L'Union européenne (UE) traverse une crise difficile depuis un certain temps. J'ai moi-même écrit sur ce thème plusieurs chroniques (voir par exemple : « Euro-optimisme » du 7 mai 2010; « La dangereuse tessélation du monde » : 21 août 2010; « Le problème des ROMs en Europe » : 27 août 2010; « L'incohérence en politique » : 21 novembre 2010; « La gouvernance citoyenne » : 6 avril 2011).
Les divisions au sein de l'UE, les réflexes nationalistes qui s'y manifestent, le chacun pour soi qui domine, tout cela ne concourt pas à la résolution des difficultés. Jusqu'à présent, il semble que la seule approche qui ait mobilisé les responsables européens soit celle par le haut, c'est à dire celle qui recherche la cohésion et l'entente par des négociations menées au niveau des responsables politiques notamment. On a vu, à plusieurs reprises, que cette façon de faire n'était guère couronnée de succès. Récemment encore, l'arrivée des émigrés tunisiens a permis de constater les divisions qui règnent entre les chefs d'Etats et de Gouvernements de l'UE. La question du soutien à la Grèce n'a pas dévoilé une entente meilleure entre les politiques.
Des évènements récents, les mobilisations populaires et, singulièrement, d'une grande partie de la jeunesse, telles qu'elles ont lieu en Espagne, en Grèce, et qui commencent à se généraliser en Europe à la France, au Portugal,... sont de nature à redonner de l'espoir en laissant entrevoir une solution aux divisions paralysantes de l'UE. Les « Indignés » de l'Europe, s'ils poursuivent leur mobilisation, vont peut-être contribuer à résoudre la question cruciale de la désunion de l'UE. Un peu à l'image des révoltes populaires qui ont conduit à la possibilité d'autres avenirs en Tunisie et en Egypte, les « Indignés » peuvent ouvrir la voie vers des lendemains plus souriants pour les citoyens de l'UE.
En effet, ces révoltes, si elles se poursuivent, s'amplifient et se généralisent, seront conduites à rechercher des convergences entre elles, à se soutenir mutuellement, à se structurer au niveau international, si elles veulent se renforcer et augmenter la pression sur les Gouvernements de l'UE. Cette convergence est d'autant plus prévisible que les revendications exprimées par les révoltés sont, à peu de choses près, les mêmes partout : opposition aux plans de rigueur, du travail pour tous et surtout pour les jeunes qui sont les principales victimes du chômage, des conditions de retraite décentes pour les plus âgés, accueil des émigrés dans des conditions décentes,...
L'unité Européenne qui a tant de mal à se faire actuellement, pourrait alors, sortir renforcée de cette « union des peuples », de cette unité par la base qui semble actuellement se dessiner. Si les Chefs d'Etats Européens ne parviennent pas à s'entendre pour résoudre la crise de l'Union, alors les citoyens pourront, par leurs actions convergentes et par leurs rassemblements unitaires, faire en sorte de leur imposer l'entente et la cohésion...