mercredi 13 juin 2012

Les conséquences politiques de la crise sociale au Québec

Après plus de trois mois de crise sociale, en relation avec la grève des étudiants contre l'augmentation des droits de scolarité, il est possible d'en dégager certaines conséquences sur le plan politique. Pour le « Parti Libéral du Québec » (PLQ) au pouvoir actuellement, il est clair que la « gestion molle » de cette crise et l'impression de laisser « pourrir » la situation qui a été donné par le Gouvernement du Premier Ministre Charest, n'a pas eu que des effets positifs pour ce parti. En effet, lors des élections partielles du 11 juin dans la circonscription d'Argenteuil, la candidate libérale a été battue par un candidat du Parti Québécois (PQ) alors que cette circonscription était détenue par le PLQ depuis 46 ans. Il est vrai que cette élection partielle ne constitue pas un sondage à l'échelle de la Province de Québec mais, elle paraît tout de même révéler un état d'esprit qui transparait au fil des commentaires que les médias transmettent depuis un certain temps. La « stratégie du pourrissement », qui semble être celle du parti au pouvoir, n'est peut être pas aussi gagnante que peuvent le croire les partisans du PLQ... Pour le « Parti Québécois », le résultat précédent peut être interprété favorablement et laisser croire que le temps du renouveau est arrivé pour ce Parti. Le choix de soutenir, jusqu'à un certain point, le combat des étudiants peut conduire certains à penser, comme la Chef du PQ madame Pauline Marois, que cette façon de faire permettra au parti de regagner la majorité parlementaire lors des prochaines élections provinciales qui seront déclenchées avant la fin de l'année 2012. Cette perspective n'est pourtant pas assurée car ce parti est associé à la pensée souverainiste qui ne semble plus constituer une option pour une majorité de citoyens au Québec. Le PQ souffre, en outre, d'une image un peu désuète qui ne lui confère pas, au moins chez les plus jeunes, une image attirante. Pour le jeune parti « Québec Solidaire » (QS), la situation reste difficile. Son unique député à l'Assemblée nationale du Québec, monsieur Amir Khadir, a pris des positions extrêmement claires en faveur des étudiants grévistes et a même poussé à la désobéissance civile pour combattre la loi spéciale 78 votée par l'Assemblée Nationale pour freiner les manifestations anti gouvernementales. Il a d'ailleurs payé de sa personne en étant arrêté au cours d'une manifestation et sa fille Yelda a, elle, été emprisonnée quelques jours à la suite de l'occupation du bureau de l'ex ministre de l'éducation, Line Beauchamp. On aurait pu croire que les positions sans ambigüités de ce parti, au cours de la crise en cours, lui auraient permis de gagner des voix mais cela n'est pas le cas si on considère les résultats des dernières élections partielles. QS a, en effet, récolté moins de 3% des voix dans la circonscription d'Argenteuil qui a vu la victoire du candidat du PQ et, moins de 6% des voix dans la circonscription de Lafontaine où le PLQ a triomphé. Il semble que ce parti souffre, lui aussi, d'avoir mis en avant l'option souverainiste et qu'il manque de relais pour se faire entendre. Avec son courageux et unique député, il s'apparente plus à « Québec solitaire » qu'à « Québec Solidaire »... Il faut d'ailleurs noter que la Porte-parole de ce parti, madame Françoise David, n'a pas été très audible au cours de la crise récente que traverse le Québec... En ce qui concerne le plus jeune des partis québécois, la « Coalition Avenir Québec » (CAQ) et son Chef François Legault, l'avenir ne semble pas aussi rose que ne le laissait penser les sondages au moment de la création de ce parti en fin 2011. Les élections partielles récentes ont montré que ce parti était distancé, avec à peine plus de 20% des voix dans Argenteuil et à peine plus de 15% des voix dans Lafontaine. En fait, il semble qu'en quittant le PQ pour créer la CAQ, François Legault ait plutôt fait le jeu du PQ en divisant les voix du PLQ. Cela s'explique d'ailleurs fort bien puisqu'au cours de la crise sociale récente, la CAQ s'est souvent alignée sur les positions du PLQ au lieu d'essayer de se démarquer. L'avenir de ce parti semble désormais bien moins assuré qu'à sa création... Finalement, quels enseignements peut-on tirer de toutes ces observations ? Il me semble que les citoyens québécois sont encore à la recherche d'un parti politique qui saura traduire l'aspiration au changement d'une majorité du peuple. Ce changement, s'il n'est pas encore clairement formulé, transparait au travers de plusieurs évènements qui ont marqués la vie des Québécois au cours des années récentes. Il m'apparait comme la recherche d'un projet d'envergure pour l'avenir de la Province. Il n'est plus question d'indépendance ou de souveraineté, comme ce fut le cas par le passé, mais plutôt du rôle de cette province au sein de la Fédération canadienne et du monde contemporain. Le peuple du Québec aspire à devenir un leader mondial dans les domaines de la diversité culturelle et linguistique en s'appuyant, notamment, sur la francophonie des Amériques, il aspire à trouver une nouvelle voie de développement qui soit plus durable et plus frugale que celle prônée par les leaders du néo-libéralisme, il souhaite devenir un exemple de développement solidaire et social, il veut une société laïque et juste... Tel est le sens profond du « printemps érable »...

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