J'ai eu la chance de voir la pièce « Le boss est mort », tirée de l'oeuvre de Yvon Deschamps, et mise en scène au Monument national de Montréal par Dominic Champagne. C'est un monologue remarquable à plusieurs titres. Il faut d'abord saluer la composition magistrale de Benoît Brière qui incarne avec brio le rôle de l'ouvrier innocent, peureux, soumis, matamore,... mais lucide sur sa situation et sur son entourage. Seul sur scène, accompagné d'un décor et d'une ambiance musicale minimalistes, signés par le scénographe Michel Crête, par Michel Smith pour la musique et, François St-Aubin pour les costumes, Benoit Brière parvient à rendre avec beaucoup de justesse et de sensibilité l'atmosphère d'un certain Québec des années 1960 décrite par Y. Deschamps dans ses Monologues.
A travers un humour plutôt noir, souvent absurde, parfois dérisoire, le personnage nous conduit à réfléchir sur bien des aspects de notre vie : l'amour, le travail, l'éducation des enfants, l'amitié, la mort,... Rien n'échappe à cet observateur naïf mais féroce. L'important, pour moi, c'est que la poésie est toujours présente, elle habille les monologues de l'humoriste québécois, Y. Deschamps d'une façon lumineuse. Même si l'action se réfère à une époque du passé, il y a dans cette oeuvre un renvoi permanent à notre présent. Le texte est toujours d'une grande actualité. Les questions fondamentales des relations de travail, de l'amour, de l'éducation des enfants, de la mort, de la maladie.... sont toutes traitées par l'auteur dans leur essence, dans leur permanence, et les clins d'oeil à notre actualité, souvent perceptibles, sont toujours d'une grande férocité. Il suffit de se référer, par exemple, à ce que dit le personnage sur son éducation par ses parents, pour immédiatement être amené à faire un retour sur le laxisme actuel dans ce domaine.
J'ai vécu là un beau moment de théâtre, d'humour et de poésie, un texte qui donne à penser, en un mot une pièce à recommander au plus grand nombre...
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