La question de la place du privé dans le système de santé québécois revient régulièrement à la une de l'actualité. La position la plus fréquemment entendue consiste à dire que, pour sauvegarder le système de santé au Québec, il faut éviter de donner une part de ce "marché" au privé (l'expression "médecine à deux vitesses" est souvent citée pour qualifier la participation du privé). Tout se passe comme si l'attachement des québécois à leur système de santé public interdisait de faire appel, peu ou prou, à la collaboration du privé. Il est pourtant inutile d'insister sur les difficultés du système public qui peine à remplir ses missions malgré des investissements toujours plus importants.
Rappelons simplement qu'un des points principaux du programme du Parti libéral du Québec, lors des élections de 2003, consistait précisément à diminuer les temps d'attente dans les services d'urgences des hopitaux. Il est clair, qu'aujourd'hui encore, cette question n'a toujours pas reçue de solution satisfaisante.
Sur un autre plan, les québécois se rendent compte de plus en plus que leur système de santé n'est pas à leur service mais plutôt que ce sont eux qui sont au service du système. Une simple illustration : généralement un rendez-vous avec son médecin de famille (lorsque l'on a la chance d'en avoir un) est fixé par le médecin et non par le patient. Si bien que, si vous n'êtes pas disponible le jour fixé, votre rendez-vous à toutes les chances d'être reporté pour un délai assez lointain...
Dans ce contexte, il me semble que l'appel à toutes les ressources disponibles devrait être encouragé. La médecine privée existe au Québec et au lieu d'être systématiquement condamnée, elle devrait être mise au service du public afin de collaborer à la résolution des difficultés du système de santé. Cependant, l'intégration du privé dans l'ensemble du service public de santé ne doit pas se faire sans précaution. Elle doit, notamment, sauvegarder les intérêts du public et, donc, ne pas entrainer de coûts supplémentaires pour les patients. Cela est possible si le Gouvernement québécois s'en donne les moyens en réglementant la question des coûts à supporter par les patients de façon à ce que le patient puisse librement choisir son système, public ou privé, avec des conditions de prise en charge qui soient identiques ou voisines. L'objectif ici n'est pas de mettre en place "un système à deux vitesses" mais plutôt un système de santé unique à deux composantes, l'une publique et l'autre privée. En un mot, un "système à une seule vitesse" qui soit plus efficace que l'actuel. Bien entendu, il faudra faire des choix budgétaires afin de mettre en place un tel système. Ces choix ne pourront se faire qu'avec l'accord de l'électorat.
Un autre avantage de cette façon de faire serait la mise en concurrence plus loyale des deux systèmes avec, pour conséquence, l'amélioration des performances d'accueil et de soins pour l'ensemble du système de santé.
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