lundi 30 mai 2011

Visions d'avenir pour l'Europe


L'Union européenne (UE) traverse une crise difficile depuis un certain temps. J'ai moi-même écrit sur ce thème plusieurs chroniques (voir par exemple : « Euro-optimisme » du 7 mai 2010; « La dangereuse tessélation du monde » : 21 août 2010; « Le problème des ROMs en Europe » : 27 août 2010; « L'incohérence en politique » : 21 novembre 2010; « La gouvernance citoyenne » : 6 avril 2011).

Les divisions au sein de l'UE, les réflexes nationalistes qui s'y manifestent, le chacun pour soi qui domine, tout cela ne concourt pas à la résolution des difficultés. Jusqu'à présent, il semble que la seule approche qui ait mobilisé les responsables européens soit celle par le haut, c'est à dire celle qui recherche la cohésion et l'entente par des négociations menées au niveau des responsables politiques notamment. On a vu, à plusieurs reprises, que cette façon de faire n'était guère couronnée de succès. Récemment encore, l'arrivée des émigrés tunisiens a permis de constater les divisions qui règnent entre les chefs d'Etats et de Gouvernements de l'UE. La question du soutien à la Grèce n'a pas dévoilé une entente meilleure entre les politiques.

Des évènements récents, les mobilisations populaires et, singulièrement, d'une grande partie de la jeunesse, telles qu'elles ont lieu en Espagne, en Grèce, et qui commencent à se généraliser en Europe à la France, au Portugal,... sont de nature à redonner de l'espoir en laissant entrevoir une solution aux divisions paralysantes de l'UE. Les « Indignés » de l'Europe, s'ils poursuivent leur mobilisation, vont peut-être contribuer à résoudre la question cruciale de la désunion de l'UE. Un peu à l'image des révoltes populaires qui ont conduit à la possibilité d'autres avenirs en Tunisie et en Egypte, les « Indignés » peuvent ouvrir la voie vers des lendemains plus souriants pour les citoyens de l'UE.

En effet, ces révoltes, si elles se poursuivent, s'amplifient et se généralisent, seront conduites à rechercher des convergences entre elles, à se soutenir mutuellement, à se structurer au niveau international, si elles veulent se renforcer et augmenter la pression sur les Gouvernements de l'UE. Cette convergence est d'autant plus prévisible que les revendications exprimées par les révoltés sont, à peu de choses près, les mêmes partout : opposition aux plans de rigueur, du travail pour tous et surtout pour les jeunes qui sont les principales victimes du chômage, des conditions de retraite décentes pour les plus âgés, accueil des émigrés dans des conditions décentes,...

L'unité Européenne qui a tant de mal à se faire actuellement, pourrait alors, sortir renforcée de cette « union des peuples », de cette unité par la base qui semble actuellement se dessiner. Si les Chefs d'Etats Européens ne parviennent pas à s'entendre pour résoudre la crise de l'Union, alors les citoyens pourront, par leurs actions convergentes et par leurs rassemblements unitaires, faire en sorte de leur imposer l'entente et la cohésion...

mardi 24 mai 2011

Nature en péril


J'ai regardé le 23 mai 2011, sur la chaine de télévision canadienne RDI, un reportage sur l'aménagement en cours de la rivière « La Romaine » dans la grande région de la Côte-Nord du Québec. Hydro-Québec, la compagnie nationale d'électricité du Québec, est en voie de construire quatre grands barrages sur cette rivière pour produire de l'hydroélectricité qui sera en majeure partie revendue aux Etats-unis d'Amérique, puisque la production actuelle est déjà excédentaire pour la province de Québec.

Ce qui m'a choqué dans ce projet est la destruction du site qui en résultera. Le trajet de ce cours d'eau est, en effet, d'une très grande beauté, avec des paysages à couper le souffle, des forêts, des rapides, des chutes d'eau, des vallonnements, de grands espaces, une faune... qui mériteraient d'être protégés en en faisant un Parc naturel. Ces paysages, on le sait aujourd'hui, sont, en outre, un patrimoine susceptible d'être exploités pour le tourisme et l'éducation...


Dans le contexte contemporain de réduction de la biodiversité mondiale, de réchauffement climatique, de pollution généralisée... on ne peut que regretter que le Québec ne tente pas de sauvegarder ces espaces naturels au lieu de les détruire pour quelques poignées de dollars. D'ailleurs, même en se limitant à un plan économique, il n'est pas certain que ce projet soit rentable puisque, par exemple, les Etats-unis d'Amériques se proposent d'acheter l'électricité produite à un coût de 6 centimes le KWh alors que le coût de production de cette électricité est évalué à environ 10c le KWh.

Sur le plan environnemental, on sait, d'autre part, que l'ennoiement des forêts nécessité par les constructions des barrages sera une cause de production de gaz à effet de serre par la décomposition des matières organiques qui s'en suivra. Cet effet de pollution induite a d'ailleurs conduit plusieurs pays (Brésil, Chine,...) à revoir à la baisse leurs projets de construction de barrages hydroélectriques. Bien entendu, ces effets néfastes seront plus importants en région tropicale que dans les régions nordiques mais ils demeurent néanmoins. Ces constructions entraineront aussi une destruction de la faune et de la flore qui viendra accentuer la diminution de la biodiversité mondiale.

Lorsqu'on considère cette réalisation à l'éclairage des autres dossiers environnementaux menés par le Québec dans les domaines de l'amiante, des gaz de schiste, du pétrole sous-marin, de l'uranium,... on ne peut qu'être inquiet de cette volonté de recherche de profit à court terme. Le Québec a la chance de posséder un territoire immense sur lequel les ressources favorables au développement durable sont légions : eau, vent, soleil, géothermie,... La « Belle province » aurait tout à gagner à s'orienter résolument vers la mise en oeuvre des énergies renouvelables, de devenir un leader en ces domaines, plutôt que de s'entêter à poursuivre dans des voies dépassées...

dimanche 22 mai 2011

Justice de classe ?


Je dois avouer que la semaine qui vient de s'écouler a contribué a dégrader ma perception de la démocratie des Etats-unis d'Amérique (EUA). « L'affaire Dominique Strauss Kahn » (DSK) a montré, au travers, notamment, des images télévisées qui nous ont été présentées par les différents médias, que la justice, dans ce pays, était loin d'être démocratique dans le traitement infligé aux deux parties en cause. Soit les mots "présumé innocent" ont un sens, soit ils ne veulent plus rien dire. La dissymétrie du traitement infligé aux deux "présumés innocents" était flagrante. D'un coté, un DSK présenté comme un grand criminel, menotté, encadré par des policiers lors de ses déplacements, obligé de garder le silence, emprisonné etc alors qu'il n'était encore ni condamné ni même jugé. De l'autre, une plaignante invisible mais protégée, cachée par la police....

Ce déséquilibre entre les traitements infligés aux prévenus serait, pour certains commentateurs, une façon de montrer l'indépendance de la justice et de maintenir une égalité dans les rapports de forces entre les deux parties... Mais où voit-on l'indépendance de la justice, lorsque les médias semblent avoir déjà jugé l'affaire ? Où est cette indépendance lorsque l'on connait le poids de ces mêmes médias sur l'opinion publique ? Et enfin, lorsque l'on sait l'importance de l'opinion publique sur les décisions politiques ? Où est l'égalité des rapports de force lorsque l'un des prévenus semble déjà condamné par les médias ?

Le « lynchage médiatique » infligé à DSK serait, pour certains, la preuve même de la démocratie de la justice aux USA. Il signifierait que les grands de ce monde subissent là bas le même traitement que les plus faibles.... Belle démocratie que voilà! A mon avis, quelle qu'elle soit, personnalité connue ou non, aucun prévenu ne devrait subir ce traitement inhumain avant son procès...

On a pu voir également le rôle considérable que joue l'argent dans cette justice. Les millions de dollars qui sont requis pour conduire la procédure. Le choix des avocats, la qualité des investigations, la libération provisoire,... tout dépend de l'argent... Une telle justice s'apparente plus à une « justice de classe » qu'à une justice démocratique. Qu'y-a-t-il d'enviable dans cette façon de rendre la justice ? J'ajouterai que les EUA sont, en outre, un des rares pays au monde qui maintient toujours la peine de mort sur son territoire....

Je ne veux pas présumer ici de la culpabilité ou non de DSK, c'est un autre problème qui sera examiné par la procédure judiciaire en cours mais, si, en France, il reste encore des efforts à accomplir pour améliorer l'indépendance de la justice, notamment par rapport au pouvoir politique, je ne pense vraiment pas que nous devions regarder vers les EUA, et leur « justice spectacle », pour trouver le chemin qui nous conduira à cette amélioration...

mardi 17 mai 2011

L'image en politique


La récente affaire autour de Dominique Strauss-Kahn (DSK) m'amène à poser la question suivante : pour quelles raisons ce personnage suscitait-il tant d'engouement chez les Français ? La plupart des sondages effectués dans le cadre de la prochaine élections présidentielles le donnait, en effet, futur grand gagnant. A compter de juillet 2009 notamment, sa popularité n'a fait que croître le menant jusqu'au titre de « personnalité préférée des Français ». Avec environ 25% des intentions de votes, DSK occupait récemment le rang convoité de champion toute catégorie... Le plus surprenant était que cette popularité se retrouvait aussi chez les électeurs de gauche et chez les socialistes notamment.

Mon étonnement vient surtout du fait que DSK ne me semble pas du tout représentatif des valeurs défendues généralement par la gauche. Son image de grand bourgeois, de personnalité plus proche des gens aisés que de la classe de citoyens les plus démunis, son poste de Directeur du FMI qu'il devait, en grande partie, à l'appui du président Sarkozy, ses prises de positions en faveur du libéralisme (rappelons nous les privatisations d'entreprises publiques dont il a été le maître d'oeuvre...), sa réputation de séducteur, de jouisseur,.... tout cela ne plaidait guère en sa faveur comme représentant du peuple de gauche.... Et pourtant, rien ne semblait vouloir le diminuer aux yeux de ses partisans.

Cette constatation, ainsi que d'autres observations du même type, m'ont conduit à penser que de plus en plus de citoyens, français notamment, ne se déterminent pas, au moment des élections, par rapport au programmes politiques affichés par les candidats, mais plutôt en fonction de l'image renvoyée par ce candidat. Tout se passe comme si, l'électeur se déterminait en fonction de son seul intérêt particulier au détriment des considérations relatives à l'intérêt général. Le choix de l'électeur semble se porter sur le candidat dont l'image se rapproche le plus de la trajectoire qu'il souhaiterait pour lui-même. Le cas de DSK me semble exemplaire. Sa popularité auprès des gens proviendrait des aspirations de ces mêmes personnes à occuper un statut de grand bourgeois, tel que celui reflété par DSK au travers des médias... Ce serait donc là, un effet de la primauté accordée à la sphère privée par rapport aux options plus communautaires au sein du processus de choix des électeurs. Ceci n'est d'ailleurs pas surprenant, dans un monde où les idéologies et leurs vecteurs ont laissé la place au règne de l'argent...

A contrario, l'échec de certains candidats lors des consultations électorales peut lui aussi relever de causes identiques. Il est, par exemple, très probable que l'image que projetait Ségolène Royal lors de la dernière élection présidentielle française était plus austère, semblait moins assurée, moins attractive que celle de DSK avant ses ennuis récents. Dès lors, on peut facilement expliquer l'échec de cette candidate face à un Nicolas Sarkozy qui renvoyait l'image d'un homme sûr de lui, qui a réussi dans la vie, qui avance des solutions à tous les problèmes...

La communication, les médias et la mondialisation ont donc transformé les consultations électorales contemporaines en de vastes opérations de séduction au cours desquelles, les programmes politiques ont moins d'importance que les images renvoyées par les candidats... La démocratie qui était bâtie sur l'idée, relativement rationnelle, que ce sont les programmes politiques qui permettent de départager les candidats est en voie de transformation... Désormais, ce sont les médias et les images communiquées qui font la popularité d'un personnage. L'avenir appartient donc aux acteurs, aux présentateurs de télévision, aux chanteurs,.... en un mot à tous ceux dont la carrière aura à voir avec la publicité et les médias. D'ailleurs, on peut déjà constater la réalité de ce phénomène avec l'élection de l'acteur Arnold Schwarzenegger aux Etats-unis d'Amérique, du chanteur Michel Martelly en Haïti, et on peut même rappeler la popularité de l'humoriste Coluche lors de l'élection présidentielle française de 1981...

dimanche 15 mai 2011

Si « la Pelée » m'était contée

Je viens de terminer la lecture du premier roman de l'auteur martiniquais Léo Ursulet, « Le bonheur l'attendait ailleurs » qui vient d'être publié aux Editions AGATHE (Schoelcher, Martinique, France). Ce livre fait suite à la publication par le même auteur, en 1997 aux Editions l'Harmattan (Paris, France), de sa thèse de doctorat en Histoire, soutenue devant l'Université des Antilles et de la Guyane dont le titre était « Le désastre de 1902 à la Martinique ».

Ce roman se lit avec intérêt du début à la fin sans que l'ennui ne nous gagne jamais. L'intrigue tient en haleine et le style est limpide et agréable. L'ouvrage est d'autant plus instructif à lire qu'il contient une mine d'informations sur un évènement que beaucoup de gens pensent bien connaitre. Tout se passe comme si ce roman était nourri par la thèse de doctorat qui a précédé son écriture. En fait, sa lecture permet de vivre avec force détails les malheurs endurés par la population martiniquaise, et singulièrement par les habitants de la ville de Saint-Pierre en cette année 1902. On comprend mieux leurs souffrances et la vie difficile qu'ils ont eu jusqu'au clash final...

Le livre présente aussi l'intérêt de nous livrer une mine de données objectives recueillies au cours des travaux de recherche de l'auteur. Il ne s'agit donc pas simplement d'une oeuvre de fiction mais bien d'une sorte de « roman réaliste » dont l'intrigue imaginaire vient se superposer à des faits réels, permettant d'évoquer un univers qui a existé au travers d'un scénario fictif... Si l'on peut douter de l'existence effective de l'héroïne Louise, on sait que la chronologie des évènements, la description des lieux, le comportement des personnalités publiques... le tout est minutieusement exact et décrit avec une grande précision.

En lisant ce roman, on perçoit, contrairement à une croyance répandue, que les quelques 28000 morts engendrés par l'éruption de la montagne Pelée n'ont pas eu une fin brutale mais plutôt une longue agonie...

Léo Ursulet nous livre ici un très beau livre qui nous permet de revivre l'ambiance générale de la ville de Saint-Pierre, une capitale qui jouissait alors d'une certaine avance en matière d'infrastructures au point qu'on l'avait baptisée du surnom de « Petit Paris ». Je recommande donc vivement la lecture de cet ouvrage.

samedi 14 mai 2011

Les partis Verts doivent disparaître

Tout en partageant beaucoup d'idées avec les partis écologistes ou partis Verts, j'ai toujours ressenti des réticences à adopter totalement leur point de vue. Cette attitude m'a souvent intrigué sans que j'en comprennes la véritable raison. Ce n'est que récemment que j'ai pu mettre une explication rationnelle sur cette façon de penser.

En réalité, ce qui me gène chez les Verts, c'est simplement le fait de s'être constitués en partis politiques, d'avoir utilisé une discipline scientifique, l'écologie, qui par nature, intervient dans pratiquement tous les champs de la vie quotidienne, pour en faire la base et la raison d'être d'un parti politique. La comparaison la plus évidente qui me vient à l'esprit est celle qui pourrait être faîte à partir des sciences économiques. Devrait-on, aussi, mettre en place un « parti économique » à l'image des partis Verts ? La réponse est négative et, effectivement, un tel parti n'existe nulle part, pas plus qu'il n'existe un « parti des sciences physiques ». L'économie est une discipline qui intervient dans pratiquement toutes les activités humaines et, à ce titre, elle est prise en compte par l'ensemble des partis politiques, de la gauche à la droite. Il me semble que la situation de l'écologie est comparable. Cette discipline est, aujourd'hui plus qu'hier, au coeur de toutes les activités humaines et elle devrait donc, comme l'économie, être prise en compte au sein des programmes politiques de tous les partis plutôt que d'être en quelque sorte marginalisée au sein d'un parti spécifique. Procéder de cette façon me paraît contre productif, car on tend à présenter les problèmes sous un angle plus écologique que réel et, en conséquence, on tend à enlever de la portée aux solutions qui prennent en compte la protection de l'environnement. Cette dernière question concerne tous les citoyens et donc tous les partis politiques. Elle ne devrait pas être accaparée par un parti spécifique. En procédant ainsi, je crains que l'on enlève de la crédibilité aux solutions respectueuses du développement durable. Un simple exemple : l'exploitation des gaz de schiste ne concerne pas les seuls partis Verts. Elle est liée à la politique énergétique d'un pays et doit donc intéresser tous les partis.

Il est possible que la prise de conscience par les citoyens de l'importance de l'écologie pour l'avenir de la planète ait pu nécessiter la mise en place des partis Verts dans le passé, mais de nos jours, les citoyens semblent avoir bien intégré cette notion dans leur raisonnement et, à mon avis, l'écologie ne devrait plus être qu'un volet particulier des programmes politiques des partis généralistes comme le sont, par exemple, l'économie et la culture, ceci pour le plus grand profit de l'écologie... En conséquence les partis Verts devraient s'effacer...

samedi 7 mai 2011

Elections fédérales canadiennes (suite)


Il est de bon ton, depuis la publication des résultats des récentes élections fédérales au Canada, de se gausser des électeurs qui auraient votés n'importe comment et pour n'importe qui. Cette attitude est très marquée au Québec notamment, où certains parlent même de « démission démocratique » de la part des citoyens. L'exemple, de cette « démission », le plus souvent cité, est celui d'une circonscription où les électeurs auraient votés pour une candidate du NPD qui ne se serait jamais présentée dans sa circonscription... Il me paraît bien clair que la plupart des gens ont voté de façon réfléchie et que leur choix n'est nullement le fait du hasard. Cependant, les médias ont surtout mis l'accent sur les quelques faits qui pourraient disqualifier les choix opérés par les électeurs au mépris de toute autre explication.

Je ne veux pas défendre ces électeurs, car je ne les connais pas et je risquerai sans doute de me tromper. Cependant, il me semble qu'un argument fait défaut dans les explications qui sont avancées au sujet de cette soi disant « démission » des citoyens : c'est le ras le bol, leur écoeurement, face à l'attitude des politiciens au cours des années récentes. Sans qu'il soit ici question de généraliser ces considération à l'ensemble de la classe politique, une fois encore, les médias mettent régulièrement l'accent sur les faiblesses des politiciens, leur inefficacité, leurs mensonges, la corruption qui les gangrène, leur désir sans limite de bénéficier d'avantages de toutes sortes, leurs tentatives de rester en poste le plus longtemps possible, leur incohérence, leurs trahisons politiques, etc. Tout cela a pu conduire un grand nombre d'électeurs vers cette fameuse « démission démocratique ». Si l'on ajoute, l'absence de projet mobilisateur dans les programmes des partis politiques et le peu de cas, que font ces partis, des vrais problèmes que vivent les citoyens (faiblesse des revenus, chômage, revenus insuffisants des retraités, éducation, santé, environnement,...) alors que l'on ne cesse de mettre l'accent, dans ces mêmes programmes, sur les avantages qui sont accordés aux riches, aux entreprises, aux financiers,... tout cela ne peut que produire le « cocktail démissionnaire » dont il est question plus haut.

Après avoir tenté, vainement, à plusieurs reprises, de changer les choses au travers des élections et, après avoir été régulièrement déçus par les gouvernants, par l'impuissance des élus, ces malheureux électeurs ne sachant plus vers qui se tourner ont parfois été conduits à décider d'agir de façon à montrer leur insatisfaction grandissante à propos de la manière dont la gouvernance est menée actuellement. Il faut donc, à mon avis, donner un sens plus politique à cette attitude, qui peut paraît désinvolte, plutôt que de la critiquer, de s'en moquer... Il faut tenter de mieux comprendre les souhaits, les besoins et les désirs des citoyens, faute de quoi, les prochains scrutins risquent de paraître encore plus « démissionnaires ». N'oublions pas, en effet, que chaque consultation depuis quelques années, est l'occasion de constater un niveau d'abstention important de la part des électeurs. Ce signal, pourtant présent depuis longtemps, a néanmoins été négligé par les responsables politiques qui en ont attribué la responsabilité aux citoyens plutôt qu'à eux-mêmes...

mardi 3 mai 2011

Le choc des élections fédérales

Lendemain d'élections fédérales, lendemain plein de surprise mais aussi de leçons pour ceux qui ont le désir de mieux comprendre la société canadienne...

Le Bloc québécois (BQ) est quasiment rayé de la carte par la volonté des québécois, tandis que le Nouveau parti démocratique (NPD) l'emporte haut la main. Le constat est tranché et n'est sujet à aucune ambiguité. Le BQ passe de 47 députés à 4, tandis que le Parti libéral (PL) est réduit à 34 sièges au lieu des 77 acquis précédemment. Dans le même temps, le NPD conquiert 102 sièges au lieu des 37 précédents... Le Parti conservateur emporte les élections en devenant majoritaire avec 166 députés.

La première leçon de ce scrutin était prévisible, elle rappelle simplement aux politiciens notamment, qu'il n'est pas sage d'adopter pendant un temps trop long des messages ambigües, dans lesquels il y a contradiction entre les actes et les thèses défendues. Comment était-il possible de faire croire encore longtemps aux québécois que le BQ, dont la base limitée au Québec l'empêchait de devenir majoritaire, pouvait être partisan de la souveraineté du Québec tout en le représentant au plan fédéral ? La réponse des électeurs québécois est que maintenant ce sera un parti pleinement fédéral le NPD, soit un parti susceptible de devenir majoritaire, qui sera le porteur de leurs espérances.

La seconde leçon de ce scrutin est que les citoyens québécois ne veulent plus être marginalisés au sein de la fédération canadienne, ils entendent désormais peser sur les décisions fédérales au même titre que ceux des autres provinces. Bien sûr, il y a des risques dans cette stratégie, notamment celui de ne pas peser assez pour être entendu et donc de voir les souhaits des québécois peu pris en compte. Si cela se produisait, il y aurait alors le risque d'un regain de l'option souverainiste au grand dam des partis fédéralistes. Il est donc prévisible que les positions défendues par le NPD auront quelques chances d'être entendues...

La troisième leçon concerne l'avenir. Les souverainistes au Québec devraient analyser ces résultats avec beaucoup d'attention car, à mon avis, ils sont porteurs d'autres changements à venir, sur la scène provinciale notamment. Sera t-il possible de faire croire, encore longtemps, aux citoyens québécois que l'on est ardent partisan de la souveraineté alors que l'on ne la réalise pas lorsque l'on vient au pouvoir ?

La quatrième leçon est que les citoyens souhaitent que les politiciens se penchent sur les réelles difficultés qu'ils vivent au quotidien. La faiblesse du pouvoir d'achat, les difficultés du système de santé, la faiblesse des pensions de retraites, la croissance de l'écart entre les riches et les pauvres, l'enrichissement indécent de certaines catégories de la population, les questions environnementales,... Le parti vainqueur, le Parti conservateur (PC) se doit de répondre à ces demandes au moins en partie, faute de quoi il risque d'être balayé lors du prochain scrutin. La position de leader de l'opposition officielle occupée par le NPD pendant la législature qui s'ouvre lui donne toute latitude pour défendre becs et ongles la position des citoyens les plus démunis. S'il rempli son rôle avec succès, alors il pourra espérer devenir le prochain parti majoritaire du Canada.

La dernière leçon de cette élection, me semble résider dans la nécessité de voir émerger au plan fédéral, de grands projets de société susceptibles de mobiliser les canadiens. La « petite politique » qui ne s'intéresse qu'aux problèmes de telle ou telle province n'a pas de futur. L'avenir des partis à base provinciale me semble obéré. Soit le Canada fera son unité nationale sur la base de grands projets de société fédérateurs, soit l'option souverainiste au Québec reprendra de la vigueur et pourrait finir par faire éclater la fédération... Le remodelage politique issu de ce scrutin permet d'espérer une meilleure prise en compte des problèmes sociétaux à l'échelle du Canada...