Il semble exister un grave paradoxe au Québec en terme de projet de développement futur de la « belle province ». Le débat politique est dans l'impasse à cause d'une hypothèse, généralement admise, qui m'apparaît fondamentalement fausse : il serait possible de gérer le Quebec en faisant comme si le Canada n'existait pas. Cette position est partagée aujourd'hui par la plupart des partis politiques à base électorale provinciale : le PQ (Parti Québécois), l'ADQ (Action Démocratique du Québec), QS (Québec Solidaire) et même la future coalition politique autour de François Legault. Tous font comme si le véritable pouvoir se situait au niveau provincial et pas au fédéral. Cette douce illusion a conduit à l'échec toutes les politiques mises en oeuvre au cours des dernières années. Les partis qui ont occupé le pouvoir au Quebec, fussent ils indépendantistes, le savent bien, eux qui ont dépensé beaucoup d'énergie en négociations avec le pouvoir fédéral. Je suis surpris de constater qu'aujourd'hui encore, les programmes des partis politiques sont centrés sur des problématiques uniquement québécoises et ne prévoient rien pour l'évolution de la fédération canadienne. C'est un peu, la même situation en Europe où certains partis politiques fondent le projet politique pour leur Etat-nation, uniquement en fonction des problèmes de cet Etat, en ignorant les questions liées à l'évolution de l'Union Européenne dont ils font pourtant partie intégrante. Il est légitime de penser que, si la composante européenne avait été mieux prise en compte au cours des différentes élections nationales, la crise que traverse actuellement l'Union européenne aurait, sans doute, été moins dure car il y aurait déjà eu une certaine harmonisation des politiques sociales, fiscales...
Il me semble qu'au Québec, deux positions sont possibles : soit on est pour l'indépendance du Québec et alors le projet politique doit être centré avant tout sur la séparation et non sur la gestion de la province. Soit on est fédéraliste et donc pan canadien, et alors le projet politique doit viser à mieux intégrer la province au sein de l'ensemble fédéral. En dehors de ces deux positions il ne me semble n'y avoir qu'illusion vouée a l'échec... Les dernières élections fédérales qui ont vu les citoyens québécois voter en masse pour le Nouveau Parti Démocratique (NPD), un parti qui se situe au plan fédéral, et qui ont vu l'effondrement du Bloc Québécois (BQ), un parti à base provinciale, semblent bien confirmer la justesse de cette analyse.
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