La campagne présidentielle en cours actuellement en France est parvenue dans une phase où les programmes des principaux candidats ou des présumés candidats, commencent à être connus. Que l'on considère les annonces de F. Hollande ou celles de N. Sarkozy, il apparait que la lutte contre le taux important de chômeurs en France (actuellement évalué à plus de 9% ) fait partie des priorités des deux hommes. Le candidat socialiste propose, notamment, un "contrat de génération" pour permettre l'embauche de personnes sur des Contrats à durée indéterminée (CDI) par les entreprises. Le présumé candidat de l'UMP, pour sa part, insiste sur le développement de la compétitivité des entreprises notamment par la baisse des charges patronales et la modulation du temps de travail, avec l'objectifs de les placer dans une situation comparable à celle des entreprises allemandes. Il prône également le développement de la formation des jeunes par l'apprentissage pour, là aussi, se rapprocher de la situation allemande.
Les propositions connues me semblent, toutefois, délaisser une voie qui pourrait être prometteuse : celle de l'Europe. La résorption du chômage et, singulièrement, de celui des jeunes, pourrait profiter de la diversité des situations de l'emploi dans l'Union Européenne (UE). Il est connu, par exemple, qu'il existe des possibilités d'embauche en Allemagne où le taux de chômage n'est que de 7% environ. Mieux encore, en Autriche et en Belgique, ces taux ne sont respectivement que de 3,9% et 6,6%. Le Luxembourg, les Pays-bas, la Suède, le Danemark, la Roumanie et la Finlande sont aussi des pays européens à faible taux de chômeurs... Il est clair que ces pays sont dans une bien meilleure situation que l'Espagne, par exemple, où le taux de chômage frise les 23%. D'autres pays de l'UE sont dans des situations difficiles de ce point de vue comme, la Grèce, des pays de l'est de l'Europe, le Royaume-uni, la France... Les réalités de la situation de l'emploi sont donc différentes d'un pays à l'autre de l'UE.
Cette diversité pourrait être mise à profit par les demandeurs d'emploi de l'UE. Pour cela, il serait nécessaire de mettre en place dans l'UE un grand programme de mobilité des travailleurs, à l'image du programme Erasmus pour les étudiants européens. Ce grand projet européen permettrait de faciliter le déplacement et l'insertion des travailleurs migrants en les aidant à supporter les coûts des déplacements ou des déménagements, en leur facilitant l'apprentissage de la langue du pays d'accueil lorsque cela est nécessaire, en leur apportant un soutien pour toutes les questions sociales (santé, éducation, logement...). Une idée voisine a, d'ailleurs, été émise par l'intellectuel européen Umberto Eco qui souhaite « un Erasmus obligatoire non seulement pour les étudiants mais aussi pour les taxis, les plombiers, les ouvriers. Ils passeraient un certain temps dans les pays de l'Union pour s'intégrer » (voir le supplément « Europa » du journal Le Monde du 26 janvier 2012). Il s'agirait la d'un grand projet susceptible de contribuer au développement d'une Europe des peuples plus sociale...
Les candidats à l'élection présidentielle en France feraient bien de profiter de cette campagne pour lancer ce grand programme européen de résorption du chômage et de construction d'une Europe plus humaine...