L'Allemagne découvre à son tour (voir Intégration : Berlin mise sur la maîtrise de l'allemand, Journal "Le Monde" du 10 septembre 2010) que l'intégration de ses immigrants passe par un apprentissage plus poussé de la langue allemande. Ce problème n'est pas nouveau il est bien connu et, depuis longtemps, de nombreux Etats parmi lesquels on peut citer, sans être exhaustif, la France, le Royaume-Uni, le Quebec, .... et, plus récemment, les Etats-unis d'Amérique, l'Ontario et certaines autres provinces de l'ouest du Canada. Ces Etats et Gouvernements sont préoccupés par cette question de la maîtrise de la langue du pays d'accueil par les nouveaux immigrants car il s'agit là d'un facteur déterminant pour leur intégration à la société.
Ce regain pour la défense de la "langue nationale" se produit simultanément à l'affirmation, par nombre de décideurs politiques, entrepreneurs ou chercheurs.... de la nécessité inéluctable d'apprendre une même langue pour pouvoir communiquer au plan international. Cette langue étant, le plus souvent l'anglais et, quelque fois l'espéranto.
Ainsi, une même cause, la mondialisation, produit deux effets inverses et, par certains côtés, contradictoires : d'une part, l'uniformisation linguistique par l'apprentissage préconisé d'une même langue pour tous et, d'autre part, la diversification linguistique par la réaction des communautés des pays d'accueil.
Les choses se complexifient encore plus, lorsque l'on considère que dans les pays qui absorbent, volontairement ou non, un nombre important d'immigrants, se créent souvent des "pôches ethniques" qui tendent à favoriser la mise en place, au sein de ces pays, et parfois contre leur gré, des politiques multiculturalistes. Ainsi, selon les données du recensement de 2001 de Statistique Canada, il y avait à cette date plus de 254 "enclaves ethniques" au Canada. De ce nombre, 135 se trouvent à Toronto, 111 à Vancouver et 8 à Montréal (voir Multiculturel, dites-vous?, Journal "Le Devoir" du 29 mai 2010). Ces enclaves développent en leur sein leur(s) propre(s) langue(s) de communication qui sont le plus souvent les langues parlées dans leur pays d'origine. De cette façon, la (ou plus rarement les) langue(s) nationale(s) se trouve(nt) confrontée(s) à la pression de la langue anglaise d'une part, mais aussi à celles des langues étrangères parlées par les communautés immigrantes. Outre l'affaiblissement de la langue nationale, ce phénomène tend à produire, de plus en plus souvent, des effets de repli identifaire de la part des citoyens des pays d'accueil qui sont tentés de rejeter en bloc toute immigration étrangère.
Face à ces crispations nationales, il paraît illusoire de prôner, de surcroît, l'apprentissage d'une seule et même langue aux fins de la communication internationale. Toutes les langues ont droit à l'existence et les peuples acceptent mal de voir décliner leur langue de communication séculaire.
La seule et véritable solution nous semble de mettre en place, dans les pays du monde, un certain degré de multilinguisme afin de gérer la question de la communication internationale en portant, le moins possible, atteinte aux grandes langues de communication internationale (anglais, français, espagnol, portugais, arabe, allemand, italien, mandarin...). Cette approche exclut le bilinguisme du type "langue majoritaire-langue minoritaire" (par exemple : anglais-français) qui défavorise systématiquement la langue minoritaire. Nous avons démontré que cela est possible et que ni l'anglais seul, ni l'espéranto seul ne sont indispensables pour aboutir à la solution (voir http://diversion-baba.blogspot.com : la survie du français, billet du 20 mai 2010). Si chaque enfant pouvait apprendre trois ou quatre langues (y compris sa langue maternelle), choisies librement parmi une dizaine de langues de communication internationale, sans qu'aucune de ces trois ou quatre langues ne lui soit imposée, à lui ou à sa famille, sans que l'anglais soit systématiquement privilégié, parmi ces choix, comme aujourd'hui, on peut être certain de deux choses :
- La diversité linguistique du monde en sortirait renforcée;
- La communication internationale en serait facilitée.
Cette façon de faire garantirait que deux personnes qui se rencontreraient au hasard auraient alors environ 80% de chances de pouvoir communiquer dans une langue partagée (qui ne serait pas l'anglais obligatoirement). Il est clair qu'un jeune enfant étranger qui émigrerait avec ses parents serait astreint à la même règle. S'il est de langue maternelle arabe, par exemple, et qu'il émigre dans un pays de langue française, il lui faudrait apprendre le français et une ou deux autres langues de communication internationale.
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