samedi 30 juin 2012

Sur l'aide publique au développement



Le dernier rapport de la Cour des comptes de la République Française indique notamment (voir journal Le Monde du 28 juin 2012) que l'Aide Publique au Développement (APD) est mal organisée, mal gérée et ressemble beaucoup à un gigantesque saupoudrage dont l'efficacité laisse à désirer. Les experts notent que le pays n'a pas choisi vraiment entre les deux voies constituées par l'aide bilatérale d'une part et l'aide qui transite par les grands organismes internationaux (Union Européenne, Banque Mondiale, Unesco, Organisation Internationale de la Francophonie,...) d'autre part. Selon eux, il serait temps de réorganiser le système car, en période de vaches maigres budgétaires, il faut rationaliser donc choisir.

Il est aujourd'hui connu que l'aide internationale n'est pas un gage de développement. Pour concrétiser cette remarque, il suffit de rappeler qu'entre 1965 et 1995, par exemple, un pays d'Afrique subsaharienne moyen a reçu en moyenne 12,5% de son Produit Intérieur Brut (PIB) par année sous forme d'aide internationale au développement (voir : « Aide internationale et développement en Haïti : bilan et perspectives », Revue « Haïti Perspectives », vol. 1, n°1, p. 13-16) ce qui correspond à environ l'équivalent de six Plan Marshall par année pendant plusieurs décennies. Il est difficile de concevoir que de tels afflux d'aide n'aient pas donné de meilleurs résultats... D'un autre côté, on sait qu'un pays comme la République populaire de Chine a multiplié le niveau de vie de ses habitants par 17 entre 1960 et 2007 avec très peu de transferts d'aide internationale...

Ceci étant dit, nous pensons, qu'une fois prise la décision de faire appel à l'APD, celle-ci devrait transiter obligatoirement par des organismes internationaux plutôt qu'être contrainte dans le cadre de relations étatiques bilatérales. Cette façon de faire aurait l'avantage de diminuer les risques de voir les fonds investis dans le pays-receveur revenir, en totalité ou en partie, dans le pays d'origine comme cela est actuellement trop souvent le cas avec l'aide bilatérale. Cette constatation n'est pas surprenante si l'on considère que, dans le cas de l'aide bilatérale, les deux partenaires sont dans des situations très asymétriques. Le pays qui apporte son aide (généralement un pays du nord) étant en fait le vrai décideur face au pays-receveur (généralement du sud). C'est, en effet le pays qui apporte les fonds qui est en mesure d'imposer ses vues au pays aidé. La réciproque n'étant généralement pas vraie. Dans ces conditions, il n'est pas anormal que les modalités de l'aide fassent en sorte, qu'au final, les entreprises ou les administrations du pays aidant s'arrangent pour qu'une partie au moins des ressources débloquées reviennent dans leur pays. Le même phénomène s'observe, d'ailleurs, dans le domaine de la coopération scientifique nord-sud, lorsque les projets financés, soi disant au profit des universités du sud, ne sont souvent que des faire-valoir profitant surtout aux universités du nord. Le passage par un organisme international permettrait, en outre, de garantir une relation dépassionnée à l'inverse de ce que peut être, par exemple, celle entre un ancien pays colonisé et le pays anciennement colonisateur. Enfin, la voie internationale permettrait une mutualisation plus aisée des ressources au profit de grands projets de développement.

IL serait donc souhaitable que la crise financière actuelle soit l'occasion d'apporter une réforme de fond à l'APD en favorisant le transit de cette aide par des organismes internationaux plutôt que de poursuivre les procédures bilatérales qui ont largement prouvé leur inefficacité... Il conviendrait aussi que les opérateurs agissant sur le terrain (Agences, Administrations publiques, Organisations non gouvernementales,...) soient des institutions locales au pays-receveur de façon à raccourcir la chaîne des intervenants et, en conséquence, à accroître la part des ressources qui parvient effectivement aux populations secourues...

lundi 25 juin 2012

Identité nationale ?



Le jour de la fête nationale du Québec, le 24 juin, il est logique de s'interroger sur le concept d'identité nationale. Sa définition est difficile et la preuve de cette difficulté est la variété des définitions qui en sont données. Pour certains l'identité nationale se résume au drapeau, pour d'autres elle se focalise sur certaines valeurs (laïcité, République, solidarité...), pour d'autres encore elle se loge dans la religion...

A mon avis, pour qu'une définition soit acceptable elle doit être simple et claire de façon à pouvoir être facilement acceptée par le plus grand nombre de citoyens concernés, ce qui constitue une propriété minimale pour un concept qui est censé être partagé par l'ensemble d'un peuple. Cela me conduit à proposer comme définition générique (c'est a dire applicable a n'importe quelle population) la suivante : un Québécois est une personne qui se définit elle-même comme québécoise. De la même façon, un Français serait un citoyen qui se définit comme français, quelle que soit son origine ethnique, voire même quel que soit son lieu de résidence ou sa langue...
Cette définition "individualiste" du concept a cependant un inconvénient majeur : elle ne permet pas d'en déduire aisément "l'identité nationale". En effet, dans ce cas, il faudrait, définir l'identité nationale comme le sous-ensemble des valeurs individuelles partagées par tous les individus qui se définissent individuellement de la même identité. Mais on comprendra que ce sous ensemble (qui est une intersection ensembliste au sens de la théorie des ensembles) peut être vide... Dans cette hypothèse, il n'existerait pas d'identité nationale! Pour mieux le comprendre, voici un exemple fictif : monsieur X qui se définit comme Québécois, est un francophone catholique qui met en valeur la solidarité humaine. De plus, il est souverainiste. Madame Y qui se définit elle aussi comme Québécoise est une anglophone athée, une libérale prônant des valeurs individualistes et est fédéraliste. On voit que ces deux Québécois n'ont pas de valeurs en commun...

Bien entendu, on pourrait donner une définition « ensembliste » de l'identité en s'appuyant sur le groupe des individus qui partagent une ou plusieurs caractéristiques. Ainsi, lors d'une compétition de foot-ball (ou soccer) on pourrait considérer comme un trait commun le fait que les « supporters » d'une même équipe s'identifient à celle-ci. Mais il est facile de concevoir que cette approche est restreinte à une période de temps donnée et à un contexte précis. Si l'équipe de foot se met à perdre ou si un supporter déménage, ce trait identitaire commun risque de changer. Cette remarque permet d'attirer l'attention sur une donnée fondamentale de la notion d'identité : elle se construit en permanence et dépend beaucoup de l'expérience de vie de chaque individu. L'identité est donc une notion dynamique qui est loin d'être figée...

Partant de ces observations, il est possible de conclure que la notion d'identité nationale est aujourd'hui dépassée. Elle n'a plus grand sens à notre époque mondialisée où le métissage culturel est omniprésent et vient en permanence faire évoluer les contextes dans lesquels baignent les individus. D'autre part, si les nations demeurent des entités réelles dans le monde contemporain, il n'est pas difficile de constater que ces mêmes nations ont de moins en moins de pouvoirs effectifs. Le pouvoir aujourd'hui est largement aux mains de la finance internationale, aux mains des groupements supra nationaux (UE, UA, …), aux mains des entreprises multinationales et même des groupements supra nationaux de la société civile (altermondialistes, indignés,...)... Il est temps de s'interroger sur l'intérêt des frontières, des drapeaux nationaux, de l'identité nationale à l'heure où les grands problèmes du monde (environnement, développement durable, flux migratoires, biodiversité, formation des jeunes,...) sont de nature plus internationale que nationale...
D'ailleurs au Québec, l'appui à la souveraineté nationale qui a longtemps occupé le premier plan de la politique québécoise, a aujourd'hui beaucoup moins d'écho au sein de la population. Les sondages donnent à peine 40% d'appui à l'indépendance aujourd'hui. Le Parti Québécois qui est le principal parti porteur de l'aspiration à l'indépendance du Québec a perdu le pouvoir il y a déjà 10 ans. Il semble qu'aujourd'hui les Québécois pensent plus à faire évoluer le fédéralisme canadien comme le montre le vote massif des Québécois en faveur du Nouveau Parti Démocratique (NPD) lors de la dernière élection fédérale et ceci au détriment du Bloc Québécois qui représentait jusqu'alors les souverainistes au Parlement fédéral du Canada. Même la langue française qui a toujours été le socle sur lequel s'appuyait l'identité québécoise est aujourd'hui contestée de l'intérieur, par des jeunes notamment, qui n'hésitent pas à passer à l'anglais dans leur vie quotidienne et professionnelle.

Plutôt que de se battre pour le maintien de frontières, pour la défense de drapeaux ou pour des fictions nationalistes en général, il me semble qu'aujourd'hui l'important se situe dans la sauvegarde de l'environnement et de la démocratie, dans la lutte contre la pauvreté et contre la disparition des cultures et des langues, dans le combat contre les discriminations de toutes sortes... Ces batailles là peuvent être menées sur des plans nationaux mais avec beaucoup moins de chances de succès que si elles le sont sur la base d'alliances internationales ou interculturelles. Toute action qui facilite ces unions trans nationales ou trans culturelles doit être encouragée...

mardi 19 juin 2012

L'échec du Président Sarkozy



Un des résultats les plus évidents de la présidence de monsieur Sarkozy (mai 2007 à mai 2012) est le basculement général des institutions de la France vers la gauche. La Présidence de la République, le Sénat, l'Assemblée nationale, les Présidences de Régions, les Présidences de Conseils Généraux, les mairies des grandes villes, aucune institution de la République Française n'échappe à cette règle. On trouvera ci-dessous une liste des principales défaites de la Majorité présidentielle pendant le mandat du Président Sarkozy :

- Aux dernières élections municipales de mars 2008 : avant le scrutin, la droite détenait 21 mairies de villes de plus de 100 000 habitants sur 37. Au soir du 16 mars, elle n'en dirigeait plus que 12;
- À l'issue des dernières élections cantonales (désignation des Conseils généraux administrant les Départements) de mars 2011, la gauche a enregistré un gain de trois présidences pour un total de 61 sur 101, alors que la droite ne dirige plus quant à elle que 39 départements;
- Depuis les dernières élections régionales de mars 2010, la gauche détient 24 Présidences de Régions et de Collectivités Territoriales sur 27;
- Lors des dernières élections sénatoriales de septembre 2011, pour la première fois sous la 5e République, la majorité sénatoriale a basculé à gauche;
En mai 2011, le Président Sarkozy perdait les élections Présidentielles au profit de son rival socialiste François Hollande.
- En juin 2011, alors que le président Sarkozy venait de quitter la Présidence de la République, la majorité de l'Assemblée Nationale bascule à gauche, le Parti Socialiste gagnant la majorité absolue de cette assemblée;
- En juin 2011, l'Assemblée Nationale reçoit, pour la première fois sous la 5e République deux députés issus de l'extrême droite.

Cette accumulation de déboires s'est pourtant réalisée pendant la durée ou juste après la durée du seul mandat du Président Sarkozy, soit 5 ans. Il est difficile de trouver un échec aussi généralisé dans l'histoire récente de la France. Cette succession de déboires semble, cependant, constituer plus un rejet de la « méthode Sarkozy » qu'un choix délibéré de la gauche politique par les citoyens Français. Cette constatation émane directement du taux élevé d'abstention (près de 45%) mesuré lors des dernières élections législatives. A l'issue de ces cinq années, il est légitime de s'interroger sur les raisons du choix des Français en mai 2007, alors qu'ils avaient la possibilité d'élire madame Ségolène Royal. La relecture du programme en 100 points qu'elle avait présenté alors peut donner à réfléchir aujourd'hui lorsqu'on le compare au bilan de cinq années de « Sarkozysme »...

Il est évident qu'aujourd'hui, la détention par la gauche politique, d'un pouvoir aussi grand lui confère des responsabilités immenses. Elle a cinq ans pour faire ses preuves faute de quoi le balancier électoral retournera inéluctablement vers la droite. La gauche française devra, notamment, montrer son engagement dans la construction d'une Europe sociale, intégrée et solidaire, dans l'amélioration du sort des citoyens français les plus démunis et dans le soutien à la classe moyenne. Pour cela elle devra contribuer au rassemblement des forces de progrès de l'Union européenne afin, de favoriser la re industrialisation des pays européens, de catalyser la recherche et l'innovation, de maitriser la spéculation de la finance internationale, et de forger un sentiment d'appartenance commun aux peuples de l'Union européenne...

lundi 18 juin 2012

Une nouvelle plage à Montréal

Une toute nouvelle plage, la « Plage de l’Horloge », est désormais ouverte dans le Vieux-Port de Montréal. Son inauguration a eu lieu le jeudi 14 juin 2012. Située à quelques pas du quartier historique de la ville, la plage urbaine du Vieux-Port de Montréal offre une ambiance de vacances avec son sable fin, ses chaises, ses parasols et la fraîcheur de ses brumisateurs. Aménagée au pied de la Tour de l’Horloge, entrée du Vieux-Port, la « Plage de l’Horloge » offre une atmosphère sereine tout en étant branchée directement sur la ville et les attractions du Vieux-Port. La créatrice, madame Claude Benoit, présidente de la Société du Vieux-Port de Montréal, dit s'être inspirée de « Paris-plages ». Un projet qui a du succès depuis onze ans dans la capitale française. A Montréal, chaque visiteur devra débourser six dollars pour accéder aux installations. La société du Vieux-Port justifie l'instauration d'un coût d'entrée prix par le fait qu'il faut financer l'entretien et le nettoyage des lieux.
L'aménagement de la plage urbaine a coûté 1,6 millions de dollars (environ 1 200 000 euros) à la « Société du Vieux-Port ». Si le projet parisien est à l'origine du concept de cette plage montréalaise, il en diffère sur un point essentiel : à Paris, l'accès de la plage est gratuit, tandis qu'à Montréal il est payant. La ville de Paris partage les frais avec des partenaires publics et privés qui profitent ainsi de la popularité de l'opération : sur un budget total d'environ 2 500 000 euros (environ 3 200 000 dollars), la moitié à peu près a été financée par les sponsors et les redevances des cafés, restaurants et kiosques de journaux installés sur la berge. Selon Jean-Christophe Choblet, créateur de « Paris-Plages », «l'objectif est moins d'amener la plage dans la ville que de proposer des vacances urbaines et surtout gratuites». Autrement dit, dès le départ, le projet parisien a mis en avant un aspect social qui semble avoir été moins déterminant dans le cadre du projet montréalais. Pourtant, selon le recensement de 2006, (voir : Montréal en statistiques, Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, DSP (2010-2011), Service du Développement économique (VDM)), Montréal se caractérise par un taux élevé de pauvreté (36% des ménages); 29% de la population vit sous le seuil de faible revenu (avant impôt); 413 875 Montréalais vivent dans un ménage à faible revenu après impôt (22,8% des Montréalais). Dans un tel contexte, il aurait été important que les décideurs politiques fassent le nécessaire pour que l'accès à cette plage soit libre et non payant. Alors que le Québec, et Montréal singulièrement, traversent actuellement une grave crise sociale liée à l'augmentation des droits de scolarité universitaires, la gratuité de ce nouveau projet serait apparue comme un signal positif donné par les responsables politiques...

mercredi 13 juin 2012

Les conséquences politiques de la crise sociale au Québec

Après plus de trois mois de crise sociale, en relation avec la grève des étudiants contre l'augmentation des droits de scolarité, il est possible d'en dégager certaines conséquences sur le plan politique. Pour le « Parti Libéral du Québec » (PLQ) au pouvoir actuellement, il est clair que la « gestion molle » de cette crise et l'impression de laisser « pourrir » la situation qui a été donné par le Gouvernement du Premier Ministre Charest, n'a pas eu que des effets positifs pour ce parti. En effet, lors des élections partielles du 11 juin dans la circonscription d'Argenteuil, la candidate libérale a été battue par un candidat du Parti Québécois (PQ) alors que cette circonscription était détenue par le PLQ depuis 46 ans. Il est vrai que cette élection partielle ne constitue pas un sondage à l'échelle de la Province de Québec mais, elle paraît tout de même révéler un état d'esprit qui transparait au fil des commentaires que les médias transmettent depuis un certain temps. La « stratégie du pourrissement », qui semble être celle du parti au pouvoir, n'est peut être pas aussi gagnante que peuvent le croire les partisans du PLQ... Pour le « Parti Québécois », le résultat précédent peut être interprété favorablement et laisser croire que le temps du renouveau est arrivé pour ce Parti. Le choix de soutenir, jusqu'à un certain point, le combat des étudiants peut conduire certains à penser, comme la Chef du PQ madame Pauline Marois, que cette façon de faire permettra au parti de regagner la majorité parlementaire lors des prochaines élections provinciales qui seront déclenchées avant la fin de l'année 2012. Cette perspective n'est pourtant pas assurée car ce parti est associé à la pensée souverainiste qui ne semble plus constituer une option pour une majorité de citoyens au Québec. Le PQ souffre, en outre, d'une image un peu désuète qui ne lui confère pas, au moins chez les plus jeunes, une image attirante. Pour le jeune parti « Québec Solidaire » (QS), la situation reste difficile. Son unique député à l'Assemblée nationale du Québec, monsieur Amir Khadir, a pris des positions extrêmement claires en faveur des étudiants grévistes et a même poussé à la désobéissance civile pour combattre la loi spéciale 78 votée par l'Assemblée Nationale pour freiner les manifestations anti gouvernementales. Il a d'ailleurs payé de sa personne en étant arrêté au cours d'une manifestation et sa fille Yelda a, elle, été emprisonnée quelques jours à la suite de l'occupation du bureau de l'ex ministre de l'éducation, Line Beauchamp. On aurait pu croire que les positions sans ambigüités de ce parti, au cours de la crise en cours, lui auraient permis de gagner des voix mais cela n'est pas le cas si on considère les résultats des dernières élections partielles. QS a, en effet, récolté moins de 3% des voix dans la circonscription d'Argenteuil qui a vu la victoire du candidat du PQ et, moins de 6% des voix dans la circonscription de Lafontaine où le PLQ a triomphé. Il semble que ce parti souffre, lui aussi, d'avoir mis en avant l'option souverainiste et qu'il manque de relais pour se faire entendre. Avec son courageux et unique député, il s'apparente plus à « Québec solitaire » qu'à « Québec Solidaire »... Il faut d'ailleurs noter que la Porte-parole de ce parti, madame Françoise David, n'a pas été très audible au cours de la crise récente que traverse le Québec... En ce qui concerne le plus jeune des partis québécois, la « Coalition Avenir Québec » (CAQ) et son Chef François Legault, l'avenir ne semble pas aussi rose que ne le laissait penser les sondages au moment de la création de ce parti en fin 2011. Les élections partielles récentes ont montré que ce parti était distancé, avec à peine plus de 20% des voix dans Argenteuil et à peine plus de 15% des voix dans Lafontaine. En fait, il semble qu'en quittant le PQ pour créer la CAQ, François Legault ait plutôt fait le jeu du PQ en divisant les voix du PLQ. Cela s'explique d'ailleurs fort bien puisqu'au cours de la crise sociale récente, la CAQ s'est souvent alignée sur les positions du PLQ au lieu d'essayer de se démarquer. L'avenir de ce parti semble désormais bien moins assuré qu'à sa création... Finalement, quels enseignements peut-on tirer de toutes ces observations ? Il me semble que les citoyens québécois sont encore à la recherche d'un parti politique qui saura traduire l'aspiration au changement d'une majorité du peuple. Ce changement, s'il n'est pas encore clairement formulé, transparait au travers de plusieurs évènements qui ont marqués la vie des Québécois au cours des années récentes. Il m'apparait comme la recherche d'un projet d'envergure pour l'avenir de la Province. Il n'est plus question d'indépendance ou de souveraineté, comme ce fut le cas par le passé, mais plutôt du rôle de cette province au sein de la Fédération canadienne et du monde contemporain. Le peuple du Québec aspire à devenir un leader mondial dans les domaines de la diversité culturelle et linguistique en s'appuyant, notamment, sur la francophonie des Amériques, il aspire à trouver une nouvelle voie de développement qui soit plus durable et plus frugale que celle prônée par les leaders du néo-libéralisme, il souhaite devenir un exemple de développement solidaire et social, il veut une société laïque et juste... Tel est le sens profond du « printemps érable »...

samedi 2 juin 2012

Et après ?

Au sortir de l'échec des négociations entre le gouvernement du Québec et les étudiants il apparait clairement que le gouvernement a fait une grave erreur d'appréciation dans son analyse de cette crise. En effet, peu de temps après l'annonce par le gouvernement de sa décision de hausser les droits de scolarité, en mars 2011, à raison de 325$ par année pendant cinq ans, les étudiants ont fait connaitre leur opposition. En effet, dès le mois d'août les étudiants lancent officiellement leur campagne de protestation contre cette hausse. Ils font savoir rapidement que, pour eux, l'amélioration du financement des universités ne devrait pas être obtenue en prélevant plus d'argent dans la poche des étudiants mais plutôt en améliorant la gestion des universités de façon à réduire les dépenses pas toujours justifiées. Cette proposition est formalisée par la FEUQ (Fédération étudiante universitaire du Québec) et la FECQ (Fédération étudiante collégiale du Québec) le 1er mai 2012 et elle contient déjà un point sur le gel des droits de scolarité. Le gouvernement a préféré ignorer cette proposition et a maintenu sa décision, comme il a ignoré les centaines de milliers de manifestants qui protestaient dans les rues de Montréal notamment. Pire encore, après le déclenchement de la grève des étudiants le 13 février 2012, le gouvernement a mis onze semaines avant de réagir et de recevoir les représentants des étudiants à la table de négociations. Ce délai de réaction était une preuve supplémentaire de l'inflexibilité gouvernementale, de son désir de considérer sa proposition comme définitive et non négociable. Par la suite, au cours des deux périodes de négociations, le gouvernement québécois n'a jamais accepté d'envisager un moratoire sur la question du gel des droits de scolarité ou une procédure qui produirait le même effet comme le souhaitait les leaders étudiants. D'un autre coté, il était tout aussi clair que, pour les étudiants, il n'était pas question d'accepter le principe de l'augmentation des droits de scolarité mais qu'ils souhaitaient plutôt discuter de la gestion des universités afin de la rationaliser, de la moraliser et de faire des économies substantielles. Pour eux, les droits de scolarité devaient être gelés et ce au moins jusqu'à l'élection d'un nouveau gouvernement. Leur souhait à plus long terme était d'améliorer l'accessibilité aux études supérieures en diminuant les droits de scolarité avec le but de tendre vers la gratuité. Il est bon de rappeler ici une intervention du Recteur actuel de l'UQAM, Claude Corbo, qui déclarait lors d’une allocution tenue devant la Chambre de commerce de Montréal en février 1993 : « les étudiants doivent consacrer plus de temps à leurs études et moins de temps à leur travail s’ils veulent réussir. ». Il est évident, en effet, que si les étudiants doivent consacrer une partie de leur temps à gagner de l'argent pour payer leurs études, ce sont autant moins d'heures qu'ils pourront accorder à leur travail universitaire. Il faut également rappeler que le modèle des universités des Etats-Unis-d'Amérique qui est souvent cité en exemple au Québec, est un modèle qui a conduit à ce que, à l’heure actuelle, la dette moyenne d’un étudiant américain s’élève à plus de 25 000 $. Selon le quotidien québécois « Le Devoir » du 2 juin 2012 : « Aux États-Unis, modèle souvent évoqué par ceux qui veulent augmenter les droits de scolarité, l’endettement des étudiants est en train de devenir une bombe à retardement sociale et financière. » Dans ce contexte, il apparait que les deux phases de négociations qui ont eu lieu ne pouvaient aboutir. Le vote de la loi spéciale, le 18 mai 2012, par le Parlement de Québec est venu aggraver la situation en élargissant l'assiette des manifestants au delà du monde étudiant jusqu'à l'ensemble de la société québécoise attachée à l'expression démocratique de ses droits. Que pouvons nous espérer maintenant ? Il semble que la seule issue possible à ce conflit soit le déclenchement d'élections provinciales, à plus ou moins long terme, afin de pouvoir débloquer la situation et choisir un modèle de financement des études post secondaires qui soit consensuel. Dans cette perspective, il apparaît qu'un engagement politique déterminé des jeunes, étudiants et collégiens notamment, est une nécessité. L'énergie, la ténacité, la détermination et l'intelligence qu'ils ont mis dans la conduite du mouvement de protestation étudiant doivent maintenant être mis à profit du combat politique pour un Québec moderne.