Les médias du Québec ont récemment relevé un incident peu banal relatif a ce que l'on désigne ici sous le nom « d'accommodements raisonnables ». Brièvement, il s'agit d'un professeur de musique de l'école primaire Saint-Gabriel-Lalemant qui a pris l'initiative de censurer la chanson d'Edith Piaf "l'hymne à l'amour" pour l'amputer de son dernier vers « Dieu réunit ceux qui s'aiment ».
Cet événement a suscité tout un débat au Québec. La porte-parole de l'opposition officielle en matière de laïcité, Carole Poirier, a interpellé la ministre, hier (16 février 2012), en dénonçant le geste de ce professeur. L'enseignant a été critiqué par deux ministres du gouvernement du Québec : la Vice-Première ministre et ministre de l'Education, du Loisir et du Sport et la ministre de la Culture. La commission scolaire de Sorel-Tracy, dont dépend l'école où exerce l'enseignant en question, a pris le parti de soutenir le professeur en argumentant qu'il n'existait pas de règlement auquel l'enseignant aurait pu se référer. Cet échange a permis à la ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Kathleen Weil, d'évoquer le projet de loi 94 sur les accommodements raisonnables dans l'administration publique, un projet de loi auquel le Parti québécois préfère une Charte de la laïcité. Le projet de loi 94 est dans les limbes depuis la fin de septembre dernier.
A Radio-Canada, le 17 février, dans le cadre de l'émission « Medium large », le sociologue Gérard Bouchard, qui a co dirigé la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles, interrogé sur cette affaire a répondu : « Je pense qu’il faudra légiférer au sujet des accommodements raisonnables. Ensuite, il faudra peut-être mettre à la disposition de ceux qui en ont besoin un organisme qui pourra répondre à toutes les questions délicates par le biais du téléphone. ». Autrement dit, cette personnalité propose le vote d'une loi et la création d'une « commission de sages » telle que préconisée dans le rapport qui avait été rédigé suite aux auditions sur les accomodements raisonnables au Québec...
Tout ce bruit me parait un peu excessif. Il me semble pourtant qu'une solution simple et de bon sens existe. Il suffirait de laisser l'enseignant et son administration scolaire débattre du problème avec les parents qui le souhaite afin de trouver ensemble un modus vivendi. Vouloir, encore une fois, référer les personnes concernées à une nouvelle commission ne peut que contribuer à la déresponsabilisation des citoyens. Dans l'excellent film du réalisateur québécois Philippe Falardeau, "Monsieur Lazhar" on voit à quel excès peut mener cette déresponsabilisation : pour être "politiquement correct" un professeur de gymnastique se condamne à faire courir les enfants en rond pendant des heures afin d'éviter d'avoir à les toucher physiquement et risquer alors d'avoir à faire face à des accusations d'attouchements de la part des enfants et de leurs parents...
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