La situation difficile que traverse la Grèce doit être appréhendée non pas comme une question qui concerne les seuls grecs mais bien un problème qui concerne l'ensemble de l'Union Européenne (UE). La solidarité entre les nations, qui a été à la base de la construction de l'Europe, ne peut se limiter à intervenir que lorsque tout va bien. Il est du devoir de l'UE de tout faire pour sauver la Grèce de la faillite.
Tous ceux qui envisagent une solution de sortie de la Grèce de l'UE se trompent. Il en va en ce domaine comme il en va du Canada face à la revendication d'indépendance de la province de Québec : le Canada sans le Québec ne serait plus le Canada tout comme l'Europe sans la Grèce ne serait plus l'Europe. Faut-il rappeler que le bilinguisme français-anglais de l'Etat fédéral canadien n'existerait pas en l'absence du Québec? Or, cette existence de la langue française est une caractéristique essentielle du Canada par rapport à son puissant voisin : les Etats-unis d'Amérique...
Le gecko, un petit lézard, a la capacité de voir repousser sa queue si elle se trouve arrachée, mais il ne survivrait pas à la privation de toute autre partie de son corps. L'Europe, elle aussi, pourrait se priver de certains Etats membres sans remettre en cause son existence. Il en va ainsi, par exemple, pour le Royame-Uni qui a toujours participé à la construction européenne sur le bout des pieds. Mais sans la Grèce, l'Europe ne pourrait survivre. Privée d'un peuple qui a été à l'origine des raisons majeures de sa création : l'affirmation de la culture et de l'humanisme, la perte de la Grèce signerait le début de la désagrégation de la Communauté européenne. Il suffit de se rappeler l'apport de ce pays à la civilisation et à la culture européenne. L'appellation « Europe », elle-même, est issue de la mythologie grecque, en référence à la déesse Europe. Si la Grèce, ce pays à la symbolique si forte, venait à quitter l'UE, qu'est ce qui pourrait ensuite empêcher que le même sort soit réservé à l'Espagne, puis au Portugal, à l'Italie...
Le sauvetage de ce pays ne peut non plus se trouver en affamant le peuple grec. La solidarité européenne doit faire supporter le sacrifice à l'ensemble des citoyens de l'UE. En contrepartie, il faut accélérer l'intégration européenne ainsi que la mise en place d'un gouvernement démocratique de l'Europe. Les évènements actuels doivent être catalyseurs de la construction de la Fédération européenne. L'élection présidentielle à venir en France ne peut se dégager de cette question. Elle doit être l'occasion de faire avancer les choses... Le couple franco- allemand n'aurait pas grand avenir s'il ne défendait pas la thèse de la solidarité active avec la Grèce.... Les difficultés grecques ne doivent pas rester le problème de la seule Grèce, elles doivent être prises en charge par toute la Communauté européenne. Les peuples européens doivent se mobiliser aux cotés du peuple grec. Les images rapportées par les médias, des révoltes de la population grecque contre les mesures d'austérité prises par le gouvernement de ce pays, ne doivent pas être hâtivement interprétées. Les décisions difficiles prises par le gouvernement de la Grèce sont dictées par l'UE. Cela signifie donc que le peuple grecque se révolte aussi contre l'UE. Si, un jour, les peuples européens décidaient de se donner la main, alors ce serait l'Union elle-même qui serait en péril...
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire