La récente affaire autour de Dominique Strauss-Kahn (DSK) m'amène à poser la question suivante : pour quelles raisons ce personnage suscitait-il tant d'engouement chez les Français ? La plupart des sondages effectués dans le cadre de la prochaine élections présidentielles le donnait, en effet, futur grand gagnant. A compter de juillet 2009 notamment, sa popularité n'a fait que croître le menant jusqu'au titre de « personnalité préférée des Français ». Avec environ 25% des intentions de votes, DSK occupait récemment le rang convoité de champion toute catégorie... Le plus surprenant était que cette popularité se retrouvait aussi chez les électeurs de gauche et chez les socialistes notamment.
Mon étonnement vient surtout du fait que DSK ne me semble pas du tout représentatif des valeurs défendues généralement par la gauche. Son image de grand bourgeois, de personnalité plus proche des gens aisés que de la classe de citoyens les plus démunis, son poste de Directeur du FMI qu'il devait, en grande partie, à l'appui du président Sarkozy, ses prises de positions en faveur du libéralisme (rappelons nous les privatisations d'entreprises publiques dont il a été le maître d'oeuvre...), sa réputation de séducteur, de jouisseur,.... tout cela ne plaidait guère en sa faveur comme représentant du peuple de gauche.... Et pourtant, rien ne semblait vouloir le diminuer aux yeux de ses partisans.
Cette constatation, ainsi que d'autres observations du même type, m'ont conduit à penser que de plus en plus de citoyens, français notamment, ne se déterminent pas, au moment des élections, par rapport au programmes politiques affichés par les candidats, mais plutôt en fonction de l'image renvoyée par ce candidat. Tout se passe comme si, l'électeur se déterminait en fonction de son seul intérêt particulier au détriment des considérations relatives à l'intérêt général. Le choix de l'électeur semble se porter sur le candidat dont l'image se rapproche le plus de la trajectoire qu'il souhaiterait pour lui-même. Le cas de DSK me semble exemplaire. Sa popularité auprès des gens proviendrait des aspirations de ces mêmes personnes à occuper un statut de grand bourgeois, tel que celui reflété par DSK au travers des médias... Ce serait donc là, un effet de la primauté accordée à la sphère privée par rapport aux options plus communautaires au sein du processus de choix des électeurs. Ceci n'est d'ailleurs pas surprenant, dans un monde où les idéologies et leurs vecteurs ont laissé la place au règne de l'argent...
A contrario, l'échec de certains candidats lors des consultations électorales peut lui aussi relever de causes identiques. Il est, par exemple, très probable que l'image que projetait Ségolène Royal lors de la dernière élection présidentielle française était plus austère, semblait moins assurée, moins attractive que celle de DSK avant ses ennuis récents. Dès lors, on peut facilement expliquer l'échec de cette candidate face à un Nicolas Sarkozy qui renvoyait l'image d'un homme sûr de lui, qui a réussi dans la vie, qui avance des solutions à tous les problèmes...
La communication, les médias et la mondialisation ont donc transformé les consultations électorales contemporaines en de vastes opérations de séduction au cours desquelles, les programmes politiques ont moins d'importance que les images renvoyées par les candidats... La démocratie qui était bâtie sur l'idée, relativement rationnelle, que ce sont les programmes politiques qui permettent de départager les candidats est en voie de transformation... Désormais, ce sont les médias et les images communiquées qui font la popularité d'un personnage. L'avenir appartient donc aux acteurs, aux présentateurs de télévision, aux chanteurs,.... en un mot à tous ceux dont la carrière aura à voir avec la publicité et les médias. D'ailleurs, on peut déjà constater la réalité de ce phénomène avec l'élection de l'acteur Arnold Schwarzenegger aux Etats-unis d'Amérique, du chanteur Michel Martelly en Haïti, et on peut même rappeler la popularité de l'humoriste Coluche lors de l'élection présidentielle française de 1981...
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