lundi 25 juin 2012
Identité nationale ?
Le jour de la fête nationale du Québec, le 24 juin, il est logique de s'interroger sur le concept d'identité nationale. Sa définition est difficile et la preuve de cette difficulté est la variété des définitions qui en sont données. Pour certains l'identité nationale se résume au drapeau, pour d'autres elle se focalise sur certaines valeurs (laïcité, République, solidarité...), pour d'autres encore elle se loge dans la religion...
A mon avis, pour qu'une définition soit acceptable elle doit être simple et claire de façon à pouvoir être facilement acceptée par le plus grand nombre de citoyens concernés, ce qui constitue une propriété minimale pour un concept qui est censé être partagé par l'ensemble d'un peuple. Cela me conduit à proposer comme définition générique (c'est a dire applicable a n'importe quelle population) la suivante : un Québécois est une personne qui se définit elle-même comme québécoise. De la même façon, un Français serait un citoyen qui se définit comme français, quelle que soit son origine ethnique, voire même quel que soit son lieu de résidence ou sa langue...
Cette définition "individualiste" du concept a cependant un inconvénient majeur : elle ne permet pas d'en déduire aisément "l'identité nationale". En effet, dans ce cas, il faudrait, définir l'identité nationale comme le sous-ensemble des valeurs individuelles partagées par tous les individus qui se définissent individuellement de la même identité. Mais on comprendra que ce sous ensemble (qui est une intersection ensembliste au sens de la théorie des ensembles) peut être vide... Dans cette hypothèse, il n'existerait pas d'identité nationale! Pour mieux le comprendre, voici un exemple fictif : monsieur X qui se définit comme Québécois, est un francophone catholique qui met en valeur la solidarité humaine. De plus, il est souverainiste. Madame Y qui se définit elle aussi comme Québécoise est une anglophone athée, une libérale prônant des valeurs individualistes et est fédéraliste. On voit que ces deux Québécois n'ont pas de valeurs en commun...
Bien entendu, on pourrait donner une définition « ensembliste » de l'identité en s'appuyant sur le groupe des individus qui partagent une ou plusieurs caractéristiques. Ainsi, lors d'une compétition de foot-ball (ou soccer) on pourrait considérer comme un trait commun le fait que les « supporters » d'une même équipe s'identifient à celle-ci. Mais il est facile de concevoir que cette approche est restreinte à une période de temps donnée et à un contexte précis. Si l'équipe de foot se met à perdre ou si un supporter déménage, ce trait identitaire commun risque de changer. Cette remarque permet d'attirer l'attention sur une donnée fondamentale de la notion d'identité : elle se construit en permanence et dépend beaucoup de l'expérience de vie de chaque individu. L'identité est donc une notion dynamique qui est loin d'être figée...
Partant de ces observations, il est possible de conclure que la notion d'identité nationale est aujourd'hui dépassée. Elle n'a plus grand sens à notre époque mondialisée où le métissage culturel est omniprésent et vient en permanence faire évoluer les contextes dans lesquels baignent les individus. D'autre part, si les nations demeurent des entités réelles dans le monde contemporain, il n'est pas difficile de constater que ces mêmes nations ont de moins en moins de pouvoirs effectifs. Le pouvoir aujourd'hui est largement aux mains de la finance internationale, aux mains des groupements supra nationaux (UE, UA, …), aux mains des entreprises multinationales et même des groupements supra nationaux de la société civile (altermondialistes, indignés,...)... Il est temps de s'interroger sur l'intérêt des frontières, des drapeaux nationaux, de l'identité nationale à l'heure où les grands problèmes du monde (environnement, développement durable, flux migratoires, biodiversité, formation des jeunes,...) sont de nature plus internationale que nationale...
D'ailleurs au Québec, l'appui à la souveraineté nationale qui a longtemps occupé le premier plan de la politique québécoise, a aujourd'hui beaucoup moins d'écho au sein de la population. Les sondages donnent à peine 40% d'appui à l'indépendance aujourd'hui. Le Parti Québécois qui est le principal parti porteur de l'aspiration à l'indépendance du Québec a perdu le pouvoir il y a déjà 10 ans. Il semble qu'aujourd'hui les Québécois pensent plus à faire évoluer le fédéralisme canadien comme le montre le vote massif des Québécois en faveur du Nouveau Parti Démocratique (NPD) lors de la dernière élection fédérale et ceci au détriment du Bloc Québécois qui représentait jusqu'alors les souverainistes au Parlement fédéral du Canada. Même la langue française qui a toujours été le socle sur lequel s'appuyait l'identité québécoise est aujourd'hui contestée de l'intérieur, par des jeunes notamment, qui n'hésitent pas à passer à l'anglais dans leur vie quotidienne et professionnelle.
Plutôt que de se battre pour le maintien de frontières, pour la défense de drapeaux ou pour des fictions nationalistes en général, il me semble qu'aujourd'hui l'important se situe dans la sauvegarde de l'environnement et de la démocratie, dans la lutte contre la pauvreté et contre la disparition des cultures et des langues, dans le combat contre les discriminations de toutes sortes... Ces batailles là peuvent être menées sur des plans nationaux mais avec beaucoup moins de chances de succès que si elles le sont sur la base d'alliances internationales ou interculturelles. Toute action qui facilite ces unions trans nationales ou trans culturelles doit être encouragée...
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire