en Syrie, à Smyrne et à Constantinople, 1875 : “Sans la foi dans l'immortalité, l'orgueil de l'homme n'aurait jamais conçu la pensée d'un travail si gigantesque”. Il a fallut aussi beaucoup de détermination, de courage et de conviction aux révolutionnaires du 20e siècle, que ce soit en Russie, en Algérie ou à Cuba...On pourrait facilement multiplier les exemples de ce type.

Tout ce passé témoigne de la nécessité de la foi en l'être humain. Même à travers un Dieu, c'est de l'Homme dont il s'agit puisque, selon la Genèse par exemple, Dieu est crée à l'image de l'Homme... On perçoit bien aujourd'hui que rien ne sera possible sans un minimum de solidarité entre les humains. Les grands problèmes de notre planète sont transnationaux : qu'il s'agisse de pollution, de climat, de développement, de ressources naturelles, de migrations,... Rien ne peut être résolu à l'échelle d'une seule nation. L'espérance en un monde meilleur ne peut se baser que sur un espoir de solidarité humaine, une tendance inverse à l'affirmation des égoïsmes nationaux à courtes vues qui tend à s'afficher de plus en plus partout. Il faut changer le monde, il faut cesser de laisser croître l'écart entre les riches et les pauvres, il faut cesser de laminer les classes moyennes, il faut arrêter le gaspillage des ressources naturelles, il faut adopter un nouveau paradigme de développement en choisissant le développement durable, il faut redonner aux Etats et Gouvernements le pouvoir de réguler la finance mondiale, il faut établir l'équité entre les hommes et les femmes,...

Comment pourrons-nous mener à bien un tel calendrier de réforme sans union entre les humains? Le vieil adage selon lequel « l'union fait la force » reste toujours d'actualité. Pour pouvoir se rapprocher les humains doivent retrouver deux qualités indispensables :

  • la foi en eux-mêmes, celle qui permet de formuler des grands projets, des projets impossibles à réaliser par une personne seule;

  • la solidarité entre les humains, celle qui, seule, permet la réalisation de grands projets car elle décuple les énergies disponibles.

Sans cela, il est à craindre que les égoïsmes se développant, notre monde ne finisse par s'écrouler sous les effets des forces divergentes qui déjà sont à l'oeuvre... Bien entendu, il faudra aussi se garder d'un autre écueil : l'intégrisme, cette déviation de la foi qui peut mener les êtres humains à se combattre au nom d'un Dieu ou d'un dogme afin d'asservir ceux qui n'appartiennent pas à la classe des élus...

Les grandes coalitions humaines qui, par le passé, ont pris différentes formes : syndicats, partis politiques, églises, religions, groupes révolutionnaires,... sont les ancêtres des rassemblements contemporains ou à venir, de ceux qui se manifestent déjà lors des soulèvements dans le monde arabe, des manifestations altermondialistes, ou des « Indignés », ou encore des mouvements écologistes...

mardi 4 octobre 2011

Le gouvernement de la rumeur


Pas un jour ne se passe sans que les médias nous ressassent à satiété l'état des marchés dans le monde. Les indicateurs associés à ces derniers fluctuent sans cesse. Un jour ils sont à la hausse et le lendemain c'est la panique sur les marchés, ils sont en chute libre. Le « yoyo boursier » ne semble obéir qu'à une seule et unique cause : la rumeur. Des rumeurs indiquent que la zone Euro va imploser et voilà les marchés en folie... On a même vu cet été une fiction politique parue dans le journal français « Le Monde » provoquer l'affolement des bourses à la suite de la transformation en rumeur, par les médias internationaux, du contenu de cette nouvelle qui relatait les supposées difficultés d'une grande banque française...

Si l'on se penche sur le problème de la Grèce, on observe que, depuis plusieurs mois, voire depuis plus longtemps encore, chaque jour les médias nous prédisent le pire : la Grèce va faire défaut, elle va sortir de l'Euro, l'Union Européenne va éclater, l'Euro va disparaître.... Et pourtant rien de cela n'est encore arrivé. Mais les marchés, eux, continuent sans fin à s'alarmer de la moindre rumeur jour après jour....

Cela devient usant pour le public et produit un effet de perte totale de crédibilité envers les soi-disants experts de la finance et de l'économie.

Pourtant qu'est ce qu'une rumeur ? Le petit Robert la défini comme "une nouvelle qui se répand dans le public" sans plus. Rien ne dit donc qu'une rumeur soit véridique ! C'est même la définition implicite de celle-ci de n'être pas validée. Autrement dit, les fameux marchés qui nous gouvernent et qui jouent un rôle si important dans notre vie (pensons par exemple à l'effet de la bourse sur le montant des retraites ou sur le fonctionnement des banques...) Ces marchés obéissent aveuglément à des rumeurs dont ils sont incapables de vérifier la validité... Le voilà le modèle néo libéral qui nous est donné en exemple par les experts de tous bords et par la plupart de nos responsables politiques. Il est consternant de constater qu'à une époque où l'information circule aussi facilement, où l'on dispose d'outils technologiques toujours plus performants pour traiter et analyser l'information, que nous soyons encore à ce stade infantile …

Est-il imaginable que notre vie quotidienne soit, à l'image des marchés, manipulée par la rumeur ? Ainsi, on apprendrait par la rumeur que notre voisin est un bandit et nous accepterions cette nouvelle sans plus de preuve ? Mais alors il serait facile d'imaginer dans quel état de délabrement, de confusion et de dérèglement serait placée notre vie quotidienne. La vie deviendrait impossible faute de cohérence dans les comportements de chacun. Nous ne serions pas loin d'un retour à l'âge de pierre, à une période de l'humanité où les connaissances étaient rares et où l'être humain était la proie des croyances venues de partout faute d'explications rationnelles. C'est pourtant ce qui, aujourd'hui au 21e siècle, nous est proposé comme mode de vie...

Il est temps d'en finir avec ce néo libéralisme dont la fonction essentielle, mais malheureusement pas toujours explicite, est de permettre l'enrichissement forcené de quelques uns au détriment de la plus grande masse de citoyens...

dimanche 25 septembre 2011

Quel avenir pour l'Agence universitaire de la Francophonie?


L'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) fête cette année le 50e anniversaire de sa naissance. Alors que 40 universités étaient présentes, en 1961, lors de la création de cette association à l'Université de Montréal, l'Agence universitaire rassemble aujourd'hui 779 établissement, soit près de 800 membres. Un simple calcul montre, qu'en moyenne, ce sont environ 16 établissements qui, chaque année, rejoignent ce réseau universitaire. L'AUF est devenue ainsi, au fil des ans, le plus grand réseau universitaire du monde et est présente sur les cinq continents dans 94 pays...

Comment expliquer la grande attractivité de l'Agence ? J'avancerai trois explications non exclusives :

  • Le « réseautage » universitaire Nord-Sud qui n'abandonne pas les établissements les plus démunis. Il est, en effet, rare de retrouver rassemblés dans un même réseau établissements universitaires les plus riches et les plus démunis;

  • L'approche humaniste et non marchande de la formation et de la recherche qui tranche de plus en plus avec la généralisation de l'approche mercantile de l'éducation. Aujourd'hui, même les universités publiques sont tentées par l'augmentation des droits d'inscription payés par les étudiants pour financer leur développement;

  • Le choix de la défense des langues et de la diversité linguistique. Une position qui se trouve en opposition avec la tendance actuelle qui privilégie la seule langue anglo-américaine pour la formation et la recherche.

Mais l'Agence me semble aujourd'hui située à un tournant de son histoire. En effet, la poursuite de sa croissance au rythme actuel va nécessiter des ressources supplémentaires afin d'assurer le bon fonctionnement du réseau. Des ressources financières bien entendu, mais aussi des ressources humaines. Un défaut sur ce plan risquerait de produire des désillusions auprès des membres, notamment auprès des nouveaux membres issus des pays n'appartenant pas à l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), tels que certains pays d'Amérique latine ou d'Asie. Ces pays ont, a priori, moins de préjugés favorables à la Francophonie et, risquent, de ce fait, d'adopter des positions moins conciliantes avec les institutions francophones. Il faudra aussi compter avec les établissements des pays riches qui cherchent, depuis longtemps déjà, à justifier leur appartenance à ce réseau par des résultats concrets. En cas d'échec sur cette question de la recherche de ressources supplémentaires il y aurait un risque de voir éclater « la bulle » en cours de constitution...

Les responsables actuels de l'Agence paraissent bien conscients de ce risque et ont mis en place des dispositifs de recherche de fonds supplémentaires. Il devient urgent de réussir car la crise économique ambiante vient accélérer encore la diminution des ressources existantes. Les subventions des traditionnels Etats et Gouvernements donateurs sont en diminution, entrainant des restrictions sur les programmes et sur les personnels.

Il existe heureusement des possibilités pour s'en sortir. Il nous semble qu'un minimum de solidarité entre les pays membres de la Francophonie (dont l'AUF est un opérateur) pourrait assez facilement venir à bout de la limite budgétaire. Une solidarité bien comprise devrait conduire les États et Gouvernements membres de l'OIF à tous cotiser, selon leur moyens, au Fonds multilatéral unique. Une implication plus solidaire des membres de la Francophonie débouchant, bien sûr, sur une influence accrue de cette organisation... Il faut savoir, en effet, que le budget annuel de l’OIF est alimentée à 82,5% par six Etats et gouvernement : la France (41,45%), le Canada (26%), la Belgique (6,52%), la Suisse (5,09%), le Québec (4,86%), et la Grèce (3,19%) alors que cette organisation regroupe 75 Etats et Gouvernements (56 membres et 19 observateurs). Cette situation est, en outre, nuisible à l’image d’une institution qui se veut multilatérale. Bien entendu, le contexte de crise économique mondiale qui règne actuellement n'est guère propice à des investissements de cette nature. Mais il faut considérer qu'il suffirait que chaque pays membre de l'OIF accepte d'abonder le Fonds multilatéral unique d'une somme modeste, en proportion avec son budget, pour que puisse être mis à disposition de l'AUF notamment une enveloppe budgétaire sensiblement augmentée. Comme dit le dicton, « ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières »... D'autre part, l'investissement dans l'éducation et la recherche est le seul dont on peut être sûr qu'il débouche sur une amélioration de l'avenir des peuples...

jeudi 22 septembre 2011

Quel taux de croissance viser?


Nous vivons aujourd'hui sous la dictature du « Taux de croissance ». En effet, la réussite et, souvent le bonheur, semblent se mesurer presque uniquement à partir de cet indicateur économique. Ce chiffre quantifie, en fait, l'évolution, en pourcentage du Produit intérieur brut (PIB) d'un pays, entre deux années successives. Un taux de croissance positif signifie donc une augmentation du PIB d'une année à l'autre. Le PIB, quand à lui, est une mesure de la valeur totale de la production interne de biens et services d'un pays donné, au cours d'une année, par des agents résidant à l'intérieur des frontières de ce pays.

Partant de ces définitions, il est clair qu'un taux de croissance positif indique que, d'une année à la suivante, la production interne du pays a augmentée. On peut dès lors, se poser la question de savoir pourquoi faut-il que ce taux soit systématiquement supérieur à 1% ou 2% pour faire le bonheur des économistes et des responsables politiques? Les taux de croissance faibles mesurés ou prévus actuellement dans la plupart des pays d'Europe, par exemple, sont systématiquement qualifiés de dramatiques par les commentateurs de tous bords...

Imaginons un pays où le plein emploi est à peu près atteint (taux de chômage inférieur à 5%). Imaginons de plus, que la démographie de ce pays soit stagnante avec un taux de fécondité des femmes qui assure tout juste le renouvellement de la population (cette situation est fréquente dans nombre de pays riches). Dans ces conditions, un taux de croissance nul devrait suffire à assurer le plein emploi de la population active puisque celle-ci est stable démographiquement. A fortiori, un taux de croissance de 1% ou 2% devrait satisfaire les responsables politiques. Or, il n'en est rien, puisque le monde continue à viser des taux de croissance supérieurs! Il est clair que la situation dégradée de l'emploi dans certains pays riches peut justifier ce souhait mais il devrait, me semble t-il, être accompagné de la perspective de diminuer ce taux, aussitôt que la situation de l'emploi aurait atteint un niveau acceptable. Il n'en est jamais ainsi dans les faits.

On est en droit de se demander quels sont les effets négatifs de cette façon de gérer les pays? J'en vois au moins trois :

  • Il y a d'abord le fait que le maintient d'un taux de croissance fort, à démographie constante, ne peut que susciter un appel à des travailleurs supplémentaires et donc à l'émigration. Or on connait aujourd'hui tous les problèmes suscités par une émigration mal maitrisée...

  • Il y a ensuite, le risque d'épuisement des ressources naturelles induit par cette augmentation sans fin de la production. On connait déjà ce problème dans bien des domaines : pétrole, minerais, eau...

  • Il y a, enfin, l'augmentation de la mondialisation entrainée par la surproduction de biens, qui implique la nécessaire exportation des surplus. On connait aujourd'hui tous les risques et difficultés crées par une mondialisation mal contrôlée avec, notamment, l'emprise de la finance internationale et le creusement de l'écart entre les riches et les pauvres par affaiblissement de la classe moyenne.

    Il est temps de prendre enfin des dispositions propres à mettre fin à cette façon de penser le développement, de cesser d'encourager la cupidité, et de tendre vers un développement plus harmonieux et plus durable. Si les taux de croissance forts sont nécessaires dans les pays en développement, ils ne paraissent plus justifiés dans les pays développés...

samedi 17 septembre 2011

Les conditions de la résolution de la crise Européenne


Pourquoi est-il si difficile de trouver une solution à la crise européenne ? Il est certain que le manque de solidarité au sein de l'Union Européenne (UE) n'est pas un facteur favorable à la résolution de la crise mais, il est aussi facile de constater que les fumeux marchés qui attaquent constamment l'euro, tout comme les fameuses agences de notation qui rendent la vie difficile aux Européens, se situent généralement en dehors de la zone euro.

Tout se passe donc comme si des forces maléfiques, externes à l'UE, s'étaient coalisées afin de tenter de faire éclater l'Union en spéculant bien sûr sur les mésententes qui règnent au sein de l'Union... Pour savoir quelles sont les forces qui manipulent les marchés dans ce sens, il faut chercher à qui profite le crime ? Il y a d'abord les Etats-Unis d'Amériques (EUA) qui traversent une crise sans précédent et qui ont tout intérêt à ne pas voir une Union Européenne florissante venir occuper les places qu'ils pourraient perdre du fait de leur faiblesse actuelle. On ne doit pas non plus oublier le Royaume-Uni qui n'a jamais vraiment cru en l'Europe et qui d'ailleurs, ne fait toujours pas partie de la zone Euro. Ce pays est, traditionnellement un allié fidèle des EUA.

Il y a enfin, les « ennemis de l'intérieur », les Européens qui n'ont jamais cru en la construction européenne et qui verrait d'un bon œil s'écrouler ce projet. Cette catégorie se caractérise surtout par un nationalisme fort et par le regret de voir les Etats abandonner leurs pouvoirs au profit d'une entité fédérale qui n'existe pas encore. Il est étonnant de constater que, ceux-là même qui craignent, par exemple, de voir la France abdiquer une partie de ses pouvoirs au profit de l'Europe, se préoccupent fort peu du transfert, déjà bien avancé, des prérogatives de l'Etat vers la finance internationale et vers les entreprises multinationales... Le Front National, en France, est un bon exemple de cette catégorie de personnes.

Ces constats montrent à quel point il est illusoire de penser que la solution de la crise européenne sera aisée. Pour aboutir à une stratégie efficace de résolution, il est impératif que l'unité se renforce au sein même de l'Union. C'est une condition nécessaire (mais non suffisante) pour réussir à contrer la coalition des ennemis de l'extérieur. Il est de la responsabilité des citoyens européens de peser sur leurs dirigeants afin qu'ils s'orientent vers plus de solidarité au sein de l'Union. Les alliés potentiels de l'UE que constituent les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) doivent eux-aussi jouer un rôle actif dans cette nécessaire prise de conscience des dirigeants européens. Ils n'ont en effet, aucun intérêt à se retrouver en situation de face à face avec la seule puissance des EUA s'ils veulent poursuivre leur développement de façon la plus harmonieuse et durable possible...

lundi 12 septembre 2011

La Grèce pire que l'Afrique?


Les responsables politiques, les médias et les commentateurs de toutes origines ne cessent d'entretenir la peur autour de l'éventualité d'une prochaine faillite de la Grèce. Parmi les raisons évoquées à l'origine de cette dégradation figure, en bonne place, la dette publique de ce pays qui s'élève à environ 153% de son PIB (soit approximativement 350 milliards d'euros). Une partie de la solution avancée par l'Union Européenne (UE) et par le Fonds Monétaire International (FMI) consiste à imposer à ce pays une cure d'austérité, de rigueur, sans précédent en vue d'abaisser le niveau de la dette jusqu'à un seuil acceptable (60% du PIB) dans un délai pas trop long.

Une mise en défaut de ce pays est généralement présentée comme une perspective insupportable. La restructuration de la dette grecque est envisagée comme une menace de désagrégation pour l'ensemble de l'UE. On semble même préférer un retrait de la Grèce de l'UE à un effacement partiel ou total de la dette de ce pays. Cette attitude est surprenante si l'on considère que cette approche a souvent été mise en œuvre, par les pays européens notamment, en faveur des pays d'Afrique en difficulté.

Faut il rappeler que l'accord de Londres, en juin 2005, effaçait purement et simplement la dette des 18 pays les plus pauvres du monde (environ 30 milliards d'euros). Le Bénin, le Burkina Faso, l’Ethiopie, le Ghana, Madagascar, le Mali, la Mauritanie, le Mozambique, le Niger, le Rwanda, le Sénégal, la Tanzanie, l’Ouganda et la Zambie furent du nombre des heureux élus... Cette décision historique fut prise par le G8 auquel appartiennent pourtant l'Allemagne, la France, Le Royaume-Uni et l'Italie, tous membres de l'UE... L'initiative « Pays Pauvres Très Endettés » (PPTE) vise à assister les pays les plus pauvres du monde en rendant leurs dettes internationales « soutenables ». Ce programme, lancé en 1996 à l'initiative de la Banque Mondiale et du FMI, concerne, en septembre 2006, 42 pays dont trois quarts sont situés en Afrique subsaharienne. Cette aide est évaluée à environ 50 milliards d'euros. En décembre 2009, la France annulait pour plus de 200 milliards de francs-CFA la dette de la Côte-d'Ivoire

tout en re échelonnant pour plus de 300 milliards de francs-CFA de cette même dette... Il serait possible de citer bien d'autres exemples d'allègement de la dette par des pays riches au profit des pays pauvres.

Ainsi, il serait acceptable pour les pays riches d'alléger le fardeau de la dette en faveur d'un pays pauvre et absolument inimaginable lorsqu'il s'agit de la Grèce, un pays membre de l'UE. On retrouve là une illustration du fameux dicton " le cordonnier est le plus mal chaussé"! Il semble bien, en réalité, que cette affaire soit simplement le reflet d'une volonté politique plus qu'un vrai problème économico-financier.

lundi 5 septembre 2011

Droits d'inscription universitaires des étudiants étrangers


Comment peut-on justifier le fait que les universités au Québec (et sans doute dans bien d'autres provinces canadiennes ou d'autres pays) réclament des droits d'inscription majorés aux étudiants étrangers par rapport à ceux réclamés aux canadiens ? Alors qu'un étudiant canadien paie des droits de scolarité d'environ 4000 dollars canadiens pour un an, un étudiant de nationalité étrangère qui s'inscrit dans une université du Québec paiera entre 12 000 et 15 000 dollars de droits d'inscription pour la même période. La charge supportée par les étudiants étrangers est donc de 3 à 4 fois supérieure à celle des étudiants du Québec...

Il est difficile de justifier cette différence par des considérations universitaires, puisque les cursus suivis par les étudiants étrangers sont les mêmes que ceux proposés aux étudiants nationaux. Les universités n'ont donc pas à subir de charges supplémentaires dues à ces étudiants qui viennent d'ailleurs. Sur un plan économique, c'est même l'inverse qui se produit puisqu'on estime qu'environ 10% des étudiants étrangers demeureront au Québec à l'issue de leur formation et viendront donc apporter leurs capacités de travail au Canada tout en contribuant à relever le défi démographique du Québec et du Canada. D'autre part, il est bien connu (voir par exemple le dossier du journal « Le Devoir » du samedi 3 et du dimanche 4 septembre 2011) que les étudiants qui retournent chez eux deviennent des "ambassadeurs" et concluent des partenariats avec des établissements de recherche ou des entreprises canadiennes. On peut aussi noter que ces étudiants contribuent, par leur présence, à l'internationalisation des universités canadiennes.

Dès lors, quelles justifications peut-on retenir à cette majoration des droits d'inscription ? Cette façon de faire introduit une différence discriminatoire entre les étudiants canadiens et les autres qui n'est pas saine et qui ne va pas dans le sens de l'internationalisation souhaitée pour les formations supérieures canadiennes. En outre, elle ne reconnaît pas l'apport positif de ces étudiants à leur nouveau milieu de vie. Enfin, elle est contraire au souhait formulé par les universités canadiennes d'accroitre leur rayonnement international...

Il faut, pour finir, noter que le Ministère de l'Education, du loisir et du sport du Québec signe déjà certaines ententes d'exemption de majoration des droits de scolarité universitaires avec des gouvernements étrangers (France par exemple). Cette situation ne fait donc qu'ajouter de la discrimination à une situation déjà différentiée... Il me paraît urgent d'aligner les droits d'inscription universitaires de tous les étudiants, d'où qu'ils viennent, sur les mêmes chiffres...

mardi 30 août 2011

Le droit d'inscription à l'université est-il un droit?

La dernière trouvaille des partisans de l'augmentation des droits d'inscription dans les universités en France consiste à tenter de justifier cette augmentation par la volonté de responsabilisation des étudiants. Les partisans de cette option s'appuient, en effet, sur la constatation selon laquelle, lorsque les études coutent plus cher, les étudiants seraient plus motivés à travailler, compte tenu de l'investissement réalisé par eux-mêmes ou par leurs parents. Les observations faites dans les pays qui pratiquent des droits d'inscription élevés, essentiellement les pays anglo-saxons, semblent bien corroborer cette hypothèse puisque le pourcentage d'une classe d'âge diplômée de l'université est plus élevé que dans les pays qui, comme la France par exemple, pratiquent des droits d'inscription peu élevés.

Je trouve qu'il y a plusieurs aspects gênants dans cette façon de raisonner :

Le premier est de donner, encore une fois, un rôle prépondérant, à l'argent pourtant déjà trop puissant dans nos société. Il me semble que cette approche n'est, ni pédagogique, ni morale. Il serait plus responsable, plus correct sur un plan éthique, de faire appel à d'autres arguments pour responsabiliser les étudiants et pour leur faire toucher du doigt l'intérêt des études supérieures. Il serait, par exemple, possible de leur indiquer l'importance cruciale des connaissances dans la formation de leur personnalité et pour le développement harmonieux de la société...

Le second aspect qui me dérange est que, souvent, lorsqu'on adopte des droits élevés, les étudiants ont alors tendance à devenir des clients de l'université. Ceux-ci, ayant payé chèrement leur droit d'entrée à l'université, s'estiment souvent en droit de recevoir leur diplôme a l'issue de leur formation quelque soit l'effort fourni. Cette façon de faire vient, en outre, modifier aussi le comportement de l'université elle-même qui tend à délivrer plus facilement ses diplômes afin d'avoir plus de « clients », ses ressources étant dépendantes de cette source de financement. Ceci peut s'observer, notamment, dans nombre d'universités anglo-saxonnes où l'on voit parfois les administrations universitaires et les étudiants faire pression sur le corps enseignant afin de délivrer les diplômes plus facilement...

Le troisième point qui me paraît important est que, si le droit d'inscription à l'université est un véritable droit, au sens étymologique du latin « directum » (ce qui est juste), alors il doit permettre une inscription facile des étudiants aux études supérieures et non leur barrer la route à ce type d'études...

Pour conclure, je pense qu'il faut maintenir les droits d'inscription à un bas niveau et, dans le même temps, responsabiliser les étudiants en pratiquant une sélection à l'entrée des formations. L'effort intellectuel que devront fournir les étudiants pour intégrer une formation devient une garantie de l'intérêt qu'ils porteront plus tard à leur cursus universitaire. C'est d'ailleurs ce qui est observé dans la plupart des filières sélectives en France. Il y aurait, en outre, là un moyen de mieux adapter les formations aux besoins de la société.

dimanche 28 août 2011

The future World Film Festival...


Il est régulièrement question dans les médias de l'anglicisation de plus en plus forte de la métropole québécoise qu'est Montréal. Cette question suscite régulièrement des polémiques alimentées, notamment, par la difficulté qu'il y a à quantifier précisément ce phénomène de développement de la langue anglaise. Je voudrais ici apporter une pierre à ce débat en me référant au 35e Festival des Films du Monde (FFM) qui s'est tenu à Montréal du 18 au 28 août 2011.

Je propose que le prochain FFM change de dénomination pour bien marquer sa tendance à devenir de plus en plus unilingue anglophone. Il pourrait désormais devenir The « World film festival » (WFF). Ce changement ne ferait qu'entériner la situation actuelle de ce festival, dans laquelle le français est quasiment réduit à la portion congrue. Je me suis livré à une simple statistique : sur les quelques 997 séances programmées dans le catalogue de ce festival, j'ai relevé 217 séances au cours desquelles étaient présenté un film en langue française ou un film sous-titré dans cette langue. Cela représente donc moins de 22% de l'ensemble des séances. Bien entendu, la très grande majorité des films sous-titrés le sont en anglais. Pour un festival bilingue français-anglais qui se tient dans un pays bilingue et dans une ville francophone, il me semble qu'un pourcentage minimum de 50% de séances en français serait justifié...

Compte tenu de cette tendance qui s'affirme toujours plus d'années en années, je pense qu'il devient ridicule de continuer à vouloir conserver une façade bilingue français-anglais à ce festival. Il serait plus économique de supprimer les interprètes bilingues pour les remplacer par des présentations dans la seule langue anglaise. Il est, en effet, sans fondement de faire des présentations en français et en anglais, alors que les films sont pratiquement tous sous-titrés dans la seule langue anglaise... La suppression totale du sous-titrage en français viendrait, en outre, renforcer les économies possibles. Il serait aussi possible de réaliser des économies substantielles sur la documentation associée en la rédigeant dans la seule langue anglaise... Cette façon de faire pourrait, en outre, attirer encore plus de spectateurs anglophones et augmenter les bénéfices escomptés par les organisateurs...

samedi 20 août 2011

Qui est ce Ionesco?


Le micro Theatre Laboratoire présente en ce moment une pièce intitulée « Qui est ce Ionesco? » (http://effetvinc.blogspot.com/).

Cette oeuvre de Richard Letendre est digne d'intérêt à plusieurs titres :

  • Son sujet est en soi déjà une raison de la voir. Ionesco est, en effet, un auteur dont l'accès n'est pas aisé. Cet écrivain français d'origine roumaine a, notamment, mis en avant l'absurde, rendant de ce fait même son œuvre un peu plus difficile. La vie de Ionesco est suffisamment mouvementée pour mériter qu'on s'y intéresse avec l'objectif d'y trouver quelques clés de lecture de son oeuvre. La pièce aborde bien cet aspect en questionnant de façon humoristique le passé de cet écrivain. Au travers d'une soi disant enquête policière, les acteurs revivent sur scène les angoisses de l'écrivain Ionesco...

  • La mise en scène de Thérèse Perreault est remarquable. Elle utilise très peu de ressources dans un theatre qui est, en réalité, une mercerie (Boutique « Rubans Boutons » sur la rue Saint-Hubert à Montréal) transformée en salle de spectacle minuscule. La bande sonore de Jean-Michel Rousseau est magnifique et sa synchronisation avec le jeu des acteurs est parfaite. Les trois acteurs (Hazine Poisson, Richard Letendre et Aliona Munteanu) sont excellents et leur jeu toujours très équilibré. Chacun d'entre eux opère dans un registre propre : Aliona est une soubrette vivifiante, Hazine une bourgeoise décalée, Richard un policier complexe... Quand au décor minimaliste il tient en un rideau et deux chaises qui jamais ne donne au spectateur l'impression de misère tant sa manipulation est astucieuse (Bravo pour le régisseur Alain Meilleur).

  • Le texte enfin, est d'une intelligence étonnante. Son auteur, Richard Letendre a réussi le tour de force de nous présenter Ionesco en nous le rendant attrayant. L'absurde s'intègre avec légèreté et humour dans le texte et le spectateur ne sort pas indemne de ce spectacle. Il ne peut en ressortir qu'avec l'envie impérieuse d'en savoir plus, de se plonger dans le theatre de Ionesco pour le découvrir ou le redécouvrir, pour l'approfondir et tenter de percer les mystères de son oeuvre.

  • Il y a enfin, l'admiration que l'on peut avoir pour l'auteur de cette pièce, Richard Letendre, un petit commerçant le jour qui se transforme, le soir, en auteur dramatique, en acteur, en gestionnaire de salle de spectacle....

Il serait beau et bien qu'un jour, comme le souhaite Richard Letendre, cette pièce puisse être jouée à Paris dans la salle du theatre de la Huchette où Ionesco a présenté plusieurs de ses œuvres...

Le thermomètre bancaire est-il fiable?


La bonne santé du système bancaire d'un pays peut-il être considéré comme un bon indicateur de l'état socio-économique d'un pays ? La question se pose car les médias et certains experts, insistent souvent sur la portée de ce paramètre, laissant planer le sous-entendu implicite que, si les banques vont bien alors le bonheur des citoyens est assuré.... Cette idée est d'ailleurs déjà bien ancrée dans les esprits au point que certains citoyens, pas particulièrement choyés par la vie, en arrivent à se réjouir des résultats affichés par le système bancaire de leur pays, en faisant même parfois une raison de fierté nationale...

Voyons de plus près ce qu'il en est. Il est, par exemple, admis par beaucoup que le Canada est un des rares pays où le système bancaire a bien résisté à la crise mondiale en cours. Il est vrai que la plupart des banques canadiennes ont continué à réaliser des profits et qu'elles n'ont pas eu, jusqu'à aujourd'hui, à être re capitalisées comme ce fut le cas aux Etats-unis d'Amérique notamment. Cependant, si l'on considère le service rendu par ces mêmes banques à leur clientèle, il n'est pas certain que cette bonne santé soit perceptible. En effet, par exemple, les taux offerts pour les placements des particuliers sont toujours très bas. Il est difficile de placer de l'argent, sans prendre trop de risque, à des taux d'intérêt supérieurs a 2%. Les frais bancaires perçus par ces établissements sont en augmentation constante et pire encore, frappent d'autant plus lourdement les clients que les revenus sont faibles.... A contrario, les taux d'intérêt prélevés par les banques sur les cartes de crédit sont toujours proches de l'usure au point que le Nouveau Parti Démocratique (NPD) pendant la dernière campagne pour les élections fédérales avait inscrit dans son programme la baisse de ces taux.... Autre exemple, la Caisse des Dépôts et Placements du Québec se réjouit du rendement de 3,6% qu'elle a obtenu cette année. Pendant ce temps les retraités québécois, eux, sont inquiets sur l'évolution de leur retraite qui est versée par cette Caisse et qui risque de se voir amputée. Il est clair que les logiques en présence sont différentes...

La bonne santé du système bancaire ne semble donc pas corrélée positivement avec l'état de santé général d'un pays. Si l'on s'en tient à l'exemple canadien, il est flagrant que le système de santé, le système éducatif, les infrastructures routières, les réseaux de transport en commun, les réseaux de transport des fluides .... Tous ces systèmes sont dans un grand état de délabrement contrairement au système bancaire. La corrélation dont on parlait plus haut serait donc plutôt négative que positive!

Si l'on considère le cas des Etats-unis-d'Amérique où les banques sont toutes puissantes et bénéficient du soutient constant de l'Etat fédéral au point que, lors de la faillite récente de certaines d'entre elles, elles reçurent le soutien de l'Etat tandis que, ce même Etat, laissait à l'abandon les citoyens les plus pauvres. Dans ce cas non plus le bon état du système bancaire ne peut être assimilé à la bonne santé du pays et on pourrait presque dire que c'est l'inverse qui se produit : le sauvetage des banques est obtenu au détriment de l'attention portée aux citoyens.

En Europe ou l'état du système bancaire est moins florissant qu'en Amérique du nord, on observe que les services publics, même s'ils sont affectés par la crise actuelle, continuent de mieux servir les citoyens au plan de la santé et de l'éducation notamment.

Il faut donc cesser de se réjouir du bon état du système bancaire d'un pays au risque d'oublier tout ce qui va mal. Il faut plutôt concentrer son attention sur l'état des services rendus aux citoyens qui me semble être la vraie mesure de la situation d'un pays. Lorsqu'un pays va mal, que ses citoyens s'appauvrissent majoritairement, pour quelles raisons son système bancaire irait-il bien ? Ne serait ce pas précisément la bonne santé de ce système qui serait la cause de l'appauvrissement d'une partie des citoyens ?

Le système bancaire devrait à mon avis refléter l'état de la société. Il ne peut être réjouissant de voir s'épanouir un système bancaire florissant au milieu d'un océan de misère...

vendredi 12 août 2011

La nouvelle utopie


Nous vivons dans un monde libéral qui cultive des paradoxes souvent invraisemblables. En effet, qui pourrait croire, qu'aujourd'hui, le monde est, en grande partie, dirigé par une entité impalpable, que personne ne peut appréhender avec exactitude et qui, de plus, reste impossible à situer. Cette entité a seulement un nom : le ou les marché(s). Le marché, au moins dans sa configuration financière, est responsable de notre bonheur, lorsqu'il nous permet de nous enrichir facilement et, de notre malheur lorsqu'il est responsable de notre appauvrissement, voire de notre ruine. Ce marché qui, est pourtant responsable d'une crise sans précédent, avec, notamment, l'envolée de la dette des Etats occidentaux, avec l'aggravation des déficits publics et de l'endettement personnel des citoyens, ce marché, nul ne peut le définir avec exactitude. Où en sont les responsables ? Qui peut-on blâmer ? Les responsables politiques se placent souvent à l'abri derrière ces fameux marchés qu'ils disent être incapables de réguler, de contrôler... Une simple « Agence de notation » peut déclencher, en dégradant la note d'un Etat, une chute des bourses que nul ne semble pouvoir maitriser... Mais quels sont les responsables de ces institutions ? Quels sont leurs objectifs ? Leurs statuts ? Nul ne le sait et nul ne peut mettre un nom ou un visage sur ces Agences qui n'ont aucune légitimité puisque non élues et, étant apparemment de statut privé.

Cette nouvelle utopie du marché me paraît au moins aussi nuisible, que les grandes utopies politiques du passé qui avaient pour noms : anarchie, socialisme, communisme.... Ces dernières étaient, en effet, circonscrites à un territoire géographique précis sur lequel elles exerçaient leur emprise. La mondialisation ne leur avait pas encore permis de s'étendre sur l'ensemble de la planète. De fait, les malheurs et les morts dont elles sont responsables étaient localisés et identifiables alors, qu'aujourd'hui, les millions de laissés pour compte, de pauvres, frappés par la crise sont situés partout, dans les pays riches comme dans les pays les moins développés. Les anciennes utopies étaient identifiables, elles étaient personnalisées par des responsables politiques connus contre lesquels la vindicte populaire pouvait s'exercer. Le « marché » lui, est anonyme et, nul visage ne vient le personnaliser. Le combattre est alors beaucoup plus compliqué car l'ennemi est invisible....

Il est quelque peu décevant de constater, qu'après toute l'histoire traversée par l'humanité, le seul système politico-économique qui se soit imposé, soit un système aussi peu performant, aussi peu structuré, aussi peu éthique que le marché... Ceux qui agissent dans le cadre de cette nouvelle utopie sont souvent des individus guidés par le seul appât du gain à court terme, du profit facile, au détriment de la plupart de leurs concitoyens. Tout se passe comme si le mal avait réussi à s'imposer face à l'intelligence des humains, comme si tous ces siècles d'expérience de l'humanité n'avaient abouti qu'à ramener l'être humain à son point de départ, celui où la survie imposait la domination du seul intérêt particulier. Nos ancêtres, cependant, avaient l'excuse de l'ignorance, de la nécessité d'assurer leur survie personnelle et celle du clan. Aujourd'hui, même la solidarité semble s'effacer au profit du seul intérêt individuel qui devient le moteur de toute action...

Il devient urgent de rétablir la solidarité humaine comme valeur fondamentale, faute de quoi nous nous enfoncerons dans une crise qui pourrait rapprocher l'humanité de sa fin...

lundi 1 août 2011

Pour une culture de la prévention, contre celle du gaspillage

Le récent effondrement qui s'est produit dans le tunnel Ville-Marie à Montréal vient, entre autres choses, rappeler aux Américains du nord l'impérieuse nécessité de développer la prévention dans tous les domaines. La conception, généralement en vogue dans cette partie de l'Amérique, selon laquelle un système performant d'intervention en urgence suffirait à régler les problèmes est prise en défaut régulièrement. Cette façon de penser est, par exemple, source de difficultés dans le domaine de la santé où les services d'urgence des hôpitaux sont constamment débordés par suite de la faiblesse de la médecine préventive. Ce dernier type d'intervention médicale requiert, en effet, une meilleure accessibilité au corps médical, ce qui n'est toujours pas le cas actuellement. Au Québec, par exemple, on évalue à environ deux millions de personnes le nombre de ceux qui n'ont pas de médecins de famille...

Le défaut de prévention est a l'oeuvre dans beaucoup d'autres champs. Ainsi, le réseau de distribution de l'eau potable à Montréal n'a pas été entretenu de façon régulière et doit, aujourd'hui, être remplacé presque en totalité, entrainant de gros problèmes de circulation automobile dans la ville. Il est légitime de penser que l'effondrement qui s'est produit dans le tunnel Ville-Marie aurait pu être évité si les services d'entretient des structures de circulation avait procédé à une maintenance régulière de la structure du tunnel... Cet accident se produit après une liste inquiétante d'évènements semblables : effondrement du Viaduc du Souvenir en 2000, effondrement du Viaduc de la Concorde en 2006, menaces d'effondrement de l'échangeur Turcot, des ponts Mercier et Champlain...

D'une façon plus générale, la mentalité des Américains du nord en matière de modèle de développement doit être révisée, voire révolutionnée. Le gaspillage à outrance qui est encore trop souvent pratiqué, doit être abandonné au profit de l'économie par l'appel à plus de prévention notamment. On ne peut plus continuer à perdre des quantités importantes d'eau potable dans les fuites du réseau de transport et à cause de l'absence de compteurs d'eau. Il n'est plus possible de continuer à dépenser sans compter l'électricité en la maintenant à un prix trop bas qui pousse les consommateurs à ne pas faire l'effort de l'économiser. On ne doit plus continuer à consommer l'essence à outrance en favorisant l'achat d'automobiles avec des moteurs très gourmands, en laissant tourner les moteurs à l'arrêt pendant des heures, comme on le voit trop souvent dans les rues de Montréal... On ne peut plus continuer à jeter la nourriture alors qu'elle est encore consommable. On ne peut plus saturer les poubelles d'emballages de plastiques, de cartons ou de papiers, fabriqués a partir de produits pétroliers ou de bois...

Même les interventions des pompiers et des policiers sont souvent « surdimensionnées », en effectifs et en matériels, par rapport aux évènements en cause. Il n'est, en effet, pas rare de voir un nombre important de camions de pompiers mobilisés à propos d'un incident minime, ou même plusieurs voitures de police déplacées pour un simple incident de circulation. Bien entendu, les moteurs des véhicules restent en marche en permanence...

En un mot, l'éducation à la prévention et à l'économie doit être encouragée pour, progressivement, faire diminuer la gabegie ambiante ainsi que pour améliorer le fonctionnement de la société en pratiquant moins souvent des interventions en urgence....

vendredi 29 juillet 2011

La culture plus que l'économie


Les récents évènements terroristes en Norvège viennent appuyer la thèse, souvent critiquée, selon laquelle la culture domine l'économie. En effet, la Norvège n'est pas un pays particulièrement frappé par la crise économique. Ce pays est riche, les revenus tirés des hydrocarbures lui assurant une prospérité durable, le taux de chômage y est faible et le climat social généralement paisible. La société norvégienne est assez égalitaire et est souvent considérée comme un bon modèle d'Etat-providence. La crise économique qui est souvent considérée comme une cause essentielle de la montée du terrorisme n'est donc pas en cause ici. D'ailleurs, ces évènements avaient été précédés d'autres du même type parmi lesquels on se souvient de « l'affaire des caricatures du prophète Mahomet » publiées, en septembre 2005, par le journal danois Jyllands-Posten. Ces publications avaient provoquées l'indignation des communautés musulmanes et ont été à l'origine de manifestations dans le monde, certaines en faveur de la liberté d'expression. Le projet de construction de minarets aux côtés des mosquées en Suisse en est un autre exemple. Les édifices islamiques, étant dénoncés comme une agression culturelle et politique insupportable sur les verts pâturages helvètes. On se souvient aussi de la polémique suscitée par le projet de construction d'un centre culturel islamique voisin de « Ground zero » à New-York...

Les raisons évoquées par l'auteur présumé des massacres d'Oslo et d'Utoya du 22 juillet dernier, sont le multiculturalisme et l'islamophobie, autrement dit l'émigration étrangère en Norvège.... Le nombre d'émigrants a, en effet, grimpé fortement au cours des dix dernières années pour atteindre, aujourd'hui, environ 10% de la population. Ce phénomène est à mettre en relation avec la montée des extrêmes droites dans les pays occidentaux. Le Tea-Party aux Etats-Unis d'Amérique, le Front National en France, le Freiheitliche Partei Osterreichs et son leader Jörg Haider en Autriche, le National Front et le British National Party au Royaume-Uni,... sont des exemples caractéristiques de cette tendance. La thèse du professeur Samuel Huntington qui s'appuie sur une description géopolitique du monde fondée non plus sur des clivages idéologiques « politiques », mais sur des oppositions culturelles plus floues, qu'il appelle « civilisationnelles », dans lesquelles le substrat religieux tient une place centrale, et sur leurs relations souvent conflictuelles, semble aujourd'hui retrouver une certaine crédibilité après avoir été très critiquée au cours des années 1990.

En fait, il me semble que la difficulté des cultures à coexister pacifiquement est devenue aujourd'hui un phénomène omniprésent. La « cohabitation culturelle », créée en grande partie par l'accélération de la mondialisation, produit des tensions sociales partout où elle existe et quel que soit le niveau de développement du pays. Ces tensions peuvent dégénérer en évènements plus ou moins violents sous l'effet de catalyseurs qui peuvent être d'origines diverses : montée du chômage et rejet de l'émigré désigné comme le bouc-émissaire, prétexte religieux tel un événement interprété comme méprisant par rapport à une communauté religieuse, projet de construction à caractère religieux,...

On ne doit jamais oublier la prépondérance de la culture sur l'économie, continuer à croire l'inverse risque de mener le monde dans l'impasse...

vendredi 22 juillet 2011

Contre les statistiques ethniques


Les statistiques ethniques se réinvitent dans le débat public en France : dix élus de banlieue, d’origine maghrébine et de tous bords politiques, veulent en tout cas les promouvoir. De retour des Etats-Unis d'Amérique, ils souhaitent importer ce qu’ils considèrent comme de bonnes pratiques pour lutter contre les discriminations.

Cette position me semble rétrograde pour plusieurs raisons :

- d'abord, ne va pas dans le sens de l'Histoire, celle d'une mondialisation toujours plus active qui devrait conduire le monde à devenir, à plus long terme, un véritable « melting pot », de plus en plus métissé, au sein duquel les personnes ne seront de moins en moins identifiables à partir de leurs caractéristiques physiques, mais plutôt par leur personnalité et leurs compétences.

- ensuite, cette façon de faire tend à faire le lit du communautarisme et du racisme, une approche qui ne s'est jamais montrée satisfaisante dans les pays où elle a été mise en oeuvre. Il suffit de considérer la situation au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis d'Amérique (EUA), pour se rendre compte que les personnes de couleur ont toujours un peu plus de difficultés que les blancs à s'intégrer, surtout au plan professionnel. Aux EUA, par exemple, les afro-américains sont toujours majoritaires dans les prisons....il ne semble pas que cette situation soit meilleure que celle observée dans un pays comme la France où ces statistiques ethniques ne sont pas permises...

- il faut enfin, souligner la subjectivité de cette approche. Dans un monde toujours plus métissé, il devient de plus en plus difficile de définir la classe ethnique d'appartenance d'un individu. Il est par exemple aussi absurde de considérer que le président Obama est un noir, que de le classer parmi les blancs....

La solution à la question des difficultés d'intégration des personnes issues de la diversité, comme on dit en France, n'est pas simple. A mon avis, la meilleure façon de l'aborder serait de commencer le traitement le plus tôt possible, soit au niveau de l'école primaire. Dès le plus jeune âge, les enfants en difficulté notamment, devrait être les plus soutenus. On sait que, généralement, la majorité de ces enfants sont issus de la diversité. En favorisant leur réussite scolaire et donc, leur accès aux études supérieures, on devrait faciliter leur insertion professionnelle ultérieure, une étape clé de l'intégration à la société.

Pour les personnes plus âgées, il faudrait faciliter l'acquisition d'une bonne formation professionnelle à l'aide d'un dispositif performant de formation permanente. Pour cela, il serait utile de recruter des formateurs plurilingues qui puissent mieux s'adapter aux différentes cultures de leurs apprenants et, ainsi, augmenter les chances de réussite de ces formations.

Il faut toujours se garder, face à une situation difficile, d'adopter des solutions simplistes qui ne mènent généralement à rien...

dimanche 17 juillet 2011

La dette en question


Une chose me dérange un peu dans le battage médiatique autour de la crise de la dette en Grèce et en Europe plus généralement. Lorsqu'on compare ce battage aux informations qui sont données, au moins en Amérique du nord, au sujet de l'endettement des Etats-Unis d'Amérique (EUA), on ne peut qu'être surpris du déséquilibre qui règne, de ce côté-ci de l'Atlantique, dans l'actualité médiatique.

S'agissant de L'Union européenne (UE), il ne se passe pas un jour sans qu'on nous annonce la fin de l'Union, la fin de l'euro et le pire des avenirs. Concernant les EUA, la crise semble se résumer à un simple problème de politique intérieure entre les Républicains et les Démocrates....

La réalité des choses me semble toute autre. Si l'endettement des EUA est moindre que celui de la Grèce, on ne doit pas oublier de comparer des données comparables. La Grèce fait partie de l'UE et sa dette (150% de son PIB) ne représente guère plus que 5% du PIB de l'Union, alors que la dette des EUA est de l'ordre de 95% de son PIB!

Autre différence : la Grèce est aidée par l'UE, dont elle est membre, sa dette est détenue principalement par les banques grecques et les banques européennes, tandis que la dette des EUA est supportée par ses principaux créanciers japonais, chinois, européens et arabes. Autrement dit, les EUA ne peuvent pas compter sur l'aide intérieure, ils sont dépendants de pays étrangers qui détiennent des réserves immenses de dollars, ce qui n'est pas le cas de la Grèce.

Il faut aussi noter, pour rendre les choses encore plus comparables, que la dette de l'ensemble des pays de l'UE s'élève à environ 80% du PIB de l'Union, ce qui encore reste inférieur à l'endettement des EUA.

Enfin, si la Grèce venait à faire défaut, les conséquences seraient bien moins graves que dans le cas des EUA qui plongeraient alors le monde dans une autre crise plus grave encore que la dernière....

Il serait bon que les commentateurs, de ce coté de l'Atlantique, intègrent toutes ces données afin d'informer exactement les gens sur les vrais problèmes de notre monde contemporain.