vendredi 12 août 2011

La nouvelle utopie


Nous vivons dans un monde libéral qui cultive des paradoxes souvent invraisemblables. En effet, qui pourrait croire, qu'aujourd'hui, le monde est, en grande partie, dirigé par une entité impalpable, que personne ne peut appréhender avec exactitude et qui, de plus, reste impossible à situer. Cette entité a seulement un nom : le ou les marché(s). Le marché, au moins dans sa configuration financière, est responsable de notre bonheur, lorsqu'il nous permet de nous enrichir facilement et, de notre malheur lorsqu'il est responsable de notre appauvrissement, voire de notre ruine. Ce marché qui, est pourtant responsable d'une crise sans précédent, avec, notamment, l'envolée de la dette des Etats occidentaux, avec l'aggravation des déficits publics et de l'endettement personnel des citoyens, ce marché, nul ne peut le définir avec exactitude. Où en sont les responsables ? Qui peut-on blâmer ? Les responsables politiques se placent souvent à l'abri derrière ces fameux marchés qu'ils disent être incapables de réguler, de contrôler... Une simple « Agence de notation » peut déclencher, en dégradant la note d'un Etat, une chute des bourses que nul ne semble pouvoir maitriser... Mais quels sont les responsables de ces institutions ? Quels sont leurs objectifs ? Leurs statuts ? Nul ne le sait et nul ne peut mettre un nom ou un visage sur ces Agences qui n'ont aucune légitimité puisque non élues et, étant apparemment de statut privé.

Cette nouvelle utopie du marché me paraît au moins aussi nuisible, que les grandes utopies politiques du passé qui avaient pour noms : anarchie, socialisme, communisme.... Ces dernières étaient, en effet, circonscrites à un territoire géographique précis sur lequel elles exerçaient leur emprise. La mondialisation ne leur avait pas encore permis de s'étendre sur l'ensemble de la planète. De fait, les malheurs et les morts dont elles sont responsables étaient localisés et identifiables alors, qu'aujourd'hui, les millions de laissés pour compte, de pauvres, frappés par la crise sont situés partout, dans les pays riches comme dans les pays les moins développés. Les anciennes utopies étaient identifiables, elles étaient personnalisées par des responsables politiques connus contre lesquels la vindicte populaire pouvait s'exercer. Le « marché » lui, est anonyme et, nul visage ne vient le personnaliser. Le combattre est alors beaucoup plus compliqué car l'ennemi est invisible....

Il est quelque peu décevant de constater, qu'après toute l'histoire traversée par l'humanité, le seul système politico-économique qui se soit imposé, soit un système aussi peu performant, aussi peu structuré, aussi peu éthique que le marché... Ceux qui agissent dans le cadre de cette nouvelle utopie sont souvent des individus guidés par le seul appât du gain à court terme, du profit facile, au détriment de la plupart de leurs concitoyens. Tout se passe comme si le mal avait réussi à s'imposer face à l'intelligence des humains, comme si tous ces siècles d'expérience de l'humanité n'avaient abouti qu'à ramener l'être humain à son point de départ, celui où la survie imposait la domination du seul intérêt particulier. Nos ancêtres, cependant, avaient l'excuse de l'ignorance, de la nécessité d'assurer leur survie personnelle et celle du clan. Aujourd'hui, même la solidarité semble s'effacer au profit du seul intérêt individuel qui devient le moteur de toute action...

Il devient urgent de rétablir la solidarité humaine comme valeur fondamentale, faute de quoi nous nous enfoncerons dans une crise qui pourrait rapprocher l'humanité de sa fin...

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