dimanche 16 décembre 2012

Le Sommet sur l'éducation supérieure au Québec : vers un nouveau modèle de société?


A tous ceux qui demandent pourquoi l'éducation serait gratuite au Québec? A ceux qui affirment que ce n'est pas possible financièrement actuellement, il est facile de répondre ceci : pourquoi l'eau courante est-elle gratuite au Québec ? Pourquoi la collecte et le recyclage des eaux usagées au Québec sont-ils gratuits? Pourquoi l'utilisation des autoroutes est-elle gratuite au Québec?... Cela ne se fait pas systématiquement ailleurs. Derrière cette façon de faire, il y a, en fait, le choix d'un modèle de société...

Les Gouvernements successifs du Québec et du Canada ont choisi de privilégier la distribution de l'eau courante, la collecte des eaux usagées et l'usage des autoroutes en lieu et place de l'éducation des jeunes. S'il en est ainsi, cela signifie aussi qu'il pourrait en être autrement si la volonté politique de changer les choses se manifestait.

Le dernier budget annuel du Ministère de l'Education, des Loisirs et des Sports (MELS) dans le domaine de l'éducation supérieure atteint presque 6 milliards de dollars. La population active du Québec est d'environ 4 millions de personnes. Si l'on divise le budget du MELS par le nombre de personnes actives cela donnerait environ 1500 dollars par personne et par an. Cela signifie que si, chaque citoyen Québécois actif contribuait annuellement pour une somme de 1500 dollars alors l'éducation pourrait être gratuite au Québec. Cette somme peut sembler importante. Il faut cependant noter que ce n'est qu'un calcul sommaire qui ne tient pas compte d'éventuelles contributions de l'Etat Fédéral. D'autre part, elle ne prend pas en compte l'économie financière que font les citoyens en ne payant directement ni l'eau potable, ni l'usage des autoroutes...

Ainsi, chaque Québécois consomme quotidiennement environ 425 litres d'eau potable. Si l'on considère qu'en France par exemple, le prix moyen d'un mètre cube d'eau potable est d'environ 3,30 euros, soit un peu plus de 4 dollars canadiens, alors chaque Québécois économise quotidiennement environ 2 dollars (le prix d'un demi mètre cube d'eau) qui seraient dépensés pour son eau potable. Ramenée à une période de un an, on obtiendrait une économie de 2*365 = 730 dollars par personne. Si l'on prend en compte uniquement les 4 millions de personnes actives au Québec, l'économie serait de 730*4 000 000 = 2 920 000 000 dollars, soit environ 3 milliards de dollars... On constate donc qu'en considérant uniquement le paiement de la consommation d'eau potable et, en supposant que les recettes correspondantes soient réservées au financement de l'éducation supérieure, alors la contribution des citoyens du Québec au soutien financier de l'éducation supérieure serait diminuée de près de la moitié pour tomber à environ 750 dollars par citoyen actif. La prise en compte d'autres gratuités, telle l'usage des autoroutes pourrait venir diminuer encore cette somme.

Il est donc clair que cette question de l'accessibilité à l'éducation est avant tout un choix de société qui doit être fait par la population du Québec. Il est, d'autre part, évident que si le Sommet sur l'éducation supérieure qui s'ouvre actuellement au Québec ne devait pas déboucher sur un changement de modèle de société, cette réunion aurait été totalement inutile. D'une façon générale, il me semble que toute « grand messe » du genre « Etats-généraux », « Sommet »,... devrait déboucher, au minimum, sur une consultation des citoyens au sujet du modèle de société dans lequel ils vivent. Dans le cas contraire, ces réunions ne seraient que des dépenses inutiles d'autant plus condamnables qu'elles se situent en période de crise économique...

jeudi 18 octobre 2012

Les pièges de la popularité en politique


Des sondages récents en France et au Québec montrent un affaiblissement du soutien des citoyens aux gouvernement socialiste de François Hollande d'une part et, au gouvernement péquiste (Parti Québécois) de Pauline Marois d'autre part. On peut s'étonner de cette déception exprimée par les citoyens, si l'on considère les actions réalisées dans une période de temps plutôt courte dans les deux cas.

En France, il a fallut faire face à l'héritage de cinq année de « sarkozisme », autrement dit, de néo libéralisme à tous crins, qui a surtout favorisé les citoyens les plus riches. Dans le même temps, il a été nécessaire de gérer la grave crise qui affecte l'Union Européenne. Au Québec, il fallait corriger les dernières mesures du gouvernement du Parti Libéral du Québec de Jean Charest qui mettaient à mal le monde universitaire et la démocratie notamment.

Dans les deux cas, les nouveaux gouvernements ne paraissent pas avoir démérites. Le président Français a tenu tête à la chancelière Allemande en parvenant à faire inscrire la croissance à l'agenda du « Traité européen ». Il a ramené les pays d'Europe du sud parmi les acteurs de l'Union contrairement à Nicolas Sarkozy qui s'était rapproché de la seule Allemagne. Sur le plan intérieur, il a présenté un budget qui est, certes un budget de crise, mais qui pénalise plus les riches que les classes moyennes et pauvres. En politique étrangère il a redonné de la crédibilité à la France en Afrique notamment...
Au Québec, dès sa nomination le nouveau gouvernement a aboli l'augmentation des droits d'inscription universitaires qui avaient soulevé la population. Il a aussi mis fin a la loi spéciale qui affaiblissait la démocratie québécoise, il a modifié, enfin, la « taxe santé » qui frappait uniformément tous les citoyens, pour la rendre plus progressive donc plus juste …

Bref, dans les deux cas ces gouvernements paraissent avoir agit dans le bon sens et dans l'intérêt du plus grand nombre de citoyens. On ne peut guère, dans ces conditions, s'expliquer leur perte de popularité autrement que par un réflexe singulièrement égoïste des citoyens. Tout se passe comme si ceux-ci ne prenaient en compte que leur seul intérêt personnel et oubliaient totalement l'intérêt général. Si quelqu'un ne bénéficie pas d'une amélioration rapide de son seul sort, alors il manifeste son mécontentement quoique fasse le gouvernement par ailleurs... Il y a là un signe d'individualisme caractéristique de nos sociétés modernes. Chacun n'appréciant que son seul intérêt individuel et se désintéressant du sort de ses concitoyens et plus généralement d'autrui... La perte des valeurs qui fondent une société harmonieuse, à savoir la solidarité, la générosité et l'empathie à créée une société individualiste et égoïste qui risque d'avoir du mal à mobiliser les énergies nécessaires à sa remise en état...

Les gouvernements ne devraient pour autant pas se laisser influencer par cette attitude frileuse des peuples et continuer a faire prévaloir l'intérêt général avant ceux des particuliers tout en mettant en place les réformes susceptibles de redonner aux citoyens le sentiment qu'ils appartiennent à un ensemble de personnes non limité à eux seuls ou à leurs proches... Dans cette perspective, la réforme de l'école notamment, devrait jouer un rôle privilégié.

lundi 1 octobre 2012

Comment affaiblir la finance internationale ?


Les médias ne cessent de mettre en cause la responsabilité de la finance internationale dans la crise financière mondiale. Dans le même temps, on se rend compte quotidiennement de l'impuissance des responsables politiques face aux grands financiers ou aux puissances financières.

Il est aujourd'hui évident, pour la quasi totalité des experts et des observateurs, que la solution de cette crise passe par une meilleure maitrise des circuits de décision par les responsables politiques. A cet égard, la crise de la dette en Europe semble exemplaire. Cependant, il est à craindre que les lois et règlements demeurent relativement impuissants si le contexte économique ne change pas. En effet, la finance dispose de tels moyens d'action qu'elle est aujourd'hui en mesure d'influencer et d'orienter les décisions politiques. Elle dispose de nombreux leviers sur lesquels intervenir pour cela parmi lesquels : l'emploi et la bourse. Les entreprises sont, en effet, très souvent placées directement sous l'emprise des financiers et non plus des entrepreneurs. Cette situation offre ainsi aux puissances financières un levier d'action d'autant plus efficace que la plupart des pays sont aux prises avec un volume important de chômeurs. La bourse est également un moyen d'action important par lequel les grands financiers peuvent décider du sort des entreprises et même des gouvernements.

Qu'est-il donc possible de faire pour corriger cette situation ? La logique veut que si l'on diminue le capital dont dispose les financiers, il en résultera une perte de pouvoir de la finance internationale. Les gouvernements ont la possibilité de le faire en agissant notamment sur le niveau d'imposition des grandes fortunes et sur la taxation des transactions financières. Il est certain que la voie qui consiste à augmenter les prélèvements sur le capital, à percevoir des taxes sur les transactions financières, permettra de réduire d'autant les possibilités d'action des puissances de la finance. Donc, il ne faut pas craindre d'augmenter les impôts qui frappent les riches et le capital, bien au contraire lorsque leurs ressources financières seront revenues à un niveau plus normal ils perdront leur pouvoir de nuisance et les gouvernements retrouveront leur pouvoir d'agir...


jeudi 27 septembre 2012

Le droit de vote des Etrangers en France


La question du droit de vote des Etrangers aux élections locales vient de refaire surface dans l'actualité de la France. Cette question suscite de nombreux débats bien qu'il me semble qu'il y ait des questions plus importantes à traiter en matière de droit de vote. Sans être opposé sur le fond au droit de vote des étrangers, il est clair que cette proposition risque de soulever bien des problèmes alors que la France a d'autres urgences à régler en cette période de crise économique et de mise à mal du projet d'union européenne. L'adoption de ce droit de vote soulève, en effet, plusieurs difficultés :

Il serait nécessaire de réaliser une délicate révision constitutionnelle puisque ce droit est intimement lié à la citoyenneté française;
Elle pourrait entrainer la réclamation par la France d'un droit équivalent pour les citoyens Français qui résident à l'étranger, ce qui est loin d'être acquis;
Cette perspective fait craindre à certains de voir se développer des tendances communautaristes locales ou régionales sur le territoire de la République...

L'intégration des étrangers en France bénéficierait sans doute plus de l'amélioration de leur accès au marché de l'emploi et à celui du logement...

En matière d'élection, il me semble plus urgent de s'atteler à l'extension du droit de vote des citoyens européens résidant en France, pour leur permettre de participer pleinement aux élections françaises sans limitation aux seules élections locales. Cette possibilité contribuerait efficacement à l'intégration européenne, une question qui est aujourd'hui au centre de l'actualité...... Il est temps, en effet, d'accélérer la construction d'une Union européenne qui ne soit pas seulement un grand marché de consommation mais aussi le territoire d'une population solidaire, partageant des valeurs et des responsabilités communes...

mercredi 19 septembre 2012

Premiers pas mal assurés du Parti Québécois


Lors de la cérémonie d'assermentation des députés du Parti Québécois (PQ), le 17 septembre 2012, madame Pauline Marois, Première ministre du Gouvernement du Québec, a fait retiré provisoirement le drapeau canadien du Salon rouge du parlement québécois pour n'y conserver que le seul drapeau du Québec. On peut s'étonner de cette décision lorsque l'on sait qu'un crucifix figure en bonne place encore aujourd'hui à l'Assemblée nationale du Québec et ce, en dépit des prises de positions en faveur de la laïcité de ce parti. Mme Marois a même indiqué, lors d'une conférence de presse, donnée à Trois-Rivière le 14 août dernier, que ce symbole devait être maintenu parce qu'il est relié au patrimoine historique québécois.

Lors de cette même cérémonie d'assermentation, les députés ont prêté allégeance à...la reine d'Angleterre... alors que madame P. Marois indiquait, lors de sa conférence de presse du 14 août dernier, que les symboles monarchiques, qui font partie, avec la croix chrétienne, du décor du Salon bleu où siègent les députés, devront disparaître.


Voilà deux faits  symboliques signifiants qui auraient pu être contestés par le PQ mais qui auraient probablement demandé plus de courage et de détermination que le retrait temporaire du drapeau canadien. La contestation officielle de l'accrochage du crucifix aux murs de l'Assemblée nationale ainsi que celle de l'allégeance à la reine d'Angleterre auraient, en outre, eu l'avantage de placer le PQ en accord avec ses propres positions.

Il est clair que le PQ ne pourra pas satisfaire ses partisans sur le long terme avec des actions qui frisent la facilité. Il faudra bien à un moment ou un autre que ce parti présente à son électorat des actions non factices et en accord avec son programme électoral...

samedi 15 septembre 2012

Vers quelle Fédération européenne ?


L'affaire des exilés fiscaux qui quittent la France vers la Belgique ou vers d'autres destinations avec l'exemple le plus récent du grand patron français Bernard Arnault, vient à point pour mettre l'accent, une fois de plus, sur la nécessité et l'urgence d'accélérer l'intégration européenne. La fuite des citoyens les plus riches vers les pays d'Europe avantageux au plan fiscal serait freinée si l'Europe avait mis en place une harmonisation des systèmes fiscaux nationaux. Il est clair que ce qui est bon au plan financier, pour les banques notamment, a tout lieu d'être vrai dans bien d'autres domaines : fiscal, social, culturel, …

Il serait opportun de profiter de la crise financière récente, et des solutions mises en place pour faire avancer l'intégration européenne, pour s'intéresser à d'autres domaines essentiels à une vie harmonieuse des citoyens européens. Il est, de plus en plus souvent, question de construire l'Europe comme une fédération d'Etats-nations. Certes, l'idée même de fédération européenne est un progrès vers plus d'intégration cependant, il convient de bien peser les décisions à prendre car une telle fédération pourrait présenter des risques de conflits inter Etats si les mécanismes de décision et de contrôle ne sont pas suffisamment équitables et, si la justice n'est pas assurée dans un tel dispositif. Cette fédération devrait au minimum prévoir un système politique démocratique qui ne repose pas que sur des élections nationales mais aussi sur des élections fédérales de façon à développer le sentiment d'appartenance des populations à la Fédération.

Tout devra être mis en oeuvre pour éviter les conflits de pouvoir entre les nations constitutives et la Fédération. Sur le plan fiscal, par exemple, seule la Fédération devrait collecter les impôts et reverser, ensuite, une partie de cet impôt aux Etats-nations. La Fédération canadienne, par exemple, et plus particulièrement le cas de la Province de Québec, dans laquelle les deux niveaux, provincial et fédéral, collectent les impôts souffre de lourdeur bureaucratique et n'évite pas les conflits de pouvoir...

L'avantage de cette approche serait de placer les Etats dans une certaine dépendance du niveau fédéral qui est alors en mesure de mieux orienter les choix importants effectués par les nations. Elle permet, en outre, à l'Etat fédéral de disposer de moyens pour lancer de grands projets fédérateurs. S'il est clair qu'une fédération d'Etats-nations peut être une voie d'avenir pour l'Union européenne, il reste néanmoins que la structure politique et administrative d'une telle fédération doit être mûrement réfléchie si l'on souhaite éviter des conflits dans le futur....

mercredi 5 septembre 2012

Amère victoire


Le 4 septembre 2012, le Parti Québécois (PQ) a réussi une partie de son pari électoral en remportant l'élection législative québécoise et en se retrouvant en position de former le prochain gouvernement du Québec. Cette victoire est aussi un succès personnel pour Pauline Marois qui va endosser les habits de Premier Ministre. Elle sera la première femme à occuper ce poste au Québec. La participation de plus de 73% du corps électoral à cette consultation constitue une victoire pour la démocratie. Cette élection a, enfin, permis de se débarrasser du Premier Ministre Jean Charest qui avait rassemblé sur sa personne bien des raisons de mécontentement. Elle constitue, de ce fait, un motif de satisfaction pour les étudiants québécois qui avaient déclenché une grève historique contre l'augmentation des droits de scolarité voulue par le Parti Libéral du Québec (PLQ).

Comme prévu par les sondages, et souhaité par nombre de citoyens du Québec devenus méfiants par rapport aux politiciens, le gouvernement sera minoritaire. Cependant, on peut regretter que la répartition des députés de la future opposition à l'Assemblée nationale soit déséquilibrée. Elle est, en effet, constituée d'un bloc de représentants du PLQ (50) presque aussi nombreux que ceux du PQ (54), d'un groupe moins important de députés de la Coalition Avenir Québec (CAQ) (19) et de seulement deux représentants de Québec Solidaire (QS). Cette situation rendra très difficile pour le PQ la recherche de majorités au sein de l'Assemblée nationale puisque la droite (PLQ + CAQ) sera très largement majoritaire par rapport a la gauche (PQ + QS).

Si l'on examine de plus près les chiffres, il semble bien que le vote stratégique ait été choisi par une majorité de citoyens qui ont préféré donner leur voix aux deux « vieux partis » (PQ et PLQ) plutôt que de donner une chance à la rénovation du paysage politique québécois en donnant plus de poids aux deux « jeunes partis » (QS et CAQ).Le vote stratégique n'a pas été plébiscité puisque son application aurait donné naissance à un gouvernement majoritaire du PQ ou du PLQ. Mais la répartition asymétrique des partis dans l'opposition et le fait d'être en zone minoritaire montrent qu'un certain degré de stratégie a tout de même prévalu au moment du vote des citoyens québécois. Une telle attitude semble  ne déboucher que sur une alternance sans fin entre le PLQ et le PQ. Mais, en fait, elle pourrait coûter cher à ces deux partis dominants qui faute de pouvoir changer véritablement la situation socio-économique du Québec risquent d'accumuler les mécontentements des citoyens...

Le changement de fond du paysage politique du Québec reste encore à faire mais il est en marche...

mardi 28 août 2012

Pour un gouvernement minoritaire


Les élections législatives au Canada et au Québec permettent parfois que le vote débouche sur ce que l'on a coutume de désigner au Québec par un « gouvernement minoritaire ». Cette situation se produit lorsqu'il n'est pas possible de dégager une majorité absolue au sein de l'assemblée élue. Dans ce cas, le parti qui compte le plus grand nombre de représentants élus est chargé de constituer le gouvernement mais il ne dispose pas d'une majorité absolue au sein de l'assemblée nationale puisque le nombre total de parlementaires membres de l'opposition est plus grand que celui des députés qui désignent le gouvernement.

Les responsables et les partisans des deux principaux partis québécois, le Parti Libéral du Québec (PLQ) et le Parti Québécois (PQ) dits aussi "vieux partis", ne cessent de clamer l'impérieuse nécessité de voter de façon à ce qu'un gouvernement majoritaire soit issu des élections du 4 septembre 2012 car ce serait la seule voie qui leur permettrait d'appliquer l'intégralité de leur programme.

En réalité, il y aurait plus d'inconvénients que d'avantages pour les citoyens Québécois à se retrouver, après le 4 septembre, en situation majoritaire. En effet, dans une telle configuration, un parti au pouvoir a les mains libres et n'a de compte à rendre à aucun des partis de l'opposition. Il peut donc appliquer son programme mais, et c'est là surtout que le bât blesse, il peut aussi ne pas l'appliquer sans subir de pénalité. C'est ainsi que certaines promesses électorales faites dans un but essentiellement démagogique en vue de récolter le maximum de voix avant le vote, pourraient ne rester que des promesses sans que les partis minoritaires ne puissent rien faire pour obliger le parti au pouvoir à agir selon son propre programme. En situation minoritaire, les partis de l'opposition peuvent négocier avec le gouvernement, en s'appuyant sur leur pouvoir de mettre le gouvernement en minorité, pour qu'il réalise les points de son programme voire certains autres qui n'y figuraient pas.

De plus, lorsqu'un projet de loi correspond à un souhait partagé par la majorité des citoyens, il y a toutes les chances pour que ce projet soit appuyé par plusieurs groupes de parlementaires de sorte qu'il aurait toute les chances d'être adopté par l'assemblée. Réciproquement, un projet qui ne serait pas appuyé par une partie suffisante de la population pourrait se voir rejeté à l'assemblée nationale même si ce projet figurait au programme du parti au pouvoir.

Globalement, on peut donc dire qu'un gouvernement minoritaire est plus démocratique qu'un gouvernement majoritaire. Il a aussi la vertu de constituer, a postériori, une certaine protection des citoyens contre les promesses démagogiques des partis pendant la campagne électorale. Cependant, pour qu'un gouvernement minoritaire puisse éviter le plus possible les situations de blocages qui pourraient se produire si l'opposition parlementaire était contrôlée par un seul parti qui aurait concentré la majorité des voix des citoyens opposés au parti majoritaire, il est important qu'il règne un certain équilibre au sein des partis membres de l'opposition parlementaire. C'est la raison pour laquelle les citoyens ne doivent surtout pas se priver de voter pour des « petits partis » ou pour des partis plus jeunes....

lundi 20 août 2012

La fin du vote stratégique


Le débat des chefs du 19 aout a été décevant en partie comme l'est souvent ce genre de débat.
La chaine de télévision RDI avait rassemblé, pour cette émission de deux heures, quatre personnalités politiques : le Premier ministre actuel, Jean Charest pour le Parti Libéral du Québec (PLQ), Françoise David pour Québec Solidaire (QS), François Legault pour la Coalition Avenir Québec (CAQ) et Pauline Marois pour le Parti Québécois (PQ). Cette confrontation mettait en présence trois politiciens expérimentés (Charest, Marois et Legault) ayant tous occupé au moins un poste de ministre au sein du gouvernement du Québec et une néophyte en la personne de madame David. Il est aussi important de noter que deux partis politiques plus anciens (le PQ et le PLQ) se trouvaient en face de deux partis jeunes (la CAQ et QS).

Il ressort de cette confrontation que les trois politiciens plus expérimentés, ont tous tellement de « casseroles » attachées à leur basque, qu'ils ont occupé une grande partie de leur temps à s'entredéchirer, à se renvoyer au visage leurs errements du passé. La seule qui s'en sort bien avec allure et dignité est F. David qui bénéficie de la jeunesse de sa formation politique et du peu de recul de son expérience en politique pour se voir reprocher de mauvais comportements. Face aux trois politiciens, la représentante de QS a fait preuve d'une simplicité, d'une franchise et d'une honnêteté qui ont fait la différence... F David ne s'est pas laissée entrainer par les basses attaques personnelles contrairement aux trois autres. Elle a essentiellement défendue le programme de sa formation politique.

P. Marois est apparue comme la championne de la langue de bois en renvoyant souvent les problèmes aux études d'une future commission d'experts (sortie du pétrole, scrutin proportionnel, référendum sur l'indépendance...). Elle refuse d'aborder franchement et clairement de la question du referendum sur l'indépendance du Québec, elle se cache derrière la «sauvegarde des intérêts des Québécois» ce qui ressemble beaucoup aux fameuses « conditions gagnantes » de B. Landry. J. Charest s'est montré méprisant et plein de mauvaise foi envers les autres co débatteurs... Son argumentaire a souvent fait appel au passé pour tenter de faire taire les accusations portées par ses co débatteurs (Rapport Moisan pour des affaires qui datent de 1995, coupures dans le financement du système de santé par le PQ en 1996,...). Contrairement à Marois, F. David annonce clairement son option pour l'indépendance du Québec. Quand à F. Legault, il a semblé mal maîtriser ses chiffres, notamment sur la question du nombre de médecins nécessaire pour un bon fonctionnement du système de santé. Il a eut du mal à faire face à des accusations d'opportunisme suite à son passage du PQ à la CAQ...


Alors que les élections législatives ont été déclenchées en grande partie par la mobilisation des étudiants et collégiens contre l'augmentation des droits de scolarité, seule F. David a abordé de façon claire et déterminée la question de la gratuité scolaire et universitaire. Il est surprenant que la loi 78 qui a fait descendre dans la rue tant de citoyens québécois n'ait été abordée par aucun des chefs...

Dans leur conclusion les trois partis leaders dans les sondages (PQ, PLQ et CAQ) ont purement et simplement ignoré QS ce qui risque d'être une erreur pour l'avenir et pourrait annoncer la fin des espoirs des tenants du « vote stratégique »...

lundi 13 août 2012

Contre le « vote stratégique »


En cette période de préparation des élections législatives au Québec, prévues pour le 4 septembre 2012, une rumeur circule de plus en plus au sein de la population : pour se débarrasser du Parti libéral (PL) et du Premier ministre actuel, monsieur Jean Charest, la meilleure stratégie serait de voter pour le Parti québécois (PQ) même si ce vote n'était pas un choix premier. En d'autres termes, il vaudrait mieux voter pour un « grand » parti plutôt que pour un « petit ». Dans le contexte québécois, sont assimilés aux « grands partis », le PL et le PQ, tandis que des partis plus récents (Québec Solidaire (QS), Coalition Avenir Québec (CAQ), Option nationale (ON)) seraient considérés comme de « petits » partis. Ce type de vote est qualifié de "vote utile" en France et de "vote stratégique" au Québec...

Il me semble que, si le changement du paysage électoral est le but visé, ce raisonnement est erroné pour au moins trois raisons :
Si les électeurs de gauche votent en masse pour le PQ en respectant un vote stratégique, alors il est normal de penser que les électeurs de droite feront le même type de raisonnement et voteront stratégiquement pour le PL. Dans cette hypothèse, on voit peu de chance de changement à l'horizon car d'une part, l'électorat se partage presque à égalité entre la gauche et la droite et, d'autre part, il est reconnu que le parti au pouvoir au moment des élections jouit d'un avantage indéniable. En conséquence, le PL aurait toutes les chances de conserver le pouvoir et il n'y aurait aucun changement dans le paysage politique du Québec.
L'examen du passé politique récent, plus précisément des dernières élections fédérales canadiennes de 2011, montre que si l'électorat avait pratiqué un vote stratégique alors le Bloc Québécois (BQ), censé représenter les intérêts des citoyens du Québec au niveau fédéral, serait toujours bien représenté au Parlement fédéral. En effet, traditionnellement, la gauche québécoise votait régulièrement et majoritairement pour le BQ assurant ainsi une forte représentation de ce parti au niveau fédéral. Contrairement à cela, il s'est produit un immense changement dans le paysage électoral fédéral avec la quasi disparition du BQ de la scène politique. Cela n'a pu se produire que parce que les électeurs ont pris le parti de voter pour un parti jusque là peu influent au Québec, le Nouveau Parti Démocratique (NPD). Cette façon non stratégique de voter à permis que le NPD sorte de ces élections avec le statut d'opposition officielle alors, qu'auparavant il était considéré comme un « petit » parti fédéral.
Avec le système électoral actuellement en vigueur au Canada, avec un seul tour de scrutin, le vote stratégique ne laisse aucune chance aux « petits » partis de pouvoir devenir un jour des partis qui jouent un rôle important. La seule façon de pouvoir modifier le paysage politique dans un tel contexte est justement que chaque électeur se décide en fonction de ses convictions intimes sans adopter le vote utile ou stratégique. De cette façon, un « petit » parti peut avoir la chance de devenir un parti qui compte.

Dans le cadre de la future élection du 4 septembre au Québec, il ne faut donc pas empêcher les citoyens qui le désirent de voter pour QS, pour la CAQ ou encore pour ON car ce sont, en fait, les seuls partis susceptibles d'apporter du sang neuf, de renouveler le paysage politique du Québec, face aux partis plus anciens qui ont déjà monopolisé le pouvoir pendant de longues périodes, tels quel le PL et le PQ... Ne vaut-il pas mieux prendre le risque de voir le PL conserver le pouvoir mais avec une opposition renouvelée et rajeunie, plutôt que de voir le pouvoir occupé par un parti usé qui n'aurait face à lui qu'une opposition sans force ?

dimanche 29 juillet 2012

Quels honoraires honorables pour les médecins en France?


La rémunération des médecins en France pose problème. En effet, de plus en plus d'entre eux, arguant de la faiblesse de la rémunération du secteur 1 (tarifs fixés par la Sécurité sociale) décident de passer en secteur 2 (honoraires libres mais remboursés aux patients sur la base du tarif de la Sécurité sociale). Actuellement, six médecins spécialistes sur dix choisissent les honoraires libres du secteur 2. Chez les praticiens généralistes, ils ne sont encore que 10% à faire ce choix. Cette tendance est problématique car elle pourra finir par restreindre l'accès aux soins de santé pour les citoyens les moins aisés.

A une époque où les difficultés de tous ordres assaillent les Français, où la crise économique rend leur vie plus difficile et, compte tenu du déficit important de la Sécurité sociale (de l'ordre de 15 milliards d'euros), le gouvernement français se doit de tenter de maitriser cette tendance du corps médical à accentuer les dépenses de santé des Français.

Une constatation s'impose : la possibilité donnée aux médecins en 1980, par le gouvernement de Raymond Barre, de pouvoir choisir entre les deux secteurs 1 ou 2 a entrainé progressivement les médecins (en premier lieu des spécialistes) à choisir les honoraires libres en vue d'augmenter leur rémunération. Il n'est pas difficile de comprendre que la possibilité de choix ne pouvait que produire cette tendance. Imaginons, par exemple, que l'on offre un tel choix aux enseignants... Il est clair que rapidement le désir de faire croitre leurs revenus conduirait ceux-ci au même type de choix... Le gouvernement de l'époque n'a donc pas été très clairvoyant en proposant cette « solution »...

En fait, il n'y a pas d'autre solution pour le gouvernement actuel que de revenir à un secteur unique de rémunération pour les médecins. Il s'agirait, bien entendu d'un secteur équivalent au secteur 1 actuel dans lequel les médecins sont payés aux tarifs fixés par la Sécurité sociale. Dans le même temps, ce retour devrait s'accompagner d'une revalorisation de la rémunération des soins versée aux praticiens. Afin de tenir compte de la crise économique et de ne pas creuser le déficit de la Sécurité sociale cette revalorisation devrait se faire sans appel à d'autres sources de financement que celles actuellement utilisées. Pour ce faire, une idée serait de baser l'accroissement de financement offert aux médecins sur le volume financier remboursé actuellement par les assurances complémentaires de santé par la suite des dépassements d'honoraires médicaux (de l'ordre de 2 milliards d'euros)...
Il y aurait dans cette approche une méthode honorable à la fois pour les médecins, les patients et pour le gouvernement...

mercredi 25 juillet 2012

Vive le cancre Astérix!


Une récente étude internationale de la l'Union européenne sur les compétences linguistiques des lycéens, révèle que les élèves français restent toujours en retard en ce qui concerne l'apprentissage des langues étrangères. En fait, ils se classent pratiquement derniers parmi les 14 pays étudiés, étant seulement 14% à obtenir un bon niveau en anglais...

Y a t'il lieu de s'alarmer de cette constatation comme le font la plupart des commentateurs dans les médias français ? En fait, il faut savoir que lorsqu'on parle de "langues étrangères" il est surtout question de la langue anglaise qui représente pour la grande majorité des élèves français la LV1 (langue vivante 1). Cette restriction implicite des langues étrangères à la seule langue anglaise (pratique très courante dans le monde actuel) vient nuancer le résultat de cette enquête. En effet, il n'est pas certain que les résultats seraient aussi mauvais si, par exemple, on avait mesuré le niveau des élèves français dans une langue romane comme l'espagnol... Il est connu que l'apprentissage d'une langue est d'autant plus facile que cette langue présente des racines communes avec la langue maternelle de l'apprenant.

Sachant, d'autre part, la propension des Français à introduire des mots anglais dans leur langue (la publicité en France est une mine d'or pour cette pratique contestable) il est logique de se demander si cette tendance n'aurait pas été accentuée si les Français maîtrisaient mieux l'anglais ? Il est à craindre qu'une meilleure maîtrise de l'anglais par les Français mettrait encore plus en péril la survie du français qui déjà, aujourd'hui, ne crée pratiquement plus de néologisme en adaptant purement et simplement les termes anglais...

Enfin, lorsque l'on connaît la situation hyper centrale de l'anglais dans le monde contemporain, il me semble plutôt rassurant de savoir que cette langue est mal maitrisée par la majorité des citoyens français. En effet, la situation inverse risquerait de conduire les Français à ne plus utiliser leur langue au profit de l'anglais comme cela se voit déjà dans nombre de pays ayant choisit le bilinguisme de type langue nationale-anglais.... Au canada, par exemple, le bilinguisme se traduit surtout par un monolinguisme anglophone...

Réjouissons nous donc de cette « résistance » des élèves français à l'apprentissage de la langue de Schakespeare et espérons qu'à l'avenir les Français se révèleront de bons élèves dans d'autres langues étrangères que l'anglais et notamment dans les langues romanes, voire dans les langues arabe ou chinoise... Tel Astérix qui résistait aux Romains dans son village Gaulois, l'élève Français se doit de continuer à résister à l'invasion de la langue anglaise...

samedi 30 juin 2012

Sur l'aide publique au développement



Le dernier rapport de la Cour des comptes de la République Française indique notamment (voir journal Le Monde du 28 juin 2012) que l'Aide Publique au Développement (APD) est mal organisée, mal gérée et ressemble beaucoup à un gigantesque saupoudrage dont l'efficacité laisse à désirer. Les experts notent que le pays n'a pas choisi vraiment entre les deux voies constituées par l'aide bilatérale d'une part et l'aide qui transite par les grands organismes internationaux (Union Européenne, Banque Mondiale, Unesco, Organisation Internationale de la Francophonie,...) d'autre part. Selon eux, il serait temps de réorganiser le système car, en période de vaches maigres budgétaires, il faut rationaliser donc choisir.

Il est aujourd'hui connu que l'aide internationale n'est pas un gage de développement. Pour concrétiser cette remarque, il suffit de rappeler qu'entre 1965 et 1995, par exemple, un pays d'Afrique subsaharienne moyen a reçu en moyenne 12,5% de son Produit Intérieur Brut (PIB) par année sous forme d'aide internationale au développement (voir : « Aide internationale et développement en Haïti : bilan et perspectives », Revue « Haïti Perspectives », vol. 1, n°1, p. 13-16) ce qui correspond à environ l'équivalent de six Plan Marshall par année pendant plusieurs décennies. Il est difficile de concevoir que de tels afflux d'aide n'aient pas donné de meilleurs résultats... D'un autre côté, on sait qu'un pays comme la République populaire de Chine a multiplié le niveau de vie de ses habitants par 17 entre 1960 et 2007 avec très peu de transferts d'aide internationale...

Ceci étant dit, nous pensons, qu'une fois prise la décision de faire appel à l'APD, celle-ci devrait transiter obligatoirement par des organismes internationaux plutôt qu'être contrainte dans le cadre de relations étatiques bilatérales. Cette façon de faire aurait l'avantage de diminuer les risques de voir les fonds investis dans le pays-receveur revenir, en totalité ou en partie, dans le pays d'origine comme cela est actuellement trop souvent le cas avec l'aide bilatérale. Cette constatation n'est pas surprenante si l'on considère que, dans le cas de l'aide bilatérale, les deux partenaires sont dans des situations très asymétriques. Le pays qui apporte son aide (généralement un pays du nord) étant en fait le vrai décideur face au pays-receveur (généralement du sud). C'est, en effet le pays qui apporte les fonds qui est en mesure d'imposer ses vues au pays aidé. La réciproque n'étant généralement pas vraie. Dans ces conditions, il n'est pas anormal que les modalités de l'aide fassent en sorte, qu'au final, les entreprises ou les administrations du pays aidant s'arrangent pour qu'une partie au moins des ressources débloquées reviennent dans leur pays. Le même phénomène s'observe, d'ailleurs, dans le domaine de la coopération scientifique nord-sud, lorsque les projets financés, soi disant au profit des universités du sud, ne sont souvent que des faire-valoir profitant surtout aux universités du nord. Le passage par un organisme international permettrait, en outre, de garantir une relation dépassionnée à l'inverse de ce que peut être, par exemple, celle entre un ancien pays colonisé et le pays anciennement colonisateur. Enfin, la voie internationale permettrait une mutualisation plus aisée des ressources au profit de grands projets de développement.

IL serait donc souhaitable que la crise financière actuelle soit l'occasion d'apporter une réforme de fond à l'APD en favorisant le transit de cette aide par des organismes internationaux plutôt que de poursuivre les procédures bilatérales qui ont largement prouvé leur inefficacité... Il conviendrait aussi que les opérateurs agissant sur le terrain (Agences, Administrations publiques, Organisations non gouvernementales,...) soient des institutions locales au pays-receveur de façon à raccourcir la chaîne des intervenants et, en conséquence, à accroître la part des ressources qui parvient effectivement aux populations secourues...

lundi 25 juin 2012

Identité nationale ?



Le jour de la fête nationale du Québec, le 24 juin, il est logique de s'interroger sur le concept d'identité nationale. Sa définition est difficile et la preuve de cette difficulté est la variété des définitions qui en sont données. Pour certains l'identité nationale se résume au drapeau, pour d'autres elle se focalise sur certaines valeurs (laïcité, République, solidarité...), pour d'autres encore elle se loge dans la religion...

A mon avis, pour qu'une définition soit acceptable elle doit être simple et claire de façon à pouvoir être facilement acceptée par le plus grand nombre de citoyens concernés, ce qui constitue une propriété minimale pour un concept qui est censé être partagé par l'ensemble d'un peuple. Cela me conduit à proposer comme définition générique (c'est a dire applicable a n'importe quelle population) la suivante : un Québécois est une personne qui se définit elle-même comme québécoise. De la même façon, un Français serait un citoyen qui se définit comme français, quelle que soit son origine ethnique, voire même quel que soit son lieu de résidence ou sa langue...
Cette définition "individualiste" du concept a cependant un inconvénient majeur : elle ne permet pas d'en déduire aisément "l'identité nationale". En effet, dans ce cas, il faudrait, définir l'identité nationale comme le sous-ensemble des valeurs individuelles partagées par tous les individus qui se définissent individuellement de la même identité. Mais on comprendra que ce sous ensemble (qui est une intersection ensembliste au sens de la théorie des ensembles) peut être vide... Dans cette hypothèse, il n'existerait pas d'identité nationale! Pour mieux le comprendre, voici un exemple fictif : monsieur X qui se définit comme Québécois, est un francophone catholique qui met en valeur la solidarité humaine. De plus, il est souverainiste. Madame Y qui se définit elle aussi comme Québécoise est une anglophone athée, une libérale prônant des valeurs individualistes et est fédéraliste. On voit que ces deux Québécois n'ont pas de valeurs en commun...

Bien entendu, on pourrait donner une définition « ensembliste » de l'identité en s'appuyant sur le groupe des individus qui partagent une ou plusieurs caractéristiques. Ainsi, lors d'une compétition de foot-ball (ou soccer) on pourrait considérer comme un trait commun le fait que les « supporters » d'une même équipe s'identifient à celle-ci. Mais il est facile de concevoir que cette approche est restreinte à une période de temps donnée et à un contexte précis. Si l'équipe de foot se met à perdre ou si un supporter déménage, ce trait identitaire commun risque de changer. Cette remarque permet d'attirer l'attention sur une donnée fondamentale de la notion d'identité : elle se construit en permanence et dépend beaucoup de l'expérience de vie de chaque individu. L'identité est donc une notion dynamique qui est loin d'être figée...

Partant de ces observations, il est possible de conclure que la notion d'identité nationale est aujourd'hui dépassée. Elle n'a plus grand sens à notre époque mondialisée où le métissage culturel est omniprésent et vient en permanence faire évoluer les contextes dans lesquels baignent les individus. D'autre part, si les nations demeurent des entités réelles dans le monde contemporain, il n'est pas difficile de constater que ces mêmes nations ont de moins en moins de pouvoirs effectifs. Le pouvoir aujourd'hui est largement aux mains de la finance internationale, aux mains des groupements supra nationaux (UE, UA, …), aux mains des entreprises multinationales et même des groupements supra nationaux de la société civile (altermondialistes, indignés,...)... Il est temps de s'interroger sur l'intérêt des frontières, des drapeaux nationaux, de l'identité nationale à l'heure où les grands problèmes du monde (environnement, développement durable, flux migratoires, biodiversité, formation des jeunes,...) sont de nature plus internationale que nationale...
D'ailleurs au Québec, l'appui à la souveraineté nationale qui a longtemps occupé le premier plan de la politique québécoise, a aujourd'hui beaucoup moins d'écho au sein de la population. Les sondages donnent à peine 40% d'appui à l'indépendance aujourd'hui. Le Parti Québécois qui est le principal parti porteur de l'aspiration à l'indépendance du Québec a perdu le pouvoir il y a déjà 10 ans. Il semble qu'aujourd'hui les Québécois pensent plus à faire évoluer le fédéralisme canadien comme le montre le vote massif des Québécois en faveur du Nouveau Parti Démocratique (NPD) lors de la dernière élection fédérale et ceci au détriment du Bloc Québécois qui représentait jusqu'alors les souverainistes au Parlement fédéral du Canada. Même la langue française qui a toujours été le socle sur lequel s'appuyait l'identité québécoise est aujourd'hui contestée de l'intérieur, par des jeunes notamment, qui n'hésitent pas à passer à l'anglais dans leur vie quotidienne et professionnelle.

Plutôt que de se battre pour le maintien de frontières, pour la défense de drapeaux ou pour des fictions nationalistes en général, il me semble qu'aujourd'hui l'important se situe dans la sauvegarde de l'environnement et de la démocratie, dans la lutte contre la pauvreté et contre la disparition des cultures et des langues, dans le combat contre les discriminations de toutes sortes... Ces batailles là peuvent être menées sur des plans nationaux mais avec beaucoup moins de chances de succès que si elles le sont sur la base d'alliances internationales ou interculturelles. Toute action qui facilite ces unions trans nationales ou trans culturelles doit être encouragée...

mardi 19 juin 2012

L'échec du Président Sarkozy



Un des résultats les plus évidents de la présidence de monsieur Sarkozy (mai 2007 à mai 2012) est le basculement général des institutions de la France vers la gauche. La Présidence de la République, le Sénat, l'Assemblée nationale, les Présidences de Régions, les Présidences de Conseils Généraux, les mairies des grandes villes, aucune institution de la République Française n'échappe à cette règle. On trouvera ci-dessous une liste des principales défaites de la Majorité présidentielle pendant le mandat du Président Sarkozy :

- Aux dernières élections municipales de mars 2008 : avant le scrutin, la droite détenait 21 mairies de villes de plus de 100 000 habitants sur 37. Au soir du 16 mars, elle n'en dirigeait plus que 12;
- À l'issue des dernières élections cantonales (désignation des Conseils généraux administrant les Départements) de mars 2011, la gauche a enregistré un gain de trois présidences pour un total de 61 sur 101, alors que la droite ne dirige plus quant à elle que 39 départements;
- Depuis les dernières élections régionales de mars 2010, la gauche détient 24 Présidences de Régions et de Collectivités Territoriales sur 27;
- Lors des dernières élections sénatoriales de septembre 2011, pour la première fois sous la 5e République, la majorité sénatoriale a basculé à gauche;
En mai 2011, le Président Sarkozy perdait les élections Présidentielles au profit de son rival socialiste François Hollande.
- En juin 2011, alors que le président Sarkozy venait de quitter la Présidence de la République, la majorité de l'Assemblée Nationale bascule à gauche, le Parti Socialiste gagnant la majorité absolue de cette assemblée;
- En juin 2011, l'Assemblée Nationale reçoit, pour la première fois sous la 5e République deux députés issus de l'extrême droite.

Cette accumulation de déboires s'est pourtant réalisée pendant la durée ou juste après la durée du seul mandat du Président Sarkozy, soit 5 ans. Il est difficile de trouver un échec aussi généralisé dans l'histoire récente de la France. Cette succession de déboires semble, cependant, constituer plus un rejet de la « méthode Sarkozy » qu'un choix délibéré de la gauche politique par les citoyens Français. Cette constatation émane directement du taux élevé d'abstention (près de 45%) mesuré lors des dernières élections législatives. A l'issue de ces cinq années, il est légitime de s'interroger sur les raisons du choix des Français en mai 2007, alors qu'ils avaient la possibilité d'élire madame Ségolène Royal. La relecture du programme en 100 points qu'elle avait présenté alors peut donner à réfléchir aujourd'hui lorsqu'on le compare au bilan de cinq années de « Sarkozysme »...

Il est évident qu'aujourd'hui, la détention par la gauche politique, d'un pouvoir aussi grand lui confère des responsabilités immenses. Elle a cinq ans pour faire ses preuves faute de quoi le balancier électoral retournera inéluctablement vers la droite. La gauche française devra, notamment, montrer son engagement dans la construction d'une Europe sociale, intégrée et solidaire, dans l'amélioration du sort des citoyens français les plus démunis et dans le soutien à la classe moyenne. Pour cela elle devra contribuer au rassemblement des forces de progrès de l'Union européenne afin, de favoriser la re industrialisation des pays européens, de catalyser la recherche et l'innovation, de maitriser la spéculation de la finance internationale, et de forger un sentiment d'appartenance commun aux peuples de l'Union européenne...

lundi 18 juin 2012

Une nouvelle plage à Montréal

Une toute nouvelle plage, la « Plage de l’Horloge », est désormais ouverte dans le Vieux-Port de Montréal. Son inauguration a eu lieu le jeudi 14 juin 2012. Située à quelques pas du quartier historique de la ville, la plage urbaine du Vieux-Port de Montréal offre une ambiance de vacances avec son sable fin, ses chaises, ses parasols et la fraîcheur de ses brumisateurs. Aménagée au pied de la Tour de l’Horloge, entrée du Vieux-Port, la « Plage de l’Horloge » offre une atmosphère sereine tout en étant branchée directement sur la ville et les attractions du Vieux-Port. La créatrice, madame Claude Benoit, présidente de la Société du Vieux-Port de Montréal, dit s'être inspirée de « Paris-plages ». Un projet qui a du succès depuis onze ans dans la capitale française. A Montréal, chaque visiteur devra débourser six dollars pour accéder aux installations. La société du Vieux-Port justifie l'instauration d'un coût d'entrée prix par le fait qu'il faut financer l'entretien et le nettoyage des lieux.
L'aménagement de la plage urbaine a coûté 1,6 millions de dollars (environ 1 200 000 euros) à la « Société du Vieux-Port ». Si le projet parisien est à l'origine du concept de cette plage montréalaise, il en diffère sur un point essentiel : à Paris, l'accès de la plage est gratuit, tandis qu'à Montréal il est payant. La ville de Paris partage les frais avec des partenaires publics et privés qui profitent ainsi de la popularité de l'opération : sur un budget total d'environ 2 500 000 euros (environ 3 200 000 dollars), la moitié à peu près a été financée par les sponsors et les redevances des cafés, restaurants et kiosques de journaux installés sur la berge. Selon Jean-Christophe Choblet, créateur de « Paris-Plages », «l'objectif est moins d'amener la plage dans la ville que de proposer des vacances urbaines et surtout gratuites». Autrement dit, dès le départ, le projet parisien a mis en avant un aspect social qui semble avoir été moins déterminant dans le cadre du projet montréalais. Pourtant, selon le recensement de 2006, (voir : Montréal en statistiques, Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, DSP (2010-2011), Service du Développement économique (VDM)), Montréal se caractérise par un taux élevé de pauvreté (36% des ménages); 29% de la population vit sous le seuil de faible revenu (avant impôt); 413 875 Montréalais vivent dans un ménage à faible revenu après impôt (22,8% des Montréalais). Dans un tel contexte, il aurait été important que les décideurs politiques fassent le nécessaire pour que l'accès à cette plage soit libre et non payant. Alors que le Québec, et Montréal singulièrement, traversent actuellement une grave crise sociale liée à l'augmentation des droits de scolarité universitaires, la gratuité de ce nouveau projet serait apparue comme un signal positif donné par les responsables politiques...

mercredi 13 juin 2012

Les conséquences politiques de la crise sociale au Québec

Après plus de trois mois de crise sociale, en relation avec la grève des étudiants contre l'augmentation des droits de scolarité, il est possible d'en dégager certaines conséquences sur le plan politique. Pour le « Parti Libéral du Québec » (PLQ) au pouvoir actuellement, il est clair que la « gestion molle » de cette crise et l'impression de laisser « pourrir » la situation qui a été donné par le Gouvernement du Premier Ministre Charest, n'a pas eu que des effets positifs pour ce parti. En effet, lors des élections partielles du 11 juin dans la circonscription d'Argenteuil, la candidate libérale a été battue par un candidat du Parti Québécois (PQ) alors que cette circonscription était détenue par le PLQ depuis 46 ans. Il est vrai que cette élection partielle ne constitue pas un sondage à l'échelle de la Province de Québec mais, elle paraît tout de même révéler un état d'esprit qui transparait au fil des commentaires que les médias transmettent depuis un certain temps. La « stratégie du pourrissement », qui semble être celle du parti au pouvoir, n'est peut être pas aussi gagnante que peuvent le croire les partisans du PLQ... Pour le « Parti Québécois », le résultat précédent peut être interprété favorablement et laisser croire que le temps du renouveau est arrivé pour ce Parti. Le choix de soutenir, jusqu'à un certain point, le combat des étudiants peut conduire certains à penser, comme la Chef du PQ madame Pauline Marois, que cette façon de faire permettra au parti de regagner la majorité parlementaire lors des prochaines élections provinciales qui seront déclenchées avant la fin de l'année 2012. Cette perspective n'est pourtant pas assurée car ce parti est associé à la pensée souverainiste qui ne semble plus constituer une option pour une majorité de citoyens au Québec. Le PQ souffre, en outre, d'une image un peu désuète qui ne lui confère pas, au moins chez les plus jeunes, une image attirante. Pour le jeune parti « Québec Solidaire » (QS), la situation reste difficile. Son unique député à l'Assemblée nationale du Québec, monsieur Amir Khadir, a pris des positions extrêmement claires en faveur des étudiants grévistes et a même poussé à la désobéissance civile pour combattre la loi spéciale 78 votée par l'Assemblée Nationale pour freiner les manifestations anti gouvernementales. Il a d'ailleurs payé de sa personne en étant arrêté au cours d'une manifestation et sa fille Yelda a, elle, été emprisonnée quelques jours à la suite de l'occupation du bureau de l'ex ministre de l'éducation, Line Beauchamp. On aurait pu croire que les positions sans ambigüités de ce parti, au cours de la crise en cours, lui auraient permis de gagner des voix mais cela n'est pas le cas si on considère les résultats des dernières élections partielles. QS a, en effet, récolté moins de 3% des voix dans la circonscription d'Argenteuil qui a vu la victoire du candidat du PQ et, moins de 6% des voix dans la circonscription de Lafontaine où le PLQ a triomphé. Il semble que ce parti souffre, lui aussi, d'avoir mis en avant l'option souverainiste et qu'il manque de relais pour se faire entendre. Avec son courageux et unique député, il s'apparente plus à « Québec solitaire » qu'à « Québec Solidaire »... Il faut d'ailleurs noter que la Porte-parole de ce parti, madame Françoise David, n'a pas été très audible au cours de la crise récente que traverse le Québec... En ce qui concerne le plus jeune des partis québécois, la « Coalition Avenir Québec » (CAQ) et son Chef François Legault, l'avenir ne semble pas aussi rose que ne le laissait penser les sondages au moment de la création de ce parti en fin 2011. Les élections partielles récentes ont montré que ce parti était distancé, avec à peine plus de 20% des voix dans Argenteuil et à peine plus de 15% des voix dans Lafontaine. En fait, il semble qu'en quittant le PQ pour créer la CAQ, François Legault ait plutôt fait le jeu du PQ en divisant les voix du PLQ. Cela s'explique d'ailleurs fort bien puisqu'au cours de la crise sociale récente, la CAQ s'est souvent alignée sur les positions du PLQ au lieu d'essayer de se démarquer. L'avenir de ce parti semble désormais bien moins assuré qu'à sa création... Finalement, quels enseignements peut-on tirer de toutes ces observations ? Il me semble que les citoyens québécois sont encore à la recherche d'un parti politique qui saura traduire l'aspiration au changement d'une majorité du peuple. Ce changement, s'il n'est pas encore clairement formulé, transparait au travers de plusieurs évènements qui ont marqués la vie des Québécois au cours des années récentes. Il m'apparait comme la recherche d'un projet d'envergure pour l'avenir de la Province. Il n'est plus question d'indépendance ou de souveraineté, comme ce fut le cas par le passé, mais plutôt du rôle de cette province au sein de la Fédération canadienne et du monde contemporain. Le peuple du Québec aspire à devenir un leader mondial dans les domaines de la diversité culturelle et linguistique en s'appuyant, notamment, sur la francophonie des Amériques, il aspire à trouver une nouvelle voie de développement qui soit plus durable et plus frugale que celle prônée par les leaders du néo-libéralisme, il souhaite devenir un exemple de développement solidaire et social, il veut une société laïque et juste... Tel est le sens profond du « printemps érable »...

samedi 2 juin 2012

Et après ?

Au sortir de l'échec des négociations entre le gouvernement du Québec et les étudiants il apparait clairement que le gouvernement a fait une grave erreur d'appréciation dans son analyse de cette crise. En effet, peu de temps après l'annonce par le gouvernement de sa décision de hausser les droits de scolarité, en mars 2011, à raison de 325$ par année pendant cinq ans, les étudiants ont fait connaitre leur opposition. En effet, dès le mois d'août les étudiants lancent officiellement leur campagne de protestation contre cette hausse. Ils font savoir rapidement que, pour eux, l'amélioration du financement des universités ne devrait pas être obtenue en prélevant plus d'argent dans la poche des étudiants mais plutôt en améliorant la gestion des universités de façon à réduire les dépenses pas toujours justifiées. Cette proposition est formalisée par la FEUQ (Fédération étudiante universitaire du Québec) et la FECQ (Fédération étudiante collégiale du Québec) le 1er mai 2012 et elle contient déjà un point sur le gel des droits de scolarité. Le gouvernement a préféré ignorer cette proposition et a maintenu sa décision, comme il a ignoré les centaines de milliers de manifestants qui protestaient dans les rues de Montréal notamment. Pire encore, après le déclenchement de la grève des étudiants le 13 février 2012, le gouvernement a mis onze semaines avant de réagir et de recevoir les représentants des étudiants à la table de négociations. Ce délai de réaction était une preuve supplémentaire de l'inflexibilité gouvernementale, de son désir de considérer sa proposition comme définitive et non négociable. Par la suite, au cours des deux périodes de négociations, le gouvernement québécois n'a jamais accepté d'envisager un moratoire sur la question du gel des droits de scolarité ou une procédure qui produirait le même effet comme le souhaitait les leaders étudiants. D'un autre coté, il était tout aussi clair que, pour les étudiants, il n'était pas question d'accepter le principe de l'augmentation des droits de scolarité mais qu'ils souhaitaient plutôt discuter de la gestion des universités afin de la rationaliser, de la moraliser et de faire des économies substantielles. Pour eux, les droits de scolarité devaient être gelés et ce au moins jusqu'à l'élection d'un nouveau gouvernement. Leur souhait à plus long terme était d'améliorer l'accessibilité aux études supérieures en diminuant les droits de scolarité avec le but de tendre vers la gratuité. Il est bon de rappeler ici une intervention du Recteur actuel de l'UQAM, Claude Corbo, qui déclarait lors d’une allocution tenue devant la Chambre de commerce de Montréal en février 1993 : « les étudiants doivent consacrer plus de temps à leurs études et moins de temps à leur travail s’ils veulent réussir. ». Il est évident, en effet, que si les étudiants doivent consacrer une partie de leur temps à gagner de l'argent pour payer leurs études, ce sont autant moins d'heures qu'ils pourront accorder à leur travail universitaire. Il faut également rappeler que le modèle des universités des Etats-Unis-d'Amérique qui est souvent cité en exemple au Québec, est un modèle qui a conduit à ce que, à l’heure actuelle, la dette moyenne d’un étudiant américain s’élève à plus de 25 000 $. Selon le quotidien québécois « Le Devoir » du 2 juin 2012 : « Aux États-Unis, modèle souvent évoqué par ceux qui veulent augmenter les droits de scolarité, l’endettement des étudiants est en train de devenir une bombe à retardement sociale et financière. » Dans ce contexte, il apparait que les deux phases de négociations qui ont eu lieu ne pouvaient aboutir. Le vote de la loi spéciale, le 18 mai 2012, par le Parlement de Québec est venu aggraver la situation en élargissant l'assiette des manifestants au delà du monde étudiant jusqu'à l'ensemble de la société québécoise attachée à l'expression démocratique de ses droits. Que pouvons nous espérer maintenant ? Il semble que la seule issue possible à ce conflit soit le déclenchement d'élections provinciales, à plus ou moins long terme, afin de pouvoir débloquer la situation et choisir un modèle de financement des études post secondaires qui soit consensuel. Dans cette perspective, il apparaît qu'un engagement politique déterminé des jeunes, étudiants et collégiens notamment, est une nécessité. L'énergie, la ténacité, la détermination et l'intelligence qu'ils ont mis dans la conduite du mouvement de protestation étudiant doivent maintenant être mis à profit du combat politique pour un Québec moderne.

jeudi 31 mai 2012

Différences culturelles

Il est frappant pour un citoyen français qui suit quotidiennement les évènements qui se déroulent au Québec autour du mouvement de protestation des étudiants contre l'augmentation des droits de scolarité, de constater combien les choses sont différentes ici par rapport à ce que l'on connait en France dans des situations semblables. Sans vouloir formuler un quelconque jugement de valeur sur les différences de comportement entre les Québécois et les Français, il est très surprenant de voir combien le calme demeure une constante comportementale du coté américain de l'Atlantique. Les débats télévisés, par exemple, ne dérapent jamais, les interlocuteurs (étudiants, experts, politiciens, journalistes...) conservant leur calme en toutes circonstances. Il est plus qu'étonnant de voir, comme cela s'est passé dans la ville de Québec le soir du 28 mai, les personnes qui étaient massées devant le lieu où se tenaient les négociations entre le gouvernement et les leaders étudiants, se faire arrêter par la police, une par une, dans le plus grand calme. Plus de 80 personnes furent ainsi arrêtées sans qu'à aucun moment la foule des manifestants présents n'interviennent pour entraver les opérations policières. Bien sûr il y a eu quelques échauffourées avec les forces policières lors de certaines manifestations de rue, mais il faut reconnaitre que dans la majorité des cortèges de rue il n'y eu aucune violence. Le sérieux dont font preuve les leaders étudiants au cours de leurs interventions, ne se laissant jamais emporter par la colère ou la passion est vraiment surprenant. Il y a sans doute là une constatation explicable par les différences culturelles entre la France et le Quebec. Le célèbre flegme des Anglais semble avoir laissé quelques traces en Amérique du nord... Il est vrai que la présence française n'a pas été suffisamment longue (un siècle et demi sur 400 ans d'histoire) pour que la latinité s'impose...

dimanche 27 mai 2012

Contradictions éducatives

Lors des récents évènements au Québec, et particulièrement au début des manifestations des étudiants et des collégiens (le mouvement de grève a été déclenché le 13 février 2012), on a pu constater qu'une partie importante de la population québécoise ne soutenait pas les étudiants. Ainsi, selon un sondage CROP-Le Soleil-La Presse (Une agence de sondage et deux quotidiens québécois) publié le 31 mars, une majorité de Québécois (61%) sont d'accord avec la hausse de 1625$ en cinq ans, contre une minorité (39%) en désaccord. «Les gens plus âgés sentent qu'ils font leur part, dit M. Rivest (Directeur de l'Agence de sondage CROP). Ils ont moins de proximité avec les étudiants. Ils se disent : "J'ai contribué à la société. J'ai payé des impôts toute ma vie, c'est à leur tour de payer."». Parmi les arguments évoqués par les uns ou les autres revenait souvent le fait que les étudiants se comportaient comme des « enfants gâtés », des « petits rois » qui ne voulaient en faire qu'à leur tête... Le Gouvernement québécois, lui-même, alimentait cette argumentation en accusant les étudiants de « vouloir refiler la facture (de l'augmentation du financement des universités) à la population » sans vouloir prendre leur part de cette facture. Parallèlement, chacun peut constater combien les jeunes enfants sont adulés, protégés, au Québec. Pas question de punir, même légèrement, un enfant à l'école sans que les parents (les mères surtout) n'interviennent immédiatement pour demander des comptes aux enseignants. Un récent très beau film du réalisateur québécois Philippe Falardeau intitulé « Monsieur Lazhar » traite de façon magistrale cette question. Les enfants sont généralement hyper protégés par leurs parents pendant leur enfance au point qu'il est fréquent de voir des enfants munis de casques alors qu'ils jouent au tricycle ou à la trottinette.... De moins en moins d'enfants vont à l'école à pied car les parents craignent de les laisser marcher loin de leur regard protecteur. Une journaliste qui avait laissé son fils de 9 ans prendre le métro tout seul a été trainée dans la boue,... Il serait facile de multiplier ce type d'exemple. Dès lors, il me semble exister une certaine contradiction, chez les adultes, dans le fait d'une part, de ne pas soutenir massivement les étudiants dans leurs revendications contre l'augmentation des droits de scolarité, de les livrer sans remord aux matraques des brigades anti-émeute de la police et, d'autre part, dans le fait d'hyper protéger les jeunes enfants. Tout se passe donc comme si les enfants, une fois devenus adolescents et adultes, ne méritaient plus de bénéficier de la protection de leurs parents. Même si on admettait les critiques à l'encontre des étudiants, il n'est guère difficile de déduire qu'en éduquant les jeunes enfants comme des « petits empereurs » il ne serait pas anormal de les voir, ensuite, se comporter en enfants gâtés... Certains pourront objecter qu'actuellement, les luttes des étudiants bénéficient d'un soutien plus massif de la part de la population. Cela est vrai, et le nombre de manifestants toujours en augmentation dans les cortèges nocturnes ou diurnes est là pour en attester, mais on ne doit pas oublier qu'il a fallut le vote de la « loi spéciale 78 » (loi restreignant le droit de manifestation au Québec) par le Parlement du Québec, le 12 mai 2012, pour voir enfin une grande partie de la population descendre dans la rue avec les étudiants. Il faut souligner que cette loi touche tout le monde, adultes et étudiants...

mardi 22 mai 2012

A propos du problème grec

Le départ de la Grèce de l'Union Européenne (UE) serait une preuve de faiblesse et du peu d'avenir du projet européen. En effet, que peut-on penser d'une organisation qui, pour résoudre une difficulté n'a pour seule solution que de se débarrasser de la partie qui lui pose difficulté? Si tel était le cas, alors on serait en droit de s'interroger sur le sérieux et sur la solidité du projet Européen. Demain, la porte serait ouverte au rejet de l'UE de tout élément qui poserait problème. Dès lors, qu'est ce qui empêcherait de sortir de l'Union la population des Roms, par exemple? La perte de la Grèce serait la preuve d'un manque flagrant de solidarité au sein de l'Union. Cela serait d'autant plus vrai que l'on sait combien la partition d'un pays peut susciter de résistance de la part du pays concerné. L'histoire a montré que quelque fois cette résistance pouvait aller jusqu'au déclenchement de conflits armés... Il faut aussi craindre que la séparation de la Grèce et de l'UE soit la porte ouverte à d'autres départs. Demain le tour de l'Espagne, puis du Portugal, de l'Italie, de la France... pourrait venir. Mettre le doigt dans cet engrenage ne permettrait pas de savoir où et quand ce processus infernal serait susceptible de s'arrêter. Il est fondamental que la Grèce demeure au sein de l'Union car ce maintient est une mesure de la viabilité du projet européen, de sa pérennité. Il faut aussi prendre en compte le fait que la dette grecque ne représente guère plus de 2% du PIB de l'UE. Ne pas être capable de régler une si petite difficulté serait un extraordinaire aveu d'impuissance de l'Union... Face aux risques que pourraient engendrer le départ de la Grèce, compte tenu de la relative facilité que l'UE aurait à résoudre ce problème, il est évident que la meilleure solution, voire la seule acceptable, serait de tout faire pour que ce pays demeure au sein de l'Union. Ceux qui prendraient le risque d'engager l'Union sur une autre voie endosseraient une très lourde responsabilité devant l'Histoire....

vendredi 18 mai 2012

Loi spéciale au Québec

Une chose m'a souvent frappé depuis mon arrivée de France à Montreal : la différence culturelle entre les pays sous influence anglo-saxonne (comme l'est le Québec, plongé dans un environnement culturel anglophone) et ceux de culture latine (comme la France) : dans les pays latins, il n'est pas rare de voir la population braver les lois et affronter les forces de l'ordre à l'occasion de l'expression d'un mécontentement. Au Québec, j'ai pu observer, souvent avec surprise, un grand respect de la loi par la population. Lors de la grève des infirmières en 1999, par exemple, il avait suffit au gouvernement de promulguer une loi spéciale infligeant, notamment, des pénalités financières importantes aux grévistes pour que ceux-ci abandonnent leur mouvement. J'avais aussi été surpris par l'isolement des infirmières, la population ne manifestant généralement aucune solidarité à ce mouvement. Il est clair qu'en proposant, le 17 mai 2012 à l'Assemblée Nationale du Québec, une loi spéciale à l'encontre du mouvement de protestation des étudiants, le gouvernement Charest espère renouveler l'opération menée à l'encontre des infirmières et mettre ainsi fin au mouvement protestataire des étudiants. Je ne pense pas que, cette fois, la manoeuvre aura du succès. En effet, entretemps les peuples ont appris des "printemps arabes". Si, dans un contexte dictatorial autrement plus difficile à vivre que ne l'est l'environnement politique au Québec, les peuples ont été capables de vaincre des dictatures, alors pourquoi, ici, dans un contexte plus facile, ne serait-il pas possible de faire tomber le gouvernement ? Je crois que les jeunes ont bien intégré cette nouvelle donnée et l'adoption de la fameuse loi spéciale risque fort de ne faire qu'aggraver la situation en re motivant les manifestants et conduire le gouvernement du Québec à sa perte... D'ailleurs, en proposant aux députés cette loi, le Gouvernement du Québec vient de contribuer à re orienter la lutte des étudiants vers un combat plus général pour la démocratie et contre l'arbitraire gouvernemental. Ce faisant, il permettra l'élargissement du mouvement à d'autres catégories sociales qui n'accepteront pas de voir menacer la liberté d'association, la liberté d'expression et de manifestation...

mardi 15 mai 2012

Le choc des images

Pendant que la télévision nous montrait le nouveau President de la République Française rendant hommage, le 15 mai, à Paris, à Jules Ferry le père de l'instruction publique laïque, gratuite, et obligatoire, cette même télévision, sur une autre chaine, nous montrait des images d'une charge policière contre les étudiants grévistes devant le Collège Lionel-Groulx à Sainte-Thérèse au Québec. En effet, l’escouade antiémeute de la Sûreté du Québec a été appelée en renfort ce matin sur le terrain de ce Collège, situé dans les Laurentides, où une centaine de manifestants empêchaient 53 étudiants de se rendre à leurs cours. Depuis 14 semaines maintenant, le Gouvernement québécois du Premier Ministre Jean Charest est contesté par les étudiants et les collégiens pour avoir pris la décision d'augmenter les droits de scolarité dans les universités. Les manifestants refusent de se plier à cette exigence et réclament la gratuité ou, au moins, le gel de ces droits. Il y a parfois des coïncidences évènementielles redoutables... D'un côté de l'Atlantique, un président de la république rend un hommage appuyé à l'instruction publique, à ses personnels et, au rôle primordial de cette vénérable institution pour la formation des cadres de la Nation. Il insiste sur la priorité qui doit être donnée à la formation par rapport à la finance. François Hollande a tenu, pendant cette première journée de son quinquennat, à souligner symboliquement l'importance de l'école, de l'université, des grandes écoles, des professeurs et des chercheurs pour assurer un développement harmonieux du pays. Il a indiqué notamment dans une allocution : "Je veux que [l'école] retrouve tous les moyens d'être fidèle à sa vocation, je veux lui redonner confiance en elle-même, sa foi dans ses propres capacités, sa volonté d'être conforme à notre histoire et à ce qu'exige notre avenir. L'école a besoin de réformes, elle attend aussi de la considération de la nation et elle appelle le soutien de l'Etat." Ce n'est pas en réprimant les étudiants et les collégiens que l'on fait avancer un pays mais bien en  aidant la jeunesse à s'instruire, à progresser, en favorisant la diffusion des savoirs, l'innovation et la recherche. Miser sur la formation des jeunes, en période de crise notamment, c'est préparer l'avenir, c'est se donner les moyens de sortir de l'impasse dans laquelle le monde a été placé par la cupidité des forces néolibérales. Ce qui est vérité d'un côté de l'Atlantique ne peut être fausseté de l'autre côté...

mardi 8 mai 2012

Quel changement pour la France ?

Quel changement pour la France ? La France est débarrassée de celui que certains n'hésitaient pas à surnommer " l'Agité de l'Elysée". Peut-on, pour autant, penser que les jours à venir seront meilleurs que ceux du passé ? Pour se convaincre qu'il n'en est rien, il suffit de se reporter cinq ans en arrière au moment où Nicolas Sarkozy venait de battre Ségolène Royal. L'espoir d'une partie du peuple français était immense et les promesses du candidat Sarkozy avaient fait mouche : amélioration du pouvoir d'achat, travailler plus pour gagner plus, abaissement du taux de chômage a 5%.... On a pu, malheureusement, constater par la suite combien ces promesses n'étaient que paroles en l'air. Il en va fréquemment ainsi, chaque élection présidentielle est suivie de déceptions multiples. Ce fut le cas pour d'autres présidents dont F. Mitterand, J. Chirac... La désillusion semble inéluctable... Aujourd'hui, à la suite de cette nouvelle élection, la raison impose de se souvenir de ces déceptions récurrentes, cela d'autant plus que la France se trouve confrontée à une crise mondiale qui ne facilitera pas les choses... Pour réussir et donc, pour minimiser le nombre de citoyens déçus à l'issue de son mandat de cinq ans, F. Hollande devra affirmer très vite ses intentions. Il devra rapidement poser des actes sans équivoque notamment dans le domaine de l'emploi. Les leviers sur lesquels il peut s'appuyer ne sont pas nombreux et il y en a essentiellement un, il se nomme : Europe. Il faudra développer l'intégration européenne afin, dans un premier temps, de permettre aux jeunes de travailler là où se situent les gisements d'emplois et, ensuite, promouvoir des projets européens susceptibles de créer des emplois. Ces créations devront, en outre, se situer majoritairement dans le champ du développement durable et solidaire et ne pas être profitables à la seule finance internationale. La croissance qui devra être recherchée, non pas pour la France seule, mais pour l'ensemble des pays membres de l'Union Européenne (UE), devra s'appuyer surtout sur ce que certains désignent par « économie verte » et sur l'économie sociale. Elle ne devra pas faire le jeu des grandes puissances de la finance internationale, ni des grandes entreprises multinationales qui sont souvent de mèche avec les grands financiers. Il faudra favoriser les PME, l'initiative citoyenne, l'autoentreprise, le développement de produits durables ainsi que les services d'entretien et de maintenance qui leurs sont nécessaires. Il faut cesser de laisser à la seule Allemagne le bénéfice de l'exploitation du grand marché européen. La France, comme les autres pays de l'Union, doit pouvoir se prendre sa part, aussi équitablement que possible, de ce gisement d'emplois. Cela impose la mise en place, au sein de l'Union Européenne, de politiques nationales cohérentes et adaptées : priorité à l'apprentissage des langues, harmonisations fiscale, sociale, à la formation des jeunes,... Il n'y a pas d'autre issue pour les pays membres de l'Union Européenne que de renforcer leur solidarité et, pour cela, de mettre de côté leurs réflexes nationalistes exacerbées par la crise. Le drapeau derrière lequel nous devons désormais nous ranger, nous les citoyens de l'UE, c'est le drapeau européen. Les transferts (et non pas abandons) de souveraineté qui en sont la condition nécessaire, constituent le prix à payer pour sortir de la crise qui nous étreint. Le nouveau président ne devra jamais oublier qu'il est issu d'un parti socialiste et, qu'à ce titre, il a le devoir de s'occuper en priorité des citoyens les plus démunis et des classes moyennes. Pour tous ceux-ci, l'emploi est la condition première de la sortie de l'impasse personnelle dans laquelle ils sont enfermés. Prendre une autre direction le condamnerai à coup sûr à l'échec...

mercredi 25 avril 2012

Sur la croissance économique

Un phénomène s'accélère depuis quelque temps : nombre de petites et moyennes entreprises, d'entreprises plus importantes, de particuliers, se trouvent acculés à la faillite faute d'obtenir un prêt d'une banque. Le banquier semble devenu l'ennemi public, le responsable de bien des maux. Ceci est observé en France mais aussi dans de nombreux autres pays, y compris les pays en développement. Même les banques se retrouvent d'ailleurs en déficit. Il faut se rappeler, par exemple, que la Banque Centrale Européenne, ces derniers mois, a injecté plus de 1000 milliards d'euros dans le système bancaire européen et que, malgré cela, de nombreuses banques de l'Union Européenne sont toujours à court de liquidités.... C'est dire l'ampleur de l'endettement du monde. Cette observation suscite une interrogation : pourquoi a t'on tant besoin de faire appel aux prêts financiers de nos jours ? Ne serait ce pas là le signe d'une mauvaise gestion, d'un niveau de vie supérieur aux moyens disponibles ? La fameuse croissance économique dont on nous parle tant et que certains voudraient relancer aujourd'hui, n'est-elle pas à l'origine de cette situation? Il ne faut pas, en effet, oublier qu'avant la crise financière récente, le monde a connu une phase de croissance économique plus ou moins accentuée selon les pays. Il est prouvé aujourd'hui que nous avons vécu, ces dernières années, au moins dans les pays développés, individuellement ou collectivement, au dessus de nos moyens. Cette attitude a conduit le monde dans une crise sans précédent dont nous ne sommes pas encore sortis. Il serait temps de réagir, de cesser de faire systématiquement appel au crédit et de vivre de façon plus frugale, plus conforme aux ressources et aux moyens disponibles. Si l'endettement de nombreux pays pose problème, il ne faudrait pas oublier que l'endettement des personnes est aussi une donnée contemporaine qui risque, non seulement d'obérer la vie des citoyens actuels, mais aussi celle de nos enfants et petits-enfants... Il n'est pas inutile de savoir que la notion de croissance économique est, pour les historiens, un concept relativement récent. Il est généralement admis que, depuis l'antiquité jusque vers le XVIIIe siècle, le niveau de vie des êtres humains sur notre planète est resté relativement stable. Selon Wikipédia, « on estime que la croissance globale de l'économie entre 1500 et 1820 n'est que d'un trentième de ce qu'elle a été depuis. Les revenus en Europe ont été multipliés par vingt depuis 1820. L'Asie accélère aussi son rythme de croissance depuis un demi-siècle : le niveau de vie en Chine a été multiplié par six et celui du Japon par huit ». Vouloir poursuivre à l'infini, une telle politique de croissance semble une perspective vouée à l'échec. Il n'est, en effet, pas nécessaire d'être un théoricien de l'économie, pour comprendre que la conjugaison de ressources naturelles épuisables et d'un niveau de vie des humains en perpétuelle croissance, ne peut conduire qu'à une équation sans solution... Si on tient à s'accrocher à cette soi disant nécessité impérieuse de la croissance, faudrait-il au moins le faire en visant un niveau de croissance faible, susceptible de pouvoir permettre un partage équitable des effets de cette croissance tout en respectant le plus possible notre environnement... Il en va de la croissance comme de l'alcool : une consommation faible ou modérée ne nuit pas à la santé alors que l'abus d'alcool peut s'avérer mortel pour les humains... Plutôt que d'envisager la lutte contre la pauvreté dans les pays les plus démunis à partir d'une élévation directe de la croissance économique de ces pays, ne serait-il pas plus judicieux de penser à un partage de richesse entre les pays riches et les pays pauvres, en contribuant de cette façon, à un re équilibrage de la croissance dans le monde ? Il convient, d'ailleurs, de noter que, par le passé, les progrès de la croissance ont surtout été profitables aux pays riches et, seulement dans une moindre mesure, aux plus pauvres. Au sein d'un même pays, cette augmentation de la croissance a surtout contribué à accroitre l'écart entre les citoyens les plus riches et les plus pauvres... Bien entendu, cette façon de faire ne serait possible que si les pays en cause disposent de régimes politiques démocratiques capables d'assurer une répartition équitable des bénéfices de la croissance entre les citoyens... Ce partage, cette invitation aux plus pauvres à venir s'assoir à la table des riches, ne pourra pas se réaliser dans un contexte de fermeture des frontières à l'immigration. Celle-ci devra, certes, être contrôlée, mais dans un esprit de solidarité et d'ouverture... Il apparaît que nous devons changer de modèle de développement, en adoptant des modèles plus durables, plus frugaux, tant au plan de la vie personnelle qu'à celui des institutions et des entreprises. Nous devons dans le même temps, envisager le développement comme un concept global qui concerne l'ensemble des pays de la planète et cesser de traiter cette question au travers des seules « lunettes nationales »...

dimanche 22 avril 2012

Que ce que nous méritons...

Les français ont eu ce qu'ils méritent en 2007 et subiront probablement, une fois de plus, le même sort en 2012.

En 2007, au second tour de l'élection présidentielle, le choix était entre S. Royale et N. Sarkozy. Ce dernier l'a emporté suite à la relative marginalisation de son adversaire socialiste. Celle-ci a eu, en effet, à souffrir des attaques de membres de son propre parti, le Parti Socialiste, et de sa « ringardisation » entretenue dans les médias. Il est pourtant clair, cinq ans après, que S. Royale aurait été, au moins aussi bonne, sinon meilleure, comme Présidente pour la France que celui qui a été élu. Si l'on en juge par la gestion qu'elle a menée à la tête de la Région Poitou-Charente, elle aurait été plus respectueuse des finances publiques, plus attentionnée envers les plus démunis et plus solidaire avec les nations membres de l'Union Européenne. A l'inverse, le président Sarkozy a plombé les finances publiques, a explosé le budget de fonctionnement de l'Elysée, a accru les déficits publics et la dette, n'a pas maitrisé l'augmentation du chômage, n'a pas diminué les inégalités sociales à l'école, a laissé les banlieues s'enfoncer dans le marasme, a pactisé avec les dictateurs du monde arabe pour mieux leur planter un couteau dans le dos ensuite... Bien sûr il y a eut de maigres succès comme le rapprochement avec l'Allemagne, mais ils restent peu nombreux.

Aujourd'hui, il est malheureusement fort probable que l'histoire se répète et, qu'au second tour de l'élection présidentielle de 2012, les français n'aient le choix qu'entre N. Sarkozy et F. Hollande. Cette perspective est triste car elle enferme la France dans un choix sans possibilité de rupture. Cette situation élimine les candidats qui auraient pu conduire la France vers un vrai changement. Parmi ceux-ci, un des plus crédible, qui a fait preuve de rigueur morale et d'une certaine éthique citoyenne, à savoir F. Bayrou. Un candidat qui propose un programme qui engagerait la France dans la seule voie d'avenir pour elle, à savoir l'intégration européenne. F. Bayrou a été marginalisé par les appareils de partis et n'a pu être entendu comme il aurait du l'être. L'autre candidat réformateur, qui aurait pu apporter un changement par rapport à la politique actuelle est JL Mélanchon du « Parti de Gauche ». Il a, lui aussi, été mis de côté et ne figurera probablement pas dans le couple de candidats qui seront présents au second tour. Tout se passe comme si les français avaient peur du changement et souhaitaient dans le fond d'eux-mêmes reproduire à l'infini les mêmes erreurs plutôt que d'affronter les risques inhérents à la découverte de nouvelles voies d'avenir...

F. Hollande a mené une campagne intense et défendu un programme dont l'analyse peut laisser craindre bien des déboires s'il était élu. Il est, en outre, difficile de faire crédit à un homme qui ne s'assume pas physiquement et qui a transformé son image dans le but de séduire les électeurs. La sincérité d'une telle démarche est douteuse. Il s'est placé dans une situation politique qui risque d'être très inconfortable, écartelé entre deux partis éloignés que sont « Europe-Ecologie-les Verts » d'Eva Joly et le « Parti de Gauche » de JL Mélanchon. Ces alliances seront difficiles à satisfaire simultanément. Il est à craindre que l'attention du candidat socialiste ne soit pas tournée en priorité vers la diminution de la dette et des déficits publics mais qu'il contribue plutôt à les creuser par une politique trop inspirée par la facilité de la création d'emplois subventionnés par les fonds publics...

Quand à Sarkozy, son éventuelle re élection n'aurait aucune chance d'améliorer la situation difficile de la France...

Il est a craindre que pendant les cinq années à venir les français n'aient encore à se plaindre de ce qu'ils auront, par leur choix, mérité...

lundi 16 avril 2012

Vu de France...

Le Canada reste un pays difficile à comprendre pour un citoyen français notamment.

En effet, imaginez un pays à structure fédérale, constitué de dix Provinces ayant chacune un gouvernement responsable dans des domaines précis et distincts des domaines de compétence de l'Etat fédéral. Imaginez que certains partis politiques peuvent être uniquement à base provinciale et donc, ne peuvent agir qu'au niveau provincial. Ils participent ainsi à l'élection du gouvernement de leur province mais ne peuvent pas intervenir au plan fédéral, ni au plan des autres provinces. C'est, par exemple, le cas du « Parti Québécois » (PQ) dans la province de Québec. Les citoyens québécois qui partagent les idées du PQ, lorsqu'ils veulent intervenir au niveau fédéral, sont obligés de le faire à travers un autre parti politique, représenté, lui, au niveau fédéral, le « Bloc Québécois »... Pire encore, certains partis politiques provinciaux n'ont pas de « correspondants » au niveau fédéral. C'est par exemple le cas, au Québec, de la « Coalition Avenir Québec ». Un tel parti politique s'interdit donc, par nature, de pouvoir intervenir sur des projets qui touchent à la fédération canadienne.

Si l'on considère le cas des municipalités la situation se complique encore plus... Dans ce cas, ce sont les partis politiques provinciaux et fédéraux qui ne peuvent participer à l'élection des édiles municipaux. Chaque maire a ainsi son propre parti municipal qui est indépendant des partis politiques provinciaux et fédéraux. C'est, par exemple, le cas à Montréal où le maire Gérald Tremblay est à la tête de son propre parti municipal, « L'Equipe Tremblay-Union Montréal ». Ainsi, si un parti fédéral produit un projet pour son pays, le Canada, et que ce projet concerne les provinces et les villes du pays, il ne peut intervenir directement qu'au niveau fédéral mais pas au provincial, ni au niveau des municipalités! S'il souhaite le faire, il ne le pourra qu'indirectement... A l'inverse, un maire qui voudrait développer un projet nécessitant des appuis aux niveaux provincial et fédéral ne peut pas le faire au travers d'un même parti politique mais doit négocier avec les différents partis intervenants aux niveaux supérieurs de la hiérarchie institutionnelle du Canada. La situation d'un maire en France, membre du Parti socialiste par exemple, et élu comme tel, est tout de même plus simple! Le centralisme français s'il possède ses inconvénients a aussi quelques avantages...

Faut il rechercher dans cette complication institutionnelle les causes des difficultés vécues par les citoyens canadiens ? Pensons, par exemple, aux difficultés soulevées par le remplacement des ponts sur le Fleuve Saint-Laurent à Montréal... Ces ponts sont gérés par le niveau fédéral mais les accès à ces ponts relèvent du provincial, voire de la ville de Montréal... Il est aussi légitime de s'interroger pour savoir si les divisions administratives cloisonnées ne sont pas propices au développement de la corruption?

vendredi 13 avril 2012

Incohérences politiques

Un débat est depuis, un certain temps, en cours au Québec autour de la question du financement illicite des partis politiques. Certaines allégations vont même jusqu'à parler de corruption... Face à cette polémique, certains responsables politiques, proposent que le financement des partis politiques soit essentiellement public. Je note cependant, une certaine incohérence à défendre une telle proposition alors qu'une grande partie des étudiants du Québec sont en grève contre l'augmentation des droits de scolarité universitaires décidée par le Gouvernement québécois.

En effet, peut-on vouloir d'une part, que le financement des partis politique au Québec soit public et, dans le même temps, refuser que l'Etat Québécois finance les universités à la hauteur de leurs besoins ? D'un coté, on viendrait financer les politiciens à partir des fonds publics et de l'autre, on voudrait que ce soient les étudiants eux-mêmes qui assument le supplément de financement qui semble nécessaire au bon fonctionnement des universités... Cette position me semble contraire à la morale politique et à l'éthique citoyenne. Ce sont pourtant des politiciens ou d'anciens politiciens qui, à l'exemple de Liza Frulla (ancienne députée du Parti Libéral) hier (le 12 avril 2012) sur la chaine de télévision de Radio-Canada, soutiennent cette thèse.

L'important réside pourtant dans l'investissement pour la formation des jeunes, même si les pratiques de corruption qui sont en cause dans le cadre du financement des partis politiques sur la base de fonds privés sont condamnables. Dans l'idéal on ne peut que souhaiter un financement public aussi large que possible dans les deux cas.

Il est difficile d'admettre que les étudiants soient obligés de s'endetter pour financer leur formation, tandis que les partis politiques, eux qui sont pourtant constitués d'adultes solvables pour la plupart, devraient être financés sur les fonds publics et ne devraient pas l'être par les personnes impliquées ou soutenants ces partis...

Il y a parfois en politique des incohérences difficiles à admettre...

dimanche 8 avril 2012

L'abri fragile des drapeaux

Une donnée nouvelle s'impose dans le monde "mondialisé" d'aujourd'hui : il devient de plus en plus difficile de se mettre a l'abri sous le couvert de son drapeau national.
De nombreux exemples sont là pour le montrer. Nous en citons quelques uns ci-dessous :

la chute des régimes de Sadam Hussein et de Mouammar Kadhafi après les interventions militaires de nations étrangères ;
la condamnation du régime syrien par une partie de la communauté internationale;
les diverses poursuites engagées contre des responsables politiques par le Tribunal Pénal International (TPI);
les directives de l'Union Européenne (UE) aux nations membres;
Le président français Nicolas Sarkozy, lui même, risque d'être rattrapé par le scandale de l'aide financière que lui aurait apporté l'ex dictateur lybien Mouammar Kadhafi;
certains prisonniers de Guantanamo sont dans l'impossibilité de faire appel à leur pays pour leur défense ;
Etc...

Les frontières des nations sont maintenant plus poreuses et il devient beaucoup plus difficile de violer les propres lois de son pays dans l'impunité, même pour un dirigeant au pouvoir. Ce constat est évidemment lié à la perte de pouvoir des Etats nationaux au profit d'entités supra nationales telles que l'ONU, l'OTAN, le FMI ou l'UE etc...

On doit d'ailleurs noter que cette perte de pouvoir s'est aussi faite au profit des entreprises et de la finance internationales comme on a pu le voir, notamment, au cours de la récente crise mondiale de la dette. On a pu constater combien les marchés financiers pouvaient imposer aux Etats leurs décisions même lorsqu'elles mettaient ces mêmes Etats en difficulté.

On peut donc, dès lors, s'étonner de voir certains Etats continuer à s'entêter dans des dispositions qui sont condamnées par les grandes institutions internationales ou par des groupes d'Etats. A titre d'exemples de ce type d'erreur, on peut faire état du refus de l'ex président Bagbo de Côte-d'Ivoire  à reconnaître sa défaite électorale, de la tentative avortée de l'ancien président Wade du Sénégal pour mettre son fils au pouvoir, de même pour le récent coup d'Etat au Mali ou encore pour les « magouilles » politiques du président Poutine en Russie...

Il est clair que la tendance, dans le monde actuel, est à l'abaissement des frontières nationales mêmes si, ici ou là, cette tendance suscite des réactions rétrogrades de nationalisme défensif. Les thèses défendues par les partis d'extrême droite, tel que le Front National en France, sont typiques de ces réactions.

Bien entendu, l'intervention étrangère n'est pas systématiquement positive. Le chaos qui a suivi la chute de Kadhafi ou de Sadam Hussein sont là pour le rappeler. Il est donc important que ce type d'intervention soit mûrement réfléchie et démocratiquement décidée avant d'être exécutée.

D'autre part, on peut chaque jour constater que cette tendance n'est pas systématiquement orientée vers le mieux-être des citoyens les moins bien nantis, mais se fait souvent au profit des plus riches. Il serait grand temps que les populations du monde puissent mieux infléchir les orientations des décideurs politiques influents vers des objectifs plus sociaux et plus favorables au bien-être des citoyens les plus démunis. Je pense notamment à l'accès aux soins de santé, à l'éducation et à la formation et à l'emploi des jeunes....Les citoyens européens, par exemple, devraient enfin peser pour que les conservatismes nationaux de leurs dirigeants soient remplacés par la construction d'une Europe plus protectrice des moins riches, plus solidaire et plus humaine...

mercredi 4 avril 2012

Mauvaise pige !

Le débat actuel, au Québec, autour de la grève des cours déclenchée par une grande partie des étudiants québécois contre l'augmentation, programmée par le gouvernement, des droits de scolarité universitaire est un débat de fond qui engage l'avenir du Québec et du Canada. La question de fond me semble résider dans le choix des investissements que doit faire le gouvernement en vue d'assurer un développement durable et harmonieux de la Province et du pays.

D'un coté, le gouvernement encourage les investissements dans le "Plan nord", un plan qui a pour objectif de développer l'exploitation minière dans les territoires du nord du Québec. De l'autre coté, ce même gouvernement libéral, décide d'augmenter les droits de scolarité universitaire avec des conséquences connues sur l'endettement, déjà réel, des étudiants et sur la restriction de l'accessibilité aux études universitaires.

Or nous savons tous que les ressources minières sont épuisables. Le prix du pétrole est la pour nous le rappeler. L'investissement dans la formation des jeunes est, a contrario, un investissement en faveur de l'avenir. En effet, pour faire face à l'épuisement des ressources minières, il n'y a rien de mieux que la recherche d'innovations techniques et scientifiques. Or, ces dernières sont étroitement dépendantes de la recherche scientifique et donc de la formation des personnes.

Dans ce domaine, l'université joue un rôle majeur et, mettre en place des freins à l'accès aux études supérieures, ne peut, en aucun cas favoriser le développement futur du pays. On ne peut que s'étonner des choix faits et de la relative incompréhension qui semble être celle d'une partie des citoyens du Québec. Investir dans la formation des jeunes est aujourd'hui la seule voie dont on puisse être certain qu'elle conduira à un résultat positif... Les investissements dans l'exploitation de ressources fossiles sont, certes rapidement profitables financièrement, mais ce sont déjà montrés par le passé produire nombre d'effets néfastes. Pensons à l'exploitation de l'amiante (maladies des poumons), des schistes bitumineux (pollution environnementale), du pétrole (marées noires) et même de l'uranium (recyclage des déchets)... Il est, certes, envisageable de rendre ce type d'exploitation moins néfaste pour l'environnement et la santé des citoyens mais, là encore, cela suppose de faire appel à la Science pour qu'elle puisse mettre en place de nouvelles techniques d'exploitation moins pénalisantes...

Il apparaît donc que les choix effectués par le gouvernement du Québec en privilégiant d'une part l'exploitation minière et en mettant un frein à l'accès aux études universitaires d'autre part, sont des choix incohérents qui ne pourront à terme satisfaire les besoins et les aspirations des citoyens du Québec et du Canada.

dimanche 1 avril 2012

Réveillons nos consciences !

De nos jours, l'aveuglement semble frapper la plupart des citoyens et des responsables de la planète. Le monde actuel bénéficie pourtant d'une chance unique, celle de pouvoir sortir de la logique de la croissance économique, de la consommation du pétrole et du tout pouvoir au capitalisme financier.

En effet, la raréfaction des ressources pétrolières, annoncée depuis très longtemps, est en voie de rendre inaccessible cette ressource par suite de la croissance exponentielle de son prix de vente. La crise mondiale récente de la dette et de la finance a mis, d'autre part, l'accent sur les conséquences néfastes du capitalisme, sur les méfaits du laxisme accordé à la finance internationale. Enfin, la mise en berne de la croissance, notamment dans les pays développés, vient à point pour permettre d'envisager d'autres voies de développement plus durables, plus respectueuses de l'environnement.

Or, ce que l'on constate est tout autre. Les gouvernements ne cessent de vouloir tout faire pour relancer la croissance partout où elle a ralentit. Il n'y a aucune recherche de leur part en vue de s'en tenir à une croissance nulle qui reste pourtant la seule voie porteuse d'avenir...
La crise financière récente est a peine terminée que les banques et les financiers ont repris leurs détestables habitudes. Les médias nous vantent tous les jours les bénéfices records accumulés par les institutions financières. Les rémunérations indécentes des traders, des actionnaires, des dirigeants d'entreprises, des hommes d'affaires... continuent de faire la une de l'actualité.
Si l'on regarde les programmes annoncés des candidats à l'élection présidentielle en France, on ne peut guère être rassuré. La plupart se replient sur des positions nationalistes à courte vue. Que ce soit Marine Le Pen qui veut sortir de l'Union européenne ou Nicolas Sarkozy qui souhaite remettre en cause l'espace de Schengen et même François Hollande qui n'annonce rien de grandiose sur l'Europe en dehors d'une "politique commerciale" commune, "des règles de réciprocité" dans les échanges commerciaux, un embryon de mesure protectionniste, ou encore une "taxe carbone aux frontières" qui frapperait les produits importés. Où sont les grands projets, ceux qui supposeraient le renforcement de l'Europe sociale et de la solidarité européenne ?

Pour faire face à l'épuisement des ressources en pétrole, on ne semble avoir trouvé rien de mieux que le recours à de nouvelles ressources épuisables telles que les gaz de schiste, les schistes bitumineux... Pire encore, l'exploitation des véhicules électriques ou hybrides pâtit encore dans de nombreux pays d'une aide insuffisante pour que ce moyen de transport puisse devenir concurrentiel aux moyens de transport traditionnels...

Tout se passe comme si les humains avaient perdu toute sagesse, toute capacité de réflexion sur un avenir à plus long terme qu'à quelques années... L'avenir de nos enfants et petits enfants semble ne plus peser grand chose dans les décisions de nos gouvernants.

Il est clair que nous fonçons tête baissée droit dans le mur. Le réveil risque d'être brutal et douloureux. Le monde contemporain a un immense besoin de grands projets, de renouveau propre a lui permettre de quitter la spirale infernale de la croissance, de la toute puissance de la finance internationale et de trouver de nouvelles sources d'énergie verte. Ces grands projets sont d'autre part porteurs de solidarité et d'emplois, toutes choses qui font cruellement défaut actuellement.

Continuer à s'entêter dans la voie suivit par le passé ne peut conduire que dans l'impasse. Déjà, il est possible de constater que la pauvreté s'installe partout de plus en plus, les pauvres devenant de plus en plus pauvres tandis que les riches s'enrichissent toujours plus. Il faut un sursaut citoyen qui puisse peser sur les décisions qui engagent l'avenir de l'humanité. Cela est possible si les citoyens du monde parviennent à se re solidariser, à retrouver ensemble un pouvoir d'influence sur les décisions qui engagent l'avenir. Il faut mettre un terme à l'individualisme qui a fait croire aux possibilités d'un salut individuel... Le salut ne sera trouvé que collectivement... Il faut cesser d'encourager les réflexes nationalistes qui ne conduisent qu'à des solutions à courtes vues.... N'oublions jamais que sans l'alliance des nations, le monde serait sans doute aujourd'hui sous la férule des nazis...