mardi 31 janvier 2012

Un grand projet pour l'Union Européenne


La campagne présidentielle en cours actuellement en France est parvenue dans une phase où les programmes des principaux candidats ou des présumés candidats, commencent à être connus. Que l'on considère les annonces de F. Hollande ou celles de N. Sarkozy, il apparait que la lutte contre le taux important de chômeurs en France (actuellement évalué à plus de 9% ) fait partie des priorités des deux hommes. Le candidat socialiste propose, notamment, un "contrat de génération" pour permettre l'embauche de personnes sur des Contrats à durée indéterminée (CDI) par les entreprises. Le présumé candidat de l'UMP, pour sa part, insiste sur le développement de la compétitivité des entreprises notamment par la baisse des charges patronales et la modulation du temps de travail, avec l'objectifs de les placer dans une situation comparable à celle des entreprises allemandes. Il prône également le développement de la formation des jeunes par l'apprentissage pour, là aussi, se rapprocher de la situation allemande.

Les propositions connues me semblent, toutefois, délaisser une voie qui pourrait être prometteuse : celle de l'Europe. La résorption du chômage et, singulièrement, de celui des jeunes, pourrait profiter de la diversité des situations de l'emploi dans l'Union Européenne (UE). Il est connu, par exemple, qu'il existe des possibilités d'embauche en Allemagne où le taux de chômage n'est que de 7% environ. Mieux encore, en Autriche et en Belgique, ces taux ne sont respectivement que de 3,9% et 6,6%. Le Luxembourg, les Pays-bas, la Suède, le Danemark, la Roumanie et la Finlande sont aussi des pays européens à faible taux de chômeurs... Il est clair que ces pays sont dans une bien meilleure situation que l'Espagne, par exemple, où le taux de chômage frise les 23%. D'autres pays de l'UE sont dans des situations difficiles de ce point de vue comme, la Grèce, des pays de l'est de l'Europe, le Royaume-uni, la France... Les réalités de la situation de l'emploi sont donc différentes d'un pays à l'autre de l'UE.

Cette diversité pourrait être mise à profit par les demandeurs d'emploi de l'UE. Pour cela, il serait nécessaire de mettre en place dans l'UE un grand programme de mobilité des travailleurs, à l'image du programme Erasmus pour les étudiants européens. Ce grand projet européen permettrait de faciliter le déplacement et l'insertion des travailleurs migrants en les aidant à supporter les coûts des déplacements ou des déménagements, en leur facilitant l'apprentissage de la langue du pays d'accueil lorsque cela est nécessaire, en leur apportant un soutien pour toutes les questions sociales (santé, éducation, logement...). Une idée voisine a, d'ailleurs, été émise par l'intellectuel européen Umberto Eco qui souhaite « un Erasmus obligatoire non seulement pour les étudiants mais aussi pour les taxis, les plombiers, les ouvriers. Ils passeraient un certain temps dans les pays de l'Union pour s'intégrer » (voir le supplément « Europa » du journal Le Monde du 26 janvier 2012). Il s'agirait la d'un grand projet susceptible de contribuer au développement d'une Europe des peuples plus sociale...

Les candidats à l'élection présidentielle en France feraient bien de profiter de cette campagne pour lancer ce grand programme européen de résorption du chômage et de construction d'une Europe plus humaine...

lundi 30 janvier 2012

Sur l'équité de la justice


Le procès de la famille Shafia vient de se terminer à Kingston (Canada) par une condamnation à la prison à perpétuité pour les trois membres de la famille canado-afghane (Père, mère et fils) qui étaient accusés d'avoir commis les meurtres prémédités de leur trois filles et de l'ex épouse du père. Il n'est pas question ici de revenir sur le procès ni sur la décision du jury. Un observateur attentif ne pourra, par contre, manquer de faire le parallèle entre cette décision de justice et la récente conclusion du procès de G. Turcotte au Québec. Dans ce dernier cas, le cardiologue était accusé du meurtre prémédité de ses deux jeunes enfants et le verdict du jury avait été tout autre, puisque le médecin a été déclaré non responsable criminellement du meurtre de ses enfants... Ce verdict n'interdit pas la libération de G. Turcotte alors que le verdict de Kingston impose une peine de sureté aux trois condamnés d'au moins 25 années de prison.

Il paraît légitime de s'interroger sur les différences de traitements qui ont été infligés aux accusés dans ces deux procès. Dans le cas Shafia, la possibilité de « crimes d'honneur » a été évoquée sans que cela puisse être prouvé, alors que dans le cas du médecin québécois il s'agissait de motivations passionnelles liées à la séparation du cardiologue et de la mère de ses enfants... Cette différence de motivations justifie t-elle une telle différence dans les verdicts ? La justice est souveraine mais il est parfois utile de faire des comparaisons qui peuvent parfois éclairer sur les ressorts cachés de la justice....

La clé du développement haïtien


La clé du rétablissement de la situation à Haïti me semble devoir être recherchée dans une direction prioritaire : celle de la mise en place d'un système éducatif performant. Le dire n'est pas suffisant, il faut encore préciser ce que l'on veut dire.

Le premier point est que le système éducatif est un tout non divisible. Il convient de réformer tant l'école primaire que secondaire sans négliger l'enseignement supérieur. Aucune de ces trois composantes ne doit être priorisée par rapport à une autre. Il faut, en effet, qu'un jeune puisse poursuivre sa formation sans interruption depuis la petite enfance jusqu'à l'age adulte. Il est prouvé aujourd'hui, que si cette chaine de formation possède un point faible, c'est toute l'efficacité de la formation qui pourra subir des dégâts. Un enfant qui a appris à lire pendant son école primaire et qui, faute de pouvoir accéder à un établissement d'enseignement secondaire, doit arrêter sa formation, courra le risque à terme de tomber dans l'illettrisme...

Le second point d'importance est que le système éducatif soit placé sous la responsabilité de l'Etat haïtien et de lui seul. Il n'est pas bon que les confréries religieuses ou d'autres obédiences privées se voient confiées une part significative de la formation des jeunes. Si le privé peut intervenir, il ne doit pouvoir le faire qu'à la marge et en tous cas sur la base de programmes agrées par l'Etat. Il est, en effet, essentiel que les jeunes puissent posséder, à l'issue de leur formation, des références communes et que celles ci soient aussi objectives et rationnelles que possible afin de combattre le développement d'idées obscurantistes et irrationnelles qui peuvent être entretenues par certains groupes religieux. On ne doit pas oublier, par exemple, que lors du dernier séisme on a pu voir trop de personnes en prière évoquant le ciel au lieu de se précipiter pour porter secours à ceux qui étaient emprisonnés sous les décombres... (Le beau livre-témoignage du professeur K. Logossah, « L'éternité d'un instant – Séisme du 12 janvier 2010 à Port-au-Prince », Editions Velours, Paris, 2012, est explicite sur ce point). Il faut tout faire pour que les principes de la laïcité soient mis en oeuvre au sein du système éducatif.

L'enseignement supérieur, enfin, doit être remis en état de façon à devenir comparable aux références internationales du domaine. Il est anormal de voir pousser des établissements privés sous la dénomination d'université, alors même qu'il n'existe, par exemple, aucun enseignant docteur dans cet établissement. L'enseignement supérieur est un maillon essentiel du système. En effet, c'est lui qui est chargé de la formation des enseignants tant au niveau primaire, que secondaire et supérieur. Ce niveau de formation est aussi le berceau de l'innovation, de la recherche, de la formation de cadres de niveau intermédiaires utiles au développement.

Tout cela ne pourra se faire rapidement et nécessitera du temps (la formation d'une génération ne peut se faire qu'en environ 20 ans). Il faudra s'appuyer sur l'aide des universités étrangères au début mais il faut, notamment parce que la remise en état sera longue, commencer le travail sans tarder. Il en va de l'avenir des futures générations d'adultes... On ne peut, dans ce contexte, que regretter que l'Institut Aimé Césaire qui avait été mis en place par la Francophonie avec l'aide de l'Etat Haïtien et de l'Université des Antilles et de la Guyane n'ait pas survécut au séisme de 2010. Cet Institut avait déjà commencé à former des cadres de haut niveau (master et doctorat) dans les domaines de la gestion et de l'administration. Certains des premiers étudiants diplômés occupent d'ailleurs déjà des emplois de cadres dans plusieurs entreprises ou administrations haïtiennes. L'effondrement du bâtiment qui l'abritait a non seulement entrainé la mort de onze étudiants et d'un professeur mais il a permis, malheureusement, aux forces rétrogrades d'en profiter pour faire disparaître ce fleuron de l'enseignement supérieur dans la Caraïbe.

mercredi 18 janvier 2012

A propos de la dégradation de la note de la France

Il y a des vérités tellement évidente que l'on refuse parfois de les voir. La récente dégradation de la note de la France par l'Agence Standard et Poor's a provoqué, en France notamment, une tempête médiatique qui devrait faire réfléchir.

Comparons, en effet, la précédente dégradation de la note des Etats Unis d'Amérique (EUA) à celle de la France. Dans le premier cas, il n'y eut pratiquement pas de réaction des médias ou de la classe politique contrairement à ce qui s'est passé pour la France. Or, si les faits sont identiques, la situation des deux pays est bien différente. La France est intégrée dans l'Union Européenne (UE) mais, suite à un manque d'intégration évident, elle continue à être perçue comme un pays à part entière alors qu'elle n'est plus qu'un Etat de l'UE. Pour comparer, imaginons ce qui se passerait, si les Agences de notation se mettaient à noter, non pas les EUA, c'est à dire l'Etat fédéral, mais chacun des Etats constituant la Fédération des EUA... Cette idée n'est venue à l'esprit de personne. Pourtant, logiquement, la France ne devrait être considérée que comme un Etat de l'UE au même titre que l'est, par exemple, l'Ohio ou le Texas.... La conclusion s'impose d'elle-même : il faut poursuivre à grands pas l'intégration des pays de la zone Euro vers une situation plus fédérale. Il faut abandonner résolument les réflexes nationalistes (Produire français....) sans, pour autant, abandonner tous les acquis des cultures Européennes et notamment les langues de l'Union... Continuer à percevoir l'UE comme divisée en régions distinctes en fonction de la notation des Agences, ou du PIB ou d'autres critères économico-politique n'est plus justifié. Les seules divisions acceptables aujourd'hui sont les différences culturelles qui, elles, devraient être valorisées en vue de permettre un rayonnement plus fort des cultures européennes.

Il ne sert à rien de s'en prendre, comme on le voit trop souvent, aux Agences de notations, elles existent mais leur influence dépend essentiellement du niveau d'intégration des zones géopolitiques qu'elles observent. On ne peut évidemment pas effacer l'Histoire en oubliant toute celle des pays constituant l'UE. Cette histoire est une donnée forte qu'il ne faut, certes pas oublier, mais le processus de création de l'UE dans lequel se sont engagés les pays Européens doit être poursuivi jusqu'à son terme et ne peut souffrir d'être ralenti ou arrêté. Or la logique d'évolution de ce processus est unique, elle ne peut et ne doit conduire qu'à une Fédération Européenne et à rien d'autre...

dimanche 1 janvier 2012

Critique du « jeunisme »



Régulièrement les médias font état de « la dangereuse exclusion politique des jeunes ». Pour ne citer qu'un article récent, le Journal « Le Monde » en date du 29 décembre 2011 contenait un article intitulé « Une France de plus en plus gérontocratique - Dangereuse exclusion politique des jeunes ». Les tenants de cette thèse font souvent référence à ce qui leur paraît être un défaut majeur, voire une injustice, vis à vis de la jeunesse française, à savoir « qu'à la fin de 2010, les plus de 60 ans représentent 23% de la population et occupent plus de 60% des sièges d'élus nationaux. A l'inverse, les 25-40 ans, soit 19% de la population française, ne constituent que 3% des membres du Parlement ».
Cette argumentation me semble souffrir d'une faiblesse grave : les plus âgés ont d'abord été des jeunes. A ce titre, ils ne peuvent ignorer totalement, les besoins, les désirs et les aspirations de la jeunesse, même si l'époque a changée. Par ailleurs, ils peuvent rester en contact facilement avec des jeunes. Leur avancement dans la vie fait, en outre, qu'ils possèdent une expérience dont ne peut bénéficier une personne plus jeune. A contrario, les jeunes n'étant pas encore passés par la phase de vieillissement, n'ont que peu de connaissance de cet âge de la vie même si, bien entendu, ils peuvent par le biais de leur entourage fréquenter des personnes plus âgées. Il me paraît clair que le fait d'avoir expérimenté antérieurement un état de l'existence confère des connaissances que ne peuvent partager ceux qui n'ont pas encore traversé cette phase de la vie...

L'argumentation « jeuniste » est aussi critiquable sur le fond car, la généralisation d'une telle façon de penser pourrait conduire à une situation extrêmement compliquée à gérer. En effet, la population française comprend, par exemple, actuellement environ 10% de personnes en dessous du seuil de pauvreté et donc, environ 90% de personnes au dessus de ce seuil. Le respect de ces pourcentages devrait donc conduire à une représentation parlementaire en rapport avec ces chiffres.... Il serait possible de poursuivre ce raisonnement à propos de bien d'autres critères de classification des Français...

Pour finir, s'il me paraît utile de faire en sorte que les jeunes soient mieux représentés au Parlement, il me semble que vouloir mesurer cette représentativité à l'aune de leur pourcentage de présence au sein de la population est un raisonnement erroné et dangereux qui pourrait ouvrir la porte à bien des problèmes....