mardi 3 mai 2011

Le choc des élections fédérales

Lendemain d'élections fédérales, lendemain plein de surprise mais aussi de leçons pour ceux qui ont le désir de mieux comprendre la société canadienne...

Le Bloc québécois (BQ) est quasiment rayé de la carte par la volonté des québécois, tandis que le Nouveau parti démocratique (NPD) l'emporte haut la main. Le constat est tranché et n'est sujet à aucune ambiguité. Le BQ passe de 47 députés à 4, tandis que le Parti libéral (PL) est réduit à 34 sièges au lieu des 77 acquis précédemment. Dans le même temps, le NPD conquiert 102 sièges au lieu des 37 précédents... Le Parti conservateur emporte les élections en devenant majoritaire avec 166 députés.

La première leçon de ce scrutin était prévisible, elle rappelle simplement aux politiciens notamment, qu'il n'est pas sage d'adopter pendant un temps trop long des messages ambigües, dans lesquels il y a contradiction entre les actes et les thèses défendues. Comment était-il possible de faire croire encore longtemps aux québécois que le BQ, dont la base limitée au Québec l'empêchait de devenir majoritaire, pouvait être partisan de la souveraineté du Québec tout en le représentant au plan fédéral ? La réponse des électeurs québécois est que maintenant ce sera un parti pleinement fédéral le NPD, soit un parti susceptible de devenir majoritaire, qui sera le porteur de leurs espérances.

La seconde leçon de ce scrutin est que les citoyens québécois ne veulent plus être marginalisés au sein de la fédération canadienne, ils entendent désormais peser sur les décisions fédérales au même titre que ceux des autres provinces. Bien sûr, il y a des risques dans cette stratégie, notamment celui de ne pas peser assez pour être entendu et donc de voir les souhaits des québécois peu pris en compte. Si cela se produisait, il y aurait alors le risque d'un regain de l'option souverainiste au grand dam des partis fédéralistes. Il est donc prévisible que les positions défendues par le NPD auront quelques chances d'être entendues...

La troisième leçon concerne l'avenir. Les souverainistes au Québec devraient analyser ces résultats avec beaucoup d'attention car, à mon avis, ils sont porteurs d'autres changements à venir, sur la scène provinciale notamment. Sera t-il possible de faire croire, encore longtemps, aux citoyens québécois que l'on est ardent partisan de la souveraineté alors que l'on ne la réalise pas lorsque l'on vient au pouvoir ?

La quatrième leçon est que les citoyens souhaitent que les politiciens se penchent sur les réelles difficultés qu'ils vivent au quotidien. La faiblesse du pouvoir d'achat, les difficultés du système de santé, la faiblesse des pensions de retraites, la croissance de l'écart entre les riches et les pauvres, l'enrichissement indécent de certaines catégories de la population, les questions environnementales,... Le parti vainqueur, le Parti conservateur (PC) se doit de répondre à ces demandes au moins en partie, faute de quoi il risque d'être balayé lors du prochain scrutin. La position de leader de l'opposition officielle occupée par le NPD pendant la législature qui s'ouvre lui donne toute latitude pour défendre becs et ongles la position des citoyens les plus démunis. S'il rempli son rôle avec succès, alors il pourra espérer devenir le prochain parti majoritaire du Canada.

La dernière leçon de cette élection, me semble résider dans la nécessité de voir émerger au plan fédéral, de grands projets de société susceptibles de mobiliser les canadiens. La « petite politique » qui ne s'intéresse qu'aux problèmes de telle ou telle province n'a pas de futur. L'avenir des partis à base provinciale me semble obéré. Soit le Canada fera son unité nationale sur la base de grands projets de société fédérateurs, soit l'option souverainiste au Québec reprendra de la vigueur et pourrait finir par faire éclater la fédération... Le remodelage politique issu de ce scrutin permet d'espérer une meilleure prise en compte des problèmes sociétaux à l'échelle du Canada...

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