lundi 17 mai 2010

Le grand Miles aux Beaux-Arts

Belle exposition que celle présentée jusqu'au 29 août 2010 au Musée des Beaux arts de Montréal : "Miles Davis : le jazz face à sa légende". Pratiquement tous les arts y sont présents : la musique bien sûr, celle de Miles qui vous prend aux tripes, vous fait vibrer sur ses sonorités métalliques, tantôt douces, tantôt stridentes, construites, puis déconstruites, elles vous transportent d'années en années, de 1940 jusqu'à 1990 environ. La photographie est aussi de la fête, souvent en noir et blanc, témoignant crûment de son époque de la fragilité de l'homme... Les photos de l'agression raciste dont Miles fût victime, illustrent sobrement la ségrégation raciale qui régnait alors aux USA. Magnifique personnage que celui de Miles, toujours sensible, parfois radieux, mais souvent pensif, concentré, comme emmuré dans un univers interieur riche et tourmenté. La peinture aussi, celle de Jean-Michel Basquiat notamment, mais aussi celle de Miles qui s'y est exercé vers la fin de sa vie. Elle fût pour lui, un artifice pour reéduquer ses mains malades. Peintures aux tons vifs aux formes tourmentées et abstraites, toutes en harmonie avec sa propre sensibilité musicale. Même une sculpture monumentale de Niki de Saint Phalle nous rappelle, par sa taille, l'immensité du personnage. Plusieurs trompettes ayant appartenues au musicien, gravées à son nom, teintes en bleu, vert, rouge..., paraissent revivre dans cette atmosphère tamisée, ouatée mais toujours chaleureuse. L'agencement des oeuvres, les nombreux "kiosques musicaux" sont des incitations permanentes à se recueillir, à s'enivrer des sonorités du grand Miles.... La chronologie nous fait suivre l'évolution incroyable de la musique de Miles, celle du jazz qu'il a profondément marqué. Surtout ne manquez pas le dernier kiosque consacré à l'un des ultimes concert de Miles, donné au Spectrum de Montréal en 1989. Le son de Miles y est si présent qu'il est encore capable de vous arracher une larme. Merci a tous ceux qui nous ont permis de nous replonger dans l'oeuvre de ce très grand musicien que fut Miles Davis. Il est heureux que cette belle exposition soit présentée simultanément avec la pièce "Et Vian! dans la gueule" au TNM, qui traite, à partir de textes de Boris Vian, de la haine de la guerre qui animait, l'écrivain et trompettiste, celui-là même qui accueillit Miles en France lors de son premier voyage à l'étranger. Leur amitié nous a aussi légué l'inoubliable musique du film "J'irai cracher sur vos tombes".

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