vendredi 18 mai 2012
Loi spéciale au Québec
Une chose m'a souvent frappé depuis mon arrivée de France à Montreal : la différence culturelle entre les pays sous influence anglo-saxonne (comme l'est le Québec, plongé dans un environnement culturel anglophone) et ceux de culture latine (comme la France) : dans les pays latins, il n'est pas rare de voir la population braver les lois et affronter les forces de l'ordre à l'occasion de l'expression d'un mécontentement. Au Québec, j'ai pu observer, souvent avec surprise, un grand respect de la loi par la population. Lors de la grève des infirmières en 1999, par exemple, il avait suffit au gouvernement de promulguer une loi spéciale infligeant, notamment, des pénalités financières importantes aux grévistes pour que ceux-ci abandonnent leur mouvement. J'avais aussi été surpris par l'isolement des infirmières, la population ne manifestant généralement aucune solidarité à ce mouvement.
Il est clair qu'en proposant, le 17 mai 2012 à l'Assemblée Nationale du Québec, une loi spéciale à l'encontre du mouvement de protestation des étudiants, le gouvernement Charest espère renouveler l'opération menée à l'encontre des infirmières et mettre ainsi fin au mouvement protestataire des étudiants.
Je ne pense pas que, cette fois, la manoeuvre aura du succès. En effet, entretemps les peuples ont appris des "printemps arabes". Si, dans un contexte dictatorial autrement plus difficile à vivre que ne l'est l'environnement politique au Québec, les peuples ont été capables de vaincre des dictatures, alors pourquoi, ici, dans un contexte plus facile, ne serait-il pas possible de faire tomber le gouvernement ?
Je crois que les jeunes ont bien intégré cette nouvelle donnée et l'adoption de la fameuse loi spéciale risque fort de ne faire qu'aggraver la situation en re motivant les manifestants et conduire le gouvernement du Québec à sa perte... D'ailleurs, en proposant aux députés cette loi, le Gouvernement du Québec vient de contribuer à re orienter la lutte des étudiants vers un combat plus général pour la démocratie et contre l'arbitraire gouvernemental. Ce faisant, il permettra l'élargissement du mouvement à d'autres catégories sociales qui n'accepteront pas de voir menacer la liberté d'association, la liberté d'expression et de manifestation...
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