dimanche 27 mai 2012

Contradictions éducatives

Lors des récents évènements au Québec, et particulièrement au début des manifestations des étudiants et des collégiens (le mouvement de grève a été déclenché le 13 février 2012), on a pu constater qu'une partie importante de la population québécoise ne soutenait pas les étudiants. Ainsi, selon un sondage CROP-Le Soleil-La Presse (Une agence de sondage et deux quotidiens québécois) publié le 31 mars, une majorité de Québécois (61%) sont d'accord avec la hausse de 1625$ en cinq ans, contre une minorité (39%) en désaccord. «Les gens plus âgés sentent qu'ils font leur part, dit M. Rivest (Directeur de l'Agence de sondage CROP). Ils ont moins de proximité avec les étudiants. Ils se disent : "J'ai contribué à la société. J'ai payé des impôts toute ma vie, c'est à leur tour de payer."». Parmi les arguments évoqués par les uns ou les autres revenait souvent le fait que les étudiants se comportaient comme des « enfants gâtés », des « petits rois » qui ne voulaient en faire qu'à leur tête... Le Gouvernement québécois, lui-même, alimentait cette argumentation en accusant les étudiants de « vouloir refiler la facture (de l'augmentation du financement des universités) à la population » sans vouloir prendre leur part de cette facture. Parallèlement, chacun peut constater combien les jeunes enfants sont adulés, protégés, au Québec. Pas question de punir, même légèrement, un enfant à l'école sans que les parents (les mères surtout) n'interviennent immédiatement pour demander des comptes aux enseignants. Un récent très beau film du réalisateur québécois Philippe Falardeau intitulé « Monsieur Lazhar » traite de façon magistrale cette question. Les enfants sont généralement hyper protégés par leurs parents pendant leur enfance au point qu'il est fréquent de voir des enfants munis de casques alors qu'ils jouent au tricycle ou à la trottinette.... De moins en moins d'enfants vont à l'école à pied car les parents craignent de les laisser marcher loin de leur regard protecteur. Une journaliste qui avait laissé son fils de 9 ans prendre le métro tout seul a été trainée dans la boue,... Il serait facile de multiplier ce type d'exemple. Dès lors, il me semble exister une certaine contradiction, chez les adultes, dans le fait d'une part, de ne pas soutenir massivement les étudiants dans leurs revendications contre l'augmentation des droits de scolarité, de les livrer sans remord aux matraques des brigades anti-émeute de la police et, d'autre part, dans le fait d'hyper protéger les jeunes enfants. Tout se passe donc comme si les enfants, une fois devenus adolescents et adultes, ne méritaient plus de bénéficier de la protection de leurs parents. Même si on admettait les critiques à l'encontre des étudiants, il n'est guère difficile de déduire qu'en éduquant les jeunes enfants comme des « petits empereurs » il ne serait pas anormal de les voir, ensuite, se comporter en enfants gâtés... Certains pourront objecter qu'actuellement, les luttes des étudiants bénéficient d'un soutien plus massif de la part de la population. Cela est vrai, et le nombre de manifestants toujours en augmentation dans les cortèges nocturnes ou diurnes est là pour en attester, mais on ne doit pas oublier qu'il a fallut le vote de la « loi spéciale 78 » (loi restreignant le droit de manifestation au Québec) par le Parlement du Québec, le 12 mai 2012, pour voir enfin une grande partie de la population descendre dans la rue avec les étudiants. Il faut souligner que cette loi touche tout le monde, adultes et étudiants...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire