La solidarité est un thème fondamental de la Francophonie politique et universitaire. Elle fait, en effet, partie des valeurs essentielles mises en avant par l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF), l'agence responsable de l'enseignement supérieur et de la recherche au sein de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Cependant, on a parfois l'impression que, même au sein du réseau Francophone, certains interprètent la solidarité dans un sens peu conforme à sa signification profonde à savoir : l'aide aux plus démunis, le partage des ressources au profit des moins nantis. Pour beaucoup, il semble que cette idée soit plus synonyme de recevoir que de donner.... La récente tragédie vécue par Haïti et, notamment, par les universités haïtienne, le tremblement de terre du 12 janvier 2010, qui a causé tant de morts et de destructions me semble une occasion unique de pouvoir mettre en oeuvre une solidarité universitaire Francophone exemplaire envers les professeurs et les étudiants haïtiens. Certes, on observe une large mobilisation internationale en faveur de Haïti. L'AUF, elle-même, directement touchée dans cette tragédie avec la destruction du tout récent bâtiment de l'Institut de la Francophonie pour la Gestion et l'Administration dans la Caraïbe (IFGCar) et par la mort, au cours de cet effondrement, de onze personnes, un professeur et dix étudiants, l 'Agence a rapidement mis en place des actions en vue d'aider les étudiants et collègues haïtiens. Récemment encore, elle organisait à Montréal, les « Assises de la reconstruction du système universitaire haïtien » en vue de produire un Plan d'action. Cependant, les ressources financières sont très insuffisantes. Le recteur de l'AUF, Bernard Cerquiglini, déclarait lui-même au cours de ces Assises « L'Agence ne peut pas intervenir sur la reconstruction des infrastructures des universités haïtiennes, car elle ne dispose pas des 400 millions d'euros nécessaires selon la Fondation Clinton-Bush pour Haïti.....En revanche, elle peut aider à repenser le système universitaire haïtien... ». En effet, l'Agence universitaire ne dispose que de ressources limitées bien en dessous des besoins répertoriés pour remettre en ordre de marche les universités haïtiennes. Il me semble cependant, que cette immense tragédie pourrait être l'occasion pour le réseau d'établissements de l'AUF de mettre en pratique une véritable solidarité en faveur de Haïti. Les quelques 728 établissements membres de ce réseau ont là une occasion unique d'exprimer leur conviction en ce domaine, d'aller au delà des mots et des incantations.... Si l'on excepte les quelques huit universités haïtiennes membres de l'AUF, il reste tout de même 720 universités qui pourraient manifester un soutien concret à Haïti. Imaginons que chacune des 720 universités membres décident, exceptionnellement, de doubler leur cotisation annuelle d'adhésion à l'AUF (une somme souvent dérisoire, au moins pour les universités du Sud et qui, en moyenne, est de l'ordre de 1300 euros par établissement) pendant trois années successives, on pourrait alors doubler la recette annuelle en provenance de ces cotisations et ceci durant trois ans. Actuellement, ces cotisations représentent environ un million d'euros par an. Ce seraient donc environ 6 millions d'euros qui pourraient être collectés sur trois ans, par cette cotisation exceptionnelle. Si, d'autre part, on imaginait que, tout aussi exceptionnellement, l'AUF décidait de verser la totalité de ces cotisations au crédit de la reconstruction du système universitaire haïtien, on pourrait alors disposer d 'environ 6 millions d'euros que l'Agence universitaire pourrait affecter au plan de reconstruction du système universitaire haïtien pour une période de trois ans.... Cette somme, pour comparaison, peut être mise en regard des quelques 150 000 euros que l'AUF a pu débloqués en faveur du secteur de la recherche universitaire haïtienne. Connaissant, l'immensité des besoins, notamment, sur le plan des bourses d'études, la Francophonie pourrait par cette méthode disposer d'un levier d'action remarquable en accord total avec les valeurs qu'elle prône.
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La générosité, quel que soit le nom qu'on lui donne, n'est pas une vertu très pratiquée en ces temps troublés, où on pense bien plus chacun-pour-soi et au plus fort la poche...
RépondreSupprimerOn pourrait se demander aussi quel bénéfice les universités tirent de ces quelques 1300Euros en moyenne --mais sans doute plus de la part des universités du nord--, une pinotte n'est-ce pas, de débours pour être de l'AUF. Faire partie de la grande communauté universitaire francophone, cela a quelque devoir tout de même...
A-t-on seulement besoin de faire des calculs d'apothicaires?
Combien d'étudiants viennent dans les universités du nord et y restent plusieurs années par la suite... Imposants bénéfices pour tous ces pays hôtes.