dimanche 16 décembre 2012

Le Sommet sur l'éducation supérieure au Québec : vers un nouveau modèle de société?


A tous ceux qui demandent pourquoi l'éducation serait gratuite au Québec? A ceux qui affirment que ce n'est pas possible financièrement actuellement, il est facile de répondre ceci : pourquoi l'eau courante est-elle gratuite au Québec ? Pourquoi la collecte et le recyclage des eaux usagées au Québec sont-ils gratuits? Pourquoi l'utilisation des autoroutes est-elle gratuite au Québec?... Cela ne se fait pas systématiquement ailleurs. Derrière cette façon de faire, il y a, en fait, le choix d'un modèle de société...

Les Gouvernements successifs du Québec et du Canada ont choisi de privilégier la distribution de l'eau courante, la collecte des eaux usagées et l'usage des autoroutes en lieu et place de l'éducation des jeunes. S'il en est ainsi, cela signifie aussi qu'il pourrait en être autrement si la volonté politique de changer les choses se manifestait.

Le dernier budget annuel du Ministère de l'Education, des Loisirs et des Sports (MELS) dans le domaine de l'éducation supérieure atteint presque 6 milliards de dollars. La population active du Québec est d'environ 4 millions de personnes. Si l'on divise le budget du MELS par le nombre de personnes actives cela donnerait environ 1500 dollars par personne et par an. Cela signifie que si, chaque citoyen Québécois actif contribuait annuellement pour une somme de 1500 dollars alors l'éducation pourrait être gratuite au Québec. Cette somme peut sembler importante. Il faut cependant noter que ce n'est qu'un calcul sommaire qui ne tient pas compte d'éventuelles contributions de l'Etat Fédéral. D'autre part, elle ne prend pas en compte l'économie financière que font les citoyens en ne payant directement ni l'eau potable, ni l'usage des autoroutes...

Ainsi, chaque Québécois consomme quotidiennement environ 425 litres d'eau potable. Si l'on considère qu'en France par exemple, le prix moyen d'un mètre cube d'eau potable est d'environ 3,30 euros, soit un peu plus de 4 dollars canadiens, alors chaque Québécois économise quotidiennement environ 2 dollars (le prix d'un demi mètre cube d'eau) qui seraient dépensés pour son eau potable. Ramenée à une période de un an, on obtiendrait une économie de 2*365 = 730 dollars par personne. Si l'on prend en compte uniquement les 4 millions de personnes actives au Québec, l'économie serait de 730*4 000 000 = 2 920 000 000 dollars, soit environ 3 milliards de dollars... On constate donc qu'en considérant uniquement le paiement de la consommation d'eau potable et, en supposant que les recettes correspondantes soient réservées au financement de l'éducation supérieure, alors la contribution des citoyens du Québec au soutien financier de l'éducation supérieure serait diminuée de près de la moitié pour tomber à environ 750 dollars par citoyen actif. La prise en compte d'autres gratuités, telle l'usage des autoroutes pourrait venir diminuer encore cette somme.

Il est donc clair que cette question de l'accessibilité à l'éducation est avant tout un choix de société qui doit être fait par la population du Québec. Il est, d'autre part, évident que si le Sommet sur l'éducation supérieure qui s'ouvre actuellement au Québec ne devait pas déboucher sur un changement de modèle de société, cette réunion aurait été totalement inutile. D'une façon générale, il me semble que toute « grand messe » du genre « Etats-généraux », « Sommet »,... devrait déboucher, au minimum, sur une consultation des citoyens au sujet du modèle de société dans lequel ils vivent. Dans le cas contraire, ces réunions ne seraient que des dépenses inutiles d'autant plus condamnables qu'elles se situent en période de crise économique...

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