jeudi 22 septembre 2011

Quel taux de croissance viser?


Nous vivons aujourd'hui sous la dictature du « Taux de croissance ». En effet, la réussite et, souvent le bonheur, semblent se mesurer presque uniquement à partir de cet indicateur économique. Ce chiffre quantifie, en fait, l'évolution, en pourcentage du Produit intérieur brut (PIB) d'un pays, entre deux années successives. Un taux de croissance positif signifie donc une augmentation du PIB d'une année à l'autre. Le PIB, quand à lui, est une mesure de la valeur totale de la production interne de biens et services d'un pays donné, au cours d'une année, par des agents résidant à l'intérieur des frontières de ce pays.

Partant de ces définitions, il est clair qu'un taux de croissance positif indique que, d'une année à la suivante, la production interne du pays a augmentée. On peut dès lors, se poser la question de savoir pourquoi faut-il que ce taux soit systématiquement supérieur à 1% ou 2% pour faire le bonheur des économistes et des responsables politiques? Les taux de croissance faibles mesurés ou prévus actuellement dans la plupart des pays d'Europe, par exemple, sont systématiquement qualifiés de dramatiques par les commentateurs de tous bords...

Imaginons un pays où le plein emploi est à peu près atteint (taux de chômage inférieur à 5%). Imaginons de plus, que la démographie de ce pays soit stagnante avec un taux de fécondité des femmes qui assure tout juste le renouvellement de la population (cette situation est fréquente dans nombre de pays riches). Dans ces conditions, un taux de croissance nul devrait suffire à assurer le plein emploi de la population active puisque celle-ci est stable démographiquement. A fortiori, un taux de croissance de 1% ou 2% devrait satisfaire les responsables politiques. Or, il n'en est rien, puisque le monde continue à viser des taux de croissance supérieurs! Il est clair que la situation dégradée de l'emploi dans certains pays riches peut justifier ce souhait mais il devrait, me semble t-il, être accompagné de la perspective de diminuer ce taux, aussitôt que la situation de l'emploi aurait atteint un niveau acceptable. Il n'en est jamais ainsi dans les faits.

On est en droit de se demander quels sont les effets négatifs de cette façon de gérer les pays? J'en vois au moins trois :

  • Il y a d'abord le fait que le maintient d'un taux de croissance fort, à démographie constante, ne peut que susciter un appel à des travailleurs supplémentaires et donc à l'émigration. Or on connait aujourd'hui tous les problèmes suscités par une émigration mal maitrisée...

  • Il y a ensuite, le risque d'épuisement des ressources naturelles induit par cette augmentation sans fin de la production. On connait déjà ce problème dans bien des domaines : pétrole, minerais, eau...

  • Il y a, enfin, l'augmentation de la mondialisation entrainée par la surproduction de biens, qui implique la nécessaire exportation des surplus. On connait aujourd'hui tous les risques et difficultés crées par une mondialisation mal contrôlée avec, notamment, l'emprise de la finance internationale et le creusement de l'écart entre les riches et les pauvres par affaiblissement de la classe moyenne.

    Il est temps de prendre enfin des dispositions propres à mettre fin à cette façon de penser le développement, de cesser d'encourager la cupidité, et de tendre vers un développement plus harmonieux et plus durable. Si les taux de croissance forts sont nécessaires dans les pays en développement, ils ne paraissent plus justifiés dans les pays développés...

1 commentaire:

  1. Compte tenu de l'évolution technologique (au rythme actuel) le taux de croissance doit être égal ou superieur à 2% pour que le taux de chomage soit stable (nombre d'embauche égal au nombre des pertes d'emplois)

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