jeudi 1 mars 2012

Sur la perception des systèmes de santé et éducatif au Québec

Si l'on considère l'attitude la plus répandue au Québec concernant le système de santé, on s'aperçoit que la plupart des citoyens s'opposent à l'augmentation des frais facturés au patient. Pour certains, et ils sont nombreux, les soins doivent même être entièrement gratuits.

Le 1er mars 2012 par exemple, l'édition québécoise du Huffington Post, publiait un article au titre évocateur « Trois raisons incontournables pour lesquelles facturer les soins aux malades n'est pas une solution ». Je cite la conclusion de cet article : « Alors, de quoi les frais modérateurs nous dissuadent-ils, en réalité? Ils découragent les gens économes et les pauvres d'obtenir les soins dont ils ont réellement besoin. Ce qui finit par coûter plus cher à la collectivité, en fin de compte. ».

Très fréquemment, les citoyens du Québec s'opposent à l'introduction du privé au sein du système de santé. Le témoignage de quatre médecins, soit les Dre Marie-Claude Goulet - présidente de MQRP, Dr Alain Vadeboncoeur - vice-président de MQRP, Dre Louise Authier - directrice du programme de résidence en médecine familiale de l'Université de Montréal et Dr Réjean Hébert - doyen de la faculté de médecine de l'Université de Sherbrooke 2004-2010, est éloquent : les médecins constatent que des années de laisser-aller des gouvernements et de sous-financement de la santé ont ouvert la voie au privé qui accapare une place grandissante dans notre système. Ils témoignent des répercussions négatives que la privatisation du système entraîne sur son efficacité, sur la santé des patients, et de ses conséquences dévastatrices sur l’équité d’accès aux soins de santé. Le diagnostic est clair : la mission de notre système de santé est menacée par sa privatisation !
Seul un système public de santé est capable d’allier efficacité, cohérence et capacité de contrôler les dépenses tout en garantissant un accès équitable à des soins de qualité selon les besoins de santé, et non selon les moyens financiers. Les solutions au sein du système public existent, il faut avoir la volonté de les mettre en place !

Autrement dit, la majorité des Québécois s'opposent à la privatisation du système de santé et à l'accroissement de leurs dépenses de santé et cela, même si ce système est connu pour sa relative efficacité, notamment, en matière d'accessibilité... Selon un sondage de la firme Deloitte, les Québécois n'accordent qu'une note de 32% au rendement de leur système de santé, alors que les Canadiens donnent une note de 50%. Et 27% des Québécois qualifient le rendement de «mauvais», comparativement à seulement 14% des Canadiens.

Si l'on examine maintenant la position des citoyens Québécois face à la question des droits de scolarité universitaire, la situation semble moins claire. En effet, s'il est à peu près évident que les étudiants sont en majorité opposés à l'accroissement de ces droits (et les manifestations étudiantes actuellement en cours en témoignent), il est tout aussi perceptible qu'une bonne partie de la population ne s'oppose pas à cette augmentation et la trouve même justifiée.

Le Recteur de l'Université de Montréal, monsieur Guy Breton, s'exprimant dans le journal « La Presse » du 17 mars, indiquait : « Si une hausse des droits de scolarité est aujourd'hui incontournable, c'est parce que depuis longtemps nous n'avons pas eu, collectivement, le courage de demander à chacun de faire sa juste part. Le gel, puis le quasi-gel des droits de scolarité ont été néfastes pour nos universités en les privant des ressources financières dont elles ont besoin pour accomplir leur mission. ».

Faut-il rappeler, par exemple, que dès décembre 2010, la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ, proposait notamment d'augmenter les droits de scolarité de 504$ par année pendant trois ans. Suite aux décisions récentes du Gouvernement du Québec, les étudiants québécois vont payer plus cher pour avoir accès aux universités. Québec augmente les frais de scolarité de 325 $ par année, à partir de l’automne 2012. Une mesure prévue pour les quatre prochaines années. En 2017, les étudiants paieront 3793 $ par année.

Le journal « Le Devoir » daté du 1er mars 2012 indiquait : « N'en déplaise aux étudiants, la hausse des droits de scolarité semble être approuvée par la majorité de la population. Un sondage Senergis-Le Devoir, mené dans les trois jours qui ont suivi la grande manifestation du 10 novembre, révèle que 60 % des répondants appuient l'idée d'augmenter la facture des universitaires, alors que 36 % sont contre. »

Comment expliquer ce qui peut apparaître comme une certaine incohérence d'une partie de la population québécoise : souhaiter d'un côté un système de santé totalement gratuit et, de l'autre côté, accepter l'augmentation des droits de scolarité universitaires et l'introduction croissante de fonds privés au sein du système universitaire? Dans les deux cas, il s'agit pourtant de services publics... Cette opposition serait-elle le signe d'une sous valorisation des études universitaires au sein de la population du Québec?

Sans être capable de trancher sur les raisons profondes de cette contradiction, il m'apparait nécessaire et même fondamental que le système éducatif en général et les universités, en particulier, demeurent des services publics au même titre que le système de santé. L'éducation et la formation des jeunes n'est pas moins essentielle que la santé! L'introduction de fonds privés dans les deux systèmes ne doit pas être interdite mais simplement être placée sous le contrôle du service public. S'il est essentiel de s'attacher à l'accessibilité du service de santé, il est tout aussi important de conserver celle du système éducatif et des universités notamment.

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