samedi 27 février 2010

A propos des droits de scolarité universitaire au Québec

Je voudrais relever ce qui me paraît etre une faille dans le raisonnement des tenants de l'augmentation des droits de scolarite universitaire. En shématisant, leur raisonnement est le suivant :

Le Québec fait partie des sociétés les plus imposées en Amerique du nord. En conséquence, on ne peut pas envisager le financement des universités par une augmentation des impots. Il faut donc "aller chercher l'argent dans les poches des étudiants" et donc, augmenter les droits de scolarité. Cette facon de penser sous-entend que les étudiants constituent une classe de la population qui est solvable et qui possède donc des revenus en propre. Or, le rôle d'un étudiant universitaire est d'étudier et non pas de gagner sa vie. Préparer un diplôme est une activité à temps plein. Donc, l'accroissement des droits de scolarité ne peut, en réalite, que ponctionner un peu plus les finances des familles qui doivent financer les études de leurs enfants. Augmenter les droits de scolarité serait donc équivalent à une augmentation des impots des familles québecoises. Autrement dit, les deux approches conduiraient aux mêmes effets pour les familles et l'augmentation des droits de scolarité ne peut être considérée comme une solution si l'on veut conserver la pression fiscale sur les familles au niveau actuel.

2 commentaires:

  1. Question complexe...

    N'est-il pas vrai que la vaste majorité des étudiants universitaires viennent des classes sociales dites favorisées? Et donc dont les parents auraient, on peut le présumer, les moyens d'assurer un meilleur avenir pour leurs enfants... plutôt que de se payer une semaine de plus au soleil, une auto un peu plus luxueuse... Où sont les vraies valeurs?

    Mais au Québec, on aurait un retard, encore et toujours sur la proportions de diplômés universitaires, même pour les dernières générations. Il faut donc être très prudent avant d'augmenter les frais de scolarité universitaire.

    Pour les étudiants sans moyens financiers parentaux, il faut penser à leur alléger les charges, leur simplifier l'entrée à l'université. Des prêts à bas taux, à rembourser uniquement une fois les études terminées, selon des conditions à préciser (le Prêt d'honneur de ma jeunesse avait ce but).

    Mais notre société peut-elle se permettre une éducation chère pour ceux qui s'y engagent?

    L'éducation n'est pas seulement un moyen d'accéder à la richesse, c'est aussi un service public, la production d'un bien public. Un être instruit produit plus, et est éventuellement plus en mesure de jouir d'une bonne & belle vie, plus en santé, plus longue & agréable..., en un mot plus productive.

    Tout de même, le calcul approximatif suivant est questionnant.

    Un finissant de Cégep gagne en moyenne, disons, 20K$ de moins annuellement qu'un finissant universitaire. Ce qui fait (sans compter les bénéfices de retraites, de vacances, de jouissance de la vie), sur 35 ans de vie active (au moins) un gain à vie supérieur de 700K$ pour un diplômé universitaire par comparaison à un diplômé du pré-universitaire. Et on ne parle pas ici du taux calamiteux de décrochage au secondaire de notre société!

    Est-ce bien cher payer que de payer de sa propre poche 4K$ par an sur 3 ans plutôt que 2K$? Pourvu qu'on ne soit pas découragé de le faire, que l'appétit des connaissances y soit!

    Mais ça, l'appétit des connaissances, c'est une tout autre question...

    Dernier commentaire. Un mythe à examiner de près: nous serions les plus taxés en Amérique du Nord? Jean-François Lisée a examiné la question dans un des ses livres («Sortie de secours», Boréal, 2000; il en remet dans «Pour une gauche efficace», Boréal, 2009, ch. VII), et ce n'est pas la conclusion à laquelle il parvient.

    Pensons seulement à la treizième année de scolarisation, la deuxième année des Cégep, qui est 'gratuite' au Québec, alors que dans le reste de l'Amérique du Nord, cette treizième année se fait, lorsqu'elle se fait, à l'université, avec les frais qu'on sait.

    Pensons aussi au système des garderies (crèches) à 7$ par jour...

    Plusieurs questionnements emboîtés, donc.

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  2. Concernant: la présumée surtaxation au Québec.

    Oui, je sais bien qu'on nous bassine, çà et là dans les médias, notamment dans La Presse, sur le fait que nos taux d'imposition, notre TPS+TVQ sont tellement élevées comparativement à d'autres sociétés voisines. Et cela fait vibrer nos cordes émotives, car qui n'a pas les taxes dans la gorge? De la démagogie entretenue par les gros et gras de notre société (et celle de nos voisins du sud...).

    Mais on ne nous parle jamais des services qu'on a collectivement comparativement à ceux de ces autres sociétés.

    Ne parlons pas en détails des USA. On l'a bien vu avec tout le débat sur la réforme de la santé, à quel point ils sont mal servis à cet égard, pour un coût, privé en grande partie, faramineux. Ce qui n'est pas prêt de changer...

    Et ils ont des statistiques de santé collective dignes de pays du tiers-monde...

    Examinons seulement rapidement notre système éducatif. Combien coûte le service de garderie en Ontario? Ici c'est 7$/jour pour une bonne partie de notre population. Là-bas au moins 25$/j, ou je me trompe?

    Notre 13e année de scolarisation est au tarif Cégep, qui coûte moins que le service de garderie, si je ne m'abuse. En Ontario, un étudiant paie cette 13e année au tarif universitaire, soit environ 4K$. De même que les trois années suivantes, alors qu'au Québec les trois années du Bac Universitaire coûte à peu près 2K$/an, la moitié moins qu'en Ontario.

    Et qu'on ne s'y trompe pas: cela concerne environ 35% des classes d'âge, car environ 35% des jeunes finissent pas obtenir un Bac universitaire. Tout une économie pour eux... payée sur nos taxes!

    On pourrait aussi éplucher les services gratuits des hôpitaux, qui sont payants par les usagers en Ontario.

    Pas question ici de faire un décompte précis. C'est fait ailleurs. Jean-François Lisée rapporte dans son blogue de l'Actualité, qu'à revenu égal le pouvoir d'achat des québécois est d'environ 14% pljs élevé qu'un Torontois. Et il étaye ses arguments...

    http://www2.lactualite.com/jean-francois-lisee/budget-l%E2%80%99heure-de-verite-pour-jean-charest/2628/#more-2628

    J'aime bien cette citation de Oliver Wendell Holmes Jr (qui servit à la Cour Suprême des USA au début du siècle dernier):

    http://en.wikipedia.org/wiki/Oliver_Wendell_Holmes,_Jr.

    «J'aime payer mes taxes, car je m'achète alors de la civilisation».

    L'égoïsme individuel érigé en valeur collective n'est pas porteur de beaucoup de civilisation...

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