vendredi 7 mai 2010

Euro-optimisme

On a toutes les raisons de se réjouir de la crise que traverse actuellement l'Union européenne (UE). En effet d'une part, les euro-sceptiques y trouvent une sorte de justification a posteriori de leur septicisme, tandis que d'autre part, les partisans de l'Union, peuvent y trouver beaucoup de raisons d'espérer. En effet, la crise actuelle place les Etats-membres dans l'obligation de revoir le fonctionnement de l'Union, notamment en revisant les mécanismes d'expression de la solidarité inter-Etats. Les succès passés de l'Europe dans les domaines monétaire, économique, commercial et universitaire, ne pouvaient dissimuler longtemps les échecs de cette même Union dans des champs clés du développement humain. Il existe encore d'immenses déficits au plan européen, en matière de gouvernance, de structure, de droit du travail, de fiscalisation, de solidarité inter-étatique, de politique linguistique et culturelle.... La bourse ne peut demeurer l'instrument privilégié de pilotage du monde moderne.

L'actuelle crise est de nature à activer la prise de conscience de ces manques chez l'ensemble des citoyens de l'Europe. Je ne crois pas, contrairement aux euro-sceptiques, que les graves difficultés que traversent la Grèce, quelles qu'en soient les causes, puissent conduire les peuples à renoncer à la construction européenne. Au contraire, elles leur donnent l'occasion de mieux percevoir la puissance acquise par les spéculateurs dans le contexte de l'Union et de la mondialisation. Aujourd'hui, plus qu'hier, ils ont bénéficié de l'UE et ont pu profiter de ce grand marché pour s'enrichir outrageusement. Face à ces multinationales de la finances que sont devenues les grandes banques d'affaire, face au poids démesuré des agences de notation, les citoyens de l'espace européen ont commencé à percevoir la nécessité d'être unis. L'union fait la force... Les malheurs de la Grèce menacent, la plupart des pays-membres. En effet, les déficits sont généralisés et les peuples le savent. Ils perçoivent les différences dans le traitement infligé à la Grèce et ce qui a été fait pour les banques lors de la "crise des subprimes".

La prise de conscience de la "nation européenne" est en marche et rien ne pourra l'arréter. Même la baisse de l'euro par rapport au dollar vient contribuer à redonner du souffle à l'économie européenne. La circulation des personnes dans l'espace européen, facilitée par l'abolition des frontières, par la monnaie unique, par le marché unique, est un catalyseur de la fermentation du nationalisme européen. L'avenir est à l'euro-optimisme. Le débat aujourd'hui ne semble concerner que les économistes et les politiciens mais les citoyens de l'Europe ne tarderont pas à unir leur voix pour se faire entendre. Ces voix là couvriront les divisions qui affectent les dirigeants européens restés arc-boutés sur leur intérêts nationaux. Déjà sur l'Acropole, une banderole appelait les "peuples d''Europe" à se soulever aux côtés de la Grèce....

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