Admettons le postulat à la base du raisonnement des tenants de l'augmentation des droits de scolarité universitaires : les universités québécoises sont sous financées. Qu'est ce que cela veut dire exactement ?
Le budget de fonctionnement d'une université peut schématiquement se décomposer en trois grandes sections :
les crédits affectés à l'enseignement (bourses, création de postes d'enseignants,...);
les crédits affectés à la recherche (infrastructures techniques, produits consommables,...);
les crédits de gestion (salaires, entretien, infrastructures immobilières, etc).
Les crédits de gestion concernent beaucoup les enseignants (salaires), les personnels administratifs et de soutien (recteurs, vice-recteurs, personnels techniques etc). Ce poste constitue, avec la masse salariale, la dépense essentielle du budget d'une université. Par exemple, pour l'Université de Montréal, ces dépenses représentent 74% du budget en 2011-2012.
Les crédits de recherche concernent plutôt les enseignants-chercheurs, les chercheurs et les personnels de soutien.
Les crédits d'enseignement sont ceux qui touchent le plus les étudiants mais pas seulement eux.
Il est évident que le sous financement des universités n'affecte que peu les crédits de gestion. En effet, les salaires des professeurs et des recteurs ne diminuent pas avec ce sous financement et cela, même si certains recteurs perçoivent des salaires supérieurs à 300 000 dollars par an. D'ailleurs, si elle était concernée par le sous financement, cette catégorie de personnel serait en grève aux cotés des étudiants, ce qui n'est pas le cas.
Le sous financement affecte peu les crédits de recherche car ceux ci dépendent en grande partie de fonds privés. La recherche est financée en grande partie par des levées de fonds. Ainsi, l'Université de Montréal, par exemple, reçoit, en 2011, du Gouvernement 22 millions de dollars pour la recherche, alors que ses dépenses de recherche s'élèvent à 65 millions de dollars. Donc seuls 34% des crédits de recherche proviennent du financement gouvernemental. Là encore, ni les chercheurs ni les enseignants-chercheurs ne sont en grève aux cotés des étudiants.
Il reste donc les crédits d'enseignement qui intéressent principalement les étudiants. Le sous financement les affecte donc en premier lieu. Il n'est donc pas anormal de les voir en grève aujourd'hui car ils sont les premiers concernés par le sous financement des universités. Ils ont d'autant plus raison de se rebeller, que le gouvernement leur demande d'assurer par eux-mêmes une partie du comblement du déficit. Autrement dit, ce sont ceux qui sont le plus affectés par le sous financement qui sont sollicités pour renflouer les budgets des universités! Il y a là une proposition qui frise l'indécence...
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