Depuis un peu plus d'une semaine, soit depuis l'annonce le 26 mars dernier par Stephen Harper, des prochaines élections fédérales du 2 mai 2011 au Canada, on a l'impression d'avoir changé de pays et d'avoir été transporté du « pays de Cosette » au « pays des merveilles »...
En effet, il n'y a pas longtemps, les politiciens, les médias, nous rabattaient les oreilles avec la crise mondiale et les difficultés qu'elle engendre aussi au Canada. Il n'y avait plus assez d'argent pour financer les universités au Québec et le Parti libéral provincial avait annoncé l'augmentation des droits de scolarité, le pont Champlain, qui menace de s'effondrer, devait être réparé pour la nième fois faute de crédits suffisants pour le reconstruire, le coût de la santé devenait de plus en plus exorbitant au point que les patients devaient de plus en plus souvent mettre la main à la poche. Ainsi, le 1er avril 2011 doivent rentrer en vigueur de nouveaux frais de services visant les médicaments pour usage humain et les instruments médicaux. Les subventions aux organismes culturels étaient en chute libre. Les compressions se sont élevées à 45 millions de dollars dans le secteur culturel... On pourrait poursuivre encore longuement cette énumération avec, notamment, les augmentations de taxes diverses... En un mot, la rigueur était le maître mot des personnalités politiques au pouvoir notamment.
Certes, ces décisions sont celles du Parti Conservateur du Premier ministre S. Harper et pas celles des autres partis. Cependant, il me semble que les autres partis (Libéral, Bloc québécois, Nouveau Parti Démocrate,...) sont indirectement, eux aussi, imputables de ces choix dans la mesure où le Gouvernement de S. Harper était minoritaire et que les partis d'opposition ne l'ont fait tomber qu'à la toute fin de la législature.
Aujourd'hui, il en va tout autrement. Les candidats des différents partis ne laissent pas passer une journée sans nous annoncer de nouvelles promesses susceptibles de faire notre bonheur... Pour en donner juste quelques exemples :
Le Parti Conservateur promet :
- de créer un crédit d'impôt pour l'activité physique des adultes et de doubler celui accordé pour les enfants;
- d'offrir des prêts aux immigrants récents;
- de verser 2,2 milliards au Québec pour l'harmonisation de la taxe de vente;
- de doubler la limite de cotisation annuelle pour le Compte d'Epargne Libre d'Impôts (CELI) ;
- d'assurer les augmentations de transferts aux provinces en matière de santé; d’assurer que tous les Canadiens aient accès à des soins de qualité en temps opportun, peu importe leur capacité de payer. De s'engager à offrir un système de santé universel, financé par les fonds publics;
- d'ouvrir la porte au Québec pour une participation au Programme canadien de prêts aux étudiants;
- etc.
Le programme conservateur prévoit 6,6 milliards de dollars en nouvelles dépenses sur quatre ans. Les troupes de Stephen Harper se sont engagées à verser les 2,2 milliards réclamés par Québec pour l'harmonisation de sa taxe de vente avec celle du fédéral. Du coup le déficit du budget fédéral passera de 29,6 milliards de dollars pour 2011-2012 à 30,3 milliards.
Le Parti libéral promet :
- de mettre en place un crédit d'impôt pour la rénovation domiciliaire écoénergétique;
- de financer le logement abordable et l'alimentation de base aux familles à faible revenu;
- de doubler le budget du Conseil des arts du Canada pour le porter à plus de 360 millions de dollars par an et de restaurer le programme de promotion des artistes à l'étranger en l'augmentant de 15 millions de dollars sur trois an;
- de construire un nouveau pont sur le Saint-Laurent;
- etc...
Le Nouveau Parti Démocratique (NPD) promet pour sa part :
- l’embauche de médecins et d’infirmières;
- le renforcement des pensions;
- la création d’emplois; des mesures pour aider les familles;
- etc...
Il s’engage à mettre ces mesures en place tout en équilibrant le budget fédéral lors de la quatrième année d’un plan qui prévoit des dépenses de 14,4 milliards $ et des réductions d’impôt de 3 milliards $ dès sa première année.
Les autres partis ne sont pas en reste mais n'ont pratiquement pas de chance de prendre le pouvoir...
Comment peut-on croire que ce qui était impossible hier, faute d'argent notamment, deviendrait soudainement réalisable demain ? Comment peut-on imaginer que les mêmes partis qui étaient au pouvoir ou représentés au Parlement fédéral, avec les mêmes personnalités et des programmes voisins de ceux qu'ils ont mis en oeuvre par le passé, pourraient soudainement changer radicalement le contexte dans lequel ils ont plongé leurs concitoyens ?
Plutôt que des catalogues « fourre-tout » destinés à séduire le plus de catégories possibles de citoyens, on aurait aimé que les partis politiques nous proposent des grands projets mobilisateurs susceptibles de sortir le pays des rails actuels. Où est le grand projet sur le renforcement de l'intégration des provinces au sein de la fédération canadienne ? Où se trouve le grand projet d'ouverture vers les pays membres de la Zone de Libre Echange des Amériques (ZLEA) ? Où se situe le grand projet de développement durable en vue de préserver l'environnement ? Où est passé le grand projet culturel susceptible de renforcer la diversité culturelle et linguistique ? Où est le grand projet de société qui pourrait transformer ce pays en modèle d'équité et de justice ?…
Le moins que l'on puisse dire est que cette façon de faire révèle un certain mépris de la classe politique envers les citoyens.
Et bien sûr, le gouvernement Harper est tombé sur un budget qu'il était impossible de modifier, alors qu'on retrouve bien des mesures demandées par les partis qui détenaient une majorité de coalition pour ne pas le faire tomber dans les promesses électorales de S.Harper...
RépondreSupprimerTartufferie que tout cela!
Il fallair risquer des élections à 300M$ pour avoir un gouvernement majoritaire... Oui, mais avec quel agenda caché? De ça, bien sûr on ne parle pas.
Tartufferie toujours des partis politiques qui espèrent (même si c'est électoralement impossible, e.g. les NPD et même le PLC) prendre le pouvoir...