jeudi 8 juillet 2010

Vive la chanson en français!

Les chanteurs francophones ont de plus en plus tendance a s'exprimer en anglo-americain. Lorsqu'on les interroge sur les raisons de ce choix linguistique, ils argumentent très souvent en faisant référence à une plus grande audience que s'ils chantaient en francais. Je voudrais relever la faiblesse de cette argumentation.

Bien sûr, les anglophones sont plus nombreux que les francophones dans notre monde contemporain. Mais on ne doit tout de même pas oublier que face aux 450 millions de locuteurs ayant l'anglais comme "langue maternelle", il existe tout de même environ 285 millions de francophones de langue maternelle qui représentent un marché attractif. D'autre part, même si les anglophones sont plus nombreux que les francophones, ils ne représentent pas la totalité de la population mondiale (7 milliards d'humains). Cela signifie donc, que, même s'ils chantent en anglais, ces artistes pourraient être coupés des millions de non anglophones et, notamment des millions de francophones. Or l'experience prouve qu'il n'en est rien. La variété anglophone touche tout le monde indépendamment des langues parlées par les personnes. Une autre preuve, s'il en est besoin, de la relative indépendance entre la langue d'expression d'une chanson et celle des auditeurs, est le rayonnement international de certaines chansons francaises comme "la mer" de Charles Trénet, "la vie en rose" d'Edith Piaf, certaines chansons de la Compagnie créole connues dans le monde entier, ou encore le répertoire non anglophone des chanteurs maliens Amadou et Mariam... Il serait facile de citer nombre de chansons non anglophone qui ont pourtant fait le tour du monde...

Je crois que si tant de jeunes chanteurs dans le monde (francophone ou autre) s'expriment en anglais cela est lié pour une grande part a l'éducation qu'ils ont recue. Il faut, en effet, se rendre compte que pendant toute leur enfance ces jeunes ont baignés dans la chanson anglophone. Ils l'ont entendue de façon quasi permanente, dans les radios, les émissions de télévision, dans les bars et restaurants, dans les boites de nuits..... Leur oreille a été formatée par ces sonorités anglophones. Dès lors, est-il étonnant qu'ils ne soient capables d'apprécier, parvenus à l'age adulte, que ce type de son ? Nous payons aujourd'hui, au travers de cette mode, le laxisme dont nous avons fait preuve hier. Nous avons sous nos yeux, l'illustration concréte de ce que peut donner l'abandon inconscient d'une langue par son peuple. Très vite, cette langue perd son intérêt et devient une langue....morte. Aujourd'hui déjà la chanson, la Science, le commerce, ne s'expriment plus qu'en anglo-américain.... Et demain?

Il me semble que, plus que la raison linguistique, c'est un argument commercial qui dicte le choix de ces artistes. En chantant en anglais, ils se facilitent l'accès aux grands medias anglo-americain et bénéficient de leurs réseaux mondialisés. Ils ne sont pas conscients qu'en procédant de la sorte ils contribuent a affaiblir leur langue, leur culture, à l'image de tous les francophones qui publient en anglais plutot qu'en francais. Est il besoin de rappeler que l'inconscience des scientifiques francophones a conduit aujourd'hui à la quasi disparition des médias scientifiques francophones ? Dans notre monde globalisé tout est lié à tout et, si cette tendance se poursuit, on peut craindre que demain, la presse francophone disparaisse, tout comme le livre et le film en français... Les difficultés sont déjà apparente dans ces domaines. Veut-on livrer à nos enfants un monde dans lequel une seule culture deviendrait hyper dominante, aggravant le risque de voir s'amplifier le phénomène de "pensée unique" ? Il est urgent de fédérer les énergies pour mettre en place, dans tous les champs de la culture, des réseaux mondiaux qui soutiendraient les expressions culturelles dans d'autres langues que l'anglo-américain.

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