lundi 15 mars 2010

Petits calculs électoraux

Les commentateurs relèvent épisodiquement les faibles taux de satisfaction qui affectent tel ou telle politicien(e) en exercice. Des exemples récents concernent le Premier ministre du Quebec, dont le dernier sondage exhibe un taux d'insatisfaction de 70%, ou encore le President de la République française pour lequel un récent sondage IFOP indiquait un taux de 62% d’opinions négatives.
Les journalistes laissent souvent entendre au travers de leurs commentaires que cette situation pourrait nuire aux politiciens concernés. En fait, ces sondages ne me paraîssent pas devoir inquieter grandement ces politiciens. En effet, dans les démocraties occidentales il n'est pas rare de voir des taux d'abstention aux élections qui avoisinent 60%. Ainsi, on observa environ 60% d’abstention aux élections européennes de juin 2009. Lors du récent premier tour des élections régionales en France, la moyenne nationale du taux d’abstention s’est élevée à près de 54%. Lors des élections municipales de 2009 à Montréal, le taux d’abstention a été de près de 60%... Ceci signifie que généralement, seulement environ 40% du corps électoral participe aux élections dans les démocraties de type occidental.
Si l'on se donne, pour fixer les idees, une population d'électeurs de 100000 personnes, cela signifie qu'environ 40000 personnes expriment réellement leur vote. Considérons le cas d'une élection concernant un candidat X. Il est facile de comprendre que, parmi ces 40000 votants, une majorité sera favorable à X. En effet, généralement, les abstentionnistes sont plutôt des électeurs défavorables au candidat, ou encore des personnes qui ne croient pas à l’intérêt du processus électoral. Supposons que 55% des votants soient favorables a la reélection de X. C'est une hypothèse optimiste car on note peu de cas dans la réalité où un candidat est élu avec autant de voix. En géneral les majorités observées tournent autour de 51%. Donc X serait élu avec 22000 voix. Si maintenant, on rapporte ce chiffre à la totalité du corps électoral de 100000 personnes, la réalite des choses montre que ce sont seulement 22000/100000, soit 22% du corps électoral, qui a voté effectivement en faveur de l’élection de X. Autrement dit, même avec 78% d'électeurs défavorables, X a toutes les chances d'être élu..... On peut des lors comprendre la serénité des politiciens face a ces sondages d’opinion défavorables....
Que peut-on faire pour redonner un sens au processus électoral dans nos démocraties ? Evidemment toute action qui viserait à redonner aux électeurs le goût d’aller aux urnes serait bienvenue. Mais au delà, ne devrait t-on pas sanctionner les politiciens qui attireraient trop peu d’électeurs ? Après tout, en France par exemple, les partis politiques qui n’obtiennent pas suffisement de voix lors d’une élection sont sanctionnés financièrement par le Gouvernement…

1 commentaire:

  1. C'est l'augmentation des non votants qui est surprenante. Ce n'est pas le cas dans toutes les démocraties. Ainsi aux USA, le vote sortant aux élections, fédérales à tout le moins du moins à ma connaissance, est plus ou moins à 50% des inscrits depuis longtemps. Il ne faut pas oublier que là-bas il faut s'inscrire pour voter, ce qui n'est pas automatique comme dans bien des pays.

    Aux USA on a une méfiance historique des gouvernants. Fondé en somme par des dissidents qui ont fui l'oppression, cette méfiance perdure depuis, et plutôt que de voter on ne vote pas, on ignore le gouvernement, ce qui peut paraître étrange pour des gens qui s'en méfient, alors qu'on a la possibilité d'en changer.

    Mais pour d'autres dont le Québec, la diminution de l'expression du vote est assez récente. Quoique, si je me souviens bien, pour ce qui est du Québec, le vote exprimé a toujours été inférieur aux élections fédérales, à celui des élections provinciales. Serait-ce que le gouvernement fédéral est moins légitime, ou plus simplement le vote étant acquis pour un des partis, sauf de rares exceptions (qu'il faudrait bien examiner) le parti libéral, ça ne servait à rien de voter... La situation du BQ (Bloc québécois) a-t-elle changé la situation?

    La question est donc qu'est-ce qui à changé qui désintéresse (dégoûte?) la population québécoise, la rend de plus en plus indifférente aux gouvernants provinciaux?

    Et pourtant, il ne faut jamais l'oublier, la moitéi (et même plus) du PIB du Canada est géré par les gouvernements, comme d'ailleurs à ma connaissance de presque toutes les démocraties occidentales, ce qui n'est pas rien.

    Et on vote de moins en moins...

    C'est assez compliqué comme on sait d'interpréter les comportements collectifs, de donner une parole aux masses, on doit bien pouvoir trouver des études sur la question?

    RépondreSupprimer