Episodiquement, la polémique concernant la défense du Joual québécois, par référence, notamment, au français, se trouve ravivée. Récemment encore, "L'aut'Journal" en date de juin 2010, revenait sur cette question dans un article intitulé "L'insolent frère Untel", article signé par Michel Usereau.
Je n'ai rien contre la promotion du Joual qui est faite dans cet article. Bien au contraire, je suis un défenseur des langues mais de toutes les langues, pas d'une seule... Par contre, je ne suis pas d'accord du tout avec l'affirmation selon laquelle "la défense du français nous isole du reste du monde" (et des anglophones surtout). En effet, on ne peut justifier le Joual par rapport au français avec ce type d'argument. Le Joual ne permet, tout au plus, que de communiquer entre quelques millions de québécois, alors que le français permet de communiquer avec plusieurs centaines de millions de francophones. Et si l'on poussait ce type de logique à l'extréme, nous devrions tous apprendre une langue ayant un grand nombre de locuteurs dans le monde, comme le mandarin, ou même l'anglais mais certainement pas le Joual!!!! Je crois que la plupart des gens oublient l'essentiel à savoir qu'une langue ne sert pas seulement à communiquer mais qu'elle est aussi vecteur de culture. A ce titre, ne pas pratiquer telle ou telle langue c'est se couper des cultures sous-jacentes, soient de visions différentes du monde.
Bien sûr, nul ne peut apprendre toute les langues du monde mais, j'ai démontré mathématiquement (voir JP Asselin de Beauville, "Un modèle probabiliste simple pour le multilinguisme", 78e Congrès de l'ACFAS, Université de Montréal, Montréal (Québec-Canada), 10-14 mai 2010) qu'il suffirait que chaque personne apprenne 3 ou 4 langues pour que la communication internationale soit possible dans une langue partagée (et pas obligatoirement en anglais!) avec plus de 80 chances sur cent. Il faut aussi savoir que la solution simpliste du "tout anglais" ne marche pas, notamment, à cause des phénomènes de créolisation des langues. Toute langue à vocation impérialiste se voit condamnée à disparaître à plus ou moins long terme par différentiation en diverses langues. C'est ce qui s'est produit avec le latin qui s'est créolisé au contact des cultures gauloise, romaine, ibérique... en donnant naissance au français, à l'italien, à l'espagnol etc... C'est aussi ce qui est en voie au Québec pour le français qui se transforme en Joual et c'est aussi ce qui est en cours pour l'anglais qui est en voie de créolisation forte. Selon le Journal "Le Monde" du 15 juin 2010 ("L'anglais est-il en danger?") : "Tant au Royaume-Uni qu'aux Etats-Unis d'Amérique, sont envisagées des mesures de défense de cette langue. Préservation de son intégrité au Royaume de sa Gracieuse Majesté où vient d'être créee une académie à la française. Tentation de l'endiguement outre-Atlantique où les Etats du nord du pays scrutent l'inexorable progression de l'espagnol depuis la frontière mexicaine...". Pour finir, disons donc "oui à la défense des langues, mais non à la défense d'une seule et unique langue". En d'autres termes, prônons la mise en place dans le monde d'un plurilinguisme véritable, c'est à dire respectueux des langues et pas seulement de l'anglo-américain.
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Si on essaiyait de définir le 'joual', on s'apercevrait qu'il ne s'agit que d'une variante populaire (par opposition à formelle et familière) du français standard. Une variante de prononciation, rien d'autre. Avec quelques expressions populaires en plus. Ces expressions qui ont tendance a se propager chez les autres variantes. Les variantes populaires des langues sont très inventives.
RépondreSupprimerOn trouve ces distinctions des variantes, formelle, familière et populaire, dans toutes les langues.
Vouloir l'écrire phonétiquement, et l'imposer dans la totalité de la langue, pour respecter la prononciation de cette variante n'est pas plus valide dans ce cas que pour toutes les autres variantes populaires.
On trouve des écrivains qui utilisent parfois ces variantes à des fins littéraires, on pense à Maupassant par exemple.
Le 'joual' n'est donc qu'une variante du français standard. C'est le standard qu'on écrit, qu'on enseigne, qu'on parle quand on sort du petit domaine, fort petit, où le 'joual' a quelque diffusion.