samedi 7 mai 2011

Elections fédérales canadiennes (suite)


Il est de bon ton, depuis la publication des résultats des récentes élections fédérales au Canada, de se gausser des électeurs qui auraient votés n'importe comment et pour n'importe qui. Cette attitude est très marquée au Québec notamment, où certains parlent même de « démission démocratique » de la part des citoyens. L'exemple, de cette « démission », le plus souvent cité, est celui d'une circonscription où les électeurs auraient votés pour une candidate du NPD qui ne se serait jamais présentée dans sa circonscription... Il me paraît bien clair que la plupart des gens ont voté de façon réfléchie et que leur choix n'est nullement le fait du hasard. Cependant, les médias ont surtout mis l'accent sur les quelques faits qui pourraient disqualifier les choix opérés par les électeurs au mépris de toute autre explication.

Je ne veux pas défendre ces électeurs, car je ne les connais pas et je risquerai sans doute de me tromper. Cependant, il me semble qu'un argument fait défaut dans les explications qui sont avancées au sujet de cette soi disant « démission » des citoyens : c'est le ras le bol, leur écoeurement, face à l'attitude des politiciens au cours des années récentes. Sans qu'il soit ici question de généraliser ces considération à l'ensemble de la classe politique, une fois encore, les médias mettent régulièrement l'accent sur les faiblesses des politiciens, leur inefficacité, leurs mensonges, la corruption qui les gangrène, leur désir sans limite de bénéficier d'avantages de toutes sortes, leurs tentatives de rester en poste le plus longtemps possible, leur incohérence, leurs trahisons politiques, etc. Tout cela a pu conduire un grand nombre d'électeurs vers cette fameuse « démission démocratique ». Si l'on ajoute, l'absence de projet mobilisateur dans les programmes des partis politiques et le peu de cas, que font ces partis, des vrais problèmes que vivent les citoyens (faiblesse des revenus, chômage, revenus insuffisants des retraités, éducation, santé, environnement,...) alors que l'on ne cesse de mettre l'accent, dans ces mêmes programmes, sur les avantages qui sont accordés aux riches, aux entreprises, aux financiers,... tout cela ne peut que produire le « cocktail démissionnaire » dont il est question plus haut.

Après avoir tenté, vainement, à plusieurs reprises, de changer les choses au travers des élections et, après avoir été régulièrement déçus par les gouvernants, par l'impuissance des élus, ces malheureux électeurs ne sachant plus vers qui se tourner ont parfois été conduits à décider d'agir de façon à montrer leur insatisfaction grandissante à propos de la manière dont la gouvernance est menée actuellement. Il faut donc, à mon avis, donner un sens plus politique à cette attitude, qui peut paraît désinvolte, plutôt que de la critiquer, de s'en moquer... Il faut tenter de mieux comprendre les souhaits, les besoins et les désirs des citoyens, faute de quoi, les prochains scrutins risquent de paraître encore plus « démissionnaires ». N'oublions pas, en effet, que chaque consultation depuis quelques années, est l'occasion de constater un niveau d'abstention important de la part des électeurs. Ce signal, pourtant présent depuis longtemps, a néanmoins été négligé par les responsables politiques qui en ont attribué la responsabilité aux citoyens plutôt qu'à eux-mêmes...

2 commentaires:

  1. La participation canadienne au vote fut de 61% aux dernières élections fédérales, par comparaison à 59% à celles de 2008 qui constitua un record d'abstention depuis la IIe guerre mondiale. Aussi bien dire pas plus pas moins de mobilisation qu'en 2008.

    Au Qc, les deux élections eurent une participation respectivement de 62,2% en 2011, et de 61,1% en 2008.

    Ce petit 1% de plus au Qc, pour des élections qui, on le croyait, suscitaient tellement plus d'intérêt que les précédentes... eh! bien non...

    Le tableau suivant nous met, à mon avis, encore en face et plus que jamais des «Two solitudes» (du nom du célèbre roman de Hugh MacLennan, 1945).



    2011 % ROC % Qc % CDN
    PCC 47,7% 16,5% 39,62%
    NPD 26,4% 42,9% 30,63%
    PLC 20,6% 14,2% 18,91%
    PV 4,5% 2,1% 3,91%
    BQ 23,4% 6,04%

    À noter: le presque 50% du PCC; essentiellement le quart du vote pour le NPD dans le ROC, et le ...quart pour le BQ (au Qc bien sûr), soit dans les mêmes ordres de grandeur dans les parties «opposées» pertinentes du Canada. À noter aussi que le BQ fait 6% du vote dans l'ensemble canadien, soit 50% de plus que la parti vert...

    Si on compare aux élections de 2008:

    2008 % ROC % Qc % CDN
    PCC 43,4% 21,7% 37,6%
    NPD 20,4% 12,2% 18,2%
    PLC 27,2% 23,8% 26,2%
    PV 8,0% 3,50% 6,80%
    BQ 38,1% 10,0%

    On peut calculer les différences suivantes de 2008 à 2011:

    2011-2008
    11-08 % ROC % Qc % CDN
    PCC 4,3% -5,2% 2,0%
    NPD 6,0% 30,7% 12,4%
    PLC -6,7% -9,6% -7,3%
    PV -3,5% -1,4% -2,9%
    BQ -14,7% -4,0%

    Le remarquable ici est peut-être que le NPD n'a pas beaucoup augmenté son vote dans le ROC où il est monté en 2011 aux environs du quart du vote, en partant du cinquième, son record de 2008. Pas vraiment une progression spectaculaire!

    Non, il n'y a pas eu de spectaculaire montée du NPD au Canada; oui, le Canada est de plus en plus à droite.

    Si on ajoute le vote du PLC, pas aussi à droite que le PCC, oui bon, mais plutôt centre-droit (si on croit à ces catégories pour les partis politiques canadiens), la droite canadienne compte pour environ 70% du vote... La gauche le quart.

    Il y aurait à méditer ici sur les «Two solitudes»...

    Il va sans dire que je serais plutôt d'accord avec les opinions de Baba sur le fait que les partis sont assez décrochés de leur base en ce moment. Et que cela, du moins pour le Qc semble de plus en plus apparent.

    Mais attention, faire parler des collectivités est une prosopopée assez incertaine...

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  2. Difficile de faire un copier-coller avec des tableaux Excel dans ce bloque. Voici peut-être une typographie plus lisible des tableaux de mon texte précédent.

    Le tableau suivant nous met, à mon avis, encore en face et plus que jamais des «Two solitudes» (du nom du célèbre roman de Hugh MacLennan, 1945).


    Pourcentages du vote exprimé par 'Solitude':

    2011 %ROC %Qc %CDN
    PCC 47,7% 16,5% 39,62%
    NPD 26,4% 42,9% 30,63%
    PLC 20,6% 14,2% 18,91%
    PV 4,5% 2,1% 3,91%
    BQ -- 23,4% 6,04%

    À noter: le presque 50% du PCC; essentiellement le quart du vote pour le NPD dans le ROC, et le ...quart pour le BQ (au Qc bien sûr), soit dans les mêmes ordres de grandeur dans les parties «opposées» pertinentes du Canada. À noter aussi que le BQ fait 6% du vote dans l'ensemble canadien, soit 50% de plus que la parti vert...

    Si on compare aux élections de 2008:

    2008 %ROC %Qc %CDN
    PCC 43,4% 21,7% 37,6%
    NPD 20,4% 12,2% 18,2%
    PLC 27,2% 23,8% 26,2%
    PV 8,0% 3,50% 6,80%
    BQ -- 38,1% 10,0%

    On peut calculer les différences suivantes de 2008 à 2011:

    2011-2008
    11-08 %ROC %Qc %CDN
    PCC 4,3% -5,2% 2,0%
    NPD 6,0% 30,7% 12,4%
    PLC -6,7% -9,6% -7,3%
    PV -3,5% -1,4% -2,9%
    BQ -- -14,7% -4,0%

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