samedi 12 mars 2011

A propos des sondages d'opinion

Le récent sondage d'Harris Interactive, effectué au mois de mars 2011, dans le cadre des prochaines élections présidentielles en France, donnait la « pôle position » à Marine Le Pen, la représentante du Front National. Ce sondage a suscité une polémique en France. La plupart des commentateurs ont insisté sur la surprise politique que constituait la première place de la représentante d'un parti d'extrême droite et ceci, quels que soient les candidats de l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP) ou du Parti Socialiste (PS), qui lui étaient opposés.

D'autres commentaires ont portés sur la possible manipulation d'opinion qui pourrait être cachée derrière ces résultats spectaculaires. Il est aujourd'hui admis, qu'au delà de la publication des conclusions des sondages d'opinion, il peut exister une volonté cachée d'agir sur l'opinion publique. En effet, une information diffusée à propos des choix supposés des citoyens dans une élection future, est susceptible de venir modifier un peu le comportement de certains d'entre eux qui souhaiteraient soit, mieux se conformer à l'opinion générale, soit au contraire, s'en distinguer... Cette possibilité réelle peut permettre à certaines personnes (commanditaires, partis ou responsables politiques,...), liées à la mise en place de ces sondages, d'envisager de programmer ces opérations de mesure de l'opinion avec l'intention, non affichée, de pouvoir influencer cette dernière. Cette dérive potentielle a été mainte fois évoquée par les uns ou les autres.

Il existe, cependant, un phénomène moins connu qui est la conséquence de « l'interaction sondage-sondé ». De la même façon que les commanditaires d'un sondage peuvent envisager de s'en servir pour modifier les choix des citoyens, ces derniers sont, eux aussi, capables d'ajuster leurs réponses au sondage avec l'idée d'interagir sur cette même opinion... Cette action est plus facile à mettre en œuvre lorsque le sondage est effectué à distance (par téléphone ou par internet par exemple) comme cela est courant aujourd'hui. La personne interrogée, dont l'anonymat est garanti par l'interrogation à distance, peut, sciemment, répondre en fonction du message qu'elle veut faire passer dans le public et non pas en fonction de ses propres convictions. A ma connaissance, cette « rétroaction » n'a pas été encore très étudiée et, en tous cas, on en parle moins dans les médias. Cependant, je suis persuadé que cet effet existe et qu'il vient probablement fausser les résultats des sondages d'opinion. Ceci d'autant plus que les réseaux sociaux, notamment, permettent de diffuser efficacement les informations.

En conséquence, il faut se garder de tirer des conclusions définitives de telles enquêtes d'opinion car, s'il est bien connu qu'elles ne sont que des photographies instantanées de l'opinion publique, il est moins admis que cette photographie peut, de façon plus ou moins organisée, n'être qu'une pâle représentation de la réalité.

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