La seconde voie qui est souvent citée, serait de ne favoriser, au sein des systèmes éducatifs notamment, que la seule langue francaise au détriment de toutes les autres, y compris de l'anglais. Cette approche ne peut que conduire a l'isolement et, finalement à l'affaiblissement de la langue elle-même qui verrait alors se réduire son champ d'intervention dans la communication internationale. Elle diminuerait, en outre, l'accès des francophones aux autres cultures du monde.
Se limiter à l'un ou l'autre de ses deux choix est à mes yeux une erreur grave. En effet, le faire c'est ignorer que ce problème ne concerne pas seulement le francais mais aussi toutes les langues de communication internationale : l'espagnol, le portugais, l'arabe, l'allemand etc. Toutes ces langues sont menacées d'affaiblissement face à l'anglo-américain. Elles sont toutes, cependant, porteuses d'un riche patrimoine culturel.
La seule vraie solution me semble être de considérer qu'aucune langue ne pourra se "sauver" au détriment des autres. Il y a là une sorte d'égalité entre les langues, au moins entre les grandes langues de communication, qui est incontournable. Même l'anglais, sous l'emprise de l'hyper mondialisation, risque de se voir imploser sous l'effet d'une créolisation accélérée, trop rapide pour pouvoir être "digérée" par la langue. La survie des langues ne peut se faire à l'économie, en simplifiant le problème et en se limitant à l'apprentissage d'une langue unique. Si cela était possible, l'espéranto aurait déjà conquis la planète...
Il n'y a pas d'autre voie que celle de considérer l'égal intérêt des langues et, par voie de conséquence d'en apprendre plusieurs dès le plus jeune àge. Bien sûr, nul ne peut apprendre plus de trois ou quatre langues en plus de sa langue maternelle. Mais si chaque enfant pouvait apprendre quatre langues (y compris sa langue maternelle) sans qu'aucune de ces langues ne lui soit imposée, à lui ou à sa famille, sans que l'anglais soit systématiquement privilégié comme aujourd'hui, on peut être certain de deux choses :
- La diversité linguistique du monde en sortirait renforcée;
- La communication internationale en serait facilitée.
Concernant le second point, nous avons démontré mathématiquement (JP Asselin de Beauville, Un modèle probabiliste simple pour le multilinguisme, 78è Congrès de l'ACFAS, Université de Montréal, Montréal (Québec-Canada), 10-14 mai 2010) que cette façon de faire garantissait que deux personnes qui se rencontreraient au hasard auraient alors environ 80% de chances de pouvoir communiquer dans une langue partagée (qui ne serait pas l'anglais obligatoirement).
Bien entendu, l'évolution de la situation mondiale vers un plus juste équilibre entre les langues ne pourra se réaliser sans une révolution des mentalités. Il faut que chaque humain (y compris les anglophones qui sont actuellement les moins enclins à apprendre des langues étrangères) considère que chaque langue (et pas seulement l'anglais) est susceptible de lui permettre de communiquer, et donc de travailler, à partir du moment où elle n'est pas traitée comme une langue de rang inférieur au moment de l'apprentissage linguistique.
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