dimanche 1 janvier 2012

Critique du « jeunisme »



Régulièrement les médias font état de « la dangereuse exclusion politique des jeunes ». Pour ne citer qu'un article récent, le Journal « Le Monde » en date du 29 décembre 2011 contenait un article intitulé « Une France de plus en plus gérontocratique - Dangereuse exclusion politique des jeunes ». Les tenants de cette thèse font souvent référence à ce qui leur paraît être un défaut majeur, voire une injustice, vis à vis de la jeunesse française, à savoir « qu'à la fin de 2010, les plus de 60 ans représentent 23% de la population et occupent plus de 60% des sièges d'élus nationaux. A l'inverse, les 25-40 ans, soit 19% de la population française, ne constituent que 3% des membres du Parlement ».
Cette argumentation me semble souffrir d'une faiblesse grave : les plus âgés ont d'abord été des jeunes. A ce titre, ils ne peuvent ignorer totalement, les besoins, les désirs et les aspirations de la jeunesse, même si l'époque a changée. Par ailleurs, ils peuvent rester en contact facilement avec des jeunes. Leur avancement dans la vie fait, en outre, qu'ils possèdent une expérience dont ne peut bénéficier une personne plus jeune. A contrario, les jeunes n'étant pas encore passés par la phase de vieillissement, n'ont que peu de connaissance de cet âge de la vie même si, bien entendu, ils peuvent par le biais de leur entourage fréquenter des personnes plus âgées. Il me paraît clair que le fait d'avoir expérimenté antérieurement un état de l'existence confère des connaissances que ne peuvent partager ceux qui n'ont pas encore traversé cette phase de la vie...

L'argumentation « jeuniste » est aussi critiquable sur le fond car, la généralisation d'une telle façon de penser pourrait conduire à une situation extrêmement compliquée à gérer. En effet, la population française comprend, par exemple, actuellement environ 10% de personnes en dessous du seuil de pauvreté et donc, environ 90% de personnes au dessus de ce seuil. Le respect de ces pourcentages devrait donc conduire à une représentation parlementaire en rapport avec ces chiffres.... Il serait possible de poursuivre ce raisonnement à propos de bien d'autres critères de classification des Français...

Pour finir, s'il me paraît utile de faire en sorte que les jeunes soient mieux représentés au Parlement, il me semble que vouloir mesurer cette représentativité à l'aune de leur pourcentage de présence au sein de la population est un raisonnement erroné et dangereux qui pourrait ouvrir la porte à bien des problèmes....

1 commentaire:

  1. ah la querelle des anciens et des nouveaux! Dans les organisations gouvernementales, privées, syndicales et autres, il est souvent noté que les plus âgés sont à une très grande distance socio-culturelle de leurs jeunes confrères et consoeurs. Ils ne comprennent pas leur langue, leur humour, leurs références et leurs priorités. Ils disent ne pas être passé par de tels moments malgré qu'ils ont ''d'abord été des jeunes''! C'est un cycle infini décrit depuis la nuit des temps. On voit souvent des organisations montées de toutes pièces pour jeunes en réponse à cette problématique. L'âgisme est très en vogue et souvent relevé ici au Canada mais le ''jeunisme''? Pas encore vu ça dans les journaux ici. Belle exemple d'une certaine lucidité sociale omniprésente en France et qui semble en arrière ici. Il est vrai que de fragmenter et stratifier apporte ces inconvénients par contre.

    MB

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