lundi 22 mars 2010

A propos de la tragédie haïtienne

Le récent tremblement de terre qui a frappé durement la République d’Haïti ne doit pas être analysé comme la disparition du pays. Cette catastrophe a décimé une partie du peuple et des infrastructure du pays mais, il ne faut pas en déduire que le pays est menacé de disparition. Le peuple haïtien a survécut à bien d’autres fléaux et, notamment à des dictatures féroces qui avaient, elles aussi, fait régner la terreur et la mort au sein de la population.

En conséquence, il convient de relativiser les propositions qui, suscitées par les meilleures intentions du monde, semblent considérer qu’il faut maintenant refonder ou reconstruire le pays en partant du postulat de base qu’il doit, en quelque sorte, être mis sous tutelle, la reconstruction devant être dirigée par des éléments extérieurs au pays. On a même pu lire dans la presse qu’il fallait attribuer la responsabilité de la reconstruction à un “Consortium d’Etats et de Gouvernements” qui aurait pu être coordonné par l’actuelle Gouverneure générale du Canada….

Trois éléments me paraissent devoir être mis en exergue :
- La reconstruction doit, avant tout être le fait des haïtiens eux-mêmes.
- L’aide internationale devra apporter des ressources en appui à cette reconstruction et favoriser la mobilisation des haïtiens en contribuant à les motiver dans cette phase cruciale de leur histoire.
- Il faut profiter de ces circonstances malheureuses pour redonner au pays un projet d’avenir qui soit plus que la seule reconstruction.

Concernant la méthode à suivre, il me paraît essentiel d’insister sur la formation (de base, supérieure et continue) qui contribuera à redonner l’espoir et les moyens humains de la reconstruction. Dans ce domaine, la priorité devrait être donnée aux formations courtes susceptibles de procurer rapidement des ressources qualifiées. Par ailleurs, les disciplines de gestion, administration et l’entrepreneuriat devraient être favorisées car elles sont de nature à produire des impacts positifs pour la mise en oeuvre de la reconstruction. L’initiative locale doit être encouragée. L’économie sociale doit aussi être privilégiée avec l’idée de transformer progressivement le secteur informel en secteur formel de l’économie.

Sur le plan culturel, la mise en valeur du patrimoine devra être développée et les formations artistiques encouragées à tous les niveaux. La mise en valeur du patrimoine ne devrait pas ralentir au prétexte de la situation mais bien au contraire être encouragée, contribuant ainsi au renforcement de l’espoir dans la population.

La Francophonie, pourraît jouer un rôle important dans la phase actuelle. En effet, Haïti est membre de l’OIF et cette dernière aurait là l’occasion de coordonner les aides multiples en provenance des différents pays de la Francophonie politique. La question identitaire, ne peut être ignorée dans cette opération de reconstruction. Les haïtiens ne doivent pas avoir le sentiment dêtre dépossédés de leur pays car le remède serait alors plus nocif que le mal. Au coeur de l’identité réside la langue. Il est clair que le respect de l’identité du pays ne pourra se réaliser si l’on ne priorise pas les deux langues de culture du pays à savoir le créole et le français. La culture haïtienne devra être mieux insérée dans l’ensemble francophone, elle devraît pouvoir bénéficier de l’aide de ses réseaux C’est aussi là une raison pour laquelle la Francophonie aurait un rôle important à jouer. D’autre part, les diasporas haïtiennes qui se sont massivement mobilisées pour aider leurs concitoyens restés au pays, pourraient appuyer concrètement les efforts déployés par la communauté internationale. Cependant, pour pouvoir être efficace, leur action necessiterait d’être coordonnée et la Francophonie pourrait, là aussi, être utile.

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