Au début du 20e siècle les ouvriers, qui constituent la majorité de la classe défavorisée votent généralement à gauche et même à l'extrême gauche. Cette observation est valable pour la plupart des pays d'Europe occidentale, Amérique du nord exceptée où l'anticommunisme n'a pas permis aux partis politiques de gauche d'émerger. C'est une époque propice aux partis communistes et, plus généralement, aux organisations de gauche. Le journal « Le Monde » en date du 12-13 février 2012 contient une bonne analyse de ce phénomène (« Le lent glissement à droite des ouvriers européens » par Jean-Pierre Stroobants).
Pour de nombreux analystes, ce mouvement vers la droite reflèterait la difficulté de la gauche à penser ses rapports avec le capitalisme et la mondialisation. Je voudrais, faire état ici d'une explication supplémentaire ou complémentaire.
A l'époque du communiste triomphant, en URSS et dans les pays d'Europe de l'est notamment, les partis de gauche en occident ont eu tendance à privilégier des politiques susceptibles de venir en aide aux pays communistes au lieu de proposer des solutions aux problèmes réels que rencontraient les classes pauvres dans leur propre pays. C'est l'époque où l'on disait que les dirigeants des partis communistes d'Europe occidentale allaient chercher leurs ordres à Moscou. Dès lors on peut comprendre que naisse, déjà entre les années 1920 et 1980 environ, une certaine déception des classes pauvres. Souvenons-nous de la signature des Pactes Germano-Soviétiques en 1939... La chute du mur de Berlin en 1989 viendra concrétiser l'échec des partis communistes en Europe de l'est et en Union soviétique. On peut donc dire que dans cette aire géopolitique, les communistes ont échoués à conduire la classe ouvrière sur la voie du bien être. Cette grande déception a été difficilement vécue par tous ceux qui ont cru en l'espoir d'un mieux être à venir dans ces territoires communistes... Nous pensons que cet échec n'aurait certainement pas eu les mêmes conséquences au sein du monde occidental si les partis politiques de gauche en Europe occidentale avaient su prendre leur distance avec ceux des pays de l'est et, s'ils avaient accordé la priorité à la résolution des problèmes de leurs concitoyens... Le glissement vers la droite des partis de gauche me semble donc dater des années 30. Accessoirement d'ailleurs, on peut noter que ce glissement entraine, presque automatiquement, la dérive vers l'extrême droite des partis de droite...
La droitisation des classes pauvres va se poursuivre avec l'échec des partis sociaux-démocrates qui, à partir du moment où ils sont parvenus au pouvoir en Europe occidentale, n'ont fait que gérer le capitalisme et la mondialisation à la façon des partis de droite. Le début du déclin de la social-démocratie peut être daté des années 1960. Entre les années 1960 et maintenant, les partis sociaux démocratiques en Europe du Nord ont perdu environ 20% de leurs votes.
En France, depuis les années 70, les statistiques et les sondages permettent de vérifier un recul de la corrélation entre classe sociale et électorat. Le monde ouvrier quitterait la gauche selon le journal « Le Monde » : « En mai 1981, le Parti socialiste rassemblait 74 % du vote ouvrier ; en avril 2002, il n'en captait plus que 13 %. La droite parlementaire ne profite guère de ce rejet : le vote des classes populaires a d'abord nourri la montée de l'abstention et, en second lieu, le vote pour les extrêmes. Lors de l'élection présidentielle de 2002, près du tiers des ouvriers qualifiés et des contremaîtres ont voté pour l'extrême droite. » (c’est-à-dire en fait près du tiers de ceux qui ont voté, et non près du tiers du total). Autre exemple probant (journal « Le Monde » en date du 12-13 f évrier 2012) : « dans la ville de Västeras en Suède qui fût dans le temps la région la plus sociale-démocrate de Suède, on voit aujourd'hui la gauche au coude-à-coude avec la droite et c'est généralement l'extrême droite qui fait pencher la balance ». La suite logique de ces déceptions aboutit à la situation d'aujourd'hui. Là encore, les partis socialistes ont été puiser leur inspiration dans les théories néolibérales plutôt que de tenter de résoudre les vrais problèmes de la classe démunie, à savoir les questions de l'emploi, de l'éducation et de la santé...
Les partis de gauche européens ont donc d'abord été inféodés au parti communiste d'URSS puis, aux thèses néolibérales et à la mondialisation issues du monde anglo-saxon. Ils n'ont donc, en pratique, jamais tentés de résoudre les vrais difficultés rencontrées par les citoyens les plus pauvres de leur pays mais ils ont plutôt obéis à des directives venues de l'extérieur et qui étaient donc orientées vers le bénéfice d'autres catégories de personnes. Il est clair, par exemple que les théories néolibérales ont pour objectif premier la satisfaction des classes les plus aisées de la société comme le prouve d'ailleurs les statistiques économiques qui montrent que les plus riches se sont enrichis ces dernières années en occident, tandis que les plus pauvres s'appauvrissaient...
Le monde ouvrier ne sait plus de nos jours, à qui s'adresser pour assurer sa défense et il a tendance à placer son espoir dans les partis qui ne semblent pas encore corrompus par le pouvoir, c'est à dire les partis d'extrême droite. Compte tenu de ce que l'on peut attendre de ces partis, s'ils venaient à prendre le pouvoir, on est en droit de craindre que l'avenir ne réserve une nouvelle période d'amère déception à la classe des plus défavorisés.
On constate donc un éloignement progressif des partis de gauche des vrais problèmes des classes les plus pauvres et un alignement de leurs positions sur celles des classes les plus riches et, notamment,des financiers internationaux qui contrôlent la mondialisation. Il faut que la gauche se recentre sur la résolution des problèmes réels des classes les moins favorisées et parmi ceux-ci du plus important, soit l'emploi. Il est évident que l'on ne peut favoriser l'emploi local ou régional voir national en acceptant la loi du profit maximum pour les entreprises dans un contexte d'abaissement des taxes aux frontières. En procédant ainsi on aboutit à la délocalisation des emplois et à l'augmentation du chômage. La suite de l'histoire est difficile à prévoir mais une classe qui n'a plus d'espoir risque de se révolter de façon violente et difficile à contrôler...
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