mercredi 25 avril 2012
Sur la croissance économique
Un phénomène s'accélère depuis quelque temps : nombre de petites et moyennes entreprises, d'entreprises plus importantes, de particuliers, se trouvent acculés à la faillite faute d'obtenir un prêt d'une banque. Le banquier semble devenu l'ennemi public, le responsable de bien des maux. Ceci est observé en France mais aussi dans de nombreux autres pays, y compris les pays en développement. Même les banques se retrouvent d'ailleurs en déficit. Il faut se rappeler, par exemple, que la Banque Centrale Européenne, ces derniers mois, a injecté plus de 1000 milliards d'euros dans le système bancaire européen et que, malgré cela, de nombreuses banques de l'Union Européenne sont toujours à court de liquidités.... C'est dire l'ampleur de l'endettement du monde.
Cette observation suscite une interrogation : pourquoi a t'on tant besoin de faire appel aux prêts financiers de nos jours ? Ne serait ce pas là le signe d'une mauvaise gestion, d'un niveau de vie supérieur aux moyens disponibles ? La fameuse croissance économique dont on nous parle tant et que certains voudraient relancer aujourd'hui, n'est-elle pas à l'origine de cette situation? Il ne faut pas, en effet, oublier qu'avant la crise financière récente, le monde a connu une phase de croissance économique plus ou moins accentuée selon les pays.
Il est prouvé aujourd'hui que nous avons vécu, ces dernières années, au moins dans les pays développés, individuellement ou collectivement, au dessus de nos moyens. Cette attitude a conduit le monde dans une crise sans précédent dont nous ne sommes pas encore sortis. Il serait temps de réagir, de cesser de faire systématiquement appel au crédit et de vivre de façon plus frugale, plus conforme aux ressources et aux moyens disponibles. Si l'endettement de nombreux pays pose problème, il ne faudrait pas oublier que l'endettement des personnes est aussi une donnée contemporaine qui risque, non seulement d'obérer la vie des citoyens actuels, mais aussi celle de nos enfants et petits-enfants...
Il n'est pas inutile de savoir que la notion de croissance économique est, pour les historiens, un concept relativement récent. Il est généralement admis que, depuis l'antiquité jusque vers le XVIIIe siècle, le niveau de vie des êtres humains sur notre planète est resté relativement stable. Selon Wikipédia, « on estime que la croissance globale de l'économie entre 1500 et 1820 n'est que d'un trentième de ce qu'elle a été depuis. Les revenus en Europe ont été multipliés par vingt depuis 1820. L'Asie accélère aussi son rythme de croissance depuis un demi-siècle : le niveau de vie en Chine a été multiplié par six et celui du Japon par huit ».
Vouloir poursuivre à l'infini, une telle politique de croissance semble une perspective vouée à l'échec. Il n'est, en effet, pas nécessaire d'être un théoricien de l'économie, pour comprendre que la conjugaison de ressources naturelles épuisables et d'un niveau de vie des humains en perpétuelle croissance, ne peut conduire qu'à une équation sans solution... Si on tient à s'accrocher à cette soi disant nécessité impérieuse de la croissance, faudrait-il au moins le faire en visant un niveau de croissance faible, susceptible de pouvoir permettre un partage équitable des effets de cette croissance tout en respectant le plus possible notre environnement... Il en va de la croissance comme de l'alcool : une consommation faible ou modérée ne nuit pas à la santé alors que l'abus d'alcool peut s'avérer mortel pour les humains...
Plutôt que d'envisager la lutte contre la pauvreté dans les pays les plus démunis à partir d'une élévation directe de la croissance économique de ces pays, ne serait-il pas plus judicieux de penser à un partage de richesse entre les pays riches et les pays pauvres, en contribuant de cette façon, à un re équilibrage de la croissance dans le monde ? Il convient, d'ailleurs, de noter que, par le passé, les progrès de la croissance ont surtout été profitables aux pays riches et, seulement dans une moindre mesure, aux plus pauvres. Au sein d'un même pays, cette augmentation de la croissance a surtout contribué à accroitre l'écart entre les citoyens les plus riches et les plus pauvres... Bien entendu, cette façon de faire ne serait possible que si les pays en cause disposent de régimes politiques démocratiques capables d'assurer une répartition équitable des bénéfices de la croissance entre les citoyens... Ce partage, cette invitation aux plus pauvres à venir s'assoir à la table des riches, ne pourra pas se réaliser dans un contexte de fermeture des frontières à l'immigration. Celle-ci devra, certes, être contrôlée, mais dans un esprit de solidarité et d'ouverture...
Il apparaît que nous devons changer de modèle de développement, en adoptant des modèles plus durables, plus frugaux, tant au plan de la vie personnelle qu'à celui des institutions et des entreprises. Nous devons dans le même temps, envisager le développement comme un concept global qui concerne l'ensemble des pays de la planète et cesser de traiter cette question au travers des seules « lunettes nationales »...
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