Le Manifeste présenté hier (21 février 2011) par le politicien québécois François Legault a suscité déjà beaucoup d'interrogations et de scepticisme. Ce document se veut une sorte de Charte de la nouvelle Coalition pour l'avenir du Québec, un groupement qui devrait, à plus ou moins long terme, se transformer en un nouveau parti politique.
La plupart des analystes relèvent le peu de nouveautés présentes dans ce texte. Beaucoup craignent que ce document suive la même voie que le Manifeste pour un Québec lucide, que l'ancien Premier ministre Lucien Bouchard avait lancé en octobre 2005, et dont personne n'a plus entendu parler rapidement... En fait, si l'on examine de plus près le texte du récent Manifeste on a du mal à y trouver le moindre projet novateur. Il y est question d'améliorer l'éducation, la santé, de défense de la langue française, de renforcement de l'économie.... Tous ces thèmes sont ceux généralement mis en avant par tous les partis politiques au Québec et, en dehors de quelques petites différences sur les moyens à mettre en oeuvre pour parvenir à ces objectifs, il est difficile de trouver du nouveau dans ce document.
On pourrait ajouter d'ailleurs, que le récent discours inaugural prononcé hier par le Premier ministre Jean Charest devant l'Assemblée nationale du Québec, souffre des mêmes maux. Les cinq priorités définies pour l'action gouvernementale : l'éducation, l'emploi, le développement durable, la maitrise des ressources et la santé ressemble à une litanie qui ne risque pas de faire rêver des citoyens désabusés par la politique... Ceci, d'autant moins que la population sait que ces mêmes priorités ont déjà été mises en avant, sans succès, maintes fois par le passé.
Tout se passe donc comme si les politiciens ne parvenaient plus à sortir des rails traditionnels de la gestion à court ou moyen terme de la Province, comme si leur imagination ne parvenait plus à formuler d'autres projets mobilisateurs que celui de la souveraineté nationale. Ce dernier projet ayant échoué à plusieurs reprises, il est difficile de le relancer actuellement et, dans le même temps, on constate une grande difficulté à formuler une autre idée susceptible de mobiliser la population Québécoise. La vie politique du Québec se trouve comme placée dans une sorte de goulet d'étranglement à l'intérieur duquel il devient de plus en plus difficile, pour les politiciens, de se mouvoir. Les seules marges de manoeuvres sur lesquels ils paraissent pouvoir agir se résument à relancer le projet Souverainiste ou à améliorer la gestion de la Province...
A notre époque, où la mondialisation est partout, où le sentiment d'impuissance des responsables politiques gagne tous les jours des adeptes, il serait nécessaire de proposer aux citoyens un projet politique en rupture avec le passé, un projet ouvert sur le monde capable de redonner de l'espoir aux jeunes notamment, un projet à la hauteur de la nouvelle citoyenneté québécoise forgée au travers de l'émigration, un projet qui intégrerait une part de rêve, une part d'utopie qui pourrait porter le Québec au devant sur la scène internationale...
Bien sûr, je n'ai pas la prétention ici de formuler un tel projet, c'est la responsabilité de ceux tiennent ou de ceux qui postulent à tenir, les rennes du gouvernement. Cependant, à titre d'exemple, je citerai deux idées :
La formation d'une coalition provinciale entre le Québec et certaines provinces voisines qui s'entendraient sur un groupe d'objectifs communs en vue d'améliorer la vie quotidienne de leurs citoyens, d'intervenir plus concrètement dans la coopération internationale en faveur de pays en difficulté, de renforcer la diversité culturelle et linguistique...
Le rapprochement du Québec avec d'autres pays (de la région ou non) en vue de mettre en oeuvre des objectifs de développement durable et de développement humain...
Cela ne signifie pas de négliger la gestion provinciale mais plutôt de réaliser cette gestion avec des objectifs plus ouverts sur le monde que sur la seule province. Les nations européennes ont su mettre en avant un grand projet, certes difficile à réaliser, celui de l'Union européenne, la France tente d'impulser une coalition complexe avec l'Union Pour la Méditerranée... Il serait temps que le Québec formule, lui aussi, sa vision de l'avenir dans un monde de plus en plus ouvert et restreint...
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