On tente, dans ce court texte, de présenter une typologie simplifiée des différents régimes politiques rencontrés dans le monde.
La démocratie classique
On peut la définir de façon analogue à la mise en œuvre d’une méthode d’analyse informatique ascendante de problèmes, dans laquelle on modélise la résolution d’un cas réel à l’aide d’une arborescence. La racine de l’arbre (niveau le plus haut) représente le pouvoir politique, tandis que les nœuds intermédiaires de l’arbre sont associés à des acteurs intermédiaires et les extrémités terminales (ou feuilles de l'arbre) aux citoyens. En informatique, on s’attache d’abord à la solution du problème au niveau le plus bas avant de remonter progressivement l’arborescence jusqu’à la racine de l’arbre. Dans cette approche, il apparaît que les citoyens s'adressent principalement à leurs responsables les plus proches (ceux cités juste au dessus dans l'arbre) avec l'idée implicite que ces derniers feront remonter les doléances au niveau le plus élevé du pouvoir (racine de l'arbre) lorsque cela est nécessaire.
Cette façon de faire implique une certaine confiance dans les rouages démocratiques (noeuds de l'arbre) pour pouvoir être mise en oeuvre... Elle suppose aussi que les responsables politiques intermédiaires et suprême aient été désignés par de façon consensuelle (consultations, élections libres, sondages,...) et que ces derniers prennent en compte les informations qui leurs sont transmises par les noeuds situés aux niveaux inférieurs de l'arborescence. Ce type de régime est illustré par ceux que l'on a coutume de désigner par démocraties occidentales. A la tête de l'Etat (racine de l'arbre) se trouve le Président de la République ou l'équivalent, tandis que les noeuds intermédiaires sont occupés par les différents élus ou représentants de niveau local, régional et national. Les citoyens sont les feuilles de l'arbre et ce sont eux qui transmettent leurs doléances aux niveaux supérieurs par le biais de différents dispositifs (élections, référendums, sondages, consultations diverses, pétitions,...)
Lorsque ce schéma ne fonctionne pas correctement, notamment lors de la non prise en compte, par les représentants situés dans les niveaux supérieurs de l'arbre, des informations en provenance des niveaux inférieurs de l'arborescence, alors il se produit ce que nous appellerons des dérives démocratiques, soit un blocage de la circulation de l'information vers le haut de l'arbre. Dans ces situations, les citoyens sont souvent amenés à se révolter pour tenter de se faire entendre. Il existe de nombreux exemples de ce type de dérives : Les évènements de mai 1968 en France, les révoltes contre la profitation aux Antilles en 2010, le mouvement d'émancipation des noirs aux Etats-unis d'Amérique ou les grandes marches contre la guerre du Vietnam, dans les pays du Nord, témoignent de ces mobilisations populaires...
Les régimes non démocratiques
Ce type de régime politique pourrait être modélisé par la mise en œuvre, non explicitée, d’une méthode d’analyse informatique descendante de problèmes, par laquelle on recherche la solution d’un problème en circulant de la racine de l'arborescence vers ses extrémités (feuilles). Dans un régime non démocratique, c'est le pouvoir (racine) qui impose à tous les niveaux inférieurs ses décisions. Tout se passe donc comme si l'information, dans ce type de régime, ne circulait que de la racine vers les feuilles.
La méthode qualifiée par B. Cassen de passage par le haut (Le Monde diplomatique, janvier 2001) qui consiste à imposer aux peuples des dispositions légitimées par des Sommets internationaux ou par des institutions internationales, présumées au dessus de la mêlée en raison de leur expertise technique, s'apparente à cette forme de régime. Les dictatures ou les monarchies non parlementaires en sont d'autres exemples. Bien entendu, les citoyens dans ces situations ont tendance à se révolter épisodiquement avec l'espoir de se faire entendre. On pourrait citer nombre de révolte de ce type : la révolte de la place Tian'Anmen en Chine en 1989, la révolte populaire en Ukraine en 2004, la Révolution orange en Thaïlande en 2010, les évènements récents en Tunisie et en Egypte,...
Une des conséquence de ce type de régime est le démobilisation des populations qui, en dehors des périodes de révolte, n'ont ni les moyens, ni la liberté de pouvoir se préparer à assumer des responsabilités politiques notamment. On peut même se demander, à la lumière des récents évènements de Tunisie et d'Egypte, si ces mouvements spontanés ont quelques chances de déboucher sur des modifications durables dans la gouvernance des pays incriminés. Certes, un dictateur s'enfuit mais encore faudra t-il que cette victoire soit capitalisée de façon à amener une amélioration de la vie quotidienne des populations... En l'absence d'une organisation bien structurée, rassemblant des personnes compétentes, dévouées et disciplinées, susceptible de maitriser la suite des évènements, il semble utopique de penser que la mobilisation populaire, à elle seule, puisse mener à son terme le mouvement de réformes. Pire encore, parfois, les seuls groupes qui sont préparés à l'exercice du pouvoir sont des groupuscules extrémistes qui peuvent alors, à la faveur d'une révolte, réussir à s'accaparer du pouvoir et ainsi faire perdurer la dictature... Il existe plusieurs exemples illustratifs de cette situation : l'Algérie à l'issue de la guerre d'indépendance s'est retrouvée dans ce cas; l'Iran après le départ du Shah en est un autre exemple...
La démocratie moderne
Ce régime n'a pas encore d'existence réelle. Il apparaît plus comme une perspective d'avenir, une sorte d'idéal à atteindre pour les régimes politiques.
La démocratie moderne pourrait être schématisée par une arborescence du même type que les précédentes où le pouvoir est représenté par la racine et les citoyens par les feuilles de l'arbre. La différence ici étant que le flux d'information circulerait dans les deux sens : des citoyens vers le pouvoir (de bas en haut) et du pouvoir vers les citoyens (de haut en bas). Ces navettes informationnelles seraient facilitées par les outils technologiques et par Internet notamment.
Ce type de régime suppose une prise de conscience politique supérieure des citoyens de façon à ce que tous les noeuds de l'arborescence agissent de manière responsable et respectueuse. Il suppose un niveau élevé d'éducation et de formation de l'ensemble des citoyens en vue d'éviter les tentatives de mise en place de pouvoir de type personnel. C'est en tous cas, un type de régime qui me paraît susceptible de palier au déficit démocratique rencontré dans la plupart des situations contemporaines. Peut être qu'avec cette évolution la démocratie moderne sera, à l'avenir, capable de permettre aux citoyens d'obtenir plus facilement les transformations sociales, économiques et culturelles qu'ils souhaitent....
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