Lorsque l'on se donne la peine de comparer les évolutions politiques de la France et du Québec on peut être surpris de constater des divergences importantes.
Les Québécois s'intègrent de plus en plus au sein de la Fédération canadienne comme en atteste plusieurs évènements politiques récents : la déconfiture du Bloc Québécois, parti souverainiste du Québec, et la croissance simultanée du Nouveau Parti Démocrate (NPD), parti fédéral, lors des dernières élections fédérales au Canada; la récente élection du député Québécois, Thomas Mulcair, à la tête du NPD; la perte d'influence, révélée par les sondages, du Parti Québécois (PQ), un parti politique à base provinciale qui a depuis longtemps été le porteur de l'indépendance du Québec... Un certain nombre d'autres signes viennent corroborer cette tendance : l'anglicisation progressive de la métropole québécoise, Montréal, où le nombre de personnes s'exprimant en français à la maison pourrait passer sous la barre des 50 % d'ici une vingtaine d'années, s'il faut en croire les conclusions d'une des cinq études présentées le 23 mars 2012 par l'Office québécois de la langue française; la tentation de plus en plus fréquente pour les jeunes Québécois de partir chercher du travail dans les provinces de l'ouest canadiens. La migration déficitaire du Québec, l'une des plus déficitaire du pays, a retiré près de 2 G$ à son économie. Pendant ce temps, le mouvement de la main d'oeuvre rapportait 4,62 G$ à l'économie de l'Alberta.... Le plus étonnant est que cette évolution du Québec se réalise alors que le Gouvernement fédéral est aujourd'hui majoritaire et conservateur, soit un gouvernement plus à droite que les gouvernements précédents dirigés par le Parti Libéral (PL) notamment...
Pendant la même période de temps, on peut observer un mouvement inverse en France : les français se replient de plus en plus sur eux-mêmes en refusant, chaque jour un peu plus, le développement de l'intégration dans l'Union Européenne... Plusieurs évènements témoignent de ce repli : il y a eut le vote négatif de la France, en mai 2005, à la ratification du Traité établissant une Constitution pour l'Europe; on peut aussi relever la montée dans les sondages du Front National de Marine Le Pen, un parti qui prône le retrait de l'Union Européenne et l'abandon de l'Euro; au cours de la récente campagne pour l'élection présidentielle en France, le Président Sarkozy a même proposé de revenir sur les accords de Schengen qui établissent la libre circulation des citoyens au sein de l'Europe; pire encore; la récente crise de la dette en Europe a montré combien les Etats européens étaient divisés et non solidaires, s'arc-boutant sur des positions frileuses de chacun pour soi au lieu de faire face aux difficultés de façon solidaire. Il était pourtant clair, pour tout économiste, que le soi-disant « problème Grec » n'était qu'un petit défi pour les économies européennes si elles avaient été solidaires...
Bref, on l'aura compris, alors que les citoyens du Québec envisagent de plus en plus leur avenir comme faisant partie intégrante de celui de la Fédération canadienne, les citoyens Français semblent se tourner plus vers des positions nationalistes les éloignant de l'intégration européenne... Il est légitime de s'interroger sur les raisons d'une telle divergence entre ces deux nations?
Sans vouloir épuiser le sujet, il me semble que l'une des raisons de cette observation serait à rechercher dans l'histoire de ces deux pays.
Le Québec qui est connu pour ne pas cultiver son histoire au point que le débat sur l'enseignement de l'histoire est un thème qui revient régulièrement à la une des médias. Les résultats désolants de l’enseignement de l’histoire du Québec et du Canada sont tels qu’un sérieux coup de barre doit être donné pour mieux former les futurs enseignants, a conclu une étude de la Fondation Lionel Groulx et la Coalition pour l’histoire présentée en mars 2012. Le rapport de 34 pages, rédigé par l’historien Éric Bédard et la chercheuse Myriam D’Arcy a donné lieu à un constat clair : les professeurs du primaire, du secondaire et du cégep ne sont pas qualifiés, et de grands pans de l’histoire du Québec et du Canada sont négligés dans les cours. Dans ces conditions, les citoyens Québécois, se percevant comme sans passé et voyant leur grand projet d'avenir, celui de la souveraineté du Québec, s'éloigner au fil des échecs référendaires, n'ont plus guère d'autre solution que celle de se tourner vers la construction d'un avenir au sein de la Fédération du Canada...
Pour la France, la situation est tout autre : l'histoire de ce pays est une grande histoire. La France a beaucoup de mal à oublier l'époque où elle était une puissance politique incontournable, où sa langue était celle des diplomates et des scientifiques.... Les transferts de souveraineté induits par l'intégration européenne sont ressentis comme des pertes d'influence... Les Français n'ont pas encore compris que seuls ils ne peuvent que perdre de plus en plus de leur pouvoir et de leur influence. Que dans le monde actuel, le pouvoir appartient à ceux qui seront capables de développer de grands projets, des projets qu'un seul pays, fusse t-il la France, serait incapable de mener à bien. Les exemples de Airbus, d'Ariane, des réseaux ferrés,... devraient être médités, faute de quoi l'avenir risque d'être bien sombre pour les citoyens français...
Cette divergence d'orientation politique, sous l'effet de l'accélération de la mondialisation, n'a pourtant rien d'inéluctable et pourrait être contrôlée si les citoyens s'en donnaient la peine. Il serait possible pour les Québécois de s'engager vers un avenir qui respecterait ce à quoi ils tiennent le plus, à savoir leur langue et leur culture. Ils peuvent le faire de différentes façons notamment en passant par la souveraineté ou en devenant des canadiens influant au sein de la Fédération canadienne... Les Français, pour leur part, devraient s'engager résolument dans la construction européenne en mettant tout en œuvre pour que ce grand projet soit à la fois social et culturel et non pas seulement économique et financier comme actuellement...
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