mardi 15 novembre 2011

Sur les revenus au Québec


On note régulièrement dans les médias du Québec, que les cadres se plaignent de leur déclassement en terme de revenu (salaires ou honoraires) par rapport au reste du Canada ou aux Etats-unis d'Amériques.

Est-il, pour autant, légitime d'aligner les salaires et les honoraires québécois sur ceux les plus élevés d'Amérique du nord? L'argument des tenants de cette thèse tient en une phrase : si on ne le fait pas les meilleurs des cadres québécois iront travailler ailleurs et seront donc perdus pour le Québec. En fait, ce raisonnement peut produire un effet pervers qui, d'ailleurs est déjà perceptible ici ou là. En effet, cette façon de faire a plus de chance d'attirer aux postes de responsabilités les personnes les plus vénales et non les plus engagées. Par exemple, un scientifique passionné par son sujet d'étude travaille rarement pour l'argent mais plus pour le plaisir et l'intérêt de faire aboutir son étude. Il en va souvent de même pour un médecin ou pour un enseignant.... Bien entendu, il faut percevoir des revenus convenables pour vivre à l'abri du besoin mais il n'est point besoin de faire miroiter des revenus extravagants pour intéresser les personnes à leur travail. Le faire, c'est contribuer à donner le pouvoir aux moins motivés aux vénaux, aux cupides, et apparaît donc comme une approche contre productive!

Il n'en reste pas moins vrai que les cadres font souvent entendre leur voix au travers de leurs ordres professionnels ou de leurs syndicats pour réclamer une amélioration de leurs revenus. Ce fut le cas, par exemple, récemment pour les médecins, pour les procureurs?... Il se pourrait que cette observation soit en relation avec l'activisme des personnes les plus vénales qui s'emparent des postes de responsabilités de façon à mieux faire valoir leurs idées... On peut d'ailleurs constater que les effets de cette dérive se font déjà sentir au travers, par exemple, de la question des frais de scolarité universitaires au Québec. Il est étonnant, qu'alors que les responsables universitaires réclament l'augmentation de ces frais afin de combler le déficit budgétaire de leur établissement, il est étonnant de constater que ces mêmes responsables s'octroient des salaires de maharadja ( de l'ordre de 300 000 à 600 000 dollars pour un recteur) en prétextant que cela est nécessaire face à la concurrence des autres universités d'Amérique du nord. Proposer à ces cadres des salaires plus décents aurait peut être permis de recruter sur ces postes des personnes plus motivées par leur engagement au service des étudiants et donc moins portées à réclamer l'augmentation des droits de scolarité...

Un autre effet pervers de cette cupidité ambiante, effet dont on parle très peu dans les universités, est celui qui résulte du montant élevé des droits d'inscription imposé aux étudiants. Cette façon de faire tend à transformer les étudiants en clients de l'université. En conséquence, il devient très difficile pour les enseignants de noter objectivement le travail de leurs étudiants, ceux-ci s'estimant, compte tenu des sommes engagées, en droit d'obtenir leur diplôme. Cette attitude est d'ailleurs renforcée par l'administration universitaire pour qui, perdre un étudiant se traduit en perte financière directe. C'est pourquoi il n'est pas rare de voir l'administration universitaire intervenir auprès des enseignants pour qu'ils remontent leur note de façon à éviter l'échec des étudiants les plus faibles...

Tout cela montre qu'il n'est pas bon de baser le développement sur la cupidité ou la vénalité des personnes, il vaut toujours mieux faire appel à des valeurs plus constructives, plus humanistes, comme la générosité, l'altruisme, la solidarité, la soif de connaissance....

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