lundi 12 septembre 2011

La Grèce pire que l'Afrique?


Les responsables politiques, les médias et les commentateurs de toutes origines ne cessent d'entretenir la peur autour de l'éventualité d'une prochaine faillite de la Grèce. Parmi les raisons évoquées à l'origine de cette dégradation figure, en bonne place, la dette publique de ce pays qui s'élève à environ 153% de son PIB (soit approximativement 350 milliards d'euros). Une partie de la solution avancée par l'Union Européenne (UE) et par le Fonds Monétaire International (FMI) consiste à imposer à ce pays une cure d'austérité, de rigueur, sans précédent en vue d'abaisser le niveau de la dette jusqu'à un seuil acceptable (60% du PIB) dans un délai pas trop long.

Une mise en défaut de ce pays est généralement présentée comme une perspective insupportable. La restructuration de la dette grecque est envisagée comme une menace de désagrégation pour l'ensemble de l'UE. On semble même préférer un retrait de la Grèce de l'UE à un effacement partiel ou total de la dette de ce pays. Cette attitude est surprenante si l'on considère que cette approche a souvent été mise en œuvre, par les pays européens notamment, en faveur des pays d'Afrique en difficulté.

Faut il rappeler que l'accord de Londres, en juin 2005, effaçait purement et simplement la dette des 18 pays les plus pauvres du monde (environ 30 milliards d'euros). Le Bénin, le Burkina Faso, l’Ethiopie, le Ghana, Madagascar, le Mali, la Mauritanie, le Mozambique, le Niger, le Rwanda, le Sénégal, la Tanzanie, l’Ouganda et la Zambie furent du nombre des heureux élus... Cette décision historique fut prise par le G8 auquel appartiennent pourtant l'Allemagne, la France, Le Royaume-Uni et l'Italie, tous membres de l'UE... L'initiative « Pays Pauvres Très Endettés » (PPTE) vise à assister les pays les plus pauvres du monde en rendant leurs dettes internationales « soutenables ». Ce programme, lancé en 1996 à l'initiative de la Banque Mondiale et du FMI, concerne, en septembre 2006, 42 pays dont trois quarts sont situés en Afrique subsaharienne. Cette aide est évaluée à environ 50 milliards d'euros. En décembre 2009, la France annulait pour plus de 200 milliards de francs-CFA la dette de la Côte-d'Ivoire

tout en re échelonnant pour plus de 300 milliards de francs-CFA de cette même dette... Il serait possible de citer bien d'autres exemples d'allègement de la dette par des pays riches au profit des pays pauvres.

Ainsi, il serait acceptable pour les pays riches d'alléger le fardeau de la dette en faveur d'un pays pauvre et absolument inimaginable lorsqu'il s'agit de la Grèce, un pays membre de l'UE. On retrouve là une illustration du fameux dicton " le cordonnier est le plus mal chaussé"! Il semble bien, en réalité, que cette affaire soit simplement le reflet d'une volonté politique plus qu'un vrai problème économico-financier.

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